« J’aim’rais bien être un oiseau. » ▬ ft. Samuel

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J'aim'rais bien être un oiseau.

Ft. Samuel

Cours, fuit, ne rentre pas, ne te retourne pas. Bordel, est-ce que c’était à ça que devais ressembler ma vie ? Gelée, frigorifiée, et des larmes pleins les joues, j’avançais, sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment. Personne ne s’inquiéterait pour moi. Mes parents ne semblaient intéressés que par mon frère et mon frère, par lui-même. Alors bon. C’est peut-être pour ça que j’étais là, sous la pluie, à sauter dans les flaques d’eau. Sûrement pour ça aussi que je hurlais à l’intérieur. Au fond, je voulais juste exister, je voulais juste savoir pourquoi j’avais ouvert les yeux. Ma vie n’était pas à plaindre. Tout comme je n’étais pas à plaindre. Mais je ne souhaitais pourtant à personne de l’avoir. Pas même à Cael. Pas même à Aedan. Pas même aux autres … en vérité, j’n’étais qu’une pauvre gamine qui pleurait sur son sort. Une gamine qui agaçait les grandes dames et les grands monsieurs de cette société pourrie. Je m’arrêtai un instant, sortant un paquet de clopes de ma poche. Clope que j’allumais quelques secondes plus tard, au bout de mes lèvres. Tout en tirant une latte, je regardai autour de moi. Désert. J’étais seule. Et je détestais ça. Ma tête commanda à mes jambes d’avancer. Et elles obéirent docilement, me menant contre le mur de ce bâtiment désaffecté. Pourquoi j’étais ici ? Pourquoi je ne m’étais pas réfugiée dans les pattes de mon chat ? Pourquoi, putain ? Je m’asseyais de mon plein gré dans une flaque d’eau, me faisant encore plus frissonner. Je devais être masochiste. Ou alors … j’étais conne. C’était sûrement ça, j’étais juste sacrément conne. Je jetai ma cigarette à peine entamée un peu plus loin, posant mes bras sur mes genoux et y enfouissais ma tête. C’est tout haut que je lâchai : « Parfois, j’aimerais être un oiseau. »

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J’aim’rais bien être un oiseau.
Samuel + Mélody

J'aime la solitude. Par solitude, j'entend vraiment "être seul". Sans personne autour de vous, sans personne pour vous juger ou vous dire quoi faire. Ça vient peut-être de mon enfance, où j'ai été sûrement "trop". Trop gâté, trop chouchouté, trop .. aimé. Le silence me plait, il me calme et m'apaise.
Soudain, j’entends des bruits d'eau, des bruits de pas, des bruits d'une personne. Je soupire et m'approche. Je ne pourrais donc jamais être seul ? J’aperçois une ombre assez nette pour que l'on distincte clairement sa féminité. "Parfois, j’aimerais être un oiseau." Ah, Mélody. Mélody Mélody. " Ouais, c'est ça ! Pour te faire bouffer avec une sauce au vin blanc ? Ou pour te faire tirer dessus par des chasseurs enragés ?" Cette fille n'arrêtera pas de se plaindre un jour ? J'ai déjà vu Mélody quelques fois, notre première rencontre remontant à .. à je sais plus. On s'était pris le chou, mais au final, je l'aime bien, cette petite. Elle se donne un côté rebelle, un côté "je m'en foutisme". Un côté "aimez-moi". Mais je l'aime bien.

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J'aim'rais bien être un oiseau.

Ft. Samuel

Je sursaute, une voix que je connais m’arrache de mes éternelles plaintes. Je lève les yeux vers Samuel, hausse les épaules. « Tu chasserai un moineau, toi ? T’as vraiment pas de cœur. » Je tente un sourire, et ne me lève pas. Je suis bien là, dans ma flaque. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » il peut me retourner la question. Je lui répondrai que je ne sais pas. Que ce sont mes pieds, mes jambes, ma tête qui ont décidés tous seuls de m’amener là. Je ne le lâche pas du regard. Il est plutôt mignon, avec son regard clair, sa mâchoire carrée, ses cheveux droits sur sa tête. Je ne sais plus vraiment le nombre de fois où je me suis surprise à penser à son petit air de « bad boy », en cours, ou même à la maison. Je ne sais plus quoi lui dire. C’est certainement ça qui me perturbe autant chez lui. Je lui dis deux mots et voilà que je suis muette. Je baisse les yeux vers le goudron humide. Intimidée, moi ? ça s’pourrait.

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J’aim’rais bien être un oiseau.
Samuel + Mélody

Je regarde Mélody, assise par terre, dans la crasse et dans ses pensées. Je me baisse, lui prend la main et la soulève. Aussi légère qu'un moineau. Alors, je me dirige vers le banc le plus proche et la regarde dans les yeux. "Un oiseau reste un oiseau." Je la détaille de haut en bas. Elle est plutôt pas mal, avec ses grands yeux perdus et sa tignasse brune. "Je me promène. Eh, oui, je fais des promenades ici, alors pas de commentaires." Je lui avais parlé sur un ton sec. J'aime bien cette fille, mais en même temps, elle m'énerve. Beaucoup. Toujours à se plaindre de son sort, toujours. Elle se prend pour cette gamine que tout le monde devrait plaindre, mais non, désolé, il y a pire qu'elle. Je le sais, car Mélody a l'habitude de me parler. Aux premiers abords, elle n'a pas l'air de se confier. Mais avec moi, c'est différent. Elle me parle comme si elle me connaissait depuis longtemps. Alors que moi, je ne lui ai jamais rien dis sur moi, ou sur ma vie. Et ça me va ; je suis un comme un iceberg, un dixième visible et neuf dixièmes cachés. Mais j'aime bien l'écouter. Et la taquiner. "Bon, il t'arrive quoi, cette fois, miss pleurnicharde ? Raconte."

