C’était un vingt-quatre novembre. Fils unique de Marci Klein, elle-même fille unique de l’illustre Calvin Klein, un créateur de mode très connu. Quand j’ai ouvert les yeux pour la première fois, la vie promettait d’être heureuse. Ma mère m’avait serré avec tendresse contre son cœur. Mon père avait serré la main au médecin, fier que je sois un garçon. Mes parents ont longtemps débattu pour savoir quel nom de famille je garderai. Il s’est avéré que ce soit Klein. Ça compliquait moins les choses pour l’héritage. J’ai grandit dans une immense maison, au cœur de la ville la plus animée du monde. Gosse de riche, j’avais tout ce que je voulais en claquant des doigts. C’était la belle vie. Petit déjà, j’adorais montrer aux autres que j’avais un petit quelque chose que eux n’avait pas. J’étais beau, bien habillé, riche … tout pour plaire quoi.
Et puis il y a eu l’adolescence. Je passe vite les détails de mon enfance, il n’y a rien de très intéressant à raconter. L’adolescence donc. J’étais le pire des adolescents que j’ai jamais rencontré. Chieur en cours, mais intouchable de par mon statut social, j’m’amusais bien à faire chier les prof et mes camarades. Les filles étaient toutes folles de moi. Je me souviens d’une fillette, aux grosses lunettes, boutonneuse et appareil dentaire. Elle s’est approché, m’a regardé. Et devant tout le monde, cette idiote m’a dit : « Je t’aime, Aedan. ». J’avais haussé un sourcil et l’avait observé de haut en bas. « T’es sérieuse ? T’as vu ta tête ? T’a vraiment cru que j’allais sortir avec … ça ? »
Elle a eut l’air et a un peu pleuré je crois. Je m’en fichais de toute façon.

« T’es vraiment qu’un pauvre con ! » Et oui. Une énième conquête qui me crachait ces mots à la gueule. Clope au bec, jean à moitié descendu et les cheveux en bataille, j’écoutais passivement. De toute façon, elle allait hurler un bon coup et disparaître de ma vie, comme toutes les autres. Alors je laissais faire. « Alors c’est « ça », le fameux fils Klein ?! » Mon sourire s’agrandissait. « Tu m’as dis que tu m’aimais Aedan ! ça compte si peu pour toi ?! » J’ancrai mon regard dans le sien, la regardant au bord de la crise de larmes. C’était une femme, plutôt jolie. Comme toutes les autres. J’avais profité de ses formes, profité de son cœur construit en guimauve, avant de la jeter comme une chaussette sale. Je marchais comme ça. J’étais comme ça. Un « salaud » comme elles disaient toutes. La demoiselle rassemblait ses affaires, les larmes perlant à présent sur ses joues. « Bordel mais dis quelque chose ! » alors j’avais ôté la clope de ma bouche et j’avais dit, souriant comme un ange : « Penses à acheter chez Calvin Klein. Ce serait toujours mieux que les fringues que tu portes. »

Ouais, j’étais un vrai connard. Un séducteur. Un arnaqueur. Un arna-cœur. J’ai décidé de vivre dans un trou paumé. Là où j’pouvais sortir, sans forcément être pris d’assaut par les paparazzis. Pas que les sourires, les cris des fans, les flashs etc me gênaient. Mais bon … bon ok. Ma mère m’a forcé à venir vivre ici, à Siloam Springs. Pourquoi ? Ben si tu sais, viens me le dire, hein. J’espère au moins qu’il y a des jolies filles ici.