i don't wanna miss a thing

Les enfants s’en vont tous en criant et en riant. Je souris en voyant Mauve s’occuper du plus petit. Je me rassois à la table, attends qu’elle revienne. « Dis donc, je te savais pas si maternelle. » Je souris, me moquant un peu à vrai dire. Mon ventre gargouille, mais je n’ai pourtant pas faim. Disons que je n’aime pas spécialement les macdo’. J’y allais, quand j’étais gosse. Mais ça s’arrête là. Je gratte ma barbe naissante, la faisant crisser sous la pulpe de mes doigts. Bon … Et maintenant ? Tranquilles, certes, mais nous n’avons plus rien à nous dire, hm ? Je n’aime pas ces moments de blanc, où on ne sait pas quoi dire, quoi faire. Je regarde Mauve. Est-ce qu’une fille comme elle pourrait tomber amoureux d’un type comme moi ? Et est-ce que moi, je suis vraiment amoureux d’elle ? Je pense que ma réaction de tout à l’heure prouve que oui. Ou alors je ne suis qu’un gamin capricieux : je n’aime pas qu’on touche à ce qui m’appartient. Et là, en l’occurrence, je considère Mauve comme mienne. « Dis moi Mauve … t’as un copain ? » Je baisse les yeux. Merde, mais pourquoi je lui ai demandé ça moi ?

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Alors que je me rassois, jetant de temps à autre des regards vers les enfants qui jouent, Aedan me dit « Dis donc, je te savais pas si maternelle. » C'est vrai que j'ai une certaine tendance à surprotéger ces enfants. Peut-être parce que je les croise depuis six mois maintenant, et que le petit dernier s'est attachée à moi comme si j'étais sa mère. De toute ma vie, je n'ai jamais vraiment songé à avoir une "vraie vie". Un boulot stable, un petit copain, des études, un avenir. Alors que chez certains tout est tracé, le mien est résolument incertain. Ou il mène tout simplement à ma perte. C'est vrai, qui s'en sort avec des vols à l'arrache et des cafés à préparer ? Personne. Ou du moins, personne ici. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je n'ai pas envie qu'il sache à qui ils appartiennent, ni où je vais pour les récupérer, à l'Armée du Salut. Ce serait tout de suite moins charmant. Puis il reprends la parole après un silence quelque peu pesant. « Dis moi Mauve … t’as un copain ?. » Je lève les yeux vers lui, pour y déceler une quelconque forme d'humour où quoi que ce soit, mais il a l'air très sérieux. Un peu désarçonnée par la question, je ne sais pas si je dois rire ou pas. « Mh, si tu parles d'un ami très proche, oui, j'ai un super copain. » Je souris avant de reprendre. « Mais si tu parles d'un petit ami, non. Je me contente des gens de passage. » Des coups d'un soir. Comme il l'a été et comme il ne l'est plus vraiment dans ma tête.

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Je hoche la tête. Au moins ça a le mérite d’être clair : « je ne m’attacherai pas, connard. » Je me demande si ce n’est pas mieux comme ça, car si nous étions tous les deux à tomber dans ce piège horrible. Je souris « ouais, je vois c’que tu veux dire. ». En même temps, je fonctionne de la même manière alors … alors oui, je vois. Je regarde à droite et à gauche. Puis je désigne le sandwich de Mauve. « Tu manges pas ? T’avais super faim tout à l’heure … » oui, il y a des sujets mille fois plus intéressants. Mais honnêtement, là, je sèche un peu. « Tu as quelque chose de prévu pour ce soir ? » je lui souris avec douceur. Parce que j’aimerais carrément passer cette soirée avec toi, même si on reste chez moi ou chez toi, comme des vieux, même si on est juste sur un banc. Ou même si on fait du saut à l’élastique putain. J’ai juste envie d’être avec toi. J’attrape sa main sur la table dans un geste tendre et trop sentimental. Ce que j’ai fuis toute ma vie m’a rattrapé. Et même emprisonné.

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J'avais parlé d'une manière légèrement détaché. Peut-être un peu trop. Je lui jetais un coup d'œil, pour voir si ça ne l'avait pas blessé ou quoi que ce soit. Non, ça ne pouvait pas le blesser évidemment. Il faisait pareil que moi, enchaînant les corps sur les corps sans ce soucier des sentiments. N'était-ce pas le principe simple de ce qu'étais une vie sans sentiments ? « ouais, je vois c’que tu veux dire. » je ne voulais pas insister sur ce point : non, je n'avais personne, et c'était sûrement mieux pour tout le monde n'est-ce pas ? « Tu manges pas ? T’avais super faim tout à l’heure … » Je souris tandis qu'il regarde mon hamburger. C'est vrai que j'avais faim, mais l'appétit passe vite. Néanmoins, je prends l'hamburger et lui tends, grignotant toujours quelques frites. « Si tu le mange en entier, c'est toi que je croquerai ensuite. » Je fais mine de claquer des dents pour paraître sauvage, tandis qu'il pose sa main sur la mienne, non pas dans un geste brutal mais absolument tout doux. Je peux pas m'empêcher de sourire face à sa geste. « Tu as quelque chose de prévu pour ce soir ? » Je réfléchis très rapidement à sa question. Non, ce soir il n'y a pas de réunion ou je ne bosse pas de nuit. Je fais de plus en plus attention à ça à cause de notre dernière discution avec Samuel. J'ai bien vu que de manquer tout ça n'était pas anodin et qu'il prenait vraiment out ça au sérieux. « Normalement non, mais si tu ouvres la bouche après, il se pourrait que oui. » Puis je trempe mon doigt dans un peu de ketchup et l'applique lentement sur le visage d'Aedan, formant un cœur sur sa joue. « Désolé, c'était trop tentant ! et puis il te va bien ce cœur. » Je souris tandis que son autre main est toujours sur la mienne.

