Besoin de rien, envie de boire

C'était bientôt la Saint-Valentin. Seth se contrefoutait de cette fête comme de sa première chemise, d'une part parce qu'il n'avait à proprement parlé aucune personne avec qui la passer, d'autre part parce qu'il ne se voyait pas dépenser des folies pour une fille dans ce jour qui s'annonçait comme le plus normal des jours. Pourtant, les boutiques étaient fleuries, des guirlandes de cœurs pendaient de toutes les boulangerie, de quoi le mettre mal à l'aise. Même, il se marrait bien devant tout cet étalage de mièvrerie, se moquant de tous ces gens qui s’extasiaient devant les fanfreluches, comme il l'aurait fait de façon générale devant ceux qui parlaient de leur moitié avec des étoiles dans les yeux. L'amour rendait vraiment con des fois, et il était bien content d'y avoir échappé jusqu’alors. Il quitta l'artère principale pour prendre sa rue, plus calme, sans aucune vision de quelque fleur en plastique. Au boulot, c'était parfois pire. Les adolescents semblaient encore plus extatiques que leurs aînés, et s'en était très désagréable. Même si c'était flatteur quand on était l'objet de quelques demandes les plus impromptues de collègues, ou même parfois d'élèves. Non franchement, il ne la passerait jamais accompagnée. Ce n'était pas pour autant que les occasions n'étaient pas nombreuses, il avait assez de femmes dans son entourage pour pouvoir s'en choisir une dans le lot, mais il ne le ferait pas. Question de monnaie. Et d'honneur aussi sûrement. Par contre, s'il savait que  certains le passeraient en couple. Et l'exemple le plus flagrant qui lui venait en tête était celui de son ex, Azalyne, avec son nouveau petit ami. Beurk. Il l'avait revue il y avait peu de temps, à l’hôpital et ils n'avaient pas parlé de ça. Il l'avait eu une ou deux fois au téléphone depuis, mais c'était tout. Il ne lui avait pas posé de question.

Ce furent des cris qui l’accueillirent lorsqu'il poussa la porte du hall. Quelqu'un, une fille apparemment, était en train de gueuler des trucs incohérents dans les étages. Il monta les marches des premiers paliers et aperçut son voisin du dessous sur le pas de sa porte. Il le fixait en riant. « Ca fait cinq minutes qu'elle vous appelle ! En voilà une qui s'accroche ! » lui lança t-il alors que Seth s'apprêtait à gravir la dernière volée. Ah bon ? Le blond se demandait bien qui venait le chercher à cette heure-ci, et même, quelle fille était assez hystérique pour crier son nom, pire, l'affublant de surnoms bizarres et honteux. Il se dépêcha de monter, tombant nez à nez avec un autre de ses voisins qui lorsqu'il le vit rentra à l'intérieur de son appartement, manifestement un peu gêné. En balayant du regard le pallier, il aperçut la demoiselle assise contre le mur, et qu'elle ne fut sa surprise quand il vit que ce n'était autre qu'Azalyne. Celle-ci sembla le voir et ses yeux s'éclairèrent.  Seth alla à sa rencontre, étonné mais aussi légèrement énervé. Son deuxième voisin était là aussi qui les regardait sans bouger. « C'est bon je m'en occupe, désolé du dérangement » lança t-il en se baissant vers l'infirmière pour lui saisir le bras afin de l'aider à se relever. « Ma parole, tu as bu » grogna t-il alors qu'il sentait son haleine chargée d'alcool pendant qu'elle s'accrochait à lui, manifestement complètement saoule. La soutenant d'une main, il ouvrit la porte de l'autre. Il ne se demanda pas une seule seconde si c'était une bonne idée, il n'allait pas la laisser dans cet état sur le pallier, peu importe qui elle était. « Allez rentre, grouille toi » lui dit-il en la poussant à l'intérieur. Il remarqua en passant la bouteille qu'elle tenait à la main et il la lui pris d'office de force. Du whisky. Ben voyons. Il la guida vers le salon et la fit s'asseoir. Il ne résista pas à l'envie de prendre une gorgée d'alcool, mais même s'il était habitué à en boire sans accompagnement, elle lui arracha une grimace. La bouteille était à moitié vide déjà. « Bon t'es pas en état de marcher, donne moi ton téléphone, je vais appeler Wade pour qu'il vienne te chercher » dit-il d'un ton agacé, sans préambule. Il n'était pas question pour lui de garder une fille ivre chez lui, d'autant que ce n'était pas une conquête. Azalyne était son amie, il pouvait au moins faire ça pour elle, appeler son copain pour qu'il s'en charge lui même. « Ou alors si tu préfère, on va aller te passer la tête sous l'eau pour que tu dégrises un peu » admit-il en allant déposer la bouteille dans la cuisine sans la quitter des yeux. Pas besoin de la lui laisser à la portée. Il ne l'avait jamais vue soûle, mais il ne voulait pas risquer de causer un désastre. Il se demandait d'ailleurs pourquoi elle l'était, et même pourquoi elle l'avait attendu devant son appartement au lieu de rentrer directement chez elle.  
 

