tu m’as dit, il y a de la place dans LES étoiles.

les lumières n'éclairent qu'elle. dans son tutu aux couleurs pâles, elle retient son souffle, tandis que les premières notes retentissent, si fortes, si belles. et soudainement, les pas s’enchaînent, fugaces, ils ne touchent même pas le sol. elle brille, sous les néons, son corps vibre sous la pression. rien ne la retient de ce monde, seulement la musique, qui la rends à chaque pas plus vivante.

zoé-lou, elle aurait voulu naître dans une arabesque. faire de sa vie une scène perpétuelle. à la place, elle est née ce onze novembre, à monaco. « la princesse est née. » et le bonheur, radieux, de ce père, de ce roi, et la fatigue, de sa mère qui souffle encore. évidemment, l'annonce a été faite publiquement, et bien des gens sont venus pour voir ce visage, la nouvelle princesse.
lou, elle était la première fille du couple royal. elle était ce soleil, cette tête blonde rieuse. et plus les années passaient, plus lou ressemblait à sa mère. elle avait cette franchise, cette intérêt pour la nature. oui, zoé était immensément proche de sa génitrice. rien n'aurait du les séparer, rien.

malheureusement, la reine était une traîtresse du peuple monégasque. couchant avec le fils de la reine d'angleterre, elle envoyait des informations et des mots de passes à ce dernier, dans le but de ruiner monaco. cette histoire, la jolie blondinette n'avait que dix ans quand elle a du vivre l'abandon de sa mère, qui, n'a même pas jeté un regard pour elle lorsqu'elle a pris la fuite, bannie du pays.
le peuple était souillé, le roi était cocu. cela a bien fait le tour des journaux internationaux, rendant l'information publique, et les faits bien crus. finalement, zoé-lou, elle a détestée cette mère, elle aussi. du haut de ses dix ans, la haine qu'elle portait pour cette femme équivalait à celle de son peuple. comment avait-elle pu l'abandonner, sans même un mot, ni même un dernier baiser, comme ceux qu'elle lui prodiguait les soirs d'orages ? alors, lou a continué sa route seule.

lou, durant les mêmes années, elle a trouvée sa voie. la danse. écumant sa rage, son incompréhension, elle s'est tuée à danser, comme si plus rien ne comptait. parce que la vérité, c'est que plus rien du tout ne comptait. éloignée de son père, bien trop occupé à régner, elle s'est longtemps enfermée, loin de tout. et plus les années passaient, plus zoé devenaient la meilleure. à quatorze ans, elle remportait déjà le championnat junior de petit rat de l'opérat.
c'est aussi cette année là qu'elle rencontra adam. il était le fils d'un des jardiniers du château. ce jour là, lou n'oubliera jamais leurs rencontre. il avait treize ans, elle en avait douze. il se tenait à l'entrée de la salle où elle se cachait pour danser. les écouteurs dans les oreilles, elle virevoltait, sans jamais s'arrêter. « on dirait que tu vas t'envoler. »
ça l'a coupé net, à la jolie zoé.
elle s'est brutalement arrêté, ratant son pas de biche bien commencé. lentement, elle a retiré ses écouteurs, avant de voir le visage du fautif. « qu'est-ce que tu fais là ? » elle enrage. ce pas là est très important pour son prochain ballet. et puis comment un garçon peut-il s'intéresser à ce qu'elle fait ? comment un garçon peut-il oser lui parler ? étrangement ça lui fait peur. « j'ai vu une porte ouverte et je t'ai vu. tu es magnifique. » les joues de zoé, elles s'empourprent brutalement. « j-je... » elle bégae, et ça fait rire le garçon aux mains terreuses. d'ailleurs, il s'approche, et baisse un genoux, à terre, il attrape la main de la princesse. « adam, le fils du jardinier. » « zoé-lou, la... » « ballerine ? » un sourire étire ses lèvres, à ce brun effarouché. lou, elle est toute troublée. qui ose lui parler sur ce ton, désinvolte et intéressé ? qui est le dernier à avoir renier son titre de princesse ? « la ballerine. » et c'est le début d'une grande amitié.

tout les autres jours, adam est venu la voir. la voir danser, ne serait-ce que quelques minutes. durant quatre ans, ils se voyaient au même endroit. c'était leur rendez-vous secret, leur lieu magique. zoé, elle était devenue une jolie princesse, lui avait un emploi de garde royal, bien mieux payé que la misère dont il avait hérité auparavant. quand ils se croisaient en dehors, ils se souriaient, sans pour autant attirer l'attention. pas de mots, pas de signes, juste un sourire, sourire qui voulait tout dire. au fil des années, ils sont devenus des amis, malgré leurs mondes, malgré l'échelle sociale, elle était la princesse, il était son chevalier. c'était comme ça, entre adam et zoé. quelque chose de caché, d'interdit.