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Je regarde l’hamburger tendu. Je réprime une grimace, la transforme en un adorable sourire. Ah ouais, elle me croquerait ? J’attrape le hamburger, un peu à contrecœur. Mais pour elle, ouais pour elle, je boufferai ce truc industriel et plein d’OGM. Quoi ? Mais non, ne croyez pas que je suis un « locavore » ou je n’sais quoi d’autre de bizarre. Non, j’aime juste pas du tout macdo’. Voilà tout. Bref. Je n’ai même pas le temps de lui proposer quoi que ce soit qu’elle devine mes intentions et je claque ma langue contre mon palais. Cette fille me rend fou. Dans tous les sens du terme ! La jolie rousse approche un doigt plein de ketchup de ma joue et y dessine un cœur. Je grimace. « Beurk … » Mais elle sourit. Elle s’amuse, je crois. « Tss, tu vas me le payer. » je fais mine d’être vexé. « J’allais te proposer d’aller au cinéma avec le plus craquant des garçons … ! » Je mords dans le hamburger, jetant un regard vers les enfants qui jouent encore. « ça te tente d’aller voir Sinister ? C’est un film d’horreur. » autant prévenir. Je souris. « ça ressemble à une technique de drague foireuse. »

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Je lèche mon doigt encore pleins de ketchup tandis qu'Aedan fais une grimace, sûrement peu habitué à avoir droit à du ketchup en guise de soin du visage. « Beurk … » Moi je souris. Plutôt bêtement, mais je souris. « Tss, tu vas me le payer. » Lui payer ? Je roule des yeux d'un air toujours aussi amusé. « Comment ça ? » Oui je m'amuse avec lui, et j'en profite. Car, qui sait, si demain une autre ne sera pas dans ses bras comme je serai dans les bras d'un autre ? La vie nous arrache le cœur comme les gens. Mais quelque chose me rattache bizarrement à lui. « J’allais te proposer d’aller au cinéma avec le plus craquant des garçons … ! » Mon sourire ne veut pas me quitter. Le plus charmant des garçons. Sur ce point là, il ne ment pas. Comment pourrait-il mentir avec son physique ? Il est beau personne ne pourrait le démentir. Il est même beau lorsqu'il mange mon hamburger. « ça te tente d’aller voir Sinister ? C’est un film d’horreur. » Un film d'horreur ? Pourquoi pas, après tout, il me semble que ça fait une éternité que je ne me suis pas assise dans une de ces salles sombres du cinéma tout en grignotant des popcorns. « ça ressemble à une technique de drague foireuse. » Je pouffe de rire. « J'aime bien ta technique de drague foireuse moi. » Je me rapproche de lui alors qu'une part de moi gueule de courir, que je vais tomber de haut. Je mets cette voix en sourdine. « Va pour Sinister ! Et si j'ai peur, je te prendrai la main, comme les adolescents. » Ou plutôt comme un couple d'adolescents.

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Elle aime bien ma technique de drague foireuse. C’est cool alors, non ? Je regarde son sourire amusé qui se promène sur ses lèvres. J’aime tellement la voir sourire. En fait, je pourrais rester là, assis sur ce banc de macdo’, à la regarder sourire pendant des heures. Elle se rapproche de moi, accepte ma proposition. À mon tour de sourire comme un enfant. Je l’attrape par la taille, posant le hamburger sur le plateau. Mon regard pétille, j’ai tellement envie de l’embrasser. Je caresse doucement sa joue d’une main, puis sourit. « C’est cool alors. J’ai hâte que tu m’tiennes la main, comme une ado. » Et je lui dépose un baiser sur la joue. J’ai toujours le « cœur de ketchup » sur la mienne. Putain, je déteste les macdo’. Mais qu’est-ce que je l’aime.
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J'apprécie cette proximité que je ne connaissais pas avant. A vrai dire, j'ai toujours été entouré d'hommes, mais ils me considéraient plus comme un jouet, une gamine à culbuter qu'autre chose. Même si le début de notre relation se basait sur ça, j'ai l'impression que quelque chose a changé. Quelque chose a changé depuis ce fameux baiser, en juillet. Un truc qui m'empêche parfois de réfléchir correctement, d'espérer le voir dans la rue, ou encore d'apprécier ses baisers plus qu'un simple contact. « C’est cool alors. J’ai hâte que tu m’tiennes la main, comme une ado. » Il pose son hamburger et m'attrape par la taille, m'embrassant sur la joue. Ce geste qui semble affectif me ferait presque frissonner, m'emporterait bien loin si je n'étais pas quelqu'un de très terre à terre. Je lui lance un sourire avant de jeter un regarde furtif aux enfants qui jouent encore. Je me rappelle que la dernière fois, Hanna m'avait dit qu'elle avait avoué au garçon qu'elle l'aimait. Serais-je capable de faire de même ? Je ne suis même pas sûre de ce que je ressens. C'est bien trop flou. Pourtant, j'ai maintes fois imaginer le jour où je lui dirai. Sauf que c'est impossible. « J'ai hâte aussi. Mais avant... » Je m'empare de son hamburger et croque dedans sous ses yeux, en souriant. Je lui avais dit qu'il ne le finirait pas.

