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Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. »

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Eliana N. Carter
Eliana N. Carter

› âge : 19 ans
› emploi : S'occupe de la librairie du coin tout en poursuivant ses études à distance en Œnologie
› côté coeur : Libérée, délivrée !
› petites lettres envoyées : 28


Ma petite vie
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Rp : Oui, je suis ouvert(e) à tout
Répertoire :

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MessageSujet: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyMer 29 Juil - 19:21


Eliana Naïs Carter
« Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » >



Ici on m'appelle Eliana N. Carter ou plus communément Eli. Je suis née un certain 13 juillet 1995, si vous savez compter j'ai donc 20 ans, dans cette magnifique ville qu'est Redmond en Oregon. Pour payer mon carton de luxe, je suis libraire. Dans la vie c'est un peu la misère et je ne partage pas ma vie avec quelqu'un. On dit souvent de moi que je suis têtue, réservée, colérique, joueuse, bordélique, dépensière, gourmande et fêtarde, c'est pour ça qu'on me trouve chez les Révérences. Franchement, je trouve que je ressemble pas mal à Emily Kinney et d'ailleurs ses photos/gifs viennent de Tumblr.

⊱ Fort tempérament. Bien qu’elle soit timide, quand quelque chose ne va pas, elle le dit haut et fort. Eli ne se gêne pas  de dire tout haut ce que pensent tout bas les autres. Surtout quand ça touche à sa famille de près comme de loin ! ⊱ Sportive mais pas trop. Le sport et elle, ça fait deux. Elle adore courir le soir quand l’air est frais et le ciel constellé. Ce n’est pas pour une raison de s’entretenir physiquement mais plus comme un moyen de vider son sac. L’épuisement et cet état de satiété après s’être dépensé, c’est ce qu’elle cherche quand elle court. Ce n’est pas une vraie sportive. C’est plutôt une accro à l’endorphine… ⊱ Hippie d’un jour, Hippie toujours. Eliana n’est pas une hippie pure souche. Disons juste qu’elle a tendance à leur emprunter certaines valeurs telles que la paix dans le monde, l’abandon des usines nucléaires etc. Elle adore la nature et c’est sûrement pour cela qu’elle se sentait si bien dans le Montana. Bref, c’est une fille de la Terre. ⊱ Elle fume des joints de temps en temps. Le premier a été fumé lors de ses 17 ans. C’est là qu’elle a rencontré Peter, son ex petit ami qui en dealait à son bahut. ⊱ Réservée. Eli l’est devenue après leur départ du Montana. Là-bas elle se sentait bien et savait qui elle était. Depuis qu’ils ont emménagés en Californie, c’est-à-dire depuis 12 ans, la jeune femme ne se sent pas à sa place. Ce sentiment se trouve renforcé avec la découverte de leur enlèvement. ⊱ Dépensière. Que dire là-dessus ? Eli a du mal à donner une signification au prix des choses. Elle aime faire plaisir aux autres alors pourquoi se rétracter face à une chose si insignifiante qu’est un chiffre ? ⊱ Têtue comme une tête de mule. ⊱ Colérique. Ça, elle ne vous le dira jamais mais vous aurez peut-être la chance de le voir. De temps en temps, il lui arrive de piquer des crises de colère. Crises qui finissent généralement par des pleurs. C’est plus l’expression d’un mal intérieur que d’une réelle colère – même si depuis qu’elle se sait kidnappée, elle a de quoi l’être. ⊱ C’est une vraie petite chef ! Elle adore préparer de bons petits plats pour sa famille. Si vous désirez bien manger, je vous invite à sa table ! ⊱ Bordélique. Le rangement ? A quoi cela sert-il, hormis à ne plus retrouver ses affaires ?! ⊱ Minutieuse. Quand la blondinette commence quelque chose, il faut que ça soit parfait ! ⊱ Rêveuse. Qui ne l’est pas ? Et étant une grande lectrice, ce n’est sûrement pas un hasard qu’elle le soit ! ⊱ Elle adore les bons vins et c’est une des raisons pour laquelle elle étudie l’œnologie depuis déjà deux ans.
crédits unicorn


let's talk about you ?


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Ton pseudo/prénom :  Froggy ou Fiona (pour les intimes  hihi ) Âge : 23 YO (mais dans ma tête je suis bloquée à 19 ->) Pays/région : La belle et grande France, en Vendée Ton avis sur notre beau CC ? : Il donne envie de s'y inscrire, la preuve on est trois à débarquer d'un coup ! J'ai vraiment hâte de tous vous connaitre et de rp dans votre bébé **Souhaites tu être parrainé(e) ? : Non merci, je pense que ça devrait le faire  Baloon  Ton dernier mot Jean-Pierre ? : Hum...J'aime les licooornes (comme dans Moi Moche et Méchant  Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » 4147870627 )




Code:
EMILY KINNEY[color=#db0b32]♦️[/color] eliana n. carter



Dernière édition par Eliana N. Carter le Jeu 30 Juil - 14:50, édité 4 fois
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Eliana N. Carter
Eliana N. Carter

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Ma petite vie
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyMer 29 Juil - 19:22


Once Upon A time...
My Lie Life




13 juillet 1995
« Vite ! Vite ! Il y a urgence ! » C’est la cohue dans les couloirs de l’Hôpital Saint-Charles. Trois infirmières poussent rapidement une femme sur un lit médicalisé.
« Ne vous inquiétez pas, vous êtes en de très bonnes mains, madame Carter. »
« Je ne m’inquiète pas. » postillonna l’intéressée, à bout de souffle et rouge comme une pivoine. « Faite-la juste sortir de mon PUTAIN de ventre ! »
« Elle saigne beaucoup trop, il faut faire vite ! » intervint un médecin qui prit la suite des opérations en pénétrant dans la salle de chirurgie. Il mit sa patiente sous perfusion et sous anesthésie et entreprit son lourd labeur.
Quand Jennifer se réveilla, elle trouva son époux, Julian,  à son chevet. Il dormait, avachi sur le lit comme s’il avait passé toute la nuit ici. Ses traits étaient tendus dans son sommeil. La jeune femme n’osa pas le déranger alors elle ferma les yeux et se rendormit, encore assommée par l’anesthésie. La nuit tombait quand elle ouvrit les yeux pour la seconde fois. Julian était alerte mais pâle et son visage cerné. D’une voix tremblotante et fatiguée, elle interrompit les Bip Bip répétitifs qu’émettait l’appareil monitoring médical à chacun de ses battements de cœur : « Mon bébé. Je veux voir ma petite fille. » Son époux redressa vivement la tête mais quand son regard allait croiser celui de sa femme, il le détourna. « Julian, où est-elle ? ».  L’homme s’approcha d’elle doucement comme s’il avait peur qu’elle ne parte en courant. C’est avec douceur également qu’il lui prit la main tout en y dessinant des dessins invisibles avec son pouce. « Ma chérie, Ils… Ils n’ont rien pu faire. » La femme retira sa main vivement, comme piquée. « NON ! Je veux la voir ! Julian, s’il te plait… » Il osa enfin croiser le regard de sa femme avant de lui dire, le plus naturellement possible qu’il ne pouvait rien faire.
Les semaines passèrent et Jennifer reprit des forces. Aujourd’hui, elle allait enfin pouvoir sortir de cet hôpital qui lui avait enlevé tout espoir. En plus de lui avoir retiré son enfant mort-né, les médecins avaient dû lui apprendre qu’elle ne pourrait plus jamais être enceinte. L’opération avait été trop tardive et elle garderait pour toujours des séquelles. En fauteuil roulant, une infirmière l’amena jusqu’à la porte de l’hôpital pour attendre Julian qui devait arriver d’une minute à l’autre. Avec cette mauvaise nouvelle, le couple passait par une étape délicate. Jennifer ne savait pas comment les choses allaient se passer. Julian désirait tellement un enfant d’elle… Et elle ne pouvait désormais plus rien lui offrir. Seulement de l’amertume et de la tristesse.

Dans le même hôpital, née le même jour qu’aurait dû naitre la fille des Carter – le 13 juillet 1995 à Redmond dans l’Oregon, Eléa Naïs Mildred ouvrait pour la première fois ses yeux sur ce monde si grand et si petit à la fois. Née prématurément de quelques semaines, la sage-femme qui s’occupait de Clark Mildred la plaça sous couveuse en nurserie. La maman était rentrée depuis une bonne semaine chez elle avec son époux Curtis. Ils venaient voir régulièrement leur petite fille qui semblait aller de mieux en mieux. La patience était certes rude mais ils savaient que c’était pour la santé de l’enfant. Et ils avaient mis tellement de temps avant de l’avoir, que jamais ô grand jamais ils ne feraient quoi que ça soit qui pourrait la blesser ! Les Mildred, selon leur entourage, s’apparentait à un jeune couple fort et harmonieux. Ils vivaient à quelques pâtés de maisons de l’hôpital Saint-Charles, l’un travaillant dans l’industrie ferroviaire et l’autre en tant qu’aide vétérinaire. Ils s’étaient plût au premier instant et au premier regard. Leur destin semblait tout tracé : une charmante petite maison, deux enfants et un chien. Voilà que se réalisait l’un de leur plus grand souhait : mettre au monde une petite fille. Pourtant, dès l’envie présente, tous les moyens semblaient vains. Alors ils avaient effectué tous les deux des tests de fécondité et il s’était avéré que Clark était juste niveau ovule. Ils avaient eu recourt à la fécondation in vitro, mais là aussi les essais s’avéraient perdus d’avance. Clark et Curtis s’étaient alors dit qu’ils adopteraient. Et puis un matin, sans crier garde, comme si la chance tournait et que le vent soufflait du bon côté, Clark tomba enceinte. Et ce fût le commencement d’une merveilleuse aventure pour le jeune couple.
Mais il semblait que la roue devait inéluctablement tourner pour les Mildred. Des difficultés lors de la grossesse, un accouchement prématuré, un séjour en couveuse pour le nouveau-né… N’était-ce pas suffisant pour ces parents qui ne désiraient qu’une seule chose, donner la vie ? La vie ne se passe pas toujours comme on le voudrait. Il y a ces cailloux, ces rochers et même ces fossés qui nous empêchent d’avancer sur le chemin désiré. Là, ce sont les Carter qui jouent un rôle déterminant dans leur futur. Anéantis par la perte de leur petite fille, la sensation que tout va de travers et que rien ne va plus de plus en plus présente, ils n’avaient pas d’autres choix que d’affronter cet évènement tragique qui bouleverserait même le plus insensible. Mais il n’en était pas question pour Julian Carter. Il ne pouvait pas voir sa femme comme ça. Il ne pouvait tout bonnement pas avaler la pilule et se dire qu’il ne pouvait rien faire. Il devait agir. Faisant les cent pas dans le couloir de l’hôpital le jour où sa femme devait le quitter, Julian pesait le pour et le contre. Bien que policier et en connaissance de cause, c’est sur la pensée que sa femme en avait besoin qu’il mit en action le plan qu’il avait élaboré depuis deux semaines. Quand ils étaient arrivés à l’hôpital, une autre femme sur le point d’accoucher avait été enregistrée. Julian avait entendu un médecin parler au père de l’enfant sur le fait qu’il était né trop tôt et qu’ils étaient donc dans l’obligation de le garder quelques semaines en observation et sous couveuse. C’était là que l’idée avait germée, appuyée par la joie de sa femme de savoir qu’elle serait finalement mère. Qui pourrait les soupçonner ? Lui, policier ayant prêté serment ? Et elle, une jeune femme mal en point dans l’incapacité de se déplacer seule, même pour aller aux WCs ? Il avait alors mis sur papier les horaires de visites, les passages des parents ainsi que les changements de garde. Et c’est ainsi que, le jour où il venait récupérer sa femme, Julian enleva la petite Eléa de la nurserie. Tous les trois disparurent en peu de temps de l’état de l’Oregon et des états voisins.