et puis, un soir d'automne, alors qu'ils devaient se retrouver, lou, elle n'était ni en tutu, ni même coiffée. lou, elle avait ce sourire malin, qu'adam ne lui connaissait que trop bien. « adam, fais moi sortir. je t'en supplie. » il secoue la tête.  « princesse, je suis censé être de garde devant les portes, et je déroge à mon job pour toi, tu le sais ? » princesse baisse les yeux, et s'approche de plus en plus de lui.  « juste ce soir. » ses prunelles bleus s'ancrent dans les siennes, et il est incapable de dire non.  « juste ce soir. » et dans la nuit noire, ils filent, main dans la main. sous les lampadaires, elle danse, ivre de joie. et il la suit, la tenant d'une main pour la faire tourner, l'attirer à lui. cette nuit là, ils ne se doutaient de rien. ni des doigts entremêlés, ni des souffles coupés, et de leur cœurs qui battent. non, vraiment rien. et lorsque la fête est finie, lorsqu'ils ont arpentés les rues et remontés en douce dans le château, elle dépose un baiser sur sa joue. « bonne nuit, prince adam. » son cœur bat plus fort. « bonne nuit, princesse lou. »
et le lendemain, elle s'envolait à berlin, pour décrocher un nouveau prix, qui redorerait, cette fois, l'image de monaco.

à nouveaux, les années s'écoulèrent. la jolie weiss était préparée à devenir une descendante exemplaire, une ballerine de haut niveaux, tandis qu'adam avait ce poste de garde royal, très côté. leurs rencontres se faisaient plus rares, mais quand ils se retrouvaient, l'émotion était si forte. ils se planquaient dans les buissons de la roseraie, il la faisait voler, tournoyer. parfois, lou, elle lui apprenait des pas simples, et ça lui faisait rire. tout était tellement simple pour elle, alors que lui, il voyait son art, sa danse comme la huitième merveille du monde. et de plus en plus, à chaque entrevues, c'était les sentiments qui s'emmêlaient, sans jamais réussir à discerner quoi que ce soit. l'on dit souvent que de l'amitié à l'amour il n'y a qu'un pas. zoé et adam, on ne savait même plus où ils étaient.

« zoé-lou, c'est ce soir ! je suis tellement, tellement fière de toi. » ana hurle dans le combiné. elle sourit, exaspérée par sa meilleure amie, qu'elle connaît depuis dix ans déjà. « ana, c'est qu'une énième compétition. » elle souffle, mais elle même sait que c'est plus important que ça.
c'est la compétition internationale qui se déroule à moscou. « fais pas ta modeste chérie, tu sais mieux que moi ce que c'est. toute ta vie tu as répété pour ce moment ! d'ailleurs, ton preux chevalier est là ? » la dernière phrase la fait déchanter. non, adam n'est pas venu. elle a bien cherché, aucune trace de son ami dans les parages. ça lui serre le cœur mais elle ne dit rien. « adam ? oh, non. il passera sûrement plus tard. » lou elle tente de se rassurer, mais elle se doute qu'il y a quelque chose.
zoé, elle aurait aimé que sa mère soit là. à la place c'est un père froid qui se tient au devant de la scène, accompagné de dirigeants politiques, de leurs femmes, leurs enfants. « bon mon amour, je te laisse. défonce tout. » et elle raccroche, ana. te laissant monter seule sur scène.
et, miracle. au moment où la musique démarre, les portes s'ouvrent en grand. adam. ton regard croise le sien, et tu danses. tu danses, te laisse emporter.
jusqu'à ce que brutalement tu t'écroules.

fracture grave de la cheville droite, léger traumatisme crânien. zoé, tu rages et enrages. tes rêves de ballerines sont parties en fumées. et la honte, la pitié collée à ton image, sur les magazines et les programmes télés. une étoile de la danse s'écroule en pleine scène. il y a les rumeurs, aussi. tout ça, t'as eu du mal à supporter.
c'est vrai, t'as tentée de sauter de ta fenêtre. heureusement, y'avait adam pour te rattraper. il était toujours là, toujours là pour toi cet idiot. mais le pire, c'est que tu lui en veux.
tu lui en veux de cette chute, qu'il n'a pas causé. toute cette rage, c'est lui qui l'endure. et toi même, tu ne sais pas pourquoi.
alors tu t'es exilée à siloam spring, incapable de vivre ce cauchemar. mais évidemment, qui est chargé de jouer la nounou pour madame la princesse ? adam et une dizaine de gardes royaux.
welcome to siloam springs, little ballerina.