Besoin de rien, envie de boire

Il n'avait pas que ça à faire de s'occuper d'une bourrée, même si c'était son ex et son amie. Il méprisait les gens qui ne savaient pas s'y tenir avec l'alcool et qui n'arrivaient pas à s'arrêter. Lui avait plutôt une bonne résistance, mais en même temps, il ne se buvait jamais une demi-bouteille juste pour le plaisir. Il se demandait vraiment comment elle avait pu en arriver là. Il savait qu'elle aimait le vin, la bière ou le champagne, mais ils n'avaient pas été en couple assez longtemps pour qu'il la voie totalement déchirée comme aujourd'hui. Quand ils avaient dix ans de moins, c'était déjà arrivé qu'ils fassent des paris avec des verres pour le perdant, mais cette époque lui semblait lointaine. Ils étaient adultes maintenant. En plus, Azalyne était infirmière, elle devait connaître les ravages de l'alcool. D'ailleurs, il l'enlaidissait. Elle était rouge, les cheveux ébourrifés, et elle avait manifestement du mal à tenir debout car il devait la tenir lui-même. Non, ce n'était pas joli à voir, et lorsqu'elle parlait, c'était encore pire. Lorsqu'elle l'embrassa il ne chercha pas à l'écarter vu que cela aurait revenu à la lacher et peut être la voir s'écrouler à ses pieds. A la place, il la traina à l'intérieur en l'installant sur le canapé et s'emparant de la bouteille. Elle tendit les bras en avant comme pour la reprendre et il la déposa ailleurs de façon à ce qu'elle ne soit pas tentée. Il avanca une main autoritaire afin qu'elle lui donne son téléphone, mais elle lui répliqua que cela ne servirait à rien d'appeler Wade. Il n'en croyait pas un mot. Les paroles d'une bourrée n'avaient aucune valeur à ses yeux, c'était juste pour l'inciter à lui rendre la bouteille. « Arrête de dire des conneries Azalyne et donne le moi ! Je comprend très bien que t'a pas envie qu'il te voie dans cet état, mais c'est pas la peine de dire n'importe quoi » insista t-il en aggripant son sac à main pour fouiller à l'intérieur. Non franchement, il ne se génait pas pour le faire, c'était pour la bonne cause, elle n'allait pas raler parce qu'il regardait dedans, d'ailleurs il s'en foutait. Il trouva le mobile au fond du sac, mais autre chose attira son attention. Il sortit une boite de comprimés qu'il examina rapidement en fronçant les sourcils. Ben voyons. L'alcool c'était bien suffisant pour rajouter des pilules. Il ne lui fit pas la remarque, se contentant de rechercher dans le répertoire le numéro de Sullivan mais Aza l'arrêta encore en riant. Apparement, il lui avait dit qu'elle était une salope. Ah tiens, c'était quoi ces histoires encore ?

