one last kiss

Les bruits de l'ambulance résonnent. Charlie qui me tient la main. Elle me caresse les cheveux, tandis que je me sens aller. Faible. J'ai froid mais je n'ai pas la force de dire quoi que ce soit. On m'arrache à Charlie sans douceur et je pousse un râle de douleur. J'entrouvre les yeux tandis que l'on me pose un masque sur la bouche, et puis le vide complet. J'ai perdu connaissance.

Lorsque je me réveille, la lumière blanche m'aveugle. J'entends le bruit du scope et des gens qui s'affairent autour de moi. Je ferme le poing, tandis que mon esprit met du temps à se rallumer. Une vague de stress m'envahit tout d'un coup. Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi tant de gens murmurent autour de moi ? Que s'est-il passé ? Est-ce que Charlie va bien ? Quelqu'un pose une main sur la mienne. Le bruit du scop s'affole. « Chut... » et je replonge dans l'inconscience.

Cela fait bientôt une semaine que je suis à l'hôpital. Et pour seule visite, j'ai vu Taryn, qui a pris soin de moi. C'était la seule infirmière que j'arrivais à autorisé dans mon champs de vision. Les autres me regardaient avec une telle pitié que je pétais un plomb, malgré les doses de cheval que l'on me donnait. Je me débattais, hurlait, personne ne comprenait pourquoi j'avais une sainte horreur de cet endroit. Moi non plus. J'avais la rage et je faisais cauchemars sur cauchemars. C'était un véritable enfer. On avait été obligé de me plonger dans le sommeil plusieurs fois. Dans l'enceinte de l'hôpital, j'avais aussi vu Nemo, avec qui je mangeais, accompagnée d'un foutu fauteuil roulant et d'une infirmière. Me tirer d'ici me démangeait, mais pas avec ma patte folle, c'était foutu.
Ce matin, j'avais encore cauchemarder. Je m'étais réveillée et je m'étais mis à pleurer, incapable de respirer correctement avec une atroce brûlure à la jambe. On m'avait à nouveau piqué et puis je m'étais calmée quand tout le monde était parti, et je m'étais rendormie.

J'entends trois coups sur la porte. Je fronce les sourcils. Taryn ne toque pas. Taryn déboule dans la chambre et me saute dessus pour savoir si Marley, une infirmière, m'a encore traité de folle, si je ne souffre pas trop ou si j'ai bien mangé. La porte s'ouvre et se dévoile sur Aedan. Mon cœur rate littéralement un bond. « Euh, salut. » Il a un bouquet de fleur mauve dans les mains. J'ai envie de le tuer pour s'être tiré comme un voleur, pour tout. Pourtant ça me soulage de le voir, malgré tout. « Tu as quelque chose à dire pour ta défense, monsieur Joli Coeur ? » je serre les bras sur ma poitrine pour montrer mon mécontentement.

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Les premiers jours, lorsque Aedan était parti, je pensais tout simplement qu'il avait besoin de prendre l'air, de se détacher un peu, alors je ne me suis doutée de rien. C'est lorsqu'il ne répondait plus à mes appels ni à mes sms que j'ai commencé à réellement m'inquiéter. J'ai cru qu'il lui était arrivé quelque chose, alors j'ai harcelé Bonnie et même Cael pour savoir, mais rien. Personne n'était au courant. Et puis et venue la fusillade et son absence s'est ressenti pire que tout, engloutie par la rage et l'impuissance. C'était comme un vide. Durant la semaine passée ici, j'ai ruminé ma colère, mon inquiétude, ma tristesse. ça se voyait rien qu'à ma mine enragée, folle. Je déchaînais ma colère sur tout ce qui passait, les infirmières, les journaux. Et voilà qu'il se pointait, après quoi ? Deux semaines sans nouvelles.

« ça … va ? » j'ai envie de rire. ça va ? est-ce que ça a l'air d'aller ? je me suis pris une balle, personne n'était là pour moi excepté Taryn, je devenais folle. Le monde se rebellait contre moi et il me demande si ça va. Aedan s'assoit sur le bord du lit tandis que je dépose mon regard autre part. « Mauve je … » il semble réellement coupable, mais je ne peux étouffer ma colère ou même ma tristesse. « Je suis tellement désolé. » Le bruit du scop m'agace. J'ai envie de le débrancher mais je ne fais rien, attendant des explications. Mais tout ce qui vient est trop vague. « Et j’ai rien à te dire pour ma défense. » Evidemment. Je pose ma tête sur le coussin et une larme fugace s'échappe. Je l'écrase de la paume de ma main. « Merci pour les fleurs. » C'est tout ce que j'arrive à dire. Je n'arrive même pas à le regarder dans les yeux. « J'arrive pas à croire que tu te sois tiré comme ça, juste après... nous. » Ma voix n'exprime aucune colère, mais plutôt de l'amertume. Je suis déçue et j'ai le cœur en vrac, voilà.