11 avril 1995
« Oui, Eliana ! C’est bien ! » Enthousiaste, Julian récupère la petite dans ses bras. « Bon demain, on essaie d’aller un peu plus loin, d’accord ? » D’une main, il agrippe le tricycle, de l’autre, il maintient Eli. « Fait vroum Papa ! » La petite blondinette tape dans ses mains tandis que son père commence à faire l’avion. Les rires fusent dans le petit jardin de la ville Cumberland, tandis que les derniers rayons de soleil l’éclairent et l’embrasent de mille feux. « Julian ! Il se fait tard. » La voix s’élève du salon de la petite maisonnette. « Bon, Maman a dit dodo ! » « Oh nooon… » Gémit l’enfant.


13 Juillet 1998
« Joyeux anniversaire Eliana ! »
Déposé délicatement sur une table nappée de blanc et d’or, le gâteau au chocolat produisit une véritable acclamation de bonheur. Une petite blondinette tapait dans ses petites mains, folle de joie. Les bougies, trois pour être exacte, étaient allumées et éclairaient la pièce d’une lueur rassurante. L’anniversaire de ses trois ans n’était fêté qu’en famille. Pas encore à l’école, Eliana n’avait pas d’amis à inviter à cette célébration annuelle, mais ce n’était pas pour autant que ça n’allait pas être fêté comme il se doit ! Les parents avaient tout prévu. Ils avaient en tête le meilleur cadeau au monde : réaliser le souhait d’Eliana, quel qu’il soit.
« Allez souffle et fait un vœu ! » souffla Jennifer Carter à l’oreille de son enfant.
Elle ne se fit pas le dire deux fois. Après avoir pris une grande inspiration, comme son papa lui avait dit de faire, elle ferma les yeux et souffla de toutes ses forces. Julian Carter était afféré à immortaliser la scène à tout jamais, et faisait véritable paparazzi. Une fois les volets ouverts à nouveau, le séjour s’illumina des rayons du soleil qui zébrait encore le ciel à 20h.
« Alors, qu’as-tu souhaité ? » demanda Julian, d’une voix enjouée, un regard rapide vers sa femme qui acquiesça.
« Un grand frère ! »
Les deux parents se regardèrent, légèrement surpris d’une telle réponse. Dire qu’ils n’avaient pas pensé agrandir la famille serait dire un mensonge, mais ils ne pensaient pas que leur fille désirait un ainé. La chose était plus ardue.
« Un grand frère ? » demanda prudemment Jennifer. « Comment ça ? »
La petite fille sembla réfléchir une seconde puis dit d’une voix innocente : « Je veux un grand frère. »

16 août 1998
Cela faisait trois semaines que la famille Carter était en vacances à Providence, proche de chez eux toujours dans le Rhodes Island et le beau temps était de la partie. Pour la petite Eliana, les vacances s’apparentaient plus à de longs trajets en voiture, à des longues pauses où elle jouait à l’arrière. A vrai dire, ses parents semblaient ne plus trop s’apercevoir de sa présence. Elle se sentait abandonnée mais à chaque fois qu’elle commençait à chouiner, sa maman lui tendait une sucette en lui murmurant avec un sourire rassurant que c’était pour lui faire une surprise. Alors elle se taisait et se calmait, jouant avec sa poupée silencieusement. Eliana adorait les surprises ! Et puis, ses parents ne mentaient jamais ; quand ils lui disaient quelque chose, ça arrivait pour de vrai. Elle était donc confiante et, malgré son jeune âge, elle faisait preuve de patience.
« C’est le moment de le récupérer ! Le père n’est pas là. » La poupée virevolta à l’arrière, effectuant de grands arabesques qui plaisaient à la petite blondinette.
« Mais la mère ne le lâche pas d’un cheveu. Et la maison semble plutôt bien gardée… »
« Attendons encore un peu. Par ce beau temps, ils vont certainement sortir. »
Une heure après la prédiction de Julian Carter, la porte de la maison tinta et c’est accompagné de ses deux enfants que Madame Montgommery prit la voiture. La femme ne se doutait pas qu’une ombre rodait derrière elle, l’épiait même et la suivait discrètement. La première voiture se gara près d’un parc tandis que la seconde continua dans sa lancée avant de tourner à la rue suivante où elle s’arrêta en un sombre saut qui fit tressaillir Eliana.
« On est arrivé ? C’est ma surprise ? » Demanda la petite, impatiente de pouvoir se dégourdir les jambes. Malheureusement, la réponse qu’elle reçut ne fut pas celle qu’elle escomptait. Entendre des cris d’enfants, des rires, des bruits de ballons, vous ne pouvez pas savoir comme ça fait envie…
« C’est maintenant Jen’ ! » Jennifer Carter descendit de la voiture et se dirigea vers l’air de jeux sans un regard vers sa fille qui ne comprenait pas ce qu’il se passait. Le temps pour un bout de chou de 3 ans semble long, aussi quand elle vit sa mère revenir, pour elle il s’était passé une éternité alors qu’en réalité, elle ne s’était absentée que dix petites minutes. Son père sortit également de l’automobile, laissant la petite blondinette seule. Mais elle était trop occupée à regarder la scène qu’elle ne s’en aperçut que quand elle le vit de l’autre côté de la rue. Elle n’entendait pas ce qu’ils se disaient mais à cet âge-là, on ressent les choses. Les yeux écarquillés, Eli regardait le petit garçon. Il était brin et semblait gentil. Mais sur son visage, quelque chose l’embêtait : il semblait avoir peur de son papa. Sa mère lui parlât et c’est en souriant qu’il avança avec les deux adultes vers la voiture. Ils arrivaient presque à la voiture, quelques mètres et enfin Eliana pourrait peut-être jouer. Mais soudain, ils s’arrêtèrent. Jennifer regarda son mari, la main du garçon fermement tenue tandis que Julian regardait derrière lui. Eliana essaya de se relever de son siège enfant mais malgré son envie de voir, elle ne réussit pas à voir quelle était la cause de cet arrêt brutal. Son père courut vers l’endroit qu’elle ne pouvait voir et revint, une petite rouquine dans ses bras. Eli ne comprenait pas ce qu’il se passait, elle ne savait pas pourquoi il y avait deux autres enfants, ni que ses parents étaient en train de les enlever à leurs parents. Ils rejoignirent la voiture rapidement, Julian monta à l’avant pendant que Jennifer attacher les deux autres à l’arrière. La voiture démarra en trombe et disparut rapidement… A l’arrière, il n’y avait aucun bruit. Les deux enfants étaient sages, et Eliana essayait de temps en temps de les regarder en se retournant mais dès qu’elle croisait le regard du garçon, elle se retournait vivement. Elle était remplie de curiosité pour ces deux êtres de son âge mais elle ne voulait pas les déranger. Il lui avait aussi demandé si elle était là pour jouer, mais la blondinette n’avait pas sût quoi lui répondre. Elle s’était donc muer dans le silence, se laissant bercer par la voiture et le doux vrombissement du moteur.
« Faut s’en débarrasser. On dira quoi à nos voisins, que j’ai été infidèle ? Que je me retrouve avec une môme supplémentaire sur les bras ? Super réputation. » Se réveillant en sursaut par un bruit sourd du côté de son père, Eliana cligna plusieurs fois des yeux sans comprendre où elle était. C’est au bout de quelques secondes qu’elle se souvint : les vacances, les balades en voitures, les deux enfants… « Mais je sais pas moi… Elles… Elles seront jumelles, elles ont le même gabarit ça passe. » La blondinette se tourna vers sa mère, ne comprenant pas de quoi ils parlaient. Ca semblait important mais à cet âge-là, les conversations nous passent par-dessus la tête. Seuls les actes comptent réellement, même si dans 5 ans, on ne se souvient plus de rien. Son père éclata de rire. Un rire qu’Eliana n’avait jamais entendu, et qui lui faisait un peu peur.  « Tu te fous de ma gueule, tu les as bien regardé ? Elles ne se ressemblent pas du tout ! » C’était la pure vérité mais la femme ne voulait pas en démordre. « On s’en fout, c’est des fausses jumelles, ma grand-mère était rousse, on dira que ça vient de là ! S’il te plait ! » L’homme capitula, donnant gain de cause à son épouse. C’est ainsi que Jennifer et Julian Carter se retrouvèrent avec trois enfants au lieu de deux …
La voiture avala encore des kilomètres avant de finalement ralentir et s’arrêter. Trop contente de pouvoir enfin se dégourdir les jambes, Eli sauta de la voiture et couru pour rejoindre les deux autres. La curiosité avait été plus forte que la peur de déranger.
« On va faire un looooong voyage et on s’ennuie un peu pas vrai ? Vous voulez jouer à un jeu ? » La blondinette regarda sa maman, l’écoutant attentivement. Oh oui elle voulait jouer ! Elle n’attendait que ça, d’ailleurs ! « Ce sera un jeu top secret, il faudra en parler à personne, d’accord ? » Garder un secret, Eliana savait le faire ! Et puis en plus, à ce jeu, ils y avaient déjà joué… « On va s’inventer un tout nouveau monde rien qu’à nous. »poursuivit sa maman, toujours souriante. « Comme Star Wars ? » demanda timidement le garçon. Sa maman hocha la tête. « Comme Star Wars mais en mieux ! » Et elle leur expliqua le principe. Ils devaient être discrets parce que des méchants les poursuivaient. Et pour pas que ces méchants les retrouvent, il fallait qu’ils aient un nouveau prénom. Pour lui ce serait Nathan, et pour sa sœur ce serait Erilys. C’était un prénom un peu compliqué mais au moins personne ne les retrouveraient. Jessica et Julian rajoutait des éléments de temps en temps au fur et à mesure de leur voyage à travers les States. A tel point qu’il en oublia que les deux enfants à l’arrière n’étaient pas de la même famille que la sienne. Pour elle maintenant, elle avait un grand frère et une sœur jumelle !

