you're my other half

(prévert) ▽ Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.  

Ce soir j’ai eu la patience d’écrire une page Word. Avant de tout effacer tant cela suintait de mièvrerie et de conneries. Peut-être que la St Valentin que j’avais passé avec Sage, à la demande de mon frère trop occupé ce soir là avec sa pâtisserie, m’avait grandement inspirée, mais aujourd’hui il n’en ressortait qu’un ramassis de guimauve et cela se voyait aux travers des textes que je m’évertuais à écrire. C’était niais et je détestais ça. Je ne voulais pas écrire un roman à l’eau de rose moi. Je me frappais la tête et surfais sur Deezer pour trouver un morceau de musique capable de me calmer. Je l’envoyais à fond dans l’appartement et filais sous la douche. Quand je revins, m’essuyant les cheveux avec une serviette, qui leur donnait tout sauf l’air coiffé, il y avait du nouveau sur la page de la Gossip. L’article datait de quelques minutes et les habitants de Siloam se trouvaient exposés aux yeux de tous. Moi y compris. Bordel de merde ! Je me retins de hurler dans tout l’appartement et je fus littéralement stoppé par une voix qui me fit l’effet d’une douche froide. Jules. Il frappait à ma porte, m’obligeant à lui ouvrir, sachant pertinemment que je me trouvais là. Je grimaçais, fermant rapidement les fenêtres de mon ordi avant de l’éteindre complètement et d’aller lui ouvrir. Je priais pour qu’il n’ai pas eu le temps de voir l’article. Je retirais le loquet de sécurité et ouvrit la porte en grand, laissant entrer mon jumeau. « Crie pas, tu vas ameuter tout le quartier. » Je pouffais un peu. C’était tout Jules ça. Mais c’était aussi la raison pour laquelle je l’aimais beaucoup. C’était mon autre moitié, tout ce que je n’avais pas. Et que tu t’évertues à lui voler. Le visage de Sage me revint en pleine figure tandis que je regardais mon double. Mais qu’est ce que j’avais fait … ?! ▲ TWINNIES

(c) AMIANTE

you're my other half

(prévert) ▽ Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.  

J’esquisse un sourire. Jules est bien ma moitié. C’est lui le joyeux sens de l’humour. Et il m’apporte des gâteaux. Le pauvre si il savait. Je n’en ai que le cœur qui se serre un peu plus. Mon frère ignore tout, et je lui ment impunément au nez. Les remords me rongent, toujours un peu plus chaque jour. Et il me met de plus en plus mal à l’aise. Me demandant quelle est donc cette distance que je mets entre nous. Je me mords la joue pour ne pas lui balancer tout d’une seule traite. Je ne suis pas le seul impliqué là dedans. Sage l’est aussi tout autant que moi… La décision ne me revient donc pas. Je m’assieds et croque un morceau du gâteau qu’il me tend. Bien plus doué que moi en cuisine, j’ai toujours eu un complexe d’infériorité que je n’ai jamais réellement osé lui avouer. Je soupire doucement, dégustant le parfum fruité du gâteau. J’inspire doucement puis répond en haussant les épaules, d’un air el plus naturel du monde. « J’sais pas, c’est pas volontaire, mais tu vois mon patron est exigeant je bosse tard… J’ai plus de temps à consacrer aux autres. Mais j’m’en veux parce que toi t’es pas comme les autres Jules. » Je me sens terriblement mal, je dois certainement pâlir à vu d’œil tant le mensonge me bouffe les entrailles. ▲ TWINNIES

(c) AMIANTE

you're my other half

(prévert) ▽ Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.  

Putain putain putain. Ce mot résonnait dans ma tête, comme une rengaine, il palliait toute la conversation, je n’entendais plus que ça. Je me sentais horriblement mal. Bon Dieu qu’est ce que j’avais fait ? J’étais tombé aussi bas que notre père ou quoi ? Jules était là, inquiet pour moi, reconnaissant pour ce que j’avais fait pour Sage… Reconnaissant ?! Mais bordel j’me suis tapé ta copine ! Une envie de vomir me montait à la gorge. Repassant la soirée que j’avais passée avec elle. Qu’il aurait dû passer avec elle ! Je me dégoutais. Il tentait en vain de recoller les morceaux. De me rattraper avant que je ne tombe plus bas. Il faisait son boulot de frère. Pas moi. J’esquissais un sourire tandis qu’il engouffrait un bout de gâteau dans sa bouche. Je secouais la tête. Pourquoi donc s’excusait-il ? Soupirant longuement, je m’efforçais de chasser le visage de Sage de mes pensés. Elle n’avait pas à prendre le dessus sur la relation que j’avais avec mon frère. Il était mon sang après tout, et c’est plus fort qu’une amourette de passage avec une fille comme elle. Tout du moins c’est ce dont j’essayais de me convaincre. « Ouais j’pense qu’on devrait se voir plus. Comme avant. » Mes yeux retenaient les larmes qui bouillonnaient enfouies en moi. « Tu me manques Jules. » Les mots s’échappèrent de ma bouche comme un souffle unique. Un besoin d’air. Un besoin de mon frère.▲ TWINNIES

(c) AMIANTE

you're my other half

(prévert) ▽ Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.  

C’était pathétique. Tellement pathétique de mentir au nez de mon frère comme ça. J’avais un grain sérieux. Je me mordillais l’intérieur de la joue à sa réponse. Ses mots puaient la vérité et la sincérité alors que les miens suintaient le mensonge et la trahison. Jules, mon propre frère, merde. Je serrais le poing, un sourire forcé imprégnant mon visage. Bordel, je t’aime tellement. Il était le pilier de la famille, l’unique soutien à ces liens qui partaient en fumée. Et moi au lieu d’être de son côté, je m’évertuais à ruiner sa vie, tapit dans l’ombre comme un assassin. Son téléphone vibra soudain dans sa main et alors qu’il riait au nez de l’émetteur de son message, il me tendit la fameuse missive. Mon sang ne fit qu’un tour. La gossip savait. Et elle allait tenter de tout faire foirer. Un rire jaune s’échappa de ma gorge, tandis que je m’efforçais de faire comme Jules. « Sérieusement ?! Elle est allée le chercher où son ragot là ? Les gens ne savent plus quoi inventer. » Je me grattais ostensiblement la nuque, essayant de ne pas flancher. Mais si Jules pouvait les entendre, les battements de mon cœur me trahiraient certainement. ▲ TWINNIES

(c) AMIANTE