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La rouquine attrape mon hamburger et croque dedans. Je la laisse faire volontiers, de toute façon, je n’aime pas ça. Pas vraiment du moins. J’arbore un sourire amusé. Je ne sais pas sur quel pied danser avec cette fille. Je crois comprendre ce que ressentais la moitié de mes conquêtes : ce sentiment bien trop exquis pour le laisser fuir, cette sensation de béatitude, ce regard qui vous perds, qui vous noie, qui vous raccroche. Je ne sais pas. J’aimerais me laisser aller. Ne pas avoir été conditionné comme une machine à séduire. J’aimerais m’échapper avec elle. M’échapper loin, l’emmener faire le tour du monde, la voir rire aux éclats. J’aimerais aussi qu’elle me raconte sa vie. Qu’elle me parle d’elle, de tout ce qui a fait qu’aujourd’hui, elle est là, avec moi, mangeant un hamburger. « C’est ça, mange-le et prends du gras ! » J’attrape avec douceur la peau de sa taille que je pince légèrement. Je fais une grimace. « Mouais, ça te ferais pas de mal remarque … ».
Ne jamais plaisanter avec le poids des dames. Je l’ai appris à mes dépends. Mais je ne pense pas que Mauve soit une chieuse. Enfin si, mais pas à ce point !
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Je mange sous son regard amusé. L'appétit m'est revenu. D'ailleurs, on dit souvent qu'il vient en mangeant, je ne sais pas pourquoi, mais je suis affamée maintenant. Alors que je croque à nouveau dedans, il prends la parole. « C’est ça, mange-le et prends du gras ! » J'avale et prends un air faussement offusqué, trahi par mes yeux tandis qu'il me pince la peau du ventre. Puis il constate, avec une grimace. « Mouais, ça te ferais pas de mal remarque … » Et il a raison. J'ai une certaine tendance à sauter quelques repas important de la journée, plus par économie que par manque de temps. Sans compter que je cours, saute, grimpe et monte quatres bons étages chaque jour, alors je me dépense plus que je ne mange, mais je ne me plains pas. Ce rythme de vie, ou plutôt de survie, est vite devenu une habitude. « Mh, n'essaie pas de juger mon corps parfait, tu fais pas le poids. » Je dis ça avec un demi sourire, et comme pour accentuer mes paroles, je tape sur mon ventre plat de ma main. « Tu sais que les mannequins s'arracheraient mon corps, quand même ? » Et qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour ce corps, bon sang... Mais en attendant, je profite de l'hamburger que certaines seraient offusquée de me voir avaler avec tant d'appétit.

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Elle empiète sur mon terrain là ! Le pro du mannequinat, c’est moi ici. Je souris grandement, laissant ma main sur sa hanche. C’est fou, j’ai l’impression qu’elle pourrait s’envoler en un seul coup de vent, qu’elle pourrait disparaître, du jour au lendemain. Et que si ça venait à arriver, cette fille m’aurait changé. Pensif, je caresse doucement son flanc, oubliant l’espace d’un instant tous ces gens autour de nous, les mômes jouant dehors, oubliant même que je déteste cet endroit. Est-ce que je vais me décider ? L’attraper dans mes bras, la serrer aussi fort que possible, lui hurler que je l’aime comme un taré ? Je ne sais pas. Peut-être que j’attends de voir si elle disparaît de ma vie. Peut-être que j’attends qu’elle fasse le premier pas. Réfléchis deux secondes mec, elle ne t’aime peut-être pas ! Je soupire un peu, avant de la regarder à nouveau. Pourquoi est-ce qu’il faut que se soit-elle ? Nous n’avons presque rien en commun. Vraiment ! Même si je ne connais pas son passé, que je ne sais pas exactement qui elle est réellement. Je suis tombé amoureux d’une inconnue. Sur cette pensée, j’ôte le hamburger des mains de la petite rousse. J’attrape son menton entre deux doigts, et je l’embrasse, jusqu’à oublier ma propre existence.
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