Après plusieurs jours de route, toute la petite troupe s’arrêta enfin dans le Montana où ils emménagèrent. La maison était modeste mais elle était discrète. Et personne ne les retrouva.

3 Novembre 2003
Le ciel était d’une teinte orangée par cette belle fin de journée ensoleillée à Lewistown. Seul un vent léger balayait les plaines de son doux souffle. Les montagnes au loin chatoyaient de mille feux, révélant çà et là des couleurs aux teintes surprenantes. Les yeux admiratifs, toujours empreint de cette curiosité qui la définit, Eliana était assise au milieu des herbes sauvages. De temps en temps, elle aimait se laisser du temps pour soi. Se retrouver face-à-face avec soi-même était son petit rituel de fin d’année scolaire. Du haut de ses huit ans, elle avait tout ce qu’un enfant pouvait espérer avoir : deux parents aimants, un grand frère, Nathan, âgé d’un an de plus qu’elle et, surtout, une sœur jumelle, Erilys.

« Eli. Eliana ? Réveille-toi ! »
Entre le rêve et la réalité, la jeune fille ouvrit difficilement les yeux.
« Qu’est-ce qu’il y a maman ?... »
« Ton père vient d’avoir son affectation. Nous devons être à Sacramento dès demain. »
La réalité prit le dessus sur l’onirique. C’est l’air renfrogné, un brin désorienté qu’Eliana balbutia : « On… On part ? »
« Oui. Lève-toi ! Ton frère est déjà debout. Réveille ta sœur et faites vos affaires. Une seule valise par personne, le reste viendra après. »
Sur ces mots, la mère disparut dans l’enchevêtrement de la porte. Confuse et bouleversée, Eliana enfila un vieux pull troué et un jean et alla voir sa sœur qui ne dormait déjà plus.
« Il est quelle heure ? Pourquoi tu te lèves déjà ? »
« Je ne sais pas. Maman m’a dit qu’on partait. Là, tout de suite. On doit faire une valise chacune. » Sur ces mots, Eliana entreprit de descendre les valises au-dessus de la grande armoire qui faisait office de penderie pour les deux sœurs.  
« Mais… Mais pourquoi ? » Les déposant à ses pieds l’une après l’autre, elle répondit amèrement « Papa est muté. » Elle n’était pas en colère contre sa sœur et, à peine les mots sortis de sa bouche avec ce ton si condescendant que la blondinette ajouta « On doit être en Californie demain… ». Mais comme à son habitude, sa jumelle ne releva pas et lui demanda d’une voix innocente « Tu veux partir, toi ? ». Eli se figea. Voulait-elle partir ? Bien sûr que non ! Elle allait perdre tous ses amis et plus encore, elle allait perdre le Montana. Ici, elle se sentait bien. Ailleurs, elle ne savait pas. Et la fillette avait peur du changement. Pire encore, elle en avait horreur !
« Non. Tu penses qu’ils pourraient me déposer chez les Garner ? Parce que, moi, je veux rester ici ! Je veux pas partir… » Des larmes glissèrent de ses yeux sans même qu’elle ne puisse les contrôler. Le désespoir l'enveloppait de son linceul glacé. Lys quitta la chaleur de son lit pour la rejoindre. Elle lui entoura le cou de ses bras et l’étreignit.
« Ne t’inquiètes pas Eli, je serais toujours là, moi. »
Eli aurait aimé lui dire qu’elle aussi, elle serait toujours là pour elle, mais les mots restèrent bloqués dans sa bouche. Alors elle lui rendit son étreinte. Quand on est sœur jumelle, les mots sont inutiles.

Les routes du Montana avaient cette merveilleuse faculté à effacer tous les tourments. Il y avait tellement de paysages, de montagnes, de lacs à observer que tous les tracas du quotidien disparaissaient sans même que l’on s’en aperçoive. Eliana regardait à travers la vitre de la berline. Elle n’avait pas osé regarder une dernière fois la maisonnée quand ils avaient tourné dans la rue adjacente. Elle ne voulait pas pleurer à nouveau. Son frère et sa sœur semblaient calme, alors pourquoi pas elle ? Mais au fond de son cœur, Eli sentait que plus rien ne serait comme avant… C’est aux premiers rayons de soleil, là où les paysages s’éclairaient et se magnifiaient que la blondinette s’endormit, sa tête ballotant contre l’épaule de sa sœur, son dernier regard posé sur la licorne en peluche qu’Erilys tenait fermement – comme si sa vie en dépendait – qu’elle lui avait offert il y a de cela deux années…


Elles ne se ressemblent pas du tout… Pas du tout… Tout…
Une sensation de mouvement horizontal, comme quand on est mort et qu’on nous transporte vers notre dernière destination…
Une sensation de vide…
Il faut s’en débarrasser… Débarrasser…
Des rires, des cris, des bruits de ballons…
Une curiosité…
Une sensation de devoir fuir et vite…
Des pleurs…


Quand elle émergea, le soleil était à son zénith. La berline devait rouler depuis un bon moment mais n’était toujours pas à l’arrêt. Eliana commençait à en avoir marre d’être assise et, à la vue des têtes de Nathan et de Lys, eux aussi en avaient plus que ras le bol. Une heure après ce moment d’impatience qui fût très mal reçu de la part de leurs parents, la berline s’arrêta enfin. Eliana découvrit alors une belle maison à étage et balcon. Ils étaient enfin chez eux…  


 



Dernière édition par Eliana N. Carter le Jeu 30 Juil - 15:04, édité 2 fois
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Eliana N. Carter
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyMer 29 Juil - 19:22


