If this ain't love then how do we get out?

 

Je n’ai pas perdu de temps après nos retrouvailles pour demander un rendez-vous à Olivia. Elle n’avait pas voulu parler sérieusement là-bas, sans doute de peur qu’il y ait des regards indiscrets. Elle-même avait proposé que l’on se rencontre ailleurs et j’avais cédé à sa demande, me promettant de la revoir le plus rapidement possible.
Soit quarante-huit heures plus tard, ou peut-être un peu moins. Je n’ai pas calculé jusqu’à là. J’ai réussi à obtenir son numéro, et après des négociations interminables pour trouver un lieu neutre pour ce fameux rendez-vous, j’ai accepté de l’accompagner dans un café. Je ne suis pas stupide, j’ai rapidement deviné qu’elle ne voulait pas être seule avec moi. Après tout, la paix n’a aucunement été faite dans cette histoire. Je veux de véritables explications, pourquoi elle a osé me faire ça. Je suis furieux contre elle, et je crève d’envie de me venger mais il en reste que j’ai signé les papiers du divorce uniquement par obligation. Il fallait que je le fasse, sinon ils ne m’auraient jamais laissé sortir. Des vieux souvenirs reviennent à la surface alors que je ferme les yeux quelques secondes, profitant des derniers moments sous l’eau chaude alors que les gouttes fines viennent frapper sur ma peau. Cette fameuse journée. Comme j’étais en colère, même aujourd’hui c’est tout à fait clair dans mon esprit. À l’aveuglette, je tourne les robinets de la douche et coupe l’eau. La buée est omniprésente dans la salle de bain. J’attrape ma serviette et sors en vitesse, respirant un bon coup au contact de l’air frais. Sans aucune pudeur, je commence à me sécher, observant mes textos en épongeant mes cheveux. Je vérifie une nouvelle fois l’adresse du café que mon ex-femme a choisi, et même si j’aurais préféré une rencontre plus personnelle, je suppose que je ne peux pas vraiment me plaindre.

Je me dirige vers ma chambre, et choisis au hasard une chemise et un pantalon clean, histoire de passer inaperçu. Je me sèche les cheveux – geste qui me rappelle que je devrais éventuellement les couper – et taille un peu ma barbe, puis lorsque je trouve mon look assez satisfaisant, je me regarde une dernière fois dans le miroir puis quitte la chambre. Je regarde l’heure et constate qu’il me reste encore un moment à tourner en rond. Je regarde mon téléphone pour la énième fois de la journée, et sans surprise je n’ai aucun message texte. Je soupire et finalement me dis que je peux aussi aller l’attendre là-bas, être aux premières loges pour constater si elle va se défiler ou pas. Je vais chercher les clés de ma Audi et bien rapidement, je fais démarrer le moteur et suis en route vers le café où Olivia et moi avons rendez-vous. En y repensant, je trouve ça curieux. Ce ne seront pas nos premières retrouvailles, mais ce sera tout comme. Après sept ans sans la voir, finalement je vais avoir droit à mes explications. Je sais bien que je l’aimais affreusement mal mais au final je l’aimais tout de même à ma façon.
Je gare la voiture sans encombre. Le petit restaurant est presque vide à cette heure-ci. J’entre et la petite sonnette tinte à l’entrée. Je la cherche des yeux et bien entendu elle n’est pas là. J’explique à l’hôtesse que j’attends quelqu’un, et après un hochement de tête affirmatif, elle me guide à une table près de la fenêtre. Elle va être contente, elle a même une banquette! Je m’assois face à un banc en cuir rouge et regarde dehors. Bientôt, je reconnais une silhouette familière qui sort d’une voiture. Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je reconnais Olivia. Je guette son arrivée et fixe la porte avec impatience jusqu’à la voir finalement traverser le seuil.

