il était là. ron, il habitait ton esprit. depuis le bonfire, depuis l'hôpital, et depuis ce baiser. il t'hantait, timidement. dans chaque chose, tu retrouvais un peu de ce paxton, de l'homme qui t'a vu grandir, mûrir. plus présent que jamais, chaque moment de solitude, tu les passais à rembobiner ce souvenir, un peu houleux, qui te faisait rougir, et à la fois te rendait coupable d'un crime, d'une passion étrangère. de tes lèvres tu avais embrassé les siennes, choisissant l'option la plus difficile, entre le frapper et l'embrasser. et ça avait été les météores, ça avait été un syphon qui avait tout ravagé dans ton cœur. ces convictions, les envies, les amours. qu'est-ce qui tenait de la réalité à la fiction ? plus grand chose. la clope à la bouche, tu marchais dans les rues vives, le regard sur le téléphone, c'est un mantra que de regarder l'heure, lorsque l'ennui t'attrape. c'était le début de la soirée, l'heure où les couples, les amants, les déchaînes sortent pour fêter une aube qu'ils ne verront jamais. et toi, moriarty, tu avances sans conviction, passant de rues en ruelles, le goût amer d'une nicotine nocturne entre les lèvres. sur un banc tu te poses, les mains dans les poches, ta tête tombe en arrière, tandis que tes jambes se croisent. ton sac à dos sur le côté, t'y passes une main, tombe sur un bouquin. celui que tu lui as jamais rendu, à aaron. tu feuillettes les pages, un sourire nostalgique sur les lèvres. et puis, fusée, tu te relèves, tes pas s'activent en direction de la librairie, ce lieu auquel tu sais que tu trouveras le propriétaire. en même temps, il aime les livres, ron. alors la bibliothèque, c'était son job. t'écraser le bout de minerai de tes baskets d'ado, passe une main dans tes cheveux avant de pousser la porte. l'odeur, le goût du savoir t'explose en plein visage, et à son comptoir, il se tient, son ordinateur devant lui. « hey moriarty » tu t'avances, te retrouvant plantée devant lui. « salut paxton. » un sourire joueur, tu poses tes coudes sur le comptoir. « t'écris quoi ? comme quoi je suis la fille la plus magnifique, la meilleure des meilleures amies du monde ? »

t'étais entrée dans le bâtiment un peu poussiéreux, ce bâtiment qui faisait office de bureau à aaron. tu marchais avec aisance, les mains dans les poches arrières de ton jean. quelque chose te disait qu'il était là, qu'il ne pouvait pas se trouver autre part. et si il n'était pas là, où serait-il donc ? avec sa fiancée. voilà, c'était l'autre innommable possibilité. qu'il soit auprès de celle qui est entrée dans sa vie, quand toi, tu n'y étais plus. et rien que d'y penser, ça te faisait perdre toute bonne humeur. ça te plante l'épieu, douloureux, de la jalousie. pourtant tu le vois. assis à son comptoir, tes yeux t'épiant, il est là. et le sourire repart, se joue de tes lèvres grisée par la clope, rallumée par sa présence réconfortante. tu t'approches, fais claquer tes chaussures sur le parquet, masquant ton bonheur envahissant.
vous vous saluez, comme avant. parce que malgré ces années passées, loin de l'autre, malgré ces années à essayer de vous retrouver, rien n'a changé. ou peut-être rien. margo, tu le charries, sur ses écrits que tu n'as pas encore lu. sur le sujet, merveilleux, de son écriture informatisée. car depuis que tu lui as rendu son ordinateur, il ne le lâche plus. « un truc du genre oui sauf que j'ai remplacé magnifique par vantarde. » tu lèves les yeux aux ciels, comme exaspérée par la répartie de ton meilleur ami.
vantarde ? toi ? jamais ! et puis il se déplace, et ouvre ses bras si réconfortants. margaret, tu t'y loges, accrochée à son cou, tu te cales contre lui, s'imprégnant de son odeur, de tout ce qu'il est à la fois. cet enfant, bousculé, et ce fou rire. ce premier baiser, ces nuits passées ensembles. sans jamais se quitter. voilà, c'était tout ça. margaron.
« tu viens t'instruire ou tu viens voir le bibliothécaire le plus sexy de la terre ? » tu lâches un rire, qui résonne dans la bibliothèque boisée. il te lâche, s'approchant des fauteuils mis à disposition pour les petits rats de bibliothèque. c'est vrai, dans le décor, tu faisais tâche. avec ta tête blonde et tes yeux avide d'adrénaline, tout se confrontait. pourtant, tu t'asseyais à ses côtés, prenant sa main calleuse dans la tienne. « à ton avis, monsieur le bibliothécaire sexy ? tu m'as déjà vu avec un livre ? » tu lui jettes un regard au cas où il oserait se moquer de toi, puis tu continues. « ça va ? ton livre avance on dirait. »