Once Upon A time...
The Most Insidious Lie




13 juillet 2013
« C’est le grand jour ! » En même temps qu’elle disait ces mots, Eliana sauta sur le lit de sa jumelle, tout sourire sorti, la réveillant en sursaut. « On va aller se faire piquer » claironna-t-elle.
A chacun de leurs anniversaires, les deux sœurs s’organisaient des « journées folles » qui leur permettait 1) de réaliser un de leur rêve, 2) de fêter leur anniversaire ensemble, et 3) de s’éclater comme jamais tout en renforçant les liens du sang déjà forts. Eliana adorait ces journées annuelles. Cela faisait maintenant cinq années qu’elles avaient vues le jour et les deux sœurs les préparaient pendant des mois durant, excitées comme des puces avant le jour J. Il y avait eu la patinoire, une balade à cheval où Eli avait eu mal aux fesses pendant une semaine, une baignade sous la pluie les enrhumant toutes les deux en plein mois de juillet, une virée en hélicoptère où il leur avait fallu plus d’une année pour se remplumer et aussi une randonnée avec pour seule campagne une petite boussole qui ne les avait pas beaucoup aidée. Aujourd’hui, c’était le don du sang !
Seulement voilà, Erilys avait, comme qui dirait, une phobie pour les piqûres et ce matin-là, elle semblait plutôt réfractaire à l’idée de se lever pour se faire piquer… En effet, loin d’être enthousiaste à deux cents pour cent, elle se renfrogna et se planqua derrière son oreiller murmurant des paroles inintelligibles qu’Eli ne comprit pas. « On est obligé d’y aller maintenant ? » tenta sa sœur. Eliana se mit sur le côté du lit, toujours souriante et lui retira l’oreiller des mains « Oui, sinon après tu ne voudras plus du tout. Je te connais ! » Répliqua-t-elle malicieusement.
« Faut qu’on mange et tout, c’était marqué sur le papier de l’hôpital. » rajouta sa sœur, comme pour gagner du temps. Ses propos étaient justes et Eliana avait complétement zappé cette information pourtant importante. Elle grimaça et soupira « Bon ok. Allez lève-toi on mange ! » S’écria-t-elle, retrouvant sa bonne humeur tout en se levant. « Je t’attends en bas. » glissa-t-elle avant de disparaitre dans l’embrasure de l’escalier.
Tout en sifflotant, elle se dirigea vers la cuisine où elle sorti tout ce qu’elle trouvait : bacon, œufs, lards, céréales, lait, jus d’orange pressé de la veille par sa maman, bols, assiettes et cuillères. Elle mit également à griller quatre toasts avant de s’asseoir à la table. Aujourd’hui, il n’y avait qu’elles deux à la maison. Ses parents étaient partis récupérer leur nouvelle voiture et son frère n’était toujours pas rentré de son université. Mais ils n’avaient pas oublié le grand jour : sur la porte du frigo américain, des post-it étaient accrochés, dessinant un cœur avec des mots de leur père et leur mère et de Nathan.
« Regarde, ça a dû leur prendre du temps… » Lança-t-elle à sa sœur qui l’avait enfin rejointe.
« Oh, ils sont trop mignons. » S’attendrit sa sœur sur les petits mots qui mettaient du baume au cœur. Elle se tourna ensuite vers la table où des monts et des monts de nourriture attendaient patiemment d’être goulûment avalés. « Tu sais, quand j’ai dit qu’on devait avaler un truc, je parlais juste d’une ou deux tartines pas du frigo entier. » L’air taquin de Lys revenu, Eli savait qu’elle allait bien malgré son tract. Même si le don du sang était prévu depuis un bail, elle ne désirait surtout pas obliger sa jumelle à quelque chose qui la rebuterait. La voir ainsi, la charriant comme de coutume la rassurait. « En plus je suis pas sûre de pouvoir avaler grand-chose. » A ces mots, Eliana manqua de s’étouffer avec son toast beurré préalablement. Nan mais elle rigolait ? Eli n’avait très certainement pas sorti tout ça pour rien ! C’est avec rapidité qu’elle attrapa le couteau à beurre, le beurre et un toast et qu’elle tartina une seconde tartine. « Tient c’est pour toi. » Sans crier garde, Eliana enfonça le toast dans la bouche de sa sœur qui allait surement dire que le toast était trop chargé en beurre – ce qui, malheureusement, était vrai. Hormis ce seul incident qui eut pour seul effet de faire rire les deux jumelles, le petit déjeuner se passa sans encombre.
Les kilomètres jusqu’à l’hôpital engloutis rapidement, les jumelles se retrouvèrent à patienter en salle d’attente où on leur demanda de répondre à un formulaire. Celui-ci une fois remplit, elles furent appeler très rapidement pour voir la première infirmière de la journée. Et oui, pas de don du sang sans analyses préalables. Erilys fut la première à passer et c’est avec empathie qu’Eli lui offrit sa main. Sa jumelle lui serra si fort la main qu’elle crut la voir tomber… Enfin, ce fût son tour. A vrai dire, cette piqûre n’avait rien d’extraordinaire : elle ne faisait pas mal et allait vite. Il n’y avait plus qu’à attendre les résultats désormais pour pouvoir passer à l’étape la plus importante de leur journée. Et en papotant gaiement, le temps passait super vite et lorsque l’infirmière revient vers elles, les deux adolescentes avaient encore la nette impression que cinq minutes seulement s’étaient écoulées. Cependant, elles furent plus qu’étonnées d’entendre la jeune femme leur déclarer qu’il y avait un problème… « Vos groupes sanguins ne concordent pas avec les résultats donnés sur vos carnets de santé, il a dû y avoir une erreur dans vos premières analyses, je suis désolées les filles mais vous allez devoir vous occuper de ce problème avec votre médecin avant de revenir. Je vous donne les résultats, comme ça vous pourrez directement lui montrer le souci. »
Une erreur ? Eliana ne comprenait pas. Elle prit la feuille que lui tendait l’infirmière et essaya de déchiffrer ces chiffres et ces lettres qui ne provenaient très certainement pas du dictionnaire ! Une fois ce charabia plus ou moins compris, elle se tourna vers sa sœur pour lui montrer ce qu’elle en avait tiré mais fût devancée par cette dernière : « A+… T’as vu Eli, il y a marqué A+ sur mes analyses ? C’est trop bizarre, tu crois qu’ils se sont trompés ? » Lui demanda-t-elle comme si de rien n’était. Bien sûr qu’elle avait vu, elle avait exactement le même résultat sur sa feuille. Et bien sûr également qu’ils s’étaient trompés ! Comment diable auraient-elles pu être A+ alors que leurs parents sont O+ ? Tout le monde sait, une fois la cinquième passée que les enfants reçoivent le groupe sanguin d’un de leur parent ! La blondinette se leva et alla voir l’infirmière en question. « Vous avez du vous tromper. Nos parents sont O+, on ne peut pas… » L’infirmière la coupa nette : « Nous avons fait deux fois le test. Vous êtes deux et vous avez le même résultat. Je suis catégorique, il y a une erreur. » Sur ces mots, elle se détourna d’Eliana. La jeune femme pensa qu’elle était moins aimable que la première fois…
« Apparemment, il n’y a aucune erreur de leur part… » Répondit-elle au regard interrogateur de sa sœur. « Aller, rentrons. »
Sur la route du retour, les deux sœurs se posèrent milles et une question… Ni l’une, ni l’autre ne comprenait ce que ça voulait dire. Elles avaient beau faire des hypothèses, rien ne répondait à cette énigme. Le sang ne ment pas, mais encore à cette époque, les deux sœurs n’avaient rien de concret pour mettre en doute leur passé et leur présent. Elles ignoraient encore que leur futur reposait sur un nid de mensonge.

« Nathan ?! » A peine la porte d’entrée franchie, Erilys se mit à appeler son frère. Ce n’est que quand sa sœur se dirigea vers le salon qu’Eliana vit les chaussures de son frangin. Pas de doute, il était bien rentré. Cependant, la blondinette ne comprenait pas toute cette agitation de la part de sa jumelle. En quoi est-ce que Nathan pouvait bien les aider ? Silencieuse, contrairement à sa sœur qui montrait ses performances côté cordes vocales en hurlant le prénom de leur frère et en faisait tous les recoins possibles de la maison, Eliana la suivait, les mots de l’infirmière raisonnant en boucle dans sa tête. Elles le trouvèrent à son bureau, tapant frénétiquement sur son clavier d’ordinateur, plongé dans son activité. Il ne semblait pas les voir, ni même avoir entendu Erilys l’appeler au moins des centaines de fois en l’espace d’une minute… Sa sœur s’approcha de lui, et elle en fit de même. Lys passa sa main devant le visage de Nat comme pour le réveiller. Il sembla quelque peu interloqué que ses deux sœurs aient pénétrées dans sa chambre sans même qu’ils ne les entendent.
« Il nous est arrivé un truc de dingue ! » Commença sa sœur avant de déblatérer sur tout ce qu’il s’était passé à l’hôpital. Eliana écoutait, à l’arrière, les bras croisés sur sa poitrine. Elle comprenait enfin en quoi pouvait les aider Nathan : après tout, il s’y connaissait pas mal en biologie ! Alors, Eli patientait que son grand frère les illumine sur la solution du problème. Parce que oui, il y avait bien un problème er apparemment c’était elles. « C’est fou non ? Tu crois que c’est possible ? T’en penses quoi, toi ? » Demanda Lys, trépignante d’impatience, ce qui eut pour effet de faire lever le regard d’Eliana de ses pieds. Le froncement de sourcil de Nat qui s’accentuait au fur et à mesure que les mots de sa sœur s’insinuaient en lui ne voulait signifier qu’une chose : ce n’était pas normal. Maintenant que les trois enfants étaient d’accord sur la chose, Eliana attendait une réponse. Pour elle, c’était l’évidence même que son frère avait la clé en main. Elle était donc entièrement suspendue à ses lèvres quand il dit : « Ce qui m’étonne, c’est que papa et maman nous ont toujours maintenu que nous étions O… » Pardon ? Eliana avait-elle mal compris, ou mal entendu ou son frère venu juste de résumer en gros ce qu’elles-mêmes savaient déjà ? « Mais ça ne doit pas être bien grave, ils ont dû se tromper. Ce qui compte c’est que vous soyez du même groupe sanguin non ? » Il n’avait pas forcément tort, ni forcément raison… C’est donc avec une grimace qu’elle renonça à poser ses questions : son frère ne semblait pas s’interroger plus que cela, alors pourquoi le ferait-elle ? « Mais au fait… Joyeux Anniversaire mes deux sœurs préférées ! » Bon, en même temps il n’avait qu’elles comme sœurs donc c’était facile… Il prit Lys dans un de ses bras et tendit l’autre dans lequel Eliana se jeta. « 18 ans putains ! Ça vous dit que je vous paie ma tournée de bière ? Vous aurez même le droit à votre cadeau. Bien sûr les parents ne le sauront pas ! » L’idée était bonne. Tout du moins, elle plaisait à la blondinette et elle avait hâte d’avoir son cadeau ! « Oh oui ! » s’exclama sa jumelle, elle aussi heureuse. La journée se passa bien trop vite au goût d’Eliana. Entre les rires, les blagues à tout va et la bonne humeur contagieuse, les enfants Carter oublièrent jusqu’à leur conversation de la fin de matinée…

21 & 22 Juillet 2013
On était une semaine après l’anniversaire des jumelles et ce questionnement incessant concernant leur groupe sanguin. Avec la journée party bière comme aimer l’appeler Eliana, elles avaient presque oublié cet incident à l’hôpital. Incident qui revint douloureusement en tête lorsqu’Eli reçu un texto plus qu’énigmatique de Nathan.
« On doit se parler au plus vite de quelque chose d’important. Demain 15h au parc. Sans que les parents le sachent. Soyez discrètes. »
Eliana alla voir sa sœur et lui montra ce sms. Message qu’Erilys avait également reçu.
Il ne faisait aucun doute que cette chose importante avait à voir avec leurs résultats sanguins. Leur frère avait dû se pencher sur la question et avait trouvé une réponse. Et celle-ci semblait ne pas plaire aux parents pour qu’il leur demande d’être discrètes.