Oui bien sur, il avait entendu des rumeurs. Mais justement, ce n'était que des rumeurs, il ne pensait pas du tout qu'elles soient vraies. N'empêche, elle lui disait qu'il l'avait largué. Il n'y croyait pas non plus, même si c'était, à vrai dire, une très bonne nouvelle. Sauf si le comportement de l'infimière en était la conséquence. Non mais, elle aurait du être heureuse sans lui, pas boire du whisky non ? Elle lui redemanda la bouteille, ajoutant que son ex se tapait déjà une autre fille, puis continuant à ajouter des choses sans queue ni tête, comme quoi il l'avait rayée de sa vie et que son père était mort. Franchement, elle avait bien besoin qu'il fasse quelque chose ! « Si, je crois que la meilleure chose c'est de l'eau, t'aura les idées claires au moins après, parce que là je comprend rien » dit-il excédé en lachant le téléphone pour lui attraper le bras. Elle ne se laissa pas faire, et à la grande surprise de Seth, elle se mit à pleurer. Non vraiment, il était complètement perdu là, qu'est ce qu'elle lui faisait comme crise maintenant ? Tout d'un coup, il se sentait complètement désemparé. Il ne savait pas trop quoi faire pour elle d'autant qu'elle n'avait pas l'air d'avoir envie de se laisser faire. En plus, il ne savait même pas pourquoi elle avait éclaté en sanglots. Etait-il possible que tout soit vrai, au final, et que Wade l'ai quittée ? Il ne comprenait pas quel avait pu être le déclic. La boisson, les pilules peut être ? Enfin, il en fallait plus pour un couple pour se désagréger, même lui n'avait pas réussi à les séparer, alors une simple bouteille de whisky... Il poussa un fort soupir et se résigna a aller lui chercher un verre d'eau. Il n'était pas très doué pour consoler les gens, et les pleurs le mettaient mal à l'aise. Il lui apporta le verre, et s'assit sur la table basse qui faisait face au canapé. « Bon, OK, t'es en état de me dire ce qui se passe vraiment ? Fait gaffe à pas me raconter n'importe quoi, sinon je te fourre dans la douche tout habillée et tu t'en souviendra ! ». Oh il était prêt à le faire. Même, il savait qu'il allait le faire incessamment sous peu parce qu'il savait bien qu'elle était tout embrouillée. Y'avait pas d'autre solution non ? Enfin si, il pouvait lui mettre une claque pour lui faire recouvrer ces esprits, mais il était convaincu que cela n'arrangeait pas les choses et ne la ferait pas arrêter de pleurer.

Besoin de rien, envie de boire

Non vraiment, elle était plus que chiante. Okay, elle l'était déjà avant, mais bourrée, c'était encore pire. Il avait envie de la secouer comme un prunier pour qu'elle arrête de raconter des bêtises, mais il ne savait pas pourquoi, il avait l'impression qu'elle lui disait la vérité. Elle n'aurait pas menti là dessus. Mais il ne voyait pas pourquoi elle venait lui dire ça à lui, lui qui avait tout fait pour les séparer. Elle n'était juste pas dans son état normal, et cela le frustrait de ne pouvoir faire éclater sa joie face à une telle annonce. Oui, pourquoi devait-elle lui dire ça alors qu'elle s'était enfilé une demi-bouteille ? Là, il était obligé de la regarder pleurer sur son canapé sans pouvoir lui dire que c'était tant mieux pour elle, qu'elle pourrait s'éclater maintenant, plutôt que convoler avec son pompier. Au moins, elle l'écoutait quand il parlait, elle lui reprochait même de ne pas faire de même. Oh bah c'était facile ça, quand un de vos rêves se réalisait, on pouvait avoir un temps de réaction non ? Il aurait pu avoir envie de fêter ça, mais elle lui gâchait son plaisir. C'était lui qui aurait du boire, pas elle. Trop tard maintenant, il devait jouer le rôle du bon ami qui la remettait sur les rails alors ? Zut, non vraiment, il n'avait pas envie de faire ça, il n'avait pas payé pour ça en se réconciliant avec elle. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait en venant chez lui c'est tout, mais maintenant qu'elle était là, il ne pouvait pas la renvoyer dehors toute seule, même si elle le suppliait de le faire. S'il ne pouvait pas appeler Wade, il pourrait trouver quelqu'un d'autre, sa sœur peut être. « D'accord, d'accord, il t'a quittée, c'est pour ça que t'es comme ça ? Mon dieu Azalyne, tu me fais pitié, tu pouvais pas avoir une meilleure idée ? C'est arrivé quand ? » demanda t-il, quand même intéressé par cette histoire.