Je lui fais un signe de la main pour lui montrer d’approcher. Finalement, lorsqu’elle est assez près, je prends la parole. « Pour être honnête, j’ai cru que tu ne viendrais pas. Assieds-toi, je t’en prie. » Je lui montre la banquette et l’observe alors qu’elle s’assoit. « Je voulais commander pour toi, mais en sept ans je me suis dit que tes goûts avaient changé. » J’utilise un ton légèrement sarcastique, j’ai envie de la provoquer un peu. Même si je me suis promis de rester calme, je hausse légèrement le ton. « Il y en a eu combien, au juste? Pendant combien de temps tu m’as menti, Olivia? »

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Je la regarde alors qu’elle commande, ne me préoccupant pas de la serveuse. Je m’attarde à son sac un instant et je retiens un léger sourire en voyant qu’elle l’a gardé. Un parmi tant d’autres. J’ai dépensé des fortunes pour elle en cadeaux au fil des années, et j’ai compris en la fréquentant que l’argent n’achetait pas tout. Finalement, la jeune fille armée de son calepin me regarde, attendant que je passe ma commande. Je ne quitte pourtant pas Olivia des yeux et sans adresser un regard à la serveuse, je me mets à parler. « Un café noir pour moi et la même chose que mademoiselle. » J’attends que l’autre disparaisse. C’est long. Finalement elle termine d’écrire et s’en va, me laissant seul avec Olivia. Finalement, après tout ce temps, je vais avoir des réponses. Je n’attendais que ça. Je lui pose ma question, parlant un peu fort, et elle me répond presque aussitôt. Mon visage se crispe, puis se détend. Pour tout dire, je n’en crois pas un mot. Mes traits s’adoucissent quand je la vois pianoter nerveusement sur la table, nouant et dénouant ses doigts. Naïvement, je me demande pourquoi elle est tendue. Je peux très bien répondre tout seul à la question et décide de ne pas le lui demander, et je me concentre sur ses explications à la place.

Les souvenirs me reviennent en tête et je peux très clairement me repasser les évènements même s’ils ont eu lieu il y a déjà sept ans. Elle me mentionne ce que je sais déjà. Oui, j’étais parti plus longtemps qu’à l’habitude, mais à cette époque je partais tout le temps. Je reste muet, la regardant baisser les yeux. Je sais qu’elle va me faire des reproches, je n’étais pas exactement le mari modèle disparaissant fréquemment pour « affaires ». J’aurais cru qu’elle comprendrait pourtant, étant un ami de son père. Lorsqu’elle se remet à parler, je l’entends hésiter. Elle mentionne le nom de son amant et je grimace légèrement. J’aurais dû le tuer sans hésiter. Encore aujourd’hui je ne regrette absolument rien. Elle de son côté insiste qu’elle allait mettre fin à la relation, mais je n’en crois pas un mot. Elle était encore à moitié-nue, au lit avec lui lorsqu’elle m’a parlé de divorce.
La serveuse arrive et Olivia se tait. Je regarde l’adolescente qui dépose les plats sur la table et la remercie poliment avant de me tourner vers mon ex. J’attends la suite. Et la vérité tombe, elle avait peur. Pendant tout ce temps-là en dedans, je n’ai eu droit à aucune explication, et encore moins de nouvelles. En théorie, je ne devrais pas être devant elle légalement. Et tout ça parce qu’elle avait la trouille. Ma femme n’était même pas capable de me faire face. Je la regarde sévèrement, puis une nouvelle fois je me répète de garder mon calme. Mon visage s’adoucit, mon regard cherche le sien mais elle picore dans son assiette, n’osant même pas me regarder en face. Je regarde mon plat d’un air désintéressé, puis du bout des doigts, j’effleure son menton pour lui relever la tête.

Nos regards se croisent et je fronce les sourcils, l’air interrogateur. « Peur? Livia, tu sais bien que je ne te ferais jamais de mal, pourtant. » Ce n’est pas tout à fait vrai, mais je garde un air innocent. Je lui souris tendrement, mais je serais bien stupide de croire que d’un seul sourire je peux effacer les coups portés. Ma main se pose sur la table et je pioche à mon tour dans mon assiette. « Me prends pas pour un con, ma chérie. J’ai horreur que tu fasses ça. Tu as demandé le divorce sans même prendre la peine de t’habiller avant, tu ne te souviens pas? » Mon regard s’assombrit. Je guette la moindre de ses réactions, puis continue. Je bouillonne. « Tu sais, moi je m’en rappelle comme si c’était hier. » Je regarde la jeune femme devant moi, toute la tendresse s’est dissipée, laissant place à une immense déception mêlée à beaucoup de colère. Surtout de la colère, en fait. « À quoi t’as pensé, bordel? Qu’est-ce que je t’ai pas donné, que cet idiot avait de plus que moi? » Je tente de ne pas parler trop fort et mon teint vire au rouge. Mes mains tremblent, et je prends une gorgée de café brûlant pour ne pas exploser. Je fixe Olivia, attendant je-ne-sais quoi.

