Un verre vola pour venir s'exploser contre un des murs. C'était un peu la marque de fabrique des Donovan ça. Quand on s'énervait on balançait ce qu'on avait sous la main. Mes parents étaient en train de s'engueuler. La cause ? Moi.
"Trois élèves ! Elle a fait renvoyer trois élèves pour une faute qu'elle a commise !" "Ça c'est ce que dis la prof de danse mais elle n'a aucune preuve ! D'où elle sort ça hein ?!" Et Bim une assiette ! Faut dire qu'on est loin d'être pauvre alors sacrifier la vaisselle à chaque engueulade n'est en fin de compte pas une si grosse perte.
"Arrête, tu sais aussi bien que moi que c'est la vérité ! Elle fait tout comme toi !" "Mais elle n'a que treize ans bordel ! TREIZE ANS !" "Et en treize ans t'as réussis à la rendre pire que toi ! Il est absolument hors de question que je lui paye ne serait-ce encore qu'un cours de danse et c'est non négociable !" Connaissant ma mère elle allait trouver une solution rapidement. Personne ne lui a jamais dicté sa conduite et ce n'était malheureusement pas mon père qui pourrait se vanter d'être le premier à y être arrivé. J'entendis trois coups frapper contre ma porte avant que ma mère n'entre dans ma chambre. Elle était passée de la rage à la douceur en quelques secondes à peine. Choisir quel masque afficher devant qui, ça aussi c'était quelque chose qu'elle m'avait appris. Elle vint s'asseoir sur le rebord de mon lit et me souris.
"Ma chérie tu ne vas pas pouvoir continuer la danse pour l'instant. Mais c'est l'affaire de quelques mois seulement avant que je ne règle ça. Car je ne laisserai personne gâcher ton talent et encore moins ton père." Je soupirais
"Et je suis censée faire quoi en attendant ? Tu sais bien que je n'aime pas glander" Elle me sourit à nouveau
"Et c'est une bonne chose ! Tu sais il y a quelque jours tu m'as parlé de psychologie, que dirais tu que je te transfère dans une école spécialisée ?" J'hochais la tête et me levais pour aller ouvrir ma penderie
"Je sais qui c'est qui a tout balancé à la prof de danse" Je pris une robe et me retournai vers ma mère en positionnant la robe devant moi. Elle secoua la tête et je me tournais donc à nouveau pour ranger la robe
"Ne sois pas rancunière, elles sont encore jeunes" "Elles ont mon âge !" "C'est bien ce que je dis" Je levais les yeux au ciel et me tournais avec une autre robe. J'eu cette fois ci droit à un acquiescement.
"A votre âge vous devriez plutôt essayer d'être des amies" J'haussais un sourcil. La bonne blague.
"Des amies ? Elles sont nulles, je ne vais pas essayer de faire copain-copain avec des filles aussi matures que papa à cinq ans et demi !" Moi fâchée que mon père me prive de ma passion ? Nooon ! Pourquoi le serais-je ?
"C'est fou ce que tu me ressembles"******
Nouvelle école, nouveau pays, nouveau départ ! Au moins je n'étais plus entourée d'imbéciles profonds pensant que copier sur leur voisin leur permettraient de réussir dans la vie. Ni même de profs ennuyants comme la pluie qui voulaient sans cesse avoir raison même quand ils avaient tort. Et croyez-moi ça leur était arrivé pus d'une fois mais bien sur l'élève n'a jamais le dernier mot hein ? C'est ce qu'on verra ! Les règles s'adaptent à moi et non l'inverse. Au bout de quelques mois, comme prévus, je réintégrais un groupe de danse. Comment ? Étrangement ma mère et mon père avaient divorcé et elle s'était retrouvée avec une plus grosse part du fric de mon père que lui-même. Manipulation, chantage, tout est bon pour arriver à ses fins non ? On peut bel et bien dire que j'ai tout hérité de ma mère oui. Et j'en suis fière quand je vois à quel point mon père est pathétique. Je fis donc ma dernière année de collège en psychologie et je m'en sortais très bien. Le cerveau humain, ses habitudes, ses tocs, ses manies, tout est si bien étudié et tellement intéressant. Puis ça me serait forcément utile plus tard ! J'ai donc voulu continuer dans ce domaine au lycée. Sans pour autant arrêté la danse ! Ça n'est pas parce que je n'y consacrais plus tout mon temps libre que j'avais abandonné. Cinq heures par semaine je ne considère