Le lendemain, les deux sœurs avaient donc pris le chemin du parc où elles retrouvèrent leur grand frère qui les attendait à son entrée. Le soleil était présent mais se faisait cependant discret avec les nuages épars qui jonchaient le ciel azur. Après un bonjour rapide – ça faisait quand même une semaine qu’ils ne s’étaient pas vus ! – Nathan les amena à l’écart sur un banc. Sans passer par quatre chemin, il leur avoua la raison de ce mystérieux texto.
« J’ai beaucoup réfléchis à ce que vous m’avez dit sur les tests sanguins, je ne voulais pas vous inquiéter la semaine dernière alors que c’était votre anniversaire, du coup j’ai minimisé les choses et y ai réfléchi de mon côté. J’ai aussi fait un test sanguin et il s’avère que je suis B-… » Il y avait trop d’informations d’un coup pour Eliana. Elle se sentait comme épuisée moralement et psychologiquement… Alors que Nathan reprenait, elle espéra que cette conversation ne viendrait pas sur le sujet de l’adoption. Si elle avait bien peur de quelque chose, c’était de se savoir une enfant adoptée… « Mais ce n’est pas tout… » Reprit son frère et il leur raconta alors tout ce qu’il s’était dit entre lui et Adam – son meilleur ami -, toutes leurs suspicions, commençant d’abord sur la théorie de l’adoption, avant de parler de sa mésaventure en 4ème, sortant la photo pour la montrer à ses sœurs et, enfin, de ses rêves flous et de cette mélodie qui lui revenait en tête de temps en temps. Les révélations allaient l’une après l’autre, bouleversant la blondinette. Elle n’était peut-être pas douée dans les matières scientifiques mais elle comprenait ce que cela voulait dire… Mais elle ne voulait pas le croire ! Après tout, qui pourrait remettre en question son passé et ses souvenirs ? Qui pourrait avoir des soupçons envers sa propre famille ? Certainement pas elle !
« Tu as fumé quelque chose, non ? » Commença-t-elle, un ton au-dessus. « Nan, parce que je t’explique là ! Ce que tu es en train de nous dire c’est qu’on a été enlevé ?! » Continua-t-elle, la voix commençant à dérailler vers les aigus. C’était trop pour elle. Elle avait peur de se savoir abandonnée et finalement adoptée par une famille qui l’aurait prise en pitié et finalement, FINALEMENT, elle aurait été ENLEVEE de sa famille ??! « Non mais tu t’imagines qu’on va gober ça ? C’est impossible ! C’est Juste IM-PO-SSI-BLE ! » Les quelques passants qui passaient par-là n’eurent pas d’autres choix que de se tourner vers la personne qui osait troubler leur promenade. C’en était trop pour Eli. Elle ne voulait rien croire. Elle voulait ne pas être venue ici. Elle voulait ne pas avoir été faire ce foutu don du sang. Elle aurait voulu être sourde. D’ailleurs, elle ne voulait rien entendre si bien qu’elle se mura face aux deux autres et les laissa parler sans même écouter.

Février 2014
Leurs recherches avaient été pour le moins infructueuses jusque-là et pourtant, plus ils y repensaient et plus ils en discutaient entre eux et plus la piste de l’enlèvement leur semblait probable. Malheureusement, aucune preuve n’était venue corroborer leur déduction et ils avaient du mal à jouer les enquêteurs. Leurs parents étaient souvent dans la maison et ils devaient rester discrets, de plus, tous les trois avaient également leur vie à mener et même si rien n’était pareil depuis la conversation qu’ils avaient eu, ils continuaient à assumer leur quotidien du mieux qu’ils le pouvaient tout en sautant sur la moindre occasion de poursuivre leurs investigations. Ce jour-là, Eliana était à la bibliothèque. Elle avait trouvé quelque chose malgré le fait qu’elle ne voulait toujours pas croire à cette supercherie. Ils étaient tous heureux comme ça, alors pourquoi vouloir changer les choses ? Le passé c’est le passé, autant le laisser enterrer. Mais ce n’était pas de l’avis de Nathan et d’Erilys. Tous deux semblaient vouloir connaitre la vérité. Alors la blondinette avait capitulé et les aidait du mieux qu’elle le pouvait.
Tout avait commencé il y a de celui 8 ans. Eliana, une férue de lecture, n’avait plus rien à se mettre sous la dent si bien qu’un soir, elle était allée voir sa mère et lui avait demandé si elle avait quelque chose à lui prêter. Cette dernière lui avait dit de regarder dans sa bibliothèque personnelle et, tandis qu’elle lisait les nombreuses tranches des livres présents, l’un avait accroché son regard. Il s’appelait Ellana. Elle prit donc le livre d’un certain Pierre Bottero, qui s’avéra être un livre traduit du français. L’histoire était plus qu’excellente ! C’était de la magie que l’auteur lui livrait, elle le dévora en peu de temps et s’étonna même de retrouver des prénoms qu’elle connaissait : Erylis par exemple qui lui rappelait le prénom de sa sœur mais avec le i et le y échangés.
« Natan… sans h. » Elle était installée à une table, des livres éparpillés sur celle-ci. Plusieurs étaient ouverts mais délaissés un peu plus loin. Son téléphone était posé à côté d’elle, aussi quand il vibra, elle ne put que l’entendre.
« J’ai trouvé un truc. »
C’était sa sœur. Elle lui répondit qu’elle arrivait mais se replongea dans le livre et ne s’aperçu donc pas que l’envoi du sms avait été infructueux. Ce qu’elle avait trouvé était important. Peut-être moins que ce qu’avait trouvé sa sœur mais ça en avait quand même une. Un quart d’heure passa où elle termina ses recherches, rangea les innombrables bouquins dans leurs rayons respectifs et se dirigea vers la sortie.
« Désolée du retard ! » Dit-elle, essoufflée, en se jetant sur le lit de sa jumelle. « J’ai trouvé quelque chose également. » Elle posa son sac à côté d’elle et entreprit de reprendre son souffle. Son frère était adossé au mur, impatient et sa sœur faisait les cent pas. « Alors, qu’as-tu trouvé ? » demanda-t-elle à Erilys, sa curiosité sortie.
« Des affaires de bébés. » Eli interrogea du regard sa sœur. Comment cela des affaires de bébés ? Elle croisa le regard, tout aussi interrogateur, de Nathan mais le détourna rapidement. Depuis la révélation de son frère au parc, les deux ne s’entendaient plus vraiment. En vrai, Eliana ne lui en voulait pas mais elle considérait tout ce qu’il avait dit comme une façon de remettre toute sa vie en question. Mais aussi, ça la remettait en question, elle et son identité. Et elle détestait ça !
« J’ai trouvé une cachette qu’on avait pas repéré sous la commode de papa et maman… Il y a une sorte de boite à chaussures avant des chaussons et d’autres trucs comme ça… J’ai tout remis à sa place, sauf ça… » Eli reporta son attention sur sa jumelle qui sortait un bracelet de sa boite à souvenirs.
« Regarde le prénom. » dit-elle tout en le lui tendant. Son regard croisa une seconde fois celui de son frère, tandis qu’elle prenait le bracelet de maternité que sa sœur lui tendait. « Eléa Maë ? » Demanda-t-elle à l’auditoire mais aussi à elle-même. « Tu penses que c’est à une de nous deux ? » Cette fois-ci elle braqua son regard dans celui de sa sœur, tentant en vain de comprendre. « Tu penses que… » Elle ne termina pas sa phrase. Elle avait encore du mal à croire à la vérité de toute cette histoire sortit du pire thriller possible. Elle n’osa pas demander si ça pouvait être son « Vrai » prénom… Erilys lui confirma son doute. « Il y avait notre date d’anniversaire sur la boite. » Répondit-elle simplement, clôturant le débat. Tout. Tout en elle dégringola. Son cœur rata un battement. Ses yeux s’emplirent de larmes. Son cerveau arrêta de fonctionner. Son corps se mit à trembler. Tout ce qui faisait qu’elle était elle venait brusquement d’éclater. Elle n’avait plus rien… Plus rien sauf ces prénoms et cette date d’anniversaire ? Ils avaient bien été enlevés ou adoptés – elle aimait se raccrocher à cette idée ! Si ça se trouvait, ils ne pouvaient pas avoir d’enfants alors ils avaient eu recourt à des moyens pas très orthodoxes d’où leur silence… Mais pourquoi ces prénoms sur ce bracelet à cette date-ci ? Là, il n’y avait aucune réponse. Enfin, si mais Eliana ne voulait toujours pas l’entendre. Elle sentait au fond d’elle-même qu’elle s’effondrerait si elle venait à accepter l’horrible vérité… Alors elle détourna l’attention. Elle redonna le bracelet à sa sœur qui le replaça dans l’écrin et elle sécha les larmes qui avaient refusé de couler de ses yeux. « Alors, ce que j’ai trouvé c’est… Comment dire ? » Elle chercha les mots et conclut : « Compliqué. » Face aux regards étonnés de son frère et de sa sœur, Eliana réprima un sourire amer. Elle sorti alors son cahier où elle avait écrit ses recherches, ouvrit à la page désirée et les plaça devant eux tout en expliquant : « Voilà, il y a un bon moment déjà, j’ai lu un bouquin de la bibliothèque à maman. Je ne pense pas qu’elle s’attendait à ce que je prenne celui-ci en particulier – surtout si… Nos soupçons se trouvent avérés – toujours est-il que je l’ai pris lui. » Elle replaça une mèche derrière son oreille et continua : « Son titre c’est Ellana. Alors ça va paraitre étrange, mais c’est une trilogie qui comprend d’autres trilogies qui s’emboitent, bref c’est compliqué. Pour faire court, dedans, il y a nos prénoms. » Eliana marqua une pause, rassembla ses idées et reprit : « Enfin, pas exactement. Ce sont nos prénoms mais avec un changement. Par exemple Ellana, mettons-y un i et on obtient Eliana. Il y a Erylis également, mais le y et le i sont inversés, ainsi que Natan, mais sans h. Il y a même certains de nos seconds prénoms : Edwin, Naïs… » Elle leur laissa du temps pour tout assimiler et termina : « Je ne pense pas que ça soit une simple coïncidence. » Ce fut Erilys qui parla la première : « On doit chercher plus loin… L’ordinateur, tu pourrais regarder Nathan ? Il faut envoyer papa et maman loin d’ici pour gagner du temps, ça ne sera pas facile mais c’est envisageable. Il faut qu’on sache. » Oui, ils devaient savoir. Ils en avaient parfaitement le droit, mais à quel prix ?