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Je prends une grande respiration alors qu’elle me répète une nouvelle fois qu’elle ne sait pas ce qui s’est passé. Elle ne sait pas, ou n’ose pas le dire? Je regarde la jolie blonde devant moi et j’essaie de comprendre ce qui lui est passé par la tête, ce jour-là. Je me suis posé la question mille fois déjà, au moins. Je suis toujours furieux et tente de me contenir alors qu’elle picore dans son assiette et laisse tomber sa fourchette. Finalement, elle me regarde dans les yeux et pendant que je l’écoute me parler, je réalise qu’elle est toujours aussi dépendante et ça me calme, étrangement, de savoir que j’ai toujours une légère emprise sur elle. Elle culpabilise, ne se défend même pas et semble même regretter son geste. C’est surtout cette partie qui m’intéresse, pour être franc.
Elle prend sa fourchette et se met à picorer dans son assiette, et je fais de même, mastiquant sans grand intérêt mon repas. Je regarde la jeune femme et lui adresse un sourire joueur. « Eh bien, je suppose que dans ce cas on peut repartir à neuf, pas vrai? » Je la regarde avec un petit air de défi. Je pioche dans mon assiette et après avoir mangé ma bouchée, je prends ma serviette de table et m’essuie les lèvres avant de déposer la serviette et me racler la gorge. Je pose ma main sur la sienne et la regarde un peu malicieusement.

« Alors pour commencer, j’aimerais que tu remettes ton alliance. Cette bague m’a coûté une fortune, la moindre des choses serait que tu la portes, non? » Je lui souris, et du pouce, je caresse la paume de sa main. En dehors des engueulades, des absences et des coups, ça aurait très bien pu fonctionner. Ma main lâche la sienne et je me remets à manger, tout naturellement, l’observant avec intérêt. « À moins bien sûr que ça te cause un problème et que tu ne m’aimes plus, bien entendu. » Mon ton est légèrement cynique et alors que je lui parle, nos regards se croisent et je lui adresse un léger sourire.

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Sa réaction est encore meilleure que ce que j’aurais cru et pour être honnête, à l’intérieur je jubile présentement. Je regarde les yeux verts d’Olivia qui pétillent, et pendant un instant je me sens presque coupable d’agir comme ça avec elle. Elle me dit qu’elle va la remettre en rentrant et mon sourire ne fait que s’élargir un peu plus. J’ai presque eu peur pendant un instant qu’elle m’annonce qu’elle s’en était débarrassée et j’ai maintenant la confirmation que malgré tout ce qui s’est passé, elle a tout gardé. Je la regarde qui mange tranquillement et qui semble soudainement plus à l’aise, et je ne peux m’empêcher de penser à ce que son père va dire de tout ça. Je ne dis pas un mot et Olivia reprend la parole. Tandis que je l’écoute parler, j’ai l’impression de me retrouver il y a des années de ça, alors qu’elle n’était que la jeune fille à la table avec ses parents. Tout aussi naïve et sensible, en fait elle n’a pas changé avec les années.
Je la vois porter sa tasse à ses lèvres, et son regard croise le mien. Il est vrai que j’ai été une ordure avec elle, que ce pourrait être ma chance de me faire pardonner. Seulement je ne peux pas effacer de ma mémoire ce qui s’est déjà passé et les souvenirs d’Olivia dans notre lit avec l’autre m’empêchent de ne voir que le positif de la situation. Et si elle venait à recommencer?

Je préfère ne pas l’envisager, mais il y a toujours bien des chances, non? Elle l’a fait une fois, pourquoi pas encore? Je suis tiré de mes suppositions pas une question de sa part, et je ne peux que pouffer de rire. Elle veut des nouvelles, après tout ce qui s’est passé. Je regarde la nappe sur la table puis prends une gorgée de café. Je prends mon temps avant de répondre. Est-ce que je lui parle seulement du bar? Dois-je lui mentionner que pas plus tard qu’hier, je discutais avec son père pour déporter des armes en Israël? Elle serait sans doute furieuse d’apprendre que son paternel n’a jamais coupé le contact. « Oh, tu sais, je m’adapte aux nouveautés. Je ne pensais pas rester ici bien longtemps, mais j’ai changé d’avis. C’est discret ici, ça va changer de New York. » Je juge que finalement, elle n’a pas besoin de savoir pour le bordel, pour le bar de danseuses, et encore moins pour son père. Elle doit bien se douter de quelque chose, depuis nos retrouvailles à cette fête qui a mal viré, mais ça ne sert à rien de tout lui dévoiler maintenant. Je lui souris innocemment. Ce n’est pas lui mentir, après tout. Je fais simplement omettre certains détails.

