La musique bat à pleine puissance. Elle fait vriller mes tympans et trembler mon cœur, ou du moins ce que je crois être un cœur. Elle m’emporte, me fait danser à son rythme auprès de personnes que je ne connais même pas et dont l’identité n’a aucune importance tant qu’ils continuent de me payer des verres de vodka.  Seule ce soir, j’en profite au maximum pour avaler tous les shooter qui me passent sous la main. Ces gars en manque d’amour se collent à moi le temps d’une dance, sauf un. Lui il ne veut pas me lâcher. C’est aussi lui qui m’offre le plus de consommations. Est-ce qu’il tente de me saouler ? Possible. J’en ai rien à foutre puisqu’avec tout ce que j’ai bu et tout ce qu’il me reste à boire, je ne suis pas prête de me rappeler de cette soirée à mon réveil.

Malheureusement, tout ça se termine un peu plus tôt que prévu. Pour une simple petite bagarre en plus … C’était sa faute à elle à cette garce ! Elle m’a tout de même poussée de la table sur laquelle j’étais montée pour prendre une douche de champagne selon mon initiative et a osée prétendre qu’elle n’avait pas fait exprès. Il ne m’en a pas fallu beaucoup plus pour lui coller une droite. Et comme elle a surenchérit, bah … Pas dur de comprendre comme ça s’est fini. Un videur est venu me chercher, je l’ai couché avec un coup de pied bien placé donc ses copains aussi ont du intervenir. Voilà comment je me suis retrouvée sur le trottoir de cette boite, assise contre le mur à savourer cette nuit délicieuse en mangeant une sucette à la morphine.


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Il s’est bien passé ce que je crois qu’il s’est passé ? Je n’arrive pas à y croire, on vient de me mettre à la porte de ma seconde maison … Tant pis. C’est vrai qu’il me suffirait d’ouvrir mon porte-monnaie pour inverser ma place avec l’autre cruche qui m’a cherchée des noises mais l’ambiance est déjà cassée alors pourquoi retourner à la charge ? Et puis ça me fait du bien de prendre l'air. Je commence à avoir le cerveau retourné. La preuve, mes pensées sont profondes et raisonnables. Profitons-en, ça n'arrive pas souvent !

Malgré l'air frais de la nuit, je suis toujours perdue dans un brouillard qui s'épaissit au fil des minutes. Sûrement à cause de cette sucette que j'ai volé. Efficace la morphine pour s'échapper du monde sans se faire prendre. C'est comme si je mangeais un véritable bonbon. Je plane tellement qu'il me faut quelques secondes avant de comprendre que je me suis fait suivre. « C’est une belle nuit tu ne trouves pas ? » me dit-il en me tendant un nouveau verre. Ma tête bascule d'un côté et un sourire enfantin s'accroche à mon visage alors que j'attrape cette énième boisson. « Ta un beau revers en tout cas bravo ! » ajoute-t-il en me regardant avec un doux sourire. J'incline la tête en signe de révérence et retire de ma main gauche la sucette que j'ai dans la bouche. « Merci, merci. » je lui réponds avec cet air de gamine de six ans. Je ris et bois une gorgée de vodka qui me brûle la gorge avant de remettre le bâton dans ma bouche. De ma main libre, je fouille dans ma poche et tend une sucette au Dom Juan de la soirée. « Tu en veux une ? » je lui demande en faisant des yeux de biches.  

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Mentalement, je dois avoir perdu quinze bonnes années de maturité. Oui, sept ans c’est un âge qui me convient plutôt bien en ce moment-même. Toutes ces petites gourmandises que je me permets d’engloutir me font redevenir une enfant, bien que je garde mon corps d’adulte. Ce corps qui ne laisse pas indifférent le jeune homme qui reste avec moi malgré mes divagations. J’observe ses nombreux tatouages, complètement fascinée. « Pourquoi pas oui ! » accepte-t-il en prenant la sucette que je lui tendais. Automatiquement, mon bras retombe mollement et mon sourire béat s’accentue. Quelle idiote je fais. « J’ai oublié la politesse ! Je m’appelle Matthew ! » se présente-t-il avant d’ajouter « Et toi ? » en se mordillant la lèvre inférieur. Sexy. J’aurais bien joué le jeu aussi mais c’est dur quand on se trouve à des années lumières de la terre. « Daenerys. Mais on m’appelle Dae pour faire plus court. » je lui réponds en fronçant le nez sans cesser de sourire. Ça y est, mes vieilles manies me reprennent.

Les effets de cette sucette sont immédiats malgré son goût étrange. À force, on s’habitue à la morphine. Sa taille réduit, encore et encore. Matthew finit par constater qu’il ne s’agit pas d’une sucrerie ordinaire. J’acquiesce vivement de la tête lorsqu’il découvre son parfum mystère. « C’est la première fois que j’en prend comme ça ! » s’exclame-t-il. Dans quelques minutes, il me rejoindra au Pays des Merveilles. « C’est cool hein ! Je les aie piquées à une infirmière qui vient ici pour les revendre. Elle va criser quand elle va s’en rendre compte ! » je glousse en agitant ma sucette avant de la remettre dans ma bouche.

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