Depuis son retour en ville, Beatrix avait épluché le journal local, fouiller internet jusqu'à découvrir une Gossip qui allait bien l'aider dans ses affaires. Quelques questions à droite, à gauche, elle se doute qu'elle dérange mais elle s'en fiche, elle a terriblement besoin de tout connaître des habitants. Elle allait forcément trouver un trésor, elle avait bien espéré s'inspirer de la vie de sa cousine mais à côtoyer Margot tous les jours elle avait l'impression d'écrire un peu sur elle-même aussi et ça, c'était trop déstabilisant ! Non, il fallait qu'elle se trouve une personne inspirante mais qui ne partage ni son passé ni son quotidien. Elle tomba sur un article sur Masha et ce fut le jackpot. Une sportive de haut niveau qui vit ici, enterrée dans ce trou à rat et qui, comble de joie, a des soucis de mémoire c'était presque trop beau pour être vrai. La voilà, mon héroïne. Celle qu'elle espère mettre au coeur de son futur thriller, elle ignore encore son rôle mais elle la voit déjà illustrer la couverture. Je mise gros sur toi, soit à la hauteur Masha, pense t-elle avec ce petit picotement qu'elle adore ressentir : l'inspiration lui revient, l'adrénaline avec elle, heureusement que Margot n'est pas dans l'appartement elle n'aurait probablement pas aimé l'éclat jubilatoire du regard de Beatrix.

Elle n'avait pas oublié où se situait la piscine municipale et rapidement s'y rendit pour obtenir les heures des entraînements de la sportive. Elle avait bien pensé à se renseigner sur son adresse mais d'expérience, elle savait que ça ne marchait pas très bien. Bizarrement y en a qui n'aime pas trouver des inconnus en train de pique niquer devant leur porche, fallait bien qu'elle s'occupe en les attendant. Bref, elle se la joue investigation mais le coup de la journaliste ça ne marchait pas mieux et Beatrix dû prendre son mal en patience. Tous les jours elle revenait à la piscine, y restait et ce jusqu'à ce qu'enfin sa future Muse pointe son joli nez.

Mademoiselle Jones !

Elle l'interpella avec un large sourire avenant, son sac à main serré contre elle, elle n'a pas sortit son calepin où elle écrit ses idées. Non, faut la jouer fine pour ne pas l'effrayer. Comment faire pour la convaincre de se confier à elle ? Comment la persuader qu'elle rêve sans le savoir d'être au coeur de son roman ? Avec un peu de chance c'est une fan… Oh ouais, faites que ce soit une fan, elle gagnerait du temps !

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Beatrix Carmen Jane et je pense que vous seriez intéressée par ce que j'ai à vous dire.

Elle avait retourné encore et encore ses interrogations pendant qu'elle l'attendait pour finalement s'arrêter sur une évidence : elle doit lui dire la vérité. Son rôle est bien trop important, elle doit jouer cartes sur tables. Prendre le risque d'un refus, ou pire qu'elle aille raconter à d'autre qu'une écrivaine « vole » des vies… enrober la réalité pour la rendre plus alléchante mais lui avouer sans détour son projet.

Et si elle refusait ? Passait son chemin ? Alors tout serait fichu, elle devra la suivre et se retrouver une fois de plus en garde à vue pour harcèlement c'était pas super folichon. Naturellement Beatrix s'était placée devant la porte d'entrée de la piscine municipale, faudra littéralement me passer sur le corps pour entrer. Elle sourit, a une voix aimable bien que son regard pétille d'amusement, de curiosité aussi un peu.

On va se prendre un café en face, c'est moi qui régal.

Elle n'en a pas les moyens mais elle ment spontanément. Un petit cadeau, ça ne se refuse pas… et elle verra bien la suite ! Avec de la chance, Masha la prendrait en affection et réglerait tout ! Beaucoup d'aléatoire, de hasard, dans cette entreprise mais Beatrix retrouve cette excitation qui la fait se sentir vivante pulser dans ses veines et cela vaut toutes les inquiétudes du monde.