Elle lui disait qu'elle n'aimait pas l'eau. Et bien tant pis pour elle, c'était pourtant une bonne alternative contre la gueule de bois. Et puis, elle n'était pas en état de décider, la preuve, elle se remettait à chialer, ces larmes venant tacher son beau canapé. Seth leva les yeux au ciel mais il ne pouvait pas lui dire de se retenir et d'aller pleurer ailleurs que chez lui. Il lui fit boire le contenu du verre à la place, mais elle hoquetait tellement qu'elle en renversa la moitié. Heureusement que ce n'était que de l'eau sinon il n'aurait pas eu de mal à la chasser. Enfin tant pis maintenant. Il la força a lui parler un peu plus de la fin de sa relation avec son ex, et ce qu'elle lui révéla ne le surpris qu'a moitié. Oui, avant elle ouvrait les cuisses souvent, d'ailleurs elle l'avait fait avec lui lors de leurs retrouvailles, même s'il l'y avait poussé. Pourtant, c'est vrai, il avait vu qu'elle s'était assagie avec Wade, et c'était ce qui avait causé leur dernière dispute. Il le lui avait d'ailleurs dit, que l'ancienne Azalyne lui manquait, qu'elle était plus fun, plus libérée, qu'il l'aimait bien mieux que ce qu'elle était devenue. Elle avait couché avec un certain Liam. Il ne savait pas qui c'était, mais déjà, il ne l'aimait pas. Ce n'était pas lui qui aurait du causer la fin de ce couple, mais lui, Seth ! Quant aux drogues... il ne pensait pas qu'elle en prendrait, à son âge. Quand ils avaient seize ans, d'accord, mais là... Il n'avait pas voulu qu'elle aille aussi loin quand il lui avait dit qu'il préférait qu'elle revienne à ce qu'elle était avant. Elle avait trop bien suivi son conseil apparemment. « Désolé pour ton père » dit-il en baissant les yeux sur ses pieds. Il comprenait que sa mort pouvait avoir miné son moral aussi. Trop de mauvaises nouvelles d'un coup pour elle. Il connaissait vaguement monsieur Dawes pour l'avoir vu plus jeune, et ce n'était pas très agréable à entendre, même pour lui. « Tu te drogues Aza ? Comment tu as pu en arriver là, sérieux ? C'est à cause de ce Liam c'est ça ? » Il ne lui fait aucun commentaire sur sa rupture. Pas de suite. Il ne peut pas se permettre de jubiler, ni même de lui dire qu'il est désolé, parce qu'il ne l'est pas du tout. Il peut l'aider à surmonter ça de toute façon. Elle lui dit ensuite qu'elle veut aller aux toilettes. Il se précipite pour l'aider à se relever parce qu'il n'a aucune envie qu'elle salope encore plus le canapé. Il la soutient jusqu'aux w-c dont il ouvre la porte. Ce n'est pas la première fois qu'il tient les cheveux d'une fille mais enfin, ca ne l'emballe quand même pas non plus. « Franchement, regarde l'effet que ça te fait, promets moi de plus toucher à la bouteille après hein ! » dit-il en essayant de prendre un ton neutre, « Si tu veux passer la soirée ici pour dessouler pas de problème » se résigna t-il à ajouter ensuite, même s'il aurait préféré qu'elle s'en aille « Sauf si y'a quelqu'un d'autre que tu veux appeler. Kayla peut être ? » Il espère qu'elle dira oui, mais enfin, il fera comme elle voudra

Besoin de rien, envie de boire

Ils avaient mille occasions de se revoir. Après tout, ils étaient redevenus amis, avaient partagé des choses et avaient des points communs, mais non, il avait fallu qu'elle revienne après une rupture. Il n'y avait pas toujours de la logique dans son esprit. Elle savait bien pourtant qu'il n'aimait pas Wade et même que d'une manière générale le malheur des autres ne l'intéressait que très peu. Seth préférait la voir enjouée, en train de faire la fête en buvant peut être, mais en sachant se modérer. Ou alors quelqu'un l'aidant à se modérer. A ce qu'il savait, elle n'avait pas que lui comme ami, et même, s'il avait été elle, ce n'aurait pas été lui qu'il serait voir en premier. Est-ce qu'il s'en plaignait ? Intérieurement, un peu oui. Il avait compté passer une soirée tranquille sur le divan, à regarder des clips sexys à la télé, mais là il était prêt à recueillir ses confessions sur ses genoux. C'était l'avantage à ne pas avoir d'amis, au moins on ne les écoutait pas se plaindre pour tout et n'importe quoi. Il était donc investi d'une nouvelle mission avec Aza, même si cela ne l'emballait pas du tout. En venant ici elle avait du s'attendre à trouver une présence chaleureuse, et si vraiment elle s’obstinait, alors il la lui donnerait. Pas de gaité de cœur, mais il avait accepté ce rôle. A condition qu'elle arrête de piquer des crises.