Je termine à mon tour mon assiette et reprend une gorgée de café. Ma main n’a toujours pas quitté la sienne, et finalement je la détache pour la déposer à plat sur la table. « Toi par contre, je suis persuadé que tu as des tas de choses à me raconter. » Mon sourire s’efface et je tourne la tête vers une serveuse, lui demandant d’aller chercher l’addition. Je sors mon porte-feuille et le dépose sur la table en attendant la facture. Je regarde Olivia et me prépare à me lever. Je lui tend mon argent et regarde en direction des toilettes. « Payes si elle arrive, je reviens. » Je passe à côté d’elle et ma main effleure son épaule alors que je m’engouffre vers les toilettes des hommes. Je prends une grande respiration et referme la porte derrière moi, bloquant l’accès à quiconque voudrait entrer. J’enfonce ma main dans ma poche et y trouve un minuscule pot métallique que je m’empresse d’ouvrir. Je prends une grande respiration et à l’aide de mon ongle je trace une fine ligne de poudre blanche dans la boîte de métal, puis renifle avant de me passer la main sur le visage. Je referme le couvercle et enfouis la boîte dans ma poche, puis me regarde dans le miroir. Je me racle la gorge et inspire profondément avant de sortir des toilettes. Je souris, comme si rien ne s’était passé et en retournant vers la table, je constate qu’Olivia est toujours assise à la table. Je fronce les sourcils, la voyant regarder son téléphone. Ça ne m’avait pas effleuré l’esprit, mais il n’est pas impossible qu’elle ait déjà une fréquentation. Et si elle lui parlait avant que je revienne? Je m’approche d’elle et lui prend la main, la forçant à lâcher son téléphone. Je me penche vers elle, mon visage est à quelques centimètres du sien. « Tu sais quoi, j’ai vraiment envie de venir avec toi chercher ta bague. » Mon sourire s’élargit et je ne réalise pas la force que j’emploie en serrant sa main dans la mienne, et je la lâche vivement avant d’agripper mon porte-feuille pour m’occuper.

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Elle me regarde et met son téléphone dans son sac sans me répondre. De toute façon elle n’a pas vraiment le choix d’accepter, même si elle n’en a pas envie. J’attends qu’elle se lève et lui cède la place pour qu’elle puisse sortir du banc, mais elle ne se lève pas. Je reste patient et lève les yeux, puis soudainement elle me regarde et me demande si je suis venu en voiture. Elle peut très bien attendre ici, ce n’est pas comme si j’étais en plein milieu du Bronx quand même. « T’inquiètes pas pour elle, elle peut très bien attendre. » Je lui réponds en parlant de la voiture et lui sourit, puis je vois la serveuse arriver. Je croyais qu’Olivia avait déjà payé, mais apparemment pas encore. Je la regarde lui donner les billets, et je remarque l’air désagréable de la serveuse. Je regrette automatiquement le pourboire généreux qu’Olivia lui laisse et l’observe s’en aller, glissant ma main sur l’épaule de la jolie blonde. Elle prend la parole et je souris à sa proposition. Elle a lu dans mes pensées. « C’est une excellente idée ma chérie. » Je la laisse finalement se lever, et la suis vers le stationnement. Je vois la voiture et souris, puis attends qu’elle déverrouille la porte pour entrer à mon tour du côté passager.

Je me cale dans le siège alors qu’elle démarre, et sur le chemin je reste silencieux alors qu’elle parle. Pendant le bref trajet, elle me raconte sa vie depuis les sept dernières années. Certains détails dont je suis déjà au courant, d’autres que j’ignorais. Elle évite de parler de sa vie sentimentale, mentionne simplement qu’elle a rencontré beaucoup de gens intéressants depuis qu’elle est arrivée ici. Qui aurait cru qu’un petit bled paumé pourrait la rendre heureuse. Ma main se pose sur sa jambe doucement, mais pour très peu de temps. Elle se gare bientôt dans l’entrée et je me retrouve face à la grande villa qu’elle habite seule, selon elle. Un style un peu récent qui me rappelle vaguement notre manoir à New York. Alors qu’elle sort de la voiture, je fais de même et je vois bientôt un chat s’approcher de la jolie blonde. Celle-ci se penche pour le caresser et je souris doucement. S’il est son seul pensionnaire, je ne me plaindrai pas trop. Je la suis dans la maison et l’écoute attentivement alors qu’elle me guide dans la grande maison, me pointant chaque pièce. Visiblement, elle a refait sa vie en long et en large pendant ces sept dernières années. Il faudra y remédier et étrangement je ne suis pas très inquiet.

Elle arrive bientôt devant une grande pièce qui s’avère être sa chambre, et j’entre avec elle lorsqu’elle franchit le seuil. Peut-être un peu plus petite que la nôtre à NYC, mais je reconnais bien rapidement les goûts d’Olivia pour le luxe et pour les jolies choses simplement en passant la chambre en revue du regard. Je glisse mon bras autour de sa taille alors qu’elle se dirige dans la salle de bain attenante mais me détache d’elle lorsqu’elle franchit la porte. J’aperçois bien rapidement l’écrin noir près de l’évier et la bague qui trône dans celle-ci, le diamant énorme scintillant sur la bande dorée. La lumière de la salle de bain tape sur le bijou, le montrant plus imposant qu’il ne l’est déjà. Olivia prend l’écrin entre ses mains et je prends celui-ci, et prends délicatement la bague entre mes doigts. Une vague de souvenirs m’envahit, dans des temps beaucoup plus heureux. Avant que tout dégénère trop gravement. Je prends la main de la jeune femme, observant ses doigts manucurés, puis fais passer l’alliance autour de son doigt, comme il y a presque dix ans de cela. Je dépose un baiser sur sa main puis la regarde. Aujourd’hui, la situation est tout de même légèrement différente que celle qui a détruit notre mariage il y a sept ans. Mes mains se posent sur ses épaules puis glissent sur ses bras. « Je te promets d’être plus présent. D’ailleurs, je travaille à déplacer mes bureaux dans le coin. J’ai acheté des locaux en ville pour ouvrir un bar. Il me reste encore quelques filles à engager et de l’emménagement à faire, mais parallèlement les affaires devraient repartir très bientôt. » « Parallèlement », c’est tout ce qui touche aux réelles affaires, celles qui sont payantes mais pas légales. Une de mes mains se glisse dans ses cheveux et mes doigts jouent dans ses loques blondes. « En voyageant moins c’est sûr qu’il y a moins d’argent à faire, mais ça va nous permettre de passer plus de temps ensemble, tu sais comme tu voulais tant. » Je ne lui parle pas du bordel pour compenser les pertes financières, car il est vrai que la raison première pour laquelle je suis venu ici, c’est pour la voir. Elle n’a pas besoin de savoir que je vais faire travailler des prostituées, pas pour le moment du moins.

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Je la regarde sourire et pendant un bref instant j’essaie de me rappeler la dernière fois où je l’ai vue ainsi. Alors que mes lèvres caressent toujours sa main, elle me répond avec des promesses qui m’amusent un peu. Je pourrais la rassurer et lui dire qu’elle n’a rien à se reprocher, ce qui est vrai, mais je me contente d’acquiescer. Elle se sent toujours coupable de ce qui s’est passé et je ne vais certainement pas perdre cet avantage-là. Je croise son regard, un peu étonné à sa question hors-contexte, et ne peux m’empêcher de sourire tendrement. Ce genre de petit détail adorable l’a sauvé de pas mal de coups d’ailleurs, mais je préfère ne pas y penser. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’on revienne à la réalité de toute façon. « Ça va aller, on vient de quitter le resto, ça peut attendre un peu non? » Je lui souris toujours, et bientôt je sens sa main frôler la mienne, qui joue doucement dans ses cheveux. Nos doigts s’entrelacent et son regard transperce le mien, et je lui rends son sourire avec tendresse, serrant sa main dans la mienne. Je vois une ombre passer dans son regard, elle semble inquiète. Je fronce les sourcils et caresse doucement sa joue de ma main libre. Il y a longtemps que je n’ai pas touché son visage sans la gifler. « Qu’est-ce qui ne va pas, Livia? » Je lui souris pour la rassurer, puis dépose un baiser sur sa main que je serre toujours.

« Tu n’as pas à t’inquiéter, je suis là maintenant. » S’il y a bien une raison de s’inquiéter, c’est justement car je suis de retour. Tandis que nos doigts se touchent toujours, je caresse sa lèvre inférieure avec mon pouce. Je m’avance un peu plus vers elle, de façon à la coincer entre moi et le vanité. Mon visage s’approche du sien, et la main qui y était posée se déplace sur sa hanche. Mes lèvres frôlent les siennes alors que je lui parle calmement. Je fixe toujours son regard, ne la quittant pas des yeux. « Tu es encore plus belle que dans mes souvenirs. » Je souris contre son visage, et finalement ne l’embrasse pas. Je dépose un baiser sur son front, puis m’éloigne, lui laissant de l’espace. Ma main quitte la sienne à regret et mes doigts maintenant libres glissent dans ma barbe. J’observe Olivia, sortant de ma bulle romantique, et mes yeux pétillent de malice en regardant mon ex. Je croise les bras et lui souris malicieusement. « Tu m’as bien dit tout à l’heure que tu vends maintenant de la lingerie? » Je m’humecte les lèvres, observant toujours la jolie blonde devant moi. Je me souviens qu’elle dépensait des fortunes en sous-vêtements de luxe (comme pas mal tout ce qu’elle achetait d’ailleurs) et généralement je ne me plaignais pas trop, tant que je pouvais ensuite les lui enlever.

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Ses yeux scintillent presque autant que sa bague alors que je lui parle de son emploi. Elle semble heureuse, bien évidemment. Je souris aussi, un peu amusé, mais mon sourire s’efface bien vite lorsqu’elle parle des mannequins qu’elle remplace par moment. Je me demande si elle me fait une mauvaise blague et je l’espère bien, car je ne la laisserai certainement pas se montrer à moitié-nue devant les gens comme de la marchandise. Je ravale la rage qui commence à monter, comme ils me l’ont enseigné dans les thérapies qu’ils m’ont forcé à faire en prison, et je feins même un sourire alors qu’elle me dit adorer ce qu’elle fait. Je lui reparlerai de ça plus tard, mais il n’est plus question qu’elle se promène sur un podium en sous-vêtements.
Elle me fait signe de la suivre et j’arque un sourcil, un peu curieux. Elle retourne dans la chambre et je la suis sans trop d’hésitation. Elle a une très jolie salle de bain, mais ce n’est pas l’endroit idéal pour une conversation. J’éteins la lumière en sortant de la pièce et lorsque je lève les yeux, Olivia est assise sur le lit. J’ouvre la bouche pour parler mais elle me devance. Je tente de rester sérieux, admirant son sourire plein de malice qui me rappelle notre première rencontre. Mon regard pétillant me trahit, et je réponds à son sourire malicieux, m’humectant légèrement les lèvres. J’incline légèrement la tête sur le côté et me croise les bras.

« Tu sais bien que j’ai toujours préféré être dans l’action, ma chérie. Je ne suis pas très visuel. » Je la regarde puis la déshabille mentalement, et une ombre passe dans mon regard pendant quelques secondes. Je repense à son histoire de défilés. Je marche en direction du lit et m’assoit calmement près d’elle avant de poser ma main sur son jean. Mes doigts pianotent sur sa cuisse pendant quelques secondes et je la regarde, souriant toujours. Je glisse une mèche de cheveux derrière son oreille avant de parler finalement. « Pourquoi tu ne me ferais pas un petit défilé, Olivia? Tu sembles adorer faire ça. » Je termine sur un ton un peu cynique, puis m’éloigne au fond du lit, m’appuyant sur le sommier tout naturellement. Je regarde la belle blonde, prenant un ton détaché. « Mais pas de string. Tu sais que je déteste ça. » Je sors mon paquet de cigarettes de la poche avant de mon pantalon, puis le dépose sur le lit pour ne pas l’écraser. Je m’installe à mon aise, glissant mes bras derrière ma tête en regardant ma femme au bout du lit.

