Je me réveille seule dans mon petit appartement. Les rayons du soleil ont réussit à percer à travers les rideaux. Une douce chaleur s'est répandue dans toute la pièce. Je baille, je m'étire, je sors de sous cette montagne de draps qui me recouvre. Je déteste allumer le chauffage, ça coûte bien trop cher. Je passe une main dans mes cheveux, non sans peine, tellement ils sont emmêlés. J'ai toujours du mal avec le réveil. Certainement le moment le plus pénible de mes journées. Je sors du lit et me dirige vers la salle de bain. Une bonne douche, voilà ce qui va me donner le courage de faire quoi que ce soit.
Je me dirige d'un pas énergique vers le café. C'est en quelque sorte mon rituel matinal. Le serveur me voit entrer et me fait un petit signe de tête, il a déjà préparé ma commande. Un chocolat chaud, plutôt tiède et un beignet. J'attrape tout ça, je le paie, et je me dirige vers une table près de la fenêtre.
Et puis...Boum. Collision. Carnage. C'est à cet instant précis que je regrette d'avoir osé un pull blanc aujourd'hui. J'examine l'étendue des dégâts. Un café et un chocolat chaud répandus sur le sol, et sur mon pull. Heureusement j'ai toujours mon beignet. La fille jure, s'excuse, s’interrompt au milieu de sa phrase. Je lève les yeux du sol et la regarde. Son visage m'est vraiment familier. « Pas grave. » Dis-je avec un sourire. « On se connaît non ? » Oui, on s'est déjà rencontrées, j'en suis certaine mais, c'est toujours plus poli de demander.

code par ayshi

Je la vois regarder cette tâche sur mon pull d’un air paniqué. Je n’imagine même pas ce qui peut lui traverser l’esprit en ce moment même, elle doit vraiment s’en vouloir. Le truc c’est que je ne lui tient pas du tout rigueur de sa maladresse, pas parce que c’est une connaissance, mais simplement parce que je suis moi aussi une des plus grandes maladroites que la terre n’ait jamais porté.
Elle tente de prononcer des excuses mais les mots ne lui viennent pas. C’est alors que je demande à la jeune femme si on se connait et son visage s’illumine aussitôt. « oui, je suis sage. et toi, isis ? » Sage. C’est un nom qui ne s’oublie pas pourtant. Mais je dois avouer que si elle ne me l’avait pas rappelé, je n’aurais pas réussi à le retrouver.  En tout cas, Sage donc, a fait l’effort de se souvenir du mien de prénom. « C’est ça oui, Isis. » Elle m’adresse un sourire que je lui retourne. Puis, elle me propose de nous rendre aux toilettes. Il est vrai que je commence à me sentir un peu poisseuse. « Je crois aussi. » Dis-je avec un léger rire.  
Arrivées aux toilettes, je retire mon pull plein de café et je me félicite de porter un débardeur noir en dessous. Je remplis un lavabo d’eau et, tout en frottant mon pull avec du savon pour les mains, je demande à Sage « Alors, ça fait combien de temps depuis ce fameux concert ? »

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Je lui lance un regard discret dans le miroir après avoir retiré mon pull. Elle paraît toute gênée. C’est vrai que c’était un peu compliqué pour Sage de deviner que je porte un débardeur en dessous. J’aurais peut-être dû la prévenir avant. Mais elle se rend vide compte que je ne suis pas sans rien en haut. Si je ne portais rien elle verrait à quel point je n’ai pas encore eu le temps de profiter du soleil. Je suis blanche au possible. Je lui demande alors combien de temps cela fait depuis notre dernière rencontre. Qui était aussi la première d’ailleurs.

« bientôt quatre ans. » Me dit-elle. Alors, je réalise quelque chose. C’est vrai que je me demandais pourquoi nous n’avions pas gardé contact toutes les deux, alors qu’au concert nous avions eu un bon feeling. Et ça me paraît alors tout à fait logique d’apprendre que cela fait quatre ans, car cette durée correspond à ma date de départ de New York. Je me sens alors un peu coupable de ne pas avoir donné de nouvelles ou quoi que ce soit. « dire qu'il s'est écoulé quatre ans, entre ce concert et maintenant... c'est fou. » « Quatre ans… » Je répète en soupirant tout doucement pour moi-même. « C’est encore plus dingue qu’on se retrouve dans cette ville, non ? » Siloam n’est pas vraiment la plus grande ville des Etats-Unis, ce n’est pas la première ville où on s’imagine vivre, et pourtant, nous sommes là toutes les deux aujourd’hui, nous remémorant des souvenirs datant de quatre années auparavant. C’est dans des moments comme ceux-ci que j’aime la façon dont la vie est faite.

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« Carrément. C’est vraiment minuscule Siloam, quand on compare à New-York, ou même encore, à Bethel ! »  J’abandonne alors mon pull dans l’évier plein de savon et je me retourne face à Sage. Je lâche un petit rire et répond en même temps « C’est clair ! » C’est sûr que New York me manque, sa diversité, ses activités multiples et tout ce qui la caractérise mais je ne regrette en rien d’avoir déménagé ici. C’est beaucoup plus calme, les gens sont sympas, je peux me laisser vivre sans être stressée par le monde qui m’entoure. Et puis c’est tout aussi joli à photographier.
Sage me demande depuis combien de temps que suis en ville. Je lui adresse un sourire et lui dit « Je suis partie de New-York quelques temps après le concert, donc ça fait à peu près quatre ans aussi. » Alors je me rends compte que je ne sais pas du tout d’où vient mon interlocutrice, si elle vient de Siloam ou si elle a vécu ailleurs et a changé de ville comme moi. Je ne peux m’empêcher de poser la question « Et toi ? T’es en ville depuis longtemps ? »

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C’est toujours quelque chose d’étrange de recroiser quelqu’un qu’on pensait ne jamais revoir de sa vie. Ça nous pousse à se remémorer des souvenirs qu’on pensait sans importance, enfoui dans notre tête pour toujours, sans vrai espoir d’y repenser un jour. Cette rencontre avec Sage me fait me souvenir de ma vie d’avant à New York, à mon frère qui me manque, à ces amis que j’avais oubliés. Parce que c’est ce qu’il se passe dans la vie, on se dit 'pour toujours' jusqu’à ce que le manque de temps et d’envie nous fasse oublier cette promesse. « juste deux ans, je fais une pause avec mon groupe, et je me retrouve avec mon copain, avant de tout recommencer. »Me répond-elle. Je ne sais pas pourquoi, mais je l’imaginais venir d’ici, être originaire de cette ville. Je trouvais que ça lui allait bien. Mais je me trompais, pas grave. L’erreur est humaine, non ? Je me rends compte qu’elle m’a parlé d’un groupe. Je souris à pleines dents, excitée comme une gamine « Oh, tu fais de la musique ! Tu fais quoi ? Tu chantes ? » L’avalanche de questions que je lui pose quand j’apprends quelque chose qui me réjouit. Mais c’est vrai que j’ai toujours apprécié l’art, et ce, sous toutes ses formes. C’est pas pour rien que je veux être photographe.

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