Au moins semblait-elle un peu réaliste et n'avait pas oublié son ressentiment envers Wade. Évidemment, elle avait encore l'esprit embrouillé et elle se contredisait elle même, ou plutôt elle ne savait pas pourquoi elle avait débarqué ici. Elle ne s'attendait quand même pas à ce qu'il lui dise qu'il le lui avait bien dit non ? Parce qu'il le pensait, effectivement, il n'avait jamais trouvé qu'ils formaient un beau couple, non plus un couple intéressant. Il le lui avait dit déjà, qu'il trouvait qu'elle lui ressemblait plus à lui qu'a l'autre, mais elle ne l'avait pas écouté et avait persisté. Voilà ou elle en était maintenant. Elle avait couché avec un autre. Là, elle l'épatait. Elle avait réussi à oublier un temps Wade pour aller avec un autre ? Evidemment qu'elle était capable de ça, elle l'avait elle même trompé, et avant elle avait du coucher avec un paquet d'hommes aussi. Pas étonnant qu'elle est été rembarrée car elle passait pour une pute qui allait de droite à gauche. Comme il ne connaissait pas son histoire, il ne comprenait quand même pas grand chose, en tout cas pas l’enchaînement des événements. Il comprenait quand même qu'elle était tombée dans la spirale de la drogue à cause d'un con qui l'avait fourni. « Tu te droguais quand tu étais encore avec Wade ? Et pourquoi ? Tu crevais pas avec lui je crois, alors qu'est-ce qui t'a poussé à avaler ces saletés hein ? » demanda t-il soupçonneux et énervé de voir comment elle avait été stupide de croire que c'était des pilules miracles. Il ne renchérit pas quand elle lui parla de son ex copain parce qu'il n'aurait rien eu de plaisant à dire. Il imaginait bien que le pompier faisait son métier, il ne voyait pas de quoi la jeune femme se plaignait. C'est vrai que tout ce qu'il retenait au final, c'était que leur couple maudit était fini. Et s'il avait été seul, il aurait effectivement sauté au plafond, mais là c'était impossible. Il n'était pas aussi méchant que ça.

Il la conduisit aux toilettes à sa demande en attendant qu'elle ait fini ses petites affaires, puis il lui reprocha d'avoir touché à l'alcool mais elle se braqua immédiatement en lui disant qu'elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait. Il reconnaissait là son petit caractère. La suite de sa phrase ne lui plaisait pas, et il commençait vraiment à avoir envie de lui foutre des baffes en lui disant de se réveiller. « Arrête de répéter que t'es une connasse, tu t'es jamais dit que ce que tu avais n'était pas pour toi ? Ca évitera de te morfondre, relève un peu la tête merde ! Y'a plein d'autres mecs dans l'univers qui te voudront autant de bien que Wade, et c'est pas en saoulant que tu l'oubliera ! » répliqua t-il en s'abaissant à son coté alors qu'elle s'asseyait contre le mur. Il voulu une nouvelle fois l'aider à se renouveler mais elle le repoussa instinctivement en lui adressant un regard furibond. Il lui jeta le même alors qu'elle le poussait pour sortir des toilettes. Avant il lui demanda si elle ne voulait pas appeler sa sœur, et sa réponse le foutu encore plus en rogne qu'il ne l'était déjà. Il suivit ses pas jusqu'au salon. « T'es encore en train de me reprocher un truc hein ? Comment t'ose me dire d'aller sauter ta sœur, tu as vraiment une mauvaise opinion de moi c'est pas croyable ! Casse toi si tu veux te casser, c'est pas moi qui t'ai demandé de venir ici, si t'avais une bonne raison t'a qu'a me la dire. Je vais pas sauter de joie, parce que je tiens trop à toi pour le faire, au cas ou t'aurai pas compris. Mais si toi tu t'en fous va s’y, ma porte est grande ouverte ! » Il ouvrit la porte d'entrée brusquement avec un regard féroce. Vraiment, elle lui courrait sur les nerfs et si elle était pas capable de voir le bon en lui alors oui, elle pouvait vraiment partir retrouver son copain le dealer.