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Elle s’est assise avec moi sur le lit, sans doute par réflexe je suppose, et souris à ma proposition de petit défilé privé. Son regard bleu-vert pétille de malice et j’ai l’impression pendant quelques instants d’être transporté plus de sept ans dans le passé, la première fois où je l’ai rencontrée. Ça fait plus de dix ans, aujourd’hui. Si ça n’aide pas à se sentir comme un vieux, ça. Pendant quelques secondes, je me demande ce qui va se passer. J’ai rapidement ma réponse lorsque je la vois se lever doucement et qu’elle se tourne pour me faire face. Je hausse les sourcils, puis ses iris se plantent dans les miens. Elle me fait un clin d’œil et je ne peux m’empêcher de sourire, un peu amusé par la situation. Olivia s’éloigne de moi de façon à m’être inaccessible, et je vois les premiers morceaux de vêtements tomber. Le bruissement de la veste en cuir qui tombe ensuite sur le sol me ramène une nouvelle fois en arrière et je me mords la lèvre, me calant un peu plus confortablement dans le grand lit de la belle blonde. J’entends la musique démarrer et je suis surpris par la cadence. Je m’attendais à quelque chose de lascif qui me rappellerait le club, mais elle a pensé à tout visiblement. Sans la quitter des yeux, je l’observe qui marche d’un pas sûr vers l’immense penderie. Nos regards se croisent et j’entends son pantalon qui tombe sur le sol. Je ne regarde pas, j’aurai tout le temps d’admirer tout à l’heure. Pour l’instant, sa confiance m’ébahit. Et ça, c’est encore plus sexy que n’importe quel déshabillé à mes yeux.

Elle tourne sur elle-même au rythme des violons, brisant le contact et me permettant de poser mes yeux sur son corps. Il n’y a même pas de mot pour le décrire, en réalité. Elle n’a pas changé, sauf peut-être pour le mieux. Elle s’entraîne peut-être plus, ou peut-être que c’est l’âge. Mes yeux se baladent sur sa peau pâle et s’attardent à ses courbes un instant, aucunement altérées par le temps, comme il arrive souvent chez les demoiselles. Je me mords l’intérieur de la lèvre inférieure discrètement alors qu’elle s’engouffre dans le walk-in, apparemment il est temps de changer de costume, si on peut réellement appeler ça ainsi. Je sors une cigarette de mon paquet, la glissant entre mes lèvres sans l’allumer, et bientôt j’entends des talons frapper sur le sol. Les bruits de pas se rapprochent et lorsque je lève les yeux, Olivia s’approche de moi, vêtue d’une guêpière blanche qui met en valeur son teint de porcelaine. Je me surprends à sourire un instant alors qu’elle s’approche du lit, et la cigarette retourne rapidement dans son étui. Je ne tente pas de la toucher, la situation ne s’y prête pas de toute façon. Elle s’éloigne comme elle est arrivée et son manège recommence plusieurs fois, assez pour me rappeler tout ce que j’ai raté pendant toutes ces années.

Elle revient vers moi une dernière fois, vêtue d’un soutien-gorge qui ne couvre pratiquement rien. En temps normal, je trouverais cela de mauvais goût, mais après toute la collection qu’elle vient de me faire défiler, je vois surtout cela comme le numéro final de son petit spectacle, une incitation à aller beaucoup plus loin. Son sourire malicieux accroché aux lèvres, je la regarde marcher vers le lit une dernière fois, glissant sur les draps de satin noir. Je n’ai même pas remarqué que la musique s’est arrêtée, trop plongé dans ma contemplation de la magnifique blonde devant moi. Je n’ai jamais oublié comme elle était belle, seulement essayé d’en faire abstraction pour mieux la haïr pendant ces années en-dedans. Sa voix me fait sortir de mes pensées et je remarque son regard plongé dans le mien. Ses mains posées sur son visage et son air innocent me ramènent à il y a onze ans, alors que rien ne laissait présager tout ce qui s’est passé ensuite. « C’était magnifique, Livia. » Mes mains s’emparent délicatement des siennes et je l’attire vers moi en douceur. Comme la première fois en fait. Nos visages sont à présent tellement près que je sens son souffle contre ma peau. Je frôle sa lèvre inférieure, y déposant un baiser. Après avoir libéré ses mains, les miennes glissent lentement le long de ses bras et du bout des doigts, je frôle sa peau dont j’ai maintes fois rêvé durant ces années. J’empoigne fermement sa taille, finalement, puis l’incite à s’allonger sur le dos. Ma main se pose sur son ventre plat que je balaie du regard.

« Tu m’as tellement manqué. » Je m’empare de ses lèvres, soupirant d’aise. Oubliant pourquoi j’étais venu à la base. Pas pour ça en tout cas. Ma main libre entreprend de faire glisser une bretelle du soutien-gorge, et bientôt mes baisers viennent remplacer mes doigts. Penché au-dessus d’elle, j’ai l’impression d’être dans une autre dimension où toutes mes erreurs n’existent pas.