Les investigations

Et c’est ce qu’ils firent. Quelques semaines après cette entrevue, ils offrirent le dit cadeau à leur mère qui fut ravie, tout comme son mari. Ainsi, le weekend du 15 mars, les trois adolescents eurent la voie libre alors que leurs parents étaient partis. A peine eurent-ils finis de leur faire des signes d’au revoir sur le porche et que la voiture disparu au virage, que les trois acolytes s’empressèrent de retourner dans la maison. Nathan ne se fit pas prier et fonça sur l’ordinateur de ses parents dont il alluma la tour centrale. Eliana était toujours sceptique. Elle ne pensait pas qu’ils trouveraient quoi que ça soit et pour elle c’était une perte de temps considérable. Mais, des fois que, elle laissa faire son frère et s’installa aux côtés de sa sœur sur le lit parental. Les minutes passèrent doucement et la blondinette commençait à se trémousser sur le lit. Elle était curieuse malgré son indécision quant à croire ou non à toute cette histoire. « Tu trouves » demanda Erilys qui était allongée sur le lit de ses parents, attendant que son grand frère fasse des miracles. Il ricana comme si elle venait de dire une bêtise avant de faire apparaître une série de codes sur l’écran auxquels Eliana ne comprenait rien.
Puis, soudain Nathan décroche son regard de l’écran et interpelle les filles : « Vous vous souvenez de quand on a déménagé du Montana ? » Erilys bondit du lit et se retrouva en une fraction de secondes aux côtés de son frangin. « Bien sûr, c’était la panique. Tout a été si précipité. » Se rappela-t-elle en fronçant les sourcils. Eliana les rejoignit, se remémorant parfaitement de cette nuit-là. Elle aurait adoré y rester mais la famille Carter n’avait eu d’autres choix que de partir…
Il les laisse y repenser avant de leur montrer les mails. « Regardez ce que je viens de trouver. Je crois que c’était peu de temps avant qu’on parte. Vous vous souvenez comment ils nous ont réveillé en pleine nuit ? Le plus étrange c’est qu’ils agissaient comme des coupables au vu de cet échange. Je peux peut être me tromper mais cela semble bien flagrant … Vous croyez qu’on est parti non pas à cause d’une mutation de papa mais parce qu’ils ont failli être retrouvé ? » Erilys posa une main sur l’épaule de son frère et se pencha vers l’ordinateur, curieuse. Eliana en fit de même et lut silencieusement les différents mails échangés.

From : Julian.carter@wanadoo.com To : Jessica.carter@hotmail.com Object : Alerte Rouge 30/10/2003 at 15:47

Ma chérie,

On vient de nous annoncer qu’une alerte a été lancée. La police serait sur les traces de kidnappeurs qui résideraient dans le Montana depuis plusieurs années. La police sera très impliquée dans l’affaire dès qu’ils auront plus de nouvelles. Je reste aux aguets et à l’affut de la moindre nouvelle. Cependant, comme nous en avons convenu, applique l’alerte rouge. Prépare nos affaires au cas où, qu’on soit prêt à lever le camp. Fait les démarches nécessaires. Si c’est ce que je crois, nous n’avons plus beaucoup de temps. Et fait attention aux enfants. Avec tout mon amour,
Julian

From : Jessica.carter@hotmail.com To : Julian.carter@wanadoo.com Object : Alerte Rouge 30/10/2003 at 16:04

Mon amour,

Ce n’est pas possible… Comment auraient-ils fait? Après toutes ces années… J’espère sincèrement que tu te trompes, mais n’aies crainte, j’applique le code comme convenu. En espérant que nous ayons encore du temps … A ce soir,
Jessica

From : Julian.carter@wanadoo.com To : Jessica.carter@hotmail.com Object : Alerte Rouge 01/11/2003 at 11 : 22

Ma chérie,

Ils viennent de nous annoncer que les individus recherchés seraient deux, dans l’état du Montana, avec des enfants de bas âge. Ils ne savent pas encore combien et ne connaissent pas l’identité ni des enfants, ni des adultes. Mais selon les informations, ils seraient dans les alentours de Lewiston. Je crois bien qu’ils nous ont retrouvés. Je ne sais pas ce qu’on a fait de travers mais ils auraient retrouvé des traces du véhicule. Ne t’inquiètes pas, je vais faire le nécessaire à ce sujet, mais nous devons partir au plus vite. Vraiment. Tu as appelé la banque et l’assurance ? Je vais informer mon supérieur comme nous en avions déjà parlé. Mais mon amour, il ne faut vraiment pas qu’on traine. Je t’aime, on y arrivera.
Julian

From : Jessica.carter@hotmail.com To : Julian.carter@wanadoo.com Object : Alerte Rouge 01/11/2003 at 11:25

Mon chéri,

C’est noté, fait attention à toi surtout! Les coups de fils sont passés ne t’inquiètes pas. On en reparle ce soir. Je t’aime.
Jessica

Le silence est d’or. Personne n’ose parler. Ils sont tous abasourdis par ce que tout cela signifie. Eliana sent la colère grimper en elle. La présomption d’innocence commence à vaciller. Elle se sent lourde. Son cœur lui fait mal. Elle voudrait ne pas avoir lu tout ça, mais c’est trop tard. Quand Nathan demande que l’on écrive les échanges afin de les garder sans pour autant les numériser, Eliana s’active. Une fois qu’elle a terminé le recopiage, son grand frère reprit ses recherches…
Il doit s’écouler une dizaine de minutes avant qu’il ne s’arrête à nouveau, concentré sur de nouveaux mails – de nouvelles preuves de leur culpabilité ?
« Tu as trouvé autre chose ? » Demanda Erilys à son frère. « Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit à propos de l’image de la reconstitution faciale de Lys ? Ca ne leur a vraiment pas plu … » Et il les laissa lire les quelques messages par-dessus son épaule.

From : Julian.carter@wanadoo.com To : Jessica.carter@hotmail.com Object : Problème avec Nathan 12/03/2009 at 16:47

Mon cœur,

J’espère que tu profites bien de ton petit voyage chez ton amie. Ne t’inquiètes pas, j’ai les choses en main. Mais je tenais à t’avertir que la professeur d’anglais de Nathan a demandé à ses élèves de faire des recherches sur les enlèvements d’enfants apparemment pour un travail de sensibilisation. Je ne l’ai appris que lorsqu’il s’est pointé avec une photo vraiment très semblable à Erilys. Il m’a dit que c’était une reconstitution faciale. Tu te rends compte de ce que ça veut dire ? 1) Nathan pourrait comprendre d’où il vient et d’où vienne ces sœurs 2) Ils recherchent Erilys … Il faudra faire attention. Je garde cette affaire à l’œil. Mais je ne pense pas que Nathan en parlera. En tout cas je me suis arrangé pour.

Je t’aime, Julian.

From : Jessica.carter@hotmail.com To : Julian.carter@wanadoo.com Object : Problème avec Nathan 12/03/2009 at 18:44

My love,

C’est quoi ce bordel ???? Depuis quand on donne ce genre de devoir à des gamins? Qu’ils aient 14 ans ou pas je m’en fous !!! Et si quelqu’un reconnaissait Erilys ? Et si quelqu’un faisait le rapprochement ? On serait foutu et les gamins aussi… Mon amour, on peut pas tout perdre… J’aimerais te dire d’aller engueuler la prof mais ça attirerait trop l’attention… Il n’y a plus qu’à espérer. Essaie tout de même de voir où est-ce que Nathan a pu trouver cette photo pour voir s’il y en a d’autres. Au pire emmène Erilys chez le coiffeur si la ressemblance est trop flagrante. Fais attention à toi, fais attention à eux. Je vous aime. Je vais essayer de rentrer plus tôt, cela m’inquiète.
Jessica.

From : Julian.carter@wanadoo.com To : Jessica.carter@hotmail.com Object : Problème avec Nathan 12/03/2009 at 19:02

Ma chérie,
Ne t’inquiètes pas, profite plutôt. Je suis sûr que c’est moins grave que cela n’en paraît et personne ne fera le rapprochement. Si cela peut te rassurer je vais emmener les filles chez le coiffeur et m’assurerait qu’Erilys se retrouve avec les cheveux courts. Et je vais mener mes petites recherches sur le site. Cependant je refuse de m’intéresser à la famille. Ca fait tellement longtemps, elle devrait s’être fait à l’idée. Je t’aime, tu me manques.
Julian.

From : Jessica.carter@hotmail.com To : Julian.carter@wanadoo.com Object : Problème avec Nathan 12/03/2009 at 20:07

Mon Coeur,

Je suis d’accord avec toi. J’espère que tu as demandé à Seb d’installer ce qu’il fallait pour ne pas que l’ordi soit pisté. Bisous aux enfants, ne faites pas trop les fous ce soir et ne les couche pas trop tard. Je vous aime.
Jessica.

Eliana était stupéfaite. Ca ne pouvait être qu’un cauchemar. La thèse du kidnapping semblait avérée et plutôt que de délivrer la blondinette de toutes ses interrogations, ça lui en ajoutait. Elle se souvenait du jour où son père avait amené Lys au coiffeur, prétextant des cheveux trop longs impossible à coiffer. Sa sœur en était revenue les cheveux à la garçonne, l’air boudeur.
« Oh la vache. » Souffla Erilys, choquée. Elle semblait sur le point de s’effondrer. La nouvelle était dure à encaisser, Eliana le savait bien. Elle prit la main de sa sœur et la serra, tentant par ce geste de la consoler.
« Venez voir, il y en a encore. » Et d’un même mouvement, les jumelles s’avancèrent près de lui, malades à l’idée de découvrir encore une preuve de la culpabilité parentale.

From : Jessica.carter@hotmail.com To : Julian.carter@wanadoo.com Object : Ma petite fille 27/06/2012 at 12:33

Mon amour,

Je ne sais plus quoi faire avec Erilys, elle m’adresse à peine la parole depuis cette histoire de concours de musique, tu crois qu’on a fait une erreur ? Elle aime tellement ça, j’ai l’impression que la priver de cet avenir est une grosse bêtise, mais on ne peut pas se le permettre… Et si elle parvenait vraiment à percer là-dedans ? Et si quelqu’un la reconnaissait ? On ne peut pas avoir fait tout ça pour rien, ce sont nos enfants, je ne veux pas et je ne peux pas les perdre. Désolée de t’embêter avec ça, ce n’est pas facile en ce moment.
Jessica

From : Julian.carter@wanadoo.com To : Jessica.carter@hotmail.com Object : Ma petite fille 27/06/2012 at 12:51
Ne t’en fais pas ma chérie,
elle est en colère parce qu’elle est une adolescente et qu’à cet âge-là, tu sais bien qu’ils ont plus de mal à comprendre qu’on ne veut que leur bien. Elle t’aime, tu es sa mère ne l’oublie jamais. Je t’aime, je rentrerais tôt ce soir on en reparlera.
Julian.

Il y avait moins de mots, pourtant c’était les pires. Eliana jetait des regards à sa jumelle. Elle avait peur qu’elle ne parte en vrille, elle-même se sentant de temps à autres vaciller vers une colère noire.
Encore des mails à recopier et Nathan reprit ses recherches, ils étaient las et fatigués mais ils devaient terminer ce qu’ils avaient commencé, une telle occasion ne se représenterait pas. Les jumelles eurent encore une longue attente à subir et enfin leur frère se retourna vers elles.