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J'essuie rapidement la larme rebelle avant que d'autres viennent. Je ne veux pas pleurer, ce serait affirmer ce que m'a dit Samuel ; qu'Aedan était un véritable connard et qu'il ne m'aimerait jamais. Je crois vraiment en Aedan et Mauve, en nous, mais son départ précipité et sans nouvelles, je n'ai pas pu l'encaisser. C'était la blessure de trop avec la fusillade. Aedan s'aperçoit de mon geste. « Merde Mauve … » je renifle et tente un sourire, mais mes yeux sont humides. Il approche sa main de moi. « J’suis désolé, j’suis là maintenant … » J'ai envie de lui crier : « pour combien de temps ? Combien de temps, tu resteras près de moi ? » J'aimerais tellement pour toujours. Qu'il ne m'abandonne plus jamais comme il l'a fait.

« Ecoute, tout ce que je peux te dire, c’est que j’ai pas eu le choix, il fallait que je parte. J’ai pas eu le temps de te prévenir, Mauve. » Je hoche la tête comme une grande fille, sourire tremblant aux lèvres, essayant d'avaler cette explication. J'essaie d'y croire, alors j'oublie. J'aurais préféré ne pas me réveiller ce matin et rester dans les vapes. Ne pas affronter la réalité. De toute façon, la réalité, c'est que je suis handicapée, incapable de me déplacer, shootée et enragée. C'est tout ce que j'arrive à voir. Aedan attrape ma main. « Je t’aime. » je baisse la tête et la relève pour lever le regard vers lui. « Me refais plus jamais ça, s'il te plaît. » je serre sa main, parce que c'est tout ce qui peut m'aider pour l'instant. « J'ai cru qu'il t'étais arrivé un truc, n'importe quoi. J'ai même appelé Cael ! » un rire nerveux s'échappe de mes lèvres tremblantes. « Je t'aime aussi, Aedan. Vraiment. »

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Je me sens mal de lui faire une crise pareille, mais j'ai tellement ressassé mes sentiments, tellement essayé d'étouffer ma peur, de la calmer à coup de morphine qu'elle explose en sa présence, dans ses bras. J'ai l'impression de redevenir une gosse, que je peux me permettre de pleurer, pour une fois. Sa main caresse tendrement ma joue alors que j'essuie mes larmes, et ses lèvres se déposent lentement sur les miennes tandis que mes sanglots s'apaisent. Ma respiration se fait moins saccadée. Je ferme les yeux et les rouvre une fois qu'il se détache de moi. Je ne lui en veux plus.

Le regard d'Aedan dévit sur ma jambe blessée tandis qu'il y pose une main. Je grimace légèrement. « Donc t’as … pris une balle … dans la jambe, hm ? » je hoche la tête avant de montrer ma cuisse. « Là. C'est Charlie qui m'a aidé en attendant les urgences. Et puis, plus rien. » je serre les poings, ressentant une vague d'impuissance. Incapable de bouger, incapable de réfléchir, incapable d'être bien. Je me sens minable. « Je suis tellement désolé. » Aedan s'excuse à nouveau, comme coupable. Je passe une main sur sa joue. « Hey, t'es pardonné, promis. » je souris, avant de regarder la fenêtre de ma chambre. « Tout ce que j'aimerais, c'est me tirer d'ici. C'est l'enfer là-dedans ! » je passe soudain une main dans un vase pour y sortir une barre chocolatée. J'en ai des dizaines. Merci Taryn. J'en tends une vers Aedan, un doigt sur mes lèvres gercées. « Chut ! t'en veux un morceau ? » Malgré ma pâleur et ma mine absolument horrible à voir, il y a toujours cette flamme dans mes yeux. Ce truc, imperceptible et pourtant toujours là.

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Réconfortée, je déchire le papier de la barre chocolatée et me met à la grignoter, affamée. J'ai loupé le petit déjeuner. Rien que le café est immonde, et je ne peux pas fumer ni sortir sans être accompagné. Ils ont trop peur que je fasse une fugue, ou que je tente un truc con. Je sais que je ne suis pas la plus sage et sympathique des patients de la fusillade, mais tout de même. Je tends une barre chocolatée et il la prends. « Hm, j’ai pas faim, mais je la mangerais plus tard. » Je souris, contente qu'il accepte. Il m'embrasse à nouveau, ce qui m'arrache un sourire. Puis je pose mes yeux vers la fenêtre, avant qu'il ne regarde dans la direction où mon regard s'est posé : dehors. Il semble avoir deviné mes pensées. « Tu peux sortir ? » me demande t-il en désignant le fauteuil roulant dans un coin de la pièce. « Je suis prêt à te promener comme on promène sa mémé. » Je fais une moue boudeuse en lui tapant sur l'épaule, sans être brusque. « La mémé t'emmerde, monsieur ! » Je lui jette un regard mauvais avant de me mettre à rire. « Allez, en route. Je vais crever ici sinon. » je me déplace avec précaution sur mon lit, essayant de descendre sans trop me faire mal, mais je fais un faux mouvement et grimace. Je rouvre les yeux et m'aperçoit que je n'ai pas les béquilles à portée de mains. Argh, ces saloperies se perdent toujours par terre.

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Alors que je tente de descendre sans souffrance inutile, Aedan se débat avec le fauteuil roulant, ce qui me fait pouffer de rire. J'essaie de poser un pied maladroit par terre et manque de tomber, mais je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'Aedan lâche son ennemi le fauteuil roulant et m'attrape. En quelques secondes, il perds l'équilibre à son tour et tombe cul contre terre, tandis que je me retrouve assise sur lui, les bras passés autour de son cou, et sans égratignures. Je reste littéralement stupéfaite tandis que mon copain explose de rire, je ne peux m'empêcher de l'imiter, prise dans un fou rire. Mes bras se resserrent autour de son cou et je me rapproche de lui. « Ex…excuse-moi c’était tellement … nul ! » Il en pleure presque de rire tellement cette cascade était... stupide. En essayant de me sauver, cet idiot est lui-même tombé en faisant attention à moi. J'essuie les larmes qui coulent sur sa joue tandis qu'il se redresse contre le mur. « Grand fou, va. » J'essaie de me calmer, mais à chaque fois que je croise son regard, j'explose de rire. Mes lèvres frôlent les siennes et je l'embrasse doucement, pour tenter de le calmer lui aussi. « Tu ferais un très mauvais prince charmant, tu sais ? »

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Ses lèvres se détachent des miennes avant de s'y recoller avec douceur, ce qui m'arrache un sourire. L'amour me fait sourire. Qui y aurait cru ? Je me sens toute légère lorsqu'il est là, presque prête à m'envoler. Pourtant je suis toujours dans les bras d'Aedan, tandis qu'on se regarde dans les yeux, à s'aimer. « Héhé, si je suis fou, ce n’est que d’amour, Madame. » Fou d'amour. Putain qu'est-ce que c'est bon, d'être fou d'amour. C'est tout nouveau et pourtant, j'ai l'impression que si on me l'arracherait, j'agoniserais. L'amour, ça rends dingue. ça fait mal, tellement mal qu'on en redemande parce qu'on sait qu'après la souffrance viens la douceur. Comme maintenant. Le brun me soulève pour me poser délicatement sur la chaise, me lançant. « J’vais essayer de pas te faire tomber dans les escaliers, je te l’promets. » Je peux pas m'empêcher de pouffer bêtement de rire, en lui tirant la langue. Qu'est-ce qu'il peut-être con parfois.

Nous sortons enfin de la chambre, tandis qu'il me pousse avec précaution. Je croise les regards de certains infirmières, qui froncent les sourcils. Certaines sourient. J'essaie de les ignorer, cherchant Taryn du regard. Et puis je songe qu'elle doit se reposer. Alors j'abandonne ma recherche. Lorsque nous arrivons enfin dans le jardin, je ne peux pas m'empêcher de sauter sur ma chaise. « Je déteste l’odeur des hôpitaux. » je rajoute, par dessus ses paroles. « Moi je déteste les hôpitaux tout court. » puis Aedan se rapproche de moi pour me murmurer à l'oreille. « Demain, je te ramène des pots de peinture. Tu ne trouve pas les murs de ta chambre trop … blancs ? » quelque chose illumine mon regard tandis que je lui souris malicieusement. « Je veux toutes les couleurs ! Du bleu, du orange, du vert... » je les énumères, même les noms les plus insolites, jusqu'à lancer. « du jasmin, du vert turquoise, océan, du jaune canari. et même du mauve ! » j'explose de rire. un rire communicatif, qui fait même tourner certains regards. après tout, l'amour rends compte, alors j'ai mon excuse.

