novocaine (isaska)

il fait déjà nuit. « JJette, dépêche toi, on va être en retard, et une meuf en retard, c'est un mec en moins ! » je soupire, exaspérée par mon amie, et me remet une énième couche de rouge à lèvre. je me regarde dans la petite glace de l'appartement et remet ma robe noire, enfin prête à sortir. j'enfile une veste et sors de l'appartement, tâtant ma poche. je hausse un sourcil, remarquant l'absence de l'objet tant convoité. « hey blondasse, c'est toi qui a les pilules magiques ? » summer me tire la langue et en montre un. je secoue la tête avant de reprendre le sachet. « ne me fais plus jamais ça, connasse. » « connasse toi-même. » elle sourit avec ses airs de pétasse et sort de l'appartement, m'entraînant avec elle.

clope entre mes lèvres rougies par la tonne de rouge à lèvre, je souffle une énième bouffée. summer s'impatiente. « alaska, bouge toi le cul merde ! y'en a un trop canon qui vient de rentrer, et tu sais que je suis une rapide. » j'éclate de rire dans la ruelle proche de la boîte de nuit. « calme tes hormones ma chérie, il sera pour toi, angelot. » elle croise les bras sur sa poitrine et tape des pieds avec ses talons vertigineux. « okay okay, je me bouge. » j'écrase la cigarette, jette un regard à la ruelle et entre dans la boîte.

bouteille à la main, je danse collé avec un jeune homme dont je n'arrive plus à me souvenir du nom. andrea, ou marc je crois.au pire, qu'elle importance ? je ne le reverrais pas. ni demain, ni même dans la rue. j'ai cru comprendre qu'il repartait demain. tant mieux, comme ça, je me réveillerais seule, il aura déjà décamper et je n'aurais pas besoin de dégueuler les restes d'hier devant lui. ses lèvres frôlent mon cou, ses mains se posent sur mes hanches tandis que je soupire, sourire aux lèvres. je danse, danse à m'en tuer, parce que c'est comme ça que j'oublie. je porte le goulot de la bouteille à ma bouche et boit une longue gorgée, avant que le garçon près de moi me rapproche un peu plus de lui. je rigole bêtement, déjà défoncé. je jette un regard rapide vers summer, qui semble bien s'amuser avec le garçon qu'elle voulait tant. la musique me crève les tympans, mais je m'en fous, je me fous de tout. marc, ou andrea, ou même le pape rapproche ses lèvres des miennes, et pendant un instant, j'imagine isaac à sa place. mais vite, l'alcool me le fait oublier et je ferme les yeux et l'embrasse, sans me douter un instant qu'il puisse être là. qu'isaac se trouve dans cette boîte.

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Siloam Springs lui plaisait. Pas ses habitants, il s'en fichait un peu, mais l'ambiance, le fait que ce soit une petite ville d'apparence tranquille mais tellement pleine d'action. Regardez, quelques jours avant son arrivée, il y avait eu une fusillade ! Pas si tranquille la petite ville... Ils n'avaient pas besoin de lui pour mettre l'ambiance, ayant apparemment déjà leur lot de dérangés. Mais ce qu'ils avaient surtout, c'était sa JJ, son amour. Sa raison d'être, si vous voulez tout savoir. Il l'aimait comme un fou, ~~comme un soldat~~. Il savait qu'elle était ici, il connaissait même son adresse, mais, malgré son impatience, il ne se voyait pas débarquer chez elle à l'improviste pour lui déclarer son amour et la supplier de lui laisser une énième chance de se racheter car il vaut mieux perdre la vie que perdre son amour.

Installé dans un coin du Pete's place, Isaac buvait en observant distraitement les corps transpirants se mouvoir avec plus ou moins de grâce sur la piste de danse. Légèrement drogué et alcoolisé, mais pas au point de délirer, il attendait je-ne-sais-quoi. Et il ne savait pas non plus. C'est là qu'il la vit. Si belle... Alaska. JJ. Son regard ne la quitta que lorsqu'il nota la présence d'un homme avec elle. Trop près d'elle, trop familier, aux mains trop baladeuses. S'il avait eu un flingue, il aurait tiré sans hésiter. La main sur le poignard militaire accroché à sa ceinture, il se retint de le lui lancer en pleine tête. Et il aurait atteint sa cible. Il bougea enfin, se frayant un passage à travers la foule pour aller attraper le mec par l'épaule et le forcer à pivoter vers lui. « Dégage. » C'était dur et froid, presque méchant, mais pas violent. Il ne l'avait pas cogné, jeté par terre ou quoi, c'était une belle évolution. C'était parce qu'elle était là. Parce que la première impression est la bonne, et qu'elle devait absolument oublier le Isaac l'ayant bien trop souvent frappée. Le Isaac violent. Il était bien présent, mais elle ne le savait déjà que trop bien... Le type cessa de soutenir le regard d'Isaac et s'effaça. Celui-ci prit sa place, mais sans toucher Alaska. Très proche d'elle, trop. Mais ne la touchant pas, ne l'effleurant même pas. Il hésita, tourna sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler et... « Surprise... » La preuve que trop réfléchir n'est pas bon non plus, il n'avait pas trouvé mieux que ça. Il s’asséna une gifle mentale, que de stupidité. "Surprise", mais quel genre de surprise pensait-il lui faire ? Sans aucun doute très mauvaise. Elle l'avait certainement oublié, et ce bien qu'il ait tout mis en oeuvre pour que ce ne soit pas le cas. La preuve qu'il ne comptait plus n'était autre que ce type avec lequel elle dansait quelques minutes plus tôt. Qu'elle était allée jusqu'à embrasser. « Je suis désolé, JJ... » Pourquoi ? Sa présence ici ou leur passé tumultueux ? Les deux, sans doute. Il hésita à nouveau à dire quelque chose, à savoir "je t'aime" mais ne le fit pas, se contentant de la fixer de ses grands yeux clairs. De la contempler serait plus exact.

je l'embