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AMERICAN BEAUTY/AMERICAN PSYCHO

I THINK I FELL IN LOVE AGAIN, MAYBE I JUST TOOK TOO MUCH COUGH MEDICINE.
I'M THE BEST WORST THING THAT HASN'T HAPPENED TO YOU YET, THE BEST WORST THING

Allongé dans la mare de sang se formant sous son épaule blessée, le jeune homme avait été incapable de faire quoi que ce soit pour les autres victimes ou lui-même. Il s'était mis a trembler en prenant conscience de la gravité de la situation et en réalisant qu'il pissait le sang. La fulgurante douleur qui transperçait son épaule résonnait dans tout son corps, et ses tremblements n'avaient rien arrangé, bien au contraire. Il avait rapidement suffoqué, submergé par l'angoisse que la souffrance et les cris lui faisaient subir. Il n'était pas prêt pour un tel stress. D'accord, personne ne l'était, mais Nemo était malade, son trouble du déficit de l'attention le rendait incontrôlable dans les situations de stress. Qu'y a-t-il de pire pour une personne incapable de gérer l'anxiété que de se faire tirer dessus et de se vider de son sang tout seul ? Il avait a la fois souhaité la présence de sa mère et l'absence de sa soeur. Très sincèrement, il avait eu la peur de sa vie et n'aurait absolument pas honte de le dire...

Ses paupières papillonèrent quelques secondes puis, aveuglé par la lumière artificielle de ce qui semblait être une chambre d'hôpital, Nemesio referma les yeux. Les images de la fusillade lui revinrent en mémoire, mais il fut incapable de se souvenir de la manière dont il avait été sorti de là. Il ne s'était certainement pas sauvé tout seul, il était bien trop malade pour ça. Peut-être avait-il fini par perdre connaissance, qui sait ? Il trouverait bien quelqu'un pour lui raconter toute l'histoire, et lui expliquer les raisons de cette tuerie. Pour l'instant, l'important était qu'il soit en vie. Ce n'est qu'après toutes ces réflexions mentales qu'il perçut une présence à ses côtés et se força à ouvrir les yeux. Il en cligna plusieurs fois pour chasser les taches noires lui brouillant la vue et vit apparaître un visage connu. Pas celui qu'il avait espéré voir, mais peu importait, il était ravi de la voir. Saine et sauve, visiblement. « Margo ? » Bah oui Margo, aux dernières nouvelles elle n'avait pas de soeur jumelle. Et puis même si cela avait été le cas, il ne connaissait que Margo, il n'y avait donc aucune raison pour que ce soit quelqu'un d'autre qui attende son réveil depuis Dieu sait combien de temps... Il tenta de se redresser en s'appuyant sur un bras, mais une douleur lancinante lui rappela qu'il avait pris une balle dans l'épaule. La bonne nouvelle était qu'il pouvait toujours bouger son bras. Douloureusement, mais ce n'était que temporaire. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Seconde question idiote. Pour sa défense, il venait de se réveiller ! Et ce qu'il demandait n'était pas tellement la raison de sa présence, il était clair qu'elle avait attendu son réveil, mais plutôt ce qui l'avait motivée à le faire. Ils étaient certes bons amis, mais Nemo n'était pas habitué à ce genre d'égards. Il choisit cet instant pour se demander pourquoi il avait dormi, et en vint à la conclusion qu'il avait été anesthésié le temps qu'on extraie la balle de son bras. Il grimaça. Un sourire étira bientôt ses lèvres lorsqu'il saisit l'ironie de la situation: la dernière fois qu'il avait mis les pieds au Siloam Springs Regional Hospital remontait à sa première rencontre avec Margo, elle lui avait cassé deux côtes avant de l'emmener aux urgences pour se faire en quelques sortes pardonner. « Tu vas bien ? Tu n'as pas été blessée j'espère », s'exclama-t-il en la détaillant pour vérifier qu'elle ne l'était pas. Il était allongé dans un lit d'hôpital et elle assise à son chevet, mais il parvenait tout de même à s'inquiéter pour elle... Cherchez la logique. C'était comme lorsqu'il avait pris cette balle, il avait songé à sa petite soeur, espérant qu'elle soit loin. Priant de toutes les forces qui lui restaient tandis que son haut s'imprégnait de sang. Nemo jeta enfin un regard au bandage immaculé enserrant son épaule gauche, et la seule qui lui vint à l'esprit fut « ça va être dur pour le boulot ». Pas dur pour faire à manger, trouver une position confortable pour dormir, faire du sport, jouer avec le chien,... mais « ça va être dur pour le boulot ». Penser aux autres avant lui-même, et ce jusque dans ce genre de situation. Avoir une si faible estime de soi que le fait d'avoir faillit y passer passe après la possibilité de décevoir des clients. Je vous présente Nemo !

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Les détonations, le bruits des balles, les cris, les corps qui tombent, un à un, sans bruit. L'odeur âcre du sang, et le liquide vermeil et poisseux s'écoulant sur le pavé. Je m'en souviendrais toujours. Ce n'est pas si je n'avais jamais vu de mort de ma vie : j'ai moi-même fait l'armée, la guerre, mais... mais cette fois, c'était différent. Je n'étais plus maître de la situation, je n'avais pas l'arme entre les mains. J'ai vu des innocents crever à cause de la folie d'un homme, des enfants pleurer à l'aide, des jeunes tomber alors qu'ils faisaient les courses. Parmi ces gens, il y a eu des survivants, des blessés, des chanceux. Moi, j'ai été sauvé. Aaron m'a sauvé, et cette balle a manqué de lui ôté la vie. Si il avait succombé, je pense que je serais devenue encore plus folle. Comme si je ne l'étais déjà pas assez. Comme si la vie n'avait pas déjà été pute avec moi. Néanmoins, il a survécu.

Après la fusillade, j'ai aidé les pompiers. J'ai regardé les corps partir, vu le sang se nettoyer. Comme si la ville allait reprendre une existence normale après ce carnage, comme si tout ça ne s'était jamais produit. Et puis je suis partie engueuler un Dieu que je ne connaissais pas. J'ai débarqué dans l'église de la ville et j'ai hurlé. J'ai hurlé pour tout ces innocents, ces gamins, ces vieux, qui sont morts pour le plaisir de pauvres fous. Et puis je me suis écroulée.

Je rouvre les yeux. Nemo est tranquillement endormi dans son lit d'hôpital. Sa poitrine se soulève dans une respiration régulière, presque apaisée. Puis il semble émergé de son sommeil. Il papillonne, puis referme brusquement les yeux, sûrement aveuglé par la lumière. Je me penche au dessus de lui, pour atténuer la luminosité. Lorsqu'il a enfin ouvert les yeux, je souris, heureuse de le voir conscient. « Margo ? » Je hoche la tête, rassurante. Je sais qu'il ne faut jamais brusquer les gens au réveil, mais généralement, ils se brusquent tout seul. Et c'est le cas pour Nemo, qui essaie de se redresser. Je lui attrape une main, mais trop tard : il grimace. « Qu'est-ce que tu fais là ? » C'est vrai que c'était étrange de me voir à ses côtés, si on se rappelait que la première fois, c'était moi qui l'avait envoyé ici, avec deux côtés cassées. « Je viens m'assurer que ma victime préférée va bien. » je lui tapote sur la main avant de la retirer. Sans m'en apercevoir, Nemo était devenu mon ami dès le moment où je m'étais rendu que je l'avais attaqué pour rien, et je m'y étais attaché. Lui aussi, on dirait, car il me jette un regard inquiet avant de me lancer. « Tu vas bien ? Tu n'as pas été blessée j'espère ». Je me regarde, m'inspecte puis souris légèrement, en repensant à Aaron qui a pris cette balle pour moi. « ça va, j'ai juste pris des morceaux de verres lorsque la vitre a explosé. mais toi... » je jette un regard furtif à son épaule. « tu es salement amoché. pire qu'avec les deux côtes, je te jure. »

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Apercevoir un visage familier à son réveil dans un lieu tel celui-ci fait toujours du bien, Nemo aurait sans doute un peu paniqué s'il avait été seul. Il était dans sa nature de paniquer facilement, et après il était incapable de se calmer tout seul. Joyeuse petite vie... Le regard sombre du Grec croisa celui de Margo et elle y lut sans aucun doute un soulagement énorme. Encore un peu à l'ouest, il prononça son prénom avec une intonation interrogative et sourit lorsqu'elle hocha la tête, bien qu'il sache déjà qu'il s’agissait d'elle. Il demanda ensuite ce qu'elle faisait à son chevet, et ne put réprimer un nouveau petit sourire à sa réponse. Que voulez-vous, ça fait du bien de s'entendre dire ce genre de choses, même lorsque, comme Nemo, on y croit pas trop... Il en vint rapidement à l'interroger sur son état à elle, bien qu'elle ait l'air parfaitement en forme. Surement pas sur le plan mental, mais ce qui importait pour l'instant était une potentielle blessure physique. Parce que, à Siloam Springs, après cette fusillade, personne n'irait psychologiquement parfaitement bien pendant quelques temps. Témoins, blessés, familles de victimes, oui mais pas seulement. Mis à part les plus égoïstes de leurs concitoyens, tout le monde serait touché par cette catastrophe en l'apprenant à la télévision, ou simplement en mettant le nez dehors... « Content que tu n'aies rien », sourit-il, parfaitement sincère. Il était peut-être, et même surement, un peu trop préoccupé par le bien être de Margo, mais il ne se posait pas de questions. Sans doute remplaçait-elle un peu Nerea et voulait-il la protéger et la garder près de lui comme il avait été incapable de le faire pour sa soeur. « Rien de mortel, ça va. Je commence à avoir l'habitude de l’hôpital... » Il lui adressa un clin d'oeil, mais il avait surtout dit cela afin que l'atmosphère ne devienne pas lourde et déprimante. Cette journée était déjà suffisamment catastrophique comme ça. De plus, ce n'était pas son genre de se plaindre. Il s'était pris une balle, évidemment qu'il avait mal, était amoché, affaibli et tout ce que vous voulez, mais il préférait souffrir en silence. Ça aussi il en avait pris l'habitude. Ayant perdu beaucoup de sang, le jeune homme se sentait encore fatigué et faible, mais, faisant fi de la douleur, il commença à se redresser en position assise. « Tu... », commença-t-il avant de grimacer à cause de son bras. Il inspira un bon coup et termina son mouvement, calant son dos sur l'oreiller et ramenant son bras blessé sur son ventre. « Tu veux bien qu'on parle de n'importe quoi de moins sérieux ? », parvint-il finalement à demander. Il ne savait pas du tout de quoi ils pouvaient discuter, mais les souvenirs de la fusillade étaient pour l'instant à proscrire. Raison pour laquelle il ne s'était pas encore jeté sur la télécommande afin d'allumer la télévision et de regarder les informations. Il était là, il savait ce qui s'était passé, et il ne voulait pas le revoir. Rien que d'y penser, son cœur s'emballait méchamment. Douloureusement.

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J'étais heureuse de savoir que Nemo allait bien. Rassurée, et sûrement mieux dans ma tête. Bien que psychologiquement, ça n'en était rien, j'essayais de paraître bien et stable, comme toute personne équilibrée, normale. Mais, est-ce que j'étais, comme l'on dit, normale ? La réponse à cette question, tout ces gens, psychologues réputés, ils me l'avaient répétés : non. Il faut être fou pour ce jeter à corps perdu dans une guerre sans but, fou pour laisser son ami se prendre une balle à sa place, fou pou laisser sa sœur, mineure, conduire, fou pour détester une famille tel que la sienne, fou pour ne pas être bien. Alors je restais muette, sombre. Dans ce que les gens appelaient ma folie destructrice, et que j'appelais ma normalité.

Alors que je m'enfonçais des mes pensées, suite à ce drame sanglant, Nemo, m'y tira, me lançant un sourire sincère comme corde et ces mots, comme pansements ; « Content que tu n'aies rien ». Je lui adressais, à mon tour un sourire. Sourire imprégné de douceur, pour ne pas l'inquiéter. Je commençais à connaître le jeune homme : il était soucieux des autres. Sûrement plus humain que tous, malgré ces troubles. Et je l'appréciais pour son amour sans borne qu'il avait pour tout le monde. Alors qu'à mon tour, je m'inquiétais pour lui, il me rétorqua « Rien de mortel, ça va. Je commence à avoir l'habitude de l’hôpital... » accompagné d'un clin d’œil pour détendre l'atmosphère. J'aurais tellement voulu le faire sortir, lui dire qu'il n'avait pas à passer sa vie ici à cause de ses gens qui, nous considéraient, comme malades. Mais là, Nemo l'était aussi au sens physique du terme. Plus pâle, il avait du perdre beaucoup de sang. Peut-être même que j'avais marché dans le sien, liquide vermeil et gluant. Un frisson me parcouru et je me redressais sur ma chaise, pour en pas qu'il le remarque. Nemo se mit en position assise, bien qu'affaibli, il réussissait à garder une certaine contenance. « Tu... » je lui souris, attendant la fin de sa phrase. Il se cale sur son coussin, et pose son bras handicapé sur son ventre. Je ne peux m'empêcher de poser la mienne sur la sienne, me rapprochant de lui, tel une présence rassurante, amicale. « Tu veux bien qu'on parle de n'importe quoi de moins sérieux ? » évidemment. ça doit être perturbant, encore plus pour lui. Lui qui n'a eu personne pour l'aider. Mes remords me reprennent. J'aurais du me prendre cette balle à la place d'Aaron, et à la place de Nemo. Ils ne méritaient pas ça. J'ouvris la bouche, cherchant de quoi lui parler. « Mh, je t'aurais bien parlé de chats, mais j'en ai pas. » un rire s'échappe de mes lèvres, et soudain, j'ai une idée. « Dis moi, c'est quoi ta chanson préféré ? »

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Pour l'instant, oublier qu'il venait de se faire tirer dessus semblait être une très bonne idée à Nemo, éviter d'aborder le sujet, de se dire qu'il était à l’hôpital, d'imaginer la scène de crime d'où des corps encore chauds étaient emmenés... Il ne pouvait pas supporter cela, c'est pourquoi il demanda à Margo de lui changer les idées. De quelque façon que ce soit, il n'en avait cure, du moment qu'il ne pensait plus à tout ces blessés, ces morts, et ce sang. Pas qu'il n'ait pas l'habitude de voir ça (il suffisait d'allumer la télévision) ou que cela lui fasse peur, mais un tel massacre le rendait malade, et n'avoir rien pu faire lui faisait un effet indescriptible. Il songea une dernière fois aux victimes et à leurs familles, puis à sa soeur, et, finalement, Margo vint à sa rescousse: « Mh, je t'aurais bien parlé de chats, mais j'en ai pas. » « Moi j'ai un chien ! » sourit-il après avoir ri légèrement, se demandant soudainement s'il le lui avait déjà dit ou non... Il n'avait d'ailleurs toujours pas trouvé de nom à l'animal, c'était une chose pour laquelle il n'était pas très doué. Il avait de l'imagination à revendre, mais pas en ce qui concernait les prénoms. Il aurait, par exemple, était incapable de trouver un prénom à son enfant s'il en avait eu un. Ce qui ne serait sans doute jamais le cas. La voix de Margo le tira de ses pensées et il sourit à sa question. Sa chanson préférée... Difficile à dire. « Hmm... Peut-être the story de thirty seconds to mars. Ou jet pack blues de fall out boy. Ou twin skeletons. » Il n'était pas aisé de choisir entre ces trois chansons, qu'il aimait beaucoup. The Story lui parlait beaucoup, "and I swear to god I'll find myself in the end" dans le genre "je suis paumé et je cherche ma voie" c'était donc Nemo tout craché. Jet Pack Blues étant magnifique, elle était également potentiellement sa chanson préférée. Quant à Twin Skeletons, les paroles lui parlaient également, parce qu'il était perdu -même si ce n'était pas toujours visible- parce qu'il ne voulait pas se souvenir et tenait bon... Enfin bref, trois belles chansons dont il aurait pu discuter des heures durant avec Margo. S'il cessait d'y réfléchir beaucoup beaucoup trop. Son regard croisa celui de la jeune femme et il sourit à nouveau, réalisant qu'il était ravi qu'elle soit là. Pas uniquement car cela lui faisait de la compagnie alors qu'il était souffrant, mais aussi car elle était sans l'ombre d'un doute la personne qu'il aimait le plus à Siloam. Ce n'était pas compliqué d'entrer dans le cœur de Nemo, il fallait d'ailleurs faire fort pour qu'il ne vous aime pas, mais la jeune Moriarty était le genre de personne qu'il comprenait parfaitement, et qui le comprenait également. Pourtant, ils ne se confiaient pas leurs secrets enfouis ni leur douleur refoulée. Ils gardaient cela pour eux et Nemo, pour sa part, ne ressentait plus tout ce poids lorsqu'il lui parlait. Tout comme il ne ressentait plus la douleur de sa blessure par balle alors que, quelques minutes plus tôt, elle lui transperçait l'épaule à tel point qu'il aurait cru avoir une lame profondément enfoncée dans sa chair. Tournée et retournée par un bourreau.

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