Je m'étais réveillée assez tôt ce matin. A 06H00 mes pieds étaient déjà hors de mon lit. Je ne pouvais contenir mon excitation face au week-end qui pointait le bout de son nez. Le temps promettait d'être au beau fixe et je n'avais rien prévu d'autre que de me prélasser devants de bons films et de profiter de ce soleil pour sortir mes tongues et mes crayons. Surement avant de pouvoir reprendre les dessins que j'avais commencé il y a quelques jours, je devais passer par l'épreuve de ma dernière journée d'essai. Il y a deux jours, j'avais commencé à travailler à la bibliothèque de la ville. Le travail en lui-même ne m'intéressait pas vraiment; être bibliothécaire n'était pas exactement la carrière que je rêvais d'avoir, mais pour les heures de travail demandés le salaire n'était pas trop mauvais (même si un peu plus n'aurait pas fait de mal à mes fins de mois). De plus, j'avais besoin de changer d'air et d'avoir des heures plus stables. Mon dernier emploi était assez stressant et très antisocial.

Fort heureusement, j'aime bien lire et la bibliothèque offre à ses employés la possibilité d'emprunter livres et autre support audio et vidéo (c'est une bibliothèque plutôt moderne avec des livres papiers, électronique et audio et également des dvds) à volonté sans passer par l'obligation d'avoir une carte d'emprunt. Et évidemment le lieu est constamment calme, avec bien entendu des rires et haussements de voix occasionnels, ce qui est très reposant pour mon esprit chaotique.

En fin de journée, le temps était toujours au beau fixe, alors après avoir fait un rapide détour par mon appartement, mes accessoires de dessins et moi nous étions installés en terrasse du café on broadway avec leur plus grande tasse à café pour nous tenir compagnie.

Cela faisait un moment que je n'avais pas dessiné dans un endroit aussi publique qu'un café, et encore moins en terrasse où tout le monde peut me voir (parfois je suis assez timide lorsqu'il en vient à mon art). Cela faisait un moment que je n'avais pas dessiné tout court. Ces derniers temps j'avais un eu un peu de mal à m'adonner à ma passion. J'ai d'abord pensé que c'était dû à un manque d'inspiration, puis à cause d'un manque de temps, mais auparavant j'avais toujours réussit à trouver une minute ou deux pour faire ne serait-ce que des gribouillis. Non c'était à cause d'autre chose.

Je n'en avais pas parlé à Dany ou à qui que ce soit, mais mon esprit était pollué par beaucoup trop de mauvaises pensées. Des pensées qui étaient à la fois tristes et inquiétantes. Des pensées pas aussi dramatique que si elles avaient été suicidaires. Toutefois, certaines étaient alarmantes. Lorsque j'avais entrepris "le chemin de la guérison" pour la première fois, on m'avait prévenue que cela pouvait arriver, car "nous sommes que des êtres humains, des êtres sensibles et vulnérables". Seulement, naïvement, il m'était encore arrivé de croire que cela n'allait pas arriver. Que je ne penserais plus à commander ce genre de produits ou aller en acheter dans le petit magasin du coin. Tristement cette partie de moi existera toujours et ne s'arrêtera pas de vouloir devenir excessive. Ce qui est assez similaire au fait que je sois artiste quand on y pense. Quoi qu'il ait pu auparavant se passer, je n'ai jamais réellement pu arrêter de dessiner ou peindre complètement. C'est comme une drogue ou une addiction. "Addicte un jour, addicte toujours"!

J'avais commencé plusieurs dessins la semaine dernière; certains étant plus petit que d'autres, j'aurais pu finir les plus petits, histoire de ne pas laisser trainer ça trop longtemps, seulement j'étais obsédée par l'un des plus grands. Je m'étais inspirée de l'un de mes t-shirt et avais commencé à dessiner les contours d'un crâne et de quelques fleurs en fond et à travers cette partie du squelette. L'imprimé du t-shirt est très beau à regarder, mais plus je m'étais attardée dessus, plus je m'étais rendu compte qu'il n'allait pas être simple à reproduire. Qui plus est en y apportant des modifications pour le rendre plus personnel. Cependant, il en fallait plus pour m'arrêter.

J'étais donc dans un autre monde lorsque quelqu'un s'est approché de la table à laquelle je m'étais installée.

code par ayshi