Pour autant, il savait vraiment quel était son devoir. Il s'énervait peut être pour rien. Il essaya de se calmer alors qu'elle passait son manteau sur ses épaules, et il baissa les yeux à terre pour y réfléchir. Il ne se comportait pas du tout en ami présentement, mais il ne savait pas quoi faire d'autre. Oui il était content, très heureux même, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'avait pas d'empathie. Manifestement, Aza était très malheureuse, et il n'avait jamais voulu cela, au contraire. Il referma la porte doucement alors qu'elle s'approchait de lui en lui disant de garder la bouteille, et il y fit écran afin qu'elle n'avance pas jusqu'à la sortie. Il voulait qu'elle reste. Il poussa un soupir résigné, mais sa colère c'était évanouie d'un coup lorsqu'il avait vu la tristesse dans ses yeux. Encore une fois, elle ne savait pas ce qu'elle faisait, ni ce qui était bon pour elle. « Je suis désolé Aza » dit-il piteusement en évitant de la regarder dans les yeux « Ca se voit que tu es déboussolée et triste et j'aurai pas du réagir comme ça, c'est pas digne d'un ami » continua t-il en quittant la poignée de la porte pour venir près d'elle. Il l'attrapa par les épaules. « Je te promet de ne pas te faire de remarques déplaisantes sur ta rupture, mais s'il te plaît, tu n'es pas en état de sortir. Reste ici ce soir et je te conduirait chez Kayla demain, OK ? »  

Besoin de rien, envie de boire

Prendre des pilules... Elle serait bien capable de lui pondre un baratin sur l'effet miraculeux qu'elles lui faisaient. Il savait bien que c'était un pur discours de drogué, parce qu'au final, ils n'avaient aucune excuse. C'était des gens sans volonté qui n'avaient pas le cran de remonter la pente tout seul et qui s'en remettaient aux conneries de fournisseurs sans scrupules et leur médocs à deux balles. C'était un truc d'adolescent qui voulait tester des sensations fortes ou de branleurs qui n'avaient rien d'autre à faire dans la vie que de la foutre en l'air. Seth les méprisait aussi. Les dealers profitaient des plus démunis pour se faire de la thune et rendre les autres malheureux, et eux avaient une volonté de misère qui ne valait même pas qu'on s'intéresse à leur cas. Avec Azalyne, c'était autre chose. Déja, c'était une fille. Il avait tendance à avoir plus de considération pour les femmes que les autres mecs. Ensuite, c'était une vieille connaissance. Il connaissait un peu son histoire, avait suivi de près ou de loin les affaires de son couple, et il n'aurait pas réagi de la même façon si c'était une inconnue qui était venue frapper à sa porte. Aza était devenue accro sans qu'il ne s'en rende compte, et même, elle ne s'était pas arrêtée à la drogue, elle avait même touché à la boisson, et il était sur qu'elle avait passé ses jours de célibataire à pleurer toutes les larmes de son corps sous ses draps au lieu d'aller régler le problème sur le terrain en faisant comme si de rien n'était, en retrouvant un peu de joie dans les bras d'un autre mec. Si elle l'avait appelé plus tôt au moins ! Il aurait peut être pu faire quelque chose !

Peut être voulait-elle s'en sortir seule. C'était tout à son honneur, mais manifestement, elle n'y était pas arrivée, et elle avait suivi les mauvais chemins. Il se demandait depuis combien de temps cela durait. Etait-elle déjà sous leur effet lorsqu'elle l'avait soignée à l'hopital ? Elle avait parue maitre de ses mouvements, et il était complètement persuadé que ce n'était pas un effet de médocs. Là, s'était vraiment la totale ! Au moins, elle paraissait un peu calmée par rapport à tout à l'heure, avant son rapide passage aux toilettes mais il avait peur qu'elle ne soit pas totalement sevrée. L'inconvénient avec les drogués et les alcooliques, c'était qu'ils ne s'arrêtaient jamais. Ils trouvaient toujours une excuse bidon pour reprendre, et tout le monde les croyait. Seth n'était pas quelqu'un qu'on pouvait duper aussi facilement. C'est pourquoi il avait gardé les pilules et la bouteille, même s'il savait que cela ne suffisait pas. Il devrait avoir une petite conversation avec ce Liam, pour lui dire d'arrêter de voir Aza, il avait une trop mauvaise influence sur elle. Même ca la jeune femme ne devait pas s'en rendre compte. Quelle vie gachée ! Apparement elle avait subi des pressions, au travail. Elle était fatiguée. Voilà, ca c'était une excuse à la noix ! Lui aussi il avait un boulot fatiguant, avec des élèves demeurés et turbulents. Il passait ses nuits dehors, et il était surement aussi fatigué qu'elle, et jamais il n'avait pensé à une telle solution. Il y avait des gens qui faisaient des boulots pire. « Et alors, ça t'a aidée ? J'ai pas l'impression Aza, franchement, peut être sur le coup oui, mais regarde ou tu en es maintenant ! Tu aurais mieux fait de ne jamais commencer... » dit-il avec fermeté, tout en pesant les mots pour ne pas paraître trop méchant. Il ne voulait pas la faire partir sur cet apriori. Il ne voulait pas la faire partir du tout d'ailleurs.