« C’est tout. »

Eliana laissa échapper un soupire de soulagement. C’était déjà énorme ce qu’ils venaient de découvrir, heureusement donc, qu’il n’y en avait pas plus… L’ordinateur enfin éteint, Eliana ne se sentait pas pour autant mieux. Il recelait bien trop de secret dans un objet aussi petit… Sans parler, ils se regardèrent tour à tour, échangeant par un simple regard toute la peur qu’ils ressentaient alors.
Ce fut Eliana qui brisa le silence, manifestement plus en colère que choquée par les événements. « Quand ils rentrent, ils vont avoir des explications à nous donner. » Les deux frangins hochèrent la tête, ils ne pouvaient plus reculer, ils avaient besoin d’avoir des réponses et ils avaient toutes les recherches nécessaires à présent, la confrontation paraissait inévitable et ils passèrent le reste de leur weekend à élaborer leur stratégie, attendant patiemment le retour de ceux qui les trompaient depuis si longtemps maintenant.

Mars 2014
« Tout ! » le bruit d’un poing sur un mur se fait entendre. Sourd et brutale. « Tout n’était que pure invention de leur part ! » A l’ombre d’un abri de bus, Eliana fait les cents pas. Son visage porte encore les traces d’une grande tristesse dissimulée sous les plis de la colère. « Ils nous ont menti ! Ils… » La voix tremble. L’espoir n’est plus qu’un lointain souvenir, tout comme ces souvenirs heureux qui l’ont bercé jusqu’ici. « …C’est impossible… » Se lamente-t-elle tout en se recroquevillant sur elle-même, la tête dans ses mains. Brisée, c’est ce qu’elle est.
Le jeune homme, spectateur depuis le début prend enfin le relais. Il s’avance vers la jeune femme, semble hésiter puis s’agenouille en ouvrant ses bras dans l’espoir de la bercer. Il ne sait quoi faire. Il ne sait quoi penser. Mais il sait qu’il l’aime et qu’il l’aidera à surmonter cette épreuve.
« Non ! » Sec et tranchant, les mots résonnent dans la petite ruelle. Interdit, le jeune homme arrête son geste et laisse retomber ses bras par terre. Il se relève silencieusement, sort un joint de sa poche et l’allume. Une taf, deux tafs. Il remplit ses poumons et les vide lentement de cette substance qui semble alléger les peines et donner du baume au cœur.
« Vous devez vous tromper. » lâche-t-il de sa voix grave et calme. « Ce sont des gens biens. Ils ont toujours été là pour vous. Refaites le test. » Il tire une fois de plus sur sa clope avant de reprendre. « Ils se sont peut-être trompés. »

Ce serait tellement génial s’ils s’étaient trompés. Mais le test est sûr. Ils ne se trompent jamais, les médecins sont catégoriques là-dessus. Les larmes ruissellent sur ses joues alors qu’elle ne ressent plus rien. Elle se sent vide, privée de ce qui fait d’elle un être humain. Elle se sent vide et perdue. Elle ne sait plus où elle en est. Elle ne sait plus qui elle est. Elle n’a pas écouté les mots du jeune homme, elle les a entendus. Ils s’impriment peu à peu dans son esprit et c’est comme si plus rien ne comptait, qu’elle releva la tête vers lui.
« S’ils se trompent, comment expliques-tu les articles ? Comment expliques-tu le journal ? C’est la vérité… Nous ne sommes pas leurs enfants. Ils ne sont pas nos parents. Ils nous ont… » Elle ne finit pas sa phrase. Peut-être est-ce parce que le prononcer reviendrait à confirmer la réalité des choses… « Qui je suis ? » Le jeune homme jette son joint et s’approche de la jeune femme. Il lui soulève délicatement le menton et répond : « Tu es Eliana. Tu es ma petite amie. Tu es gentille et aimante. Tu restes toi, non pas parce qu’ils t’ont appelé ainsi, mais parce que tu es toi. Tu es Eliana. Et je t’aime. » Sur ces mots il approche ses lèvres de celles de la jeune femme, qui détourne la tête. « Non, Peter. » Celui-ci recule d’un pas et laisse à nouveau tomber son bras le long de son corps. « Alors c’est fini ? » demande-t-il, la colère commençant à monter dans sa gorge. « Je ne sais pas où j’en suis. » répond-elle timidement. « Je te l’ai dit, j’ai besoin de me retrouver. Il nous faut des réponses, on attend les parents... Peut être qu'on va partir... » Ajoute-t-elle, comme pour atténuer l’inévitable. « Tu reviendras ? » Peter la regarda avec espoir. Il était en colère et ça se comprenait. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Il n’avait rien vu venir alors ça ne devait pas arriver. Pas maintenant. Pas après deux années merveilleuses passées avec elle. « On ne sait pas. Peut-être, oui. Un jour. » Le jeune homme se raccrocha à ces dernières paroles.

La séquestration
Tout s’était passé très vite. Il y avait eu le don du sang avec les résultats sanguins. Il y avait eu ensuite la révélation de Nathan concernant les groupes sanguins ainsi qu’une photo et des rêves – souvenirs d’un passé antérieur ? Puis il y avait eu le bracelet de maternité avec les prénoms « Eléa Maë » daté du 13 juillet 1995 – la date de naissance des jumelles – et les prénoms sortis tout droit d’un livre français qu’Eliana avait lu par accident et qui se trouvait dans la bibliothèque des parents. Enfin, il y avait eu la découverte de différents mails, l’un sur la mutation du père et la réelle raison de celle-ci, l’autre sur la fameuse photo de Nathan où leur mère semblait paniquée à l’idée que l’on voit une ressemblance avec la photo et Erilys. Il y avait eu également la découverte sur les raisons qui ont poussés leurs parents à refuser catégoriquement qu’Erilys fasse de la musique, pour ne pas qu’elle soit reconnue si elle se faisait un jour connaitre. Et le tout dernier indice, ou preuve, n’était autre qu’un article de journal datant de fin septembre 2003 concernant la possibilité que Lewistown – la ville où les Carter vivaient à cette époque – abrite les kidnappeurs de deux enfants, peut-être trois mais rien n’était encore certain.

Tous ces événements, une fois mis bout à bout, les ont conduit à cet instant précis.

Tout s’était déroulé très vite. Trop vite même. Les parents étaient rentrés, les enfants bouleversés. Ils ne désiraient qu’une seule chose : la vérité. Ils avaient commencé à les questionner, sur le départ précipité du Montana, sur la photo, sur les livres… Mais aucune réponse ne venait. Ils étaient las, las d’attendre, las de se demander si ce qu’ils pensaient être vrai l’était ou non, las de ces réponses qui n’en étaient pas. Ils ne voulaient rien d’autre que savoir et comprendre. Surtout comprendre. Il y avait eu des pleurs et des cris. Surtout des cris. Leurs parents ne voulaient pas comprendre. Ils ne voulaient rien savoir, prétextant qu’ils n’avaient aucune réponse à donner. Et c’est par hasard qu’ils se sont tous retrouvés dans la cuisine, près de la porte de la cave. Sans le vouloir, les enfants les avaient acculés contre cette porte fermée à clé le plus souvent. Ou bien, était-ce leurs parents qui avaient reculé de peur ou de honte ? Une chose est sure, les réponses ne venaient pas et Eliana bouillait intérieurement. Elle gardait la présomption d’innocence depuis si longtemps maintenant. Presque une année qu’elle ne voulait pas croire en ces morceaux du puzzle qui leur montrait une autre réalité où le kidnapping était plausible. Elle s’attendait, en confrontant ainsi leurs parents, qu’ils les apaisent, qu’ils leur disent qu’ils se sont trompés, que toutes ces preuves n’en étaient pas… Elle s’attendait à ce qu’ils donnent des réponses plutôt qu’à se débiner comme ils le faisaient actuellement. La colère montait. La colère et la haine envers ces parents qui ne l’étaient pas. Envers ces gens qui se sont permis de les enlever et de leur prendre leur passé, leur présent mais aussi leur futur. Elle se haïssait autant qu’elle les haïssait. Elle voulait des réponses qui ne venaient pas… Le coup, double, fut bref et fort. Deux « BOOOoonng » retentirent dans la cuisine. Elle en avait marre de ces cris. Elle voulait le silence. Le silence et des réponses. Son frère brisa le silence : « T’as p’t’être tapé un peu fort là, non ? » Une poêle solidement lotie dans ses deux poings, Eliana venait enfin d’obtenir ce qu’elle désirait – tout du moins, une sur deux : le silence. Leurs parents étaient inertes au sol, assommés. « Tu... Tu penses ? » Demanda la blondinette soudain anxieuse et fébrile. « Ils ne sont pas… Morts, Hein ? » Questionna-t-elle, la peur au ventre. Elle voulait le silence mais surtout des réponses, ne l’oublions pas !
Sans attendre, Nathan s’approcha des corps et prit le pouls de leurs parents et examina leurs yeux en ouvrant leurs paupières. Après avoir rassuré les deux sœurs que leurs parents étaient toujours bien en vie, ils se regardèrent tous les trois. Que pouvaient-ils bien faire désormais ? Ils étaient d’accord sur une chose : si le dialogue ne fonctionnait pas, la force, elle, fonctionnerait peut-être. Alors ils prirent la décision de les attacher à une chaise et d’attendre leur réveil afin d’obtenir les réponses qu’ils attendaient tant ! Nathan avait fait ça dans l’art du ligotage. Chacun assis sur une chaise, les mains dans le dos, les pieds et le corps liés à la chaise comme si cette dernière et leur corps ne faisaient qu’un. Les jumelles l’avaient aidé mais elles avaient peur. Peur qu’ils ne se réveillent, peur de mal faire. Eliana avait gardé la poêle avec elle. Dans Raiponce, c’était un très bon outil si les choses dégénéraient, et visiblement, dans la vraie vie c’en était de même ! « Et maintenant, on fait quoi ? » Demanda la blondinette timidement. « Ils ne veulent rien dire. Je doute qu’attachés ils diront quoi que ça soit de plus. »
« On attend. Ils ne parlent peut-être pas maintenant mais ils peuvent encore craquer. » Répondit simplement Nat.