pas ça comme un abandon. Il y avait donc les cours, la danse et... Les fêtes ! Et oui je n'ai pas échappé aux joies de l'adolescence ! C'est cette année-là que j'ai développé la partie la plus fun de moi. Faisant la fête, dansant sur les bars, mettant l'ambiance et ne passant jamais une soirée sans se faire remarquer. Oui être le centre d'attention était quelque chose que j'appréciais beaucoup. Et la réputation que je me taillais me convenait parfaitement bien ! Si vous penser que les gens apprécient les filles sages je vous arrête tout de suite. C'était peut-être le cas à une époque mais croyez moi j'étais bien loin d'être sage et j'étais adorée ! Sauf peut-être par quelque filles jalouses de mon succès ! Que voulez-vous, on a la classe ou on ne l'a pas. Je vais vous apprendre quelque chose. Si vous ne voulez pas être celle qu'on regarde après tout le monde levez-vous, refusez tous les ordres qu'on peut vous donner et imposez vos idées, vos envies, votre façon de vivre. Il n'y a pas trente-six mille façons de réussir ! Tant que vous n'aurez pas compris ça vous resterez en bas de l'échelle. Provoquer, taquiner, séduire et puis finalement finir dans le lit d'un bel apollon minutieusement sélectionner. Ben oui j'ai des critères plutôt élevés, qu'on ne me prenne pas pour une Marie couche toi la non plus ! Boire oui, je bois, effectivement. Et il arrive aussi que je sois bien déchirée, une fois j'ai même tellement bu que j'ai couché avec une fille et j'ai aimé ça. Si bien que j'ai recommencé ! Mais la plus part du temps j'arrive quand même à ne pas franchir la limite où je ne sais plus ce que je fais. Ne plus avoir aucun contrôle sur mon corps ou ce que je dis ça je ne supporte pas. Et c'est une des raisons du pourquoi je n'ai jamais pris de drogue et je n'en prendrai jamais. Il m'arrive de fumer mais jamais je ne me rabaisserai à me droguer en pensant que ça va résoudre mes soucis et me permettre de me détendre. Bref tout ça pour dire que ce fut l'année du dévergondage et je n'ai pas beaucoup changé niveau fiesta aujourd'hui.
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Dix-Huit ans. On pourrait croire que j'étais à une soirée et que j'avais encore ressentis le besoin de me trémousser, tout en élégance, sur une table mais non. En réalité je travaillais, en parallèle à mes études. Après tout vous ne croyez pas que j'ai fait toutes ses années de danse juste pour pouvoir raconter à tout le monde que je savais danser ? Non, je préférais largement le montrer à tout le monde et en plus de ça ça me permettait d'avoir un salaire, un bon salaire. Et oui c'est évident. Plus on est doué plus on est payé ! Bon bien sûr tous les boulots ont leurs inconvénients. Enfin pour ma part c'était quelque chose qui pouvait être un inconvénient ou un avantage. Beaucoup de mec draguent les danseuses. Alors parfois ils sont mignons et parfois... Je venais à peine de finir ma danse et je descendais de la table quand un mec s'approcha de moi. Je le regardais de la tête au pied non discrètement et ne retenais pas une grimace en remarquant qu'il avait bel et bien l’intention de me parler.
"Dîtes mademoiselle, je vous ai vu danser et franchement vous êtes vachement douée, vous habitez dans le coin ?" Au moins c'était direct mais pas doué. Et surtout il avait au moins dix ans de plus que moi, 40 kilos de plus, et ce n'était pas du muscle.
"Je vous arrête tout de suite. Allez plutôt chercher du réconfort dans les bras de femmes qui pourront vous prendre en pitié" Sur ce je passais à côté de lui, prenant soin de ne pas le toucher pour continuer ma route. Sauf que celle-ci fut barrée par le même homme quelques secondes plus tard. Je soupirais en levant les yeux au ciel et croisais les bras. Monsieur était susceptible ou simplement lourd ?
"Quoi encore ?" Oui mon ton de voix était absolument pas agréable et trahissait sans problème l'impatience qui avait tendance à monter facilement en moi.
"Vous n'êtes vraiment pas aimable, j'aimerais juste vous revoir" Pour n'avoir pas compris le message soit il était idiot soit il était... Idiot.
