◇ rencontre entre samuel n. hughes & mauve j. tremblay ◇ résumé de la situation mauve est en boîte avec quelques amis pour fêter son rétablissement. en sortant prendre l'air, elle tombe sur samuel, qu'elle n'a plus vu depuis leur dispute. ◇ lieu boîte de nuit, le pete's place.

whoa, where did the party go ?

clope au bec, combustion mortelle entre les lèvres, j'essaie d'immerger de mon quotidien. les filles, heureuses de me retrouver sur deux pattes m'ont emmenées danser, sans pour autant abuser. car depuis dan, la débauche s'est arrêté. mais je sais que les vieilles habitudes reviennent et que jamais rien ne s'arrête éternellement. je sais qu'on va manquer d'argent. et ça me tue. alors je dis rien, les yeux rivés sur le ciel. expirant cette odeur âcre et inspirant mon oxygène bouffé par la sauvagerie du monde.

et lorsqu'ils redescendent, mes yeux perdus dans la galaxie, ils tombent sur une silhouette à l'autre bout de la rue. une silhouette que je connais. bouteille d'alcool à la main, elle boit au goulot, toute seule sûrement. et, tête brûlée -puisque ce soir c'est ma fête, je m'approche et lui demande, sans réelle retenue. « excusez moi, j'peux vous emprunter votre bouteille ? »

et il pue l'alcool, comme je pue la clope. mais pire encore, il sent le désespoir, il sent l'abîme et la souffrance. sans un regard sur moi, sur moi et ma robe rouge, moi et tout ce qu'il a pu y voir, il me tends la bouteille, sans réelle envie. je bois au goulot, sans soif. le liquide me brûle la gorge et me monte un peu à la tête, mais je lui re-tends. son regard est trouble, et me fixe à présent. je souris tristement, avant de lui lancer. « salut, sam. »

les frissons de la nuit parcourent mes bras dénudés et glissent sur mes jambes. son regard sur moi arrive tout de même à me réchauffer. « salut, mauve. » je souris et m'approche un peu, avant de tapoter sur sa bouteille, remarquant ses jointures blanchies à force de la serrer. « qu'est-ce que tu fous, sam ? » mon ton est doux, presque maternel malgré la question. « lâche cette bouteille et fais quelque chose, n'importe quoi. » ça me fait mal de le voir comme ça. clairement.

son regard bleu est sombre, tandis que j'essaie de l'allumer, comme une torche dans le noir. j'essaie de réanimer ce samuel qui semble être la tête sous l'eau. je le secoue, quitte à m'en prendre, des coups. c'est pas ça qui me manquerait. mais il reste muet, alors mon appréhension et ma colère monte d'un cran. et soudain, dans son silence, la bouteille s'écrase contre le sol. le verre s'envole, milles étoiles dans un abîme sans fin. et là, ses lèvres se posent doucement sur les miennes. je ferme les yeux et me détache doucement, sans violence. « samuel... tu sais que t'as pas le droit. »

je pensais pas au conséquence de le revoir. ça faisait déjà quelques mois, voir semaines que j'avais pas de nouvelles, et voilà qu'il revenait et m'embrassait, sans ce soucier de rien. « et toi tu sais que je m'en fous de tout ça. » je croise les bras sur ma poitrine, prenant un air contrarié. « tu t'en fous peut-être mais pas moi. » puis je me radoucis, avant de poser une main sur le pendentif encore accroché à mon cou. « je l'ai toujours gardé tu sais ? »

alors que je regardais le pendentif, le retournant dans mes doigts, samuel s'approcha davantage pour l'attraper. mes yeux dérivèrent vers les siens. « mauve ... pourquoi ? » ne savait-il vraiment pas ? je soupirais, avant de lâcher un petit rire pas très franc. « on ne change jamais vraiment. je resterais toujours la mauve de londres. » et c'est vrai. je resterais cette délinquante au visage sournois, lorsque la nuit tombe. « c'est un peu ce que ça signifie, non ? »

alors que je parlais, déliais ma langue -sûrement sous l'emprise de l'alcool, je me souvenais de la mauve de londres. je me souvenais de ce que j'étais avant. je ne croyais plus en rien. mais j'avais tracé mon chemin, avec le peu d'espoir qu'on m'avait refourgué, du bonheur en boîte, et je m'étais envolée. et ce présent me ramenait chaque fois un peu plus sur terre. que quelqu'un m'attendait. « non. du moins, plus maintenant. c'est ... c'est une façon de te montrer que je suis là. que je serais toujours là. » et il m'attrape dans ses bras forts. présence rassurante dont on voit le visage. dont on peut s'accrocher, sans faire attention. présence dans la nuit noire de siloam. je m'agrippe à lui, une boule au ventre. je n'ai pas assez de mots alors que j'ai tant à lui dire. « merci, sam. » je reste dans ses bras avant de lever la tête vers lui, les yeux brillants. regard fatal. « n'empêche, ça te manque pas parfois ? j'veux dire, avant... »