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je n'ai plus assez de doigts pour compter toutes les couleurs que j'ai énuméré. Aedan m'écoute toujours. et je me mets à rire, à n'en plus finir. et ce rire semble éclaircir tout le parc, y rajouter un peu de vie, même si ça fait fuir quelques oiseaux et tourner quelques têtes, je m'en fiche. tout semble plus beau lorsque l'on rit. Le fauteuil avance, et s'éloigne des têtes curieuses et de l'odeur insupportable de l'hôpital.

Je songe à comment je colorierais ma chambre. J'y mettrais de tout ce que je trouve. Des couleurs vives. Les couleurs de l'arc en ciel. Aedan nous sors de ce silence léger. « Billie t’attends, tu rentre bientôt ? » Billie. Mon cœur se serre. Cette boule de poile me manque. A peine arrivée dans ma vie que voilà que j'ai envie de l'avoir dans mes bras, quitte à ce qu'elle me lèche le visage et que je sois toute collante. « Je sors dès que je peux. Promis. » je lui souris, avant qu'il ne rajoute. « Et puis moi, j’voudrais du bleu roi. Parce que je suis un roi, pas un prince, c’est plus classe. » je roule des yeux avant de sortir sur un ton joueur. « Y'a une couleur pour la reine ? Excepté le mauve... »

one last kiss

je voudrais déjà sortir. être miraculeusement guérie. ou même, ne jamais m'être pris cette balle. avoir eu un contre-temps et ne pas aller chercher le café pour bonnie. pourtant j'ai vu les gens crever, un à un, le sang couler, mon sang couler sur le pavé, le bitume gris devenu rouge et collant, collant et dégoûtant. je ne reverrais jamais cette allée comme avant. ce starbuck comme un simple café. cet événement a tout bousculé.

je lui demande qu'elle est la couleur de la reine. « rouge pour une reine. » rouge. « alors va pour le rouge ! » si il est le roi, alors mieux vaut être sa reine. même si je n'en ai pas la carrure, la force. je n'ai pas l'argent, la couronne, la cuillère. je suis née pour être inconnue, invisible aux yeux des grands. et pourtant, il m'a vu. il m'a vu danser sur la piste, il m'a vu crier de plaisir, il m'a vu pleurer, nager, crier, rire et même mal habillée. sa main caresse ma joue et j'ai envie de l'attraper. d'y emmêler mes doigts, de l'embrasser, de le garder pour moi. je l'aime tellement. parce qu'on a beau avoir des centaines, des milliers d'amours, le vrai, c'est celui qui vous fait vibrer de l'intérieur comme jamais.

« tiens mauve, j’ai … enfin, j’aimerais te parler d’un truc. » je suis intriguée. pourtant au lieu de lui montrer, je lui souris. « c'est quoi ce truc ? c'est grave ? me fait pas languir, je déééééteeeeste les devinettes. »

one last kiss

je ne sais pas ce qu'il veut me dire. et contre toute attente, j'ai un peu peur de ses paroles. peur de ce qu'il a à me dire. ce n'est pas dans ses habitudes de m'annoncer quelque chose de la sorte, quand nous avons quelque chose à nous communiquer, nous le faisons, tout simplement. je baisse les yeux et il s'assoit sur l'herbe, face à moi. je pose ma tête sur la paume de ma main, pour la retenir.  je relève le regard, attrapant quelques brins d'herbe et jouant avec. « Paraîtrait que j’ai un frère. » j'arrête de jouer et reporte mon regard sur lui. un frère. Aedan aurait un frère. et lui même semble plutôt décontenancé de savoir ça. je me gratte le haut du crâne, légèrement sur le cul. « c'est... ouah... putain. » c'est tout ce que j'arrive à dire. puis je me reprends vite. « c'est tes parents qui te l'on annoncés ? où ce mec a débarqué et t'a lancé comme ça "coucou mec, je suis ton frère, ça va ?" » j'ai pris une intonation différente pour l'imitation de son "frère", légèrement ironique. mais en même temps, c'est complètement fou. il aurait un frère caché ? pourquoi lui aurait-on caché l'existence d'un frère ? « c'est cond e te cacher ça... si c'est vrai. » je prends sa main, et joue avec ses doigts. cette situation est totalement étrange, et doit l'être encore plus pour lui.