"Et moi j'aimerais aller perdre mon temps avec quelqu'un d'autre qu'une parodie de Patibulaire en manque d'affection." Espérons au moins qu'il est assez de référence pour comprendre que je l'insultais et qu'il devait dégager de mon passage.
"Tu te fous de moi ?!" On dirait que oui, dieu merci. J'haussais un sourcil. Alors comme ça on se tutoie maintenant ? En l'envoyant bouler si rudement j'avais oublié de prendre en compte un détail dans l'addition. Verbalement il était clair que j'étais bien au-dessus de lui mais physiquement je ne faisais clairement pas le poids, et ça il l'avait compris aussi. Je fis les gros yeux quand il m'attrapa le bras.
"Vous me faites mal lâchez moi !" "On fait moins la maligne maintenant ? Toi je ne sais pas mais tu vas voir moi je n’habite pas loin" C'était une blague la, une caméra cachée ! Je voulu défaire mon bras de son emprise mais je ne fis que me faire plus mal qu'autre chose. Je ne voulais pas partir avec lui non hors de question ! Essayant d'aller dans le sens inverse à lui malheureusement mes talons glissaient sur le sol. Je lui administrais une jolie claque avec élan dans la figure mais ça n'eut pas l'effet voulut. Au contraire il resserra son bras tout autour de moi histoire de coincer mes bras à moi. Pour mon plus grand bonheur l'enfer ne dura pas plus longtemps vu qu'un homme intervint et l'immobilisa. Je poussais un soupir de soulagement en me massant le poignet. Je ne savais pas s'il était flic ou simplement un homme bien mais dans tous les cas je lui devais une fière chandelle ! Il était plutôt craquant, bien plus que l'autre. Je l'ai remercié bien évidemment, ça n'est pas parce que je suis une garce que je n'ai aucune éducation. Depuis c'est un peu devenu un grand frère. Il est toujours la si j'ai besoin d'aide. C'est agréable de se sentir protégée. Il est probablement un des seuls sur qui je ne déverse pas ma colère même étant de mauvaise humeur. Puis de son côté il est aussi habitué à mon sale caractère, depuis le temps.
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"Dîtes moi que je rêve c'est pas vrai !" soufflais-je d'un air exaspéré
"Personne n'est foutu de faire les choses correctement ici !" Organisatrice d’événements, j'adorais ce boulot mais j'avais développé un côté perfectionniste qui fait que je détestais que les choses soient mal faites ! Et malheureusement les personnes avec qui je travaillais n'étaient pas toujours compétentes ! Ça n'était pourtant pas bien compliquer de suivre des instructions ! Mais non faut tout faire soit même ici, voilà pourquoi je passais derrière tout le monde une fois que tout était prêt. C'était un anniversaire surprise qui se déroulait demain, là on était le soir et tout le monde était rentré chez eux. J'allais chercher un escabeau et le traînais jusqu'en dessous des banderoles mal positionnées.
"Putain de bor... Comme si j'avais que ça à foutre à cette heure-ci !" "Tu sais qu'on t'entend pester depuis dehors ?" Je tournais la tête vers la voix féminine qui n'appartenait à nul autre qu'une de mes meilleures amies qui étaient venue me chercher étant donné que je n'étais pas venue en voiture
"C'est qu'une des fenêtres doit être mal fermée, encore une chose que je vais devoir vérifier !" Je descendis de l'escabeau en me frottant les mains
"Habituellement tu râles moins que ça quand tu bosses" Elle n'avait pas tort sur ce point. Je soupirais
"Je suis un peu à cran, je prépare mon déménagement" Elle haussa les sourcils
"Encore ? J'ai l'impression que tu déménages tous les mois !" J'haussais une épaule en souriant légèrement
"Que veux-tu... Je me lasse vite !" Je rangeais l'escabeau pour commencer à faire le tour des fenêtres et vérifier qu'elles étaient bien toutes fermées.
"Et tu vas où cette fois ?" Je me tournais vers elle après avoir vérifié la dernière fenêtre
"Siloam Springs, Arkansas, ça te dis quelque chose ?" Elle secoua la tête de gauche à droite
"Absolument rien" J'enfilais ma veste et faisait repasser mes cheveux au-dessus de celle-ci avant d'attraper mes clés et de passer à côté d'elle en me dirigeant vers la sortie
"Tu devrais venir avec moi, il parait qu'on ne s'ennuie jamais là-bas !" Je lui fis un clin d’œil, j'avais hâte de débarquer là-bas en tout cas !