Oui elle lui faisait de la peine. Elle ne méritait pas tout ça, mais il voyait bien qu'elle avait une facheuse tendance à s'appitoyer sur son sort, et il ne comprenait pas pourquoi elle n'arrivait pas à être optimiste. Il y avait tant de choses sur terre pour nous faire relever la tête, plutôt que de nous abattre. Elle se mit à reparler de Wade, et il l'écouta sans broncher, bien qu'il n'avait pas vraiment envie de passer à ce sujet là. C'était manifestement à cause de ce con qu'elle était triste, et si un jour il parvenait à lui dire sa façon de penser il n'hésiterait pas. Ainsi, manifestement, elle était vraiment amoureuse de lui. Il ne la comprendrait jamais. Elle le défendrais corps et âme même s'il avait tué quelqu'un. Voilà ou l'amour la menait. Chez lui, son ex. « Si tu l'aimes, tu arrivera à te faire pardonner Aza » dit-il dans un souffle, parce qu'il savait que c'était vrai. On faisait des choses folles par amour, on pouvait se trainer à plat ventre pour récupérer quelqu'un. Voilà quelque chose à laquelle Seth ne s'abaisserait jamais. Il y n'y avait que des avantages à être libre ! « Oui tu m'a trompée, mais tu vois, je t'ai pardonnée. Avec le temps, il comprendra » ajouta t-il même si l'espoir, pour l'instant, était minime. Il fallait apprendre à espérer, et laisser la vie laisser prendre son cours un instant. Tout vient à point à qui sait attendre. Mais Aza n'était pas du genre à attendre.

Il avait refermé la porte pour l'empêcher de sortir, mais si elle lui demandait vraiment de le faire, en s'énervant, il la laisserait passer, non sans insister pour quelle reste. Mais il ne pouvait pas la séquestrer ici. Il lui avait également demandé pourquoi elle était venue là, et pour une fois, il lui avait semblé qu'elle lui donnait une réponse à peu près cohérente, bien que ce soit pour dire qu'elle ne savait pas. Lui non plus, ne savait pas. Elle voulait manifestement partir, mais il voyait bien dans ses yeux qu'elle voulait qu'il la retienne aussi. Ou irait-elle dehors ? « Oh ca suffit Azalyne, tu reste là ce soir ! » dit-il en prenant un ton faussement énervé. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle éclate en sanglots encore une fois. Un peu embêté, il lui tapota gentiment l'épaule, mal à l'aise. Etait-ce ce qu'il avait dit qui lui faisait cet effet là ? Elle semblait presque se libérer en pleurant. « D'accord, je n'appelle personne ma belle, calme toi maintenant ». Elle se laissa conduire jusqu'au canapé et ses affaires. Il repartir vivement dans la chambre à la recherche d'un plaid qui lui mit sur les épaules. Avec tout son maquillage qui coulait, elle faisait peur à voir. « Soit pas désolée, tu savais pas ou aller autre part manifestement. Tant pis pour le voisin, si tu savais comme il me fait chier des fois, à critiquer tout le temps ! Oh moins tu l'aura bien remis à sa place ! Il me fera la remarque demain » plaisanta t-il en se laissant tomber à coté d'elle. Il était proche. Assez proche en fait, et cette proximité lui avait quand même manqué. C'était agréable d'avoir pour une fois affaire à une fille qui n'était pas une conquête. Elle n'attendait rien de lui, juste un peu d'amitié, et il était près à lui en fournir. De l'amitié, seulement de l'amitié, d'autant qu'elle était amoureuse d'un autre, elle le lui avait bien fait comprendre. « Tu veux que je te prépare quelque chose ? Tu veux dormir ? Tu veux qu'on discute ? Tu veux que j'arrête de parler peut être ? Profite, ca arrive pas toujours que je sois sous tes ordres ! »