Happy to see you

Ariana & Calvin

Ce matin je n’ai pas le temps de faire mon fainéant, il faut que je me lève pour rejoindre l’université avant le début des cours. Malheureusement, cela veut dire que je ne peux pas m’occuper de ma fille et que je dois la confier à Mauve, ma voisine. On se connait réellement depuis très peu de temps et pourtant on s’entend à merveilles. Elle est là pour m’aider dans ce moment difficile et je ne la remercierais jamais assez de faire ce qu’elle fait pour moi. Une véritable amie prête à m'épauler peu importe la situation. C'est ça dont j'avais besoin depuis tout ce temps. Et la voilà.

Les cours ont commencés doucement. Mes élèves sont exemplaires, mais il se peut que ce soit temporaire. Alors je profite de mon temps libre pour souffler un peu, à l'écart de tous. Hors de question de m'enfermer dans une salle avec d'autres professeurs alors qu'il fait si beau dehors, je préfère de loin le petit banc en bois qui se trouve sous les branches des arbres. Peu d'élèves passent par ici, je peux donc lire les lettres qu'Alicia m'a destinée dans jamais oser me les envoyer. Du moins, jusqu'à sa mort. Elles s’enchaînent, tantôt douces tantôt cinglantes. Toutes ces émotions me font tourner la tête, au point de préférer renoncer à leur lecture pour aujourd'hui. J'en ai assez lu pour aujourd'hui. Au même instant, quelqu'un me tapote sur l'épaule en gloussant « Devine qui c'est ? » avant de se glisser sur le banc avec moi. « Ariana ! » m'exclamais-je avec un grand sourire en chassant mes idées noires. Je suis agréablement surpris de la voir ici, surtout que notre dernière rencontre commence à remonter maintenant et elle me le fait remarquer aussitôt comme si elle le regrettait. « C'est vrai que ça fait longtemps. Tu vas comment depuis la dernière fois ? » je lui demande en terminant de ranger les lettres dans mon sac.

Happy to see you

Ariana & Calvin

Je suis épuisé, dans tous les sens du terme. Ces lettres m'ont filées un coup de barre monumental, et je ne demande qu'à fermer les yeux quelques instants avant de reprendre mes cours. Seulement, le destin ne semble pas vouloir m'accorder le peu de répit que je quémande avec grâce et qui pourrait tout changer de ma journée. Du moins, je le suppose. Il est plus simple de réfléchir à tête reposée, et enseigner l'art est plus intéressant pour les deux parties quand les préoccupations de la vie de tous les jours se trouvent loin de l'esprit de chacun. Mais je n'ai même pas le temps de rentrer toutes ces enveloppes qui pèsent si lourd sur ma conscience et dans ma sacoche qu'Ariana me tombe dessus. J'ai très peu de raisons de m'en plaindre. Cette jeune femme est comme un vent d'été ; une bise chaleureuse qui apaise les maux causés par un hiver trop rude.

« Comment tu sais que c'est moi ? » geint-elle en prenant ce petit air boudeur qui la rajeunit de quelques années. Cette fille est vraiment adorable, bien qu'elle n'ait pas sa langue dans la poche. Ce n'est pas insupportable, bien au contraire. Au moins elle a du caractère, ce qui n'est pas le cas de toutes les jeunes femmes de son âge. Ça a son charme, il faut l'admettre. « Moi super et toi ? Les cours ça va ? Et les élèves pas trop insupportables ? » s'enquit-elle en observant mes petits papiers que je m'empresse à ranger au fin fond de mes affaires. « Tout va bien. » mentis-je, « Les cours se passent pour le mieux et les élèves sont assez agréables. Mais c'est le début de l'année, alors ça ne va pas tarder à dégénérer. » riais-je en fermant mon sac. « Je t'ai pas trop manqué ? » me demande-t-elle avant que je ne puisse lui demander si tout va bien pour elle aussi dans sa nouvelle classe. « Bien sûr !  Ce qui me manque le plus c'est de prendre un café avec toi à la fin des cours. » plaisanté-je en lui rappelant ce qui s'était passé un an plus tôt. Cette petite anecdote me faisait toujours rire. L'année précédente, alors que je venais d'arriver à Siloam Springs, elle m'avait accoster à la sortie de l'université pour me proposer d'aller boire un verre, histoire de faire connaissance. Elle avait du remarquer mon regard perdu. C'est toujours impressionnant de débarquer dans une nouvelle ville, et encore plus déboussolant quand on entre dans une université conséquente en tant que jeune enseignant. Son approche m'avait vraiment amusée et je ne m'en montrais nullement vexé. La preuve est que nous avons gardé contact depuis.