Alors comme ça, ils allaient tenter de faire craquer ceux qui les avaient élevés ? C’était dur à entendre mais ils ne disposaient pas d’aucune solution. Les jours suivants se passèrent à une lenteur infinie et chacun d’entre eux marquait une nouvelle étape dans leur vie de jeunes criminel. Il y eut des heures d’interrogations infructueuses, un mail envoyé au boulot de Julian pour justifier son absence, des coups qui partaient sans qu’ils le veuillent vraiment à cause de la frustration et les enfants Carter étaient de plus en plus moroses, taciturnes, distants les uns envers les autres, n’acceptant pas de réaliser ce qu’ils étaient en train de faire.

Une longue semaine fut bientôt écoulée et Erilys ne pouvait plus le supporter, elle convoqua son frère et sa jumelle dans la cuisine. Eliana pensait connaitre les raisons qui avaient animé sa jumelle à les convoquer de la sorte, et elle ne se trompait pas. « Ils ne parleront pas, je le sais… » Commença-t-elle d’une toute petite voix. « J’en peux plus, ce n’est pas nous ça… On ne peut pas continuer comme ça, regardez ce qu’on devient ! » De jeunes étudiants prometteurs ils étaient passés à délinquants sans scrupule, ça ne leur ressemblait plus du tout. « On reste enfermé ici, on ne voit personne, on ne va plus ne cours. Il faut arrêter. » Arrêter d’accord mais cette maison n’était plus la leur, peut-être même ne l’avait-elle jamais été. « On va devoir partir. » Elle n’avait pas tort. Eli jeta un regard vers son ainé qui semblait hésiter. Les laisser et tout quitter ? Ou bien tenter d’avoir des réponses encore… Finalement, les trois enfants conclurent que partir était la meilleure solution… Ils devaient rester ensemble, soudés et surtout, ils devaient fuir.

27 mars 2014
Ils s’étaient préparés avec application, ne laissant aucun détail au hasard et pourtant ils avaient dû agir vite. L’absence du boulot de leur père allait être difficile à justifier plus longtemps et ils ne pouvaient plus être là quand quelqu’un s’apercevrait que le quotidien de la famille Carter avait volé en éclat. Ils réfléchissaient à trois, prenaient des décisions à trois mais faisaient vite et sans laisser les désaccords se placer entre eux. Les parents allaient rester attachés, ils ne méritaient pas qu’ils leur fassent cette fleur, peu importait ce qu’il pouvait leur arrive, ce n’était plus vraiment leur problème. Erilys avait couru dans la chambre de leurs parents pour récupérer la liasse de billets qu’elle avait repérés lors de ses premières investigations. Ce n’était pas grand-chose, mais ils avaient besoin de sous pour leurs voyages et ils ne pouvaient pas emporter leurs cartes de crédits, ils seraient trop facilement repérables. Un sac-à-dos chacun ce serait tout ce qu’ils emporteraient, ils avaient besoin de se déplacer vite et des valises étaient trop imposantes. Leurs téléphones portables avaient été vidé de tous les SMS qu’ils contenaient et se trouvaient sur le comptoir de la cuisine, eux aussi allaient devoir rester là, ils ne pouvaient pas se permettre de les prendre avec eux. Eliana avait fourré tout ce qu’elle avait pu dans le sac. Elle détestait devoir encore fuir mais visiblement, il n’y avait pas d’autre solution. Ils furent enfin prêts à partir, ne souhaitant pas repasser voir leurs parents avant leur départ, ils se retrouvèrent simplement dans l’entrée, devant cette porte qu’ils allaient franchir définitivement, laissant tout ce qu’ils avaient connu derrière eux. C’était effrayant, bien sûr, mais ils étaient ensemble et c’était tout ce qui comptait pour les enfants Carter. Ils firent silencieusement leurs adieux à plus de 20 ans de leur vie et claquèrent la porte derrière eux, à la fois soulagés et effrayés par ce qui les attendait. Mais ils n’avaient pas le temps de se poser des questions, ils devaient partir loin d’ici le plus rapidement possible. La voiture de Nathan aurait pu les conduire jusqu’à la gare mais ils ne pouvaient pas jouer au petit poucet, la situation était trop grave, c’est donc en bus qu’ils choisirent de s’éloigner dans un premier temps, rejoignant la gare pour se rendre compte que les billets de train leur demanderait de débourser beaucoup trop d’argent. Ils finirent par dénicher des billets de car à des prix beaucoup plus abordables et en achetèrent trois pour le prochain départ, ne regardant même pas la destination, leur priorité était l’éloignement. C’était un moyen de tourner une page bien trop noircie par l’encre et les larmes. Eliana voulait oublier toute cette histoire. Elle n’avait d’autre objectif que d’écrire sur une page blanche son futur, oubliant son passé et ce présent qui la hanterait à jamais.
Leur voyage dura des semaines. Ils s’arrêtaient dans des villes au hasard mais n’y restaient jamais très longtemps, se contentant d’acheter le nécessaire avant de repartir, craignant bêtement d’être rattrapés par leur passé. Ils avaient la bougeotte et ne se sentaient en sécurité nulle part. Cependant, leurs économies n’étaient pas infinies et bientôt ils durent se rendre à l’évidence, ils allaient devoir trouver un endroit où se poser pendant un temps, trouver du boulot, reprendre leur vie et tenter de se reconstruire.

Juin 2014
Siloam Springs. Ils avaient découvert la ville un 19 mai, après avoir étudié une carte des Etats-Unis et choisi leur nouveau lieu de résidence un peu au hasard. Ils étaient arrivés complètement fauchés, perdus, esseulés et avaient mis beaucoup de temps à se reconstruire. Leur vie était d’ailleurs loin d’être parfaite et le conte de fée ne serait probablement pas pour tout de suite mais l’espoir était là. Il n’y avait qu’à tendre la main. Elle avait trouvé un boulot dans la librairie de la ville et pouvait ainsi poursuivre ses études à distance. La paye n’était pas folle mais ça suffisait pour la caisse commune, tout en en conservant de côté pour elle. Avec leurs premiers salaires, ils avaient réussi à quitter les motels miteux pour se trouver un petit appartement assez spacieux pour être partagé à trois sans se marcher les uns sur les autres. Vivant en reclus depuis leur arrivée, ils peinaient à aller vers les autres, ce qui ne semblait pas déranger la blondinette. Elle s’était renfermée sur elle-même, comme une coquille d’huître et était plutôt taciturne. Moins elle voyait de monde et mieux elle se portait ! Ce n’était que le début de leur vie à Siloam Springs et ils avaient tout à reconstruire. Pourtant, Eliana n'arrivait toujours pas à savoir comment et même quoi reconstruire ce qui avait été brisé...

Juin 2015
Plus d’un an désormais qu’ils avaient élu domicile à Siloam Springs et même si leur vie n’est pas devenue exceptionnelle, leur passé est loin derrière eux.

Ils n’en parlent que rarement entre eux, et lorsque c’est le cas, Eliana quitte l’appartement prétextant un travail de dernière minute. Elle ne veut plus en entendre parler même si elle sait que pour sa jumelle et son ainé, c’est important de savoir. Elle, elle veut juste oublier. Sa vie a été bouleversée par ces évènements. Elle ne sait plus qui elle est et elle n’arrive pas à avancer. Quand elle voit son frère et sa sœur allaient de l’avant, elle ignore comment ils font. Et plus les mois passent, plus elle s’enfonce dans ce tunnel obscure où tout espoir d’en ressortir indemne semble vain…

 



Dernière édition par Eliana N. Carter le Jeu 30 Juil - 15:15, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyMer 29 Juil - 19:28

oh, une libraire Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » 3515815706
bienvenue
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyMer 29 Juil - 19:49

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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyJeu 30 Juil - 12:42

Je ne connais pas Emily mais elle est mimi heart
Bon courage pour ta fiche & bienvenue.
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyJeu 30 Juil - 15:07

Merciii Beaucouuup love

Eh oui, Alosyus (complexe °°), ce sera une petite libraire férue de bouquins ahah
Je connais pas Emily depuis très longtemps, Rachel... Je l'ai connue grâce à The Walking Dead !
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyJeu 30 Juil - 15:54

Je connais pas ton avatar mais elle est super mimi, il me faudra un lien avec mon DC qui a 19 héhé. Petit Coeur Bienvenue sur CC ! Supplier
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyJeu 30 Juil - 18:18


sing hallelujah !


t'es enfin validééééé



Bravo mon bichon, t'as passé l'épreuve de la présentation haut la main !

Oui c'est bon, j'ai TOUT lu hihi Quelle histoire dites moi, surement très intéressant à jouer, et à regarder aussi ! Bienvenue officiellement ma belle, puisse le rp t'être favorable !

Tu peux dès à présent vérifier que ton petit nom apparaît bien dans le bottin ! Il est important d'avoir un carton de luxe où s'abriter, pour ceci tu peux aller faire une demande de logement et pour fêter ta petite crémaillère, inviter tous tes potes à foutre le bordel ! Pour ceci, il faut te créer des liens parce que ouais, si t'as pas d'amis, bah, c'est pas le top ! Tu peux aussi t'en créer, c'est une option, pour ça, les scénarios c'est pratique ! Sinon, tu peux voter pour le forum et nous le signaler pour être récompensé ! Enfin, après tout ceci tu peux commencer ton aventure, n'hésite pas à passer par le flood ou la chatbox histoire de raconter ta vie, on adore ça ! Il existe aussi un habitant qui s'amuse à nous torturer, alors viens lire notre Gossip. Tu es un perdu avec tout ça ? le parrainage alors fonce, c'est fait pour toi ! Tu peux aussi t'éclater avec les jeux ça ne fait pas de mal.
Bon courage pour la suite, on t'aime fort petit bichon ! Coeur


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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyJeu 30 Juil - 19:47

ahah, il nous faudra un lien. je suis libraire irl pervers (fais gaffe, j'vais surveiller que tu dises pas n'importe quoi Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » 4147870627 )
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptySam 1 Aoû - 16:43

Désolée du retard mais bienvenue chez nous Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » 3444158201 Coeur
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MessageSujet: Re: Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » EmptyDim 2 Aoû - 14:58

Aloysius : carrément ! Je viendrais te demander des conseils alors **

Merci Isis, mieux vaut tard que jamais Eliana N. Carter « Tout ce à quoi l’on résiste, persiste. » 2607028909
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