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Ft. Samuel

J’ai du mal à savoir si oui ou non il m’apprécie. Je pense que oui, sinon il ne s’emmerderait pas à m’attraper par la main, à me poser cette question. J’ai juste besoin d’attention. Et je le fait savoir en pourrissant la vie des gens de mon entourage. Est-ce la bonne, ou la mauvaise solution ? Personne ne me le dit. Alors je continue. Je regarde le garçon face à moi, qui s’est assis sur un banc. Je l’imite, mordillant mes lèvres. Un oiseau reste un oiseau. Je ne suis pas d’accord. Si on me présente un tout petit colibri aux couleurs criardes, à l’œil vif, je ne pourrais jamais le comparer à une autruche, grande, aux couleurs ternes et à l’œil fou. Alors non, un oiseau ne reste pas un oiseau. Il n’est qu’un simple oiseau si on ne lui accorde que si peu d’importance. Il m’arrache de mes pensées avec la question qui tue. « Miss pleurnicharde ». Je pourrais me vexer, lui faire un doigt d’honneur et me barrer. Mais non, parce qu’au fond j’ai vraiment qu’on écoute cette pleurnicharde. Même si ça doit être lui. Même si ça doit être ce type que je ne connais pas. « Rien de grave. » et c’est vrai. Je suis consciente que ce n’est rien de grave, qu’en relevant la tête, je peux très bien aller de l’avant et jouer les petites filles sages. Je fixe mes mains. « Dis moi, t’as déjà eu l’impression de n’être qu’une infime petite partie du monde ? » je le regarde. Ma question peut paraître bizarre. Mais je la comprends et c’est l’essentiel. « T’as pas envie d’être unique aux yeux d’une personne, une seule ? » Je ne sais pas trop à quoi je m’attends en lui demandant ça.

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Samuel + Mélody

Une infime partie dans le monde ? Bien sûr. Tout le monde ressent ça un jour ou l'autre. Et sans exception. "Non, bien sûr que non. Tout le monde fait attention à moi, j'ai ce que je veux et je fais ce que je veux sans que personne ne me dise rien." Je pense, que c'est cela qui a forgé mon caractère : me laisser faire ce que je voulais sans jamais rien me dire. Casser le beau vase de maman ? Aucun problème mon chéri, on en rachètera un. Tu as bu trois bouteilles à toi tout seul ? Mon pauvre amour ! C'est pour ça que je suis parti de chez moi. En partie. Ma mère me laissait tout faire, mais tout. Je pense que c'est dû à mon père. Mon père qui s'est barré quelques mois après ma naissance. Du coup, je me crois tout permis. Ce mensonge n'était pas totalement faux. Tout le monde me remarque ; pour mon physique, pour mon travail, pour mon air supérieur.
"Oui." Cette réponse est sortie toute seule de ma bouche sans que je m'en rende compte. Une seule personne. La seule personne, à part ma meilleure amie, sur qui je compte, que j'apprécie et en qui j'ai confiance. "Oui, enfin, un peu, quoi, si tu préfères. Pourquoi ?"

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J'aim'rais bien être un oiseau.

Ft. Samuel

Evidemment. J’aurais dû m’y attendre. Je mords l’intérieur de ma joue, j’ai envie de quitter ce banc et de m’enfuir, encore. Fuir, encore et toujours, sans me retourner, sans regarder où je vais. Juste fuir, sans être rappelée par le passé ou effrayée par le futur. Mais je crois que la vie a décidé de se foutre de ma gueule. Je ne réponds rien, parce que je n’ai rien à répondre. Mais sa réponse trop vive pour n’être qu’un mensonge me fait tourner la tête vers lui. Mes yeux humides de larmes scrute son regard pour chercher à briser la glace, percer un semblant d’intimité dans cette couche de distance. « Parce que je crois que c'est typiquement humain. » Je ne rajoute rien. Je crois que ma question ou plutôt, sa propre réponse la perturbé. Je souris un peu, tente la plaisanterie. « Alors, toi aussi t’es un peu humain en fait ? »

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Samuel + Mélody

Je la vois, seule comme jamais, les yeux humides et le regard dans le vide. Je lui souris lorsqu'elle me dit que finalement, je suis un peu humain. Un peu. Un peu .. Ouais, j'ai des sentiments. J'aime pas les extérioriser. J'aime pas qu'on parle de moi ou qu'on me prenne pour un faible.
Je pose mon dos sur le dossier du banc en croisant les bras et en soupirant. J'ai envie de partir, de prendre mes jambes mon cou, de ne plus rester vers Mélody. Mais je ne peux pas. Je n'ai pas envie de la laisser là, à se morfondre, seule. J'ai un coeur, tout de même. Je ne l'avouerais jamais, mais j'ai un coeur.
Le silence qui règne ici est apaisant. J'en avais besoin, je pense. Je ferme les yeux en m'évadant dans un monde imaginaire. Dans un monde où le plus horrible ici n'existerait pas. "Raconte moi ce que se passe pour que tu penses ça." Je la regarde en l'encourageant. "Parle moi de toi." Ce que j'espère, c'est éviter la question inverse, celle où elle me demanderais de parler de moi. C'est hors de question. De toute façon, je parlerais pas. Et puis Mélody ne me demande jamais rien. Elle parle d'elle. Uniquement d'elle. Mais ça ne me dérange pas, je me sens bien, en confiance sur ce banc en sa présence.

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