olivia j. harper
"Lointaine est l'époque des Lego"
Si je devais me rappeler mon enfance, je verrais des chevaux autour de moi. Ce centre équestre, cette puanteur et tous les canassons. De temps en temps, il arrivait que ma mère vienne me voir mais je la redoutais. Petite, elle me faisait peur, à me crier dessus.
"Sois la meilleure, gagne ce concours", disait-elle. Je m’efforçais de lui faire plaisir pour espérer attirer son attention et peut-être aussi gagner son cœur. Mais rien ne marchait : je pouvais être adorable, lui faire des cadeaux ou prendre soin des animaux, elle s'en fichait. Tant que je lui apportais une bonne réputation, elle me laissait tranquille. De toute façon, c'était une avocate et elle n'était pas souvent à la maison. Par contre, j'adorais mon père, il était adorable et attentionné envers moi. On pouvait passer des heures ensemble à parler de tout et de rien, il m'emmenait promener et m'amuser au parc dès qu'il pouvait. Lui, il travaillait dans la boîte de mon grand-père en tant que directeur général mais il savait prendre des moments pour nous.
La vie continuait ainsi, j'allais à l'école et était très studieuse, maman était presque toujours absente et papa essayait de s'occuper de moi du mieux qu'il pouvait.
"Une famille, des amis, des larmes, une tombe"
Cependant, tout a changé lors de mes 13 ans. Un beau soir d'août, tandis que j'étais seule à la maison en train de faire mes devoirs, la sonnette de la villa a retenti. Gaby, notre femme de ménage a ouvert la porte et des pleurs ont éclatés quelques secondes après. Intriguée, j'étais descendu au salon, où se trouvait Gaby en larmes et deux policiers. Innocente, je m'étais approchée en demandant ce qu'il se passait.
"Rien, ma chérie, ce n'est rien, remonte", avait murmurée Gaby en se mouchant. J'étais insouciante et naïve, alors je suis retournée faire mes maths sans poser de questions. Cependant, une heure plus tard, ma mère rentrait à la maison. On était en semaine et elle ne devait pas rentrer avant 21h. C'est l'une des premières choses qui m'a fait peur. Je me souviendrais toujours de la tête qu'elle avait quand je suis apparue devant elle. Et, pour la première fois de ma vie, elle m'a prise dans ses bras et m'a doucement câliné. Intriguée par son comportement, je lui avait immédiatement demandé ce qu'il se passait. Elle n'avait pas manqué de tact :
"Ma chérie, ton père est ... décédé. Un accident de voiture, alors qu'il rentrait à la maison pour prendre quelques dossiers." J'étais sonnée, assommée. Que veut dire "décédé" quand on vous parle de l'être que vous avez le plus cher au monde ?
"On cache nos pleurs et l'odeur de la clope au déo "
Tout a changé à partir de ce jour là. Peut-être pas de suite, non. Au début, on arrive pas à réaliser, d'autant plus que ma famille ne semblait pas trop touchée. Dès le début, il a été une question d'argent. Quand je pleurais mon père, ma mère me conseillait de l'oublier et de ne pas me remémorer de lourds souvenirs. En public, il fallait briller, maintenir cette réputation de famille forte. Ma mère continuait de s'absenter et de travailler, il ne me restait que Gaby à la maison pour me réconforter. La journée, j'allais en cours et je m’ennuyais. J'avais pas mal d'amis, mais personne comprenait ma peine. Jusqu'à ce que Mike vienne. Mike, c'était le bad boy de l'école et il avait aussi perdu son père. Ça nous a rapproché. On a finit par sortir ensemble pendant un an. C'était mon premier amour mais également le dernier : plus jamais je n'ai réussi à ressentir ce sentiment après lui. Et même si je l'aimais, il m'a aussi beaucoup entraîné dans les conneries. J'avais 14 ans et je volais dans les magasins, des paquets de bonbons aux vêtements Zara. C'est à cet âge là que j'ai également commencé à fumer et à picoler, mais ça ne restait que festif. Mike est parti l'été d'après, il avait été envoyé en foyer. Et je me suis retrouvée seule, noyée dans ma peine.
"Je change mes neurones contre des bédos"
La période de ma fin de mon adolescence fût désastreuse. Ma mère était encore plus absente, le plus souvent en déplacement. Je passais mon temps à la maison avec Gaby, notre femme de ménage. Je l'adorais, elle était comme une mère pour moi. A l'école, tout devenait plus compliqué : pour attirer l'attention de ma mère, je séchais et passait mes journées à fumer, mais mes résultats restaient corrects. Je restais avec mes amis, et j'avais parfois des copains mais ça n'était rien de sérieux. D'ailleurs, je n'appréciais pas trop être en couple, je ne savais pas comment m'y prendre.
Enfin, ma scolarité allait prendre un tournant : j'allais devenir étudiante, j'allais quitter la maison et prendre mon envol.
"Tous déguisés, la débilité bat des records"
En déménageant pas loin de chez moi, ma mère m'avais remis une partie de l'héritage laissé par mon père. Mes amis s'étaient évaporés et j'étais seule, livrée à moi-même. Au départ, les cours de psychologie étaient intéressant et j'adorais étudier. J'ai ainsi fait ma première et deuxième année, mais je me suis arrêté là. Ma vie se limitait à me droguer et à coucher. J'ai enchaîné les conquêtes d'un soir, pensant trouver un peu de compagnie mais au final il ne me restait que la MD qui acceptait de m'accompagner. Ma mère s'en est aperçue en venant chez moi il y a 3 ans et la seule chose qu'elle a dit était :
"Oh mon dieu, as-tu pensé à notre réputation ?". Pour le reste, elle s'en fichait éperdument. J'ai essayé d'assister à des cours, à des séances de soutien mais je n'avais aucune motivation. Enfin, Gaby a débarqué, un jour et m'a aidé. En un an, elle m'a comme ... transformée.
"La jeunesse dorée étale son argent et bronze au soleil"
Depuis deux ans, je me reprends en mains. J'essaye de suivre mes cours de psychologie et j'en suis à ma quatrième année. Je vivais paisiblement lorsque Mike est réapparu à Manhattan. Ayant peur de retomber dans cette spirale de l'enfer, je me suis échappée et je suis atterrie ici, dans cette ville où je n'ai aucun contact. Cependant, j'ai tendance à reprendre mes anciennes habitudes de temps en temps ...
Malheureusement, j'ai bien usé de mon compte bancaire pendant quelques années, alors je m'amuse à voler ou à dealer de temps en temps pour remplir mon compte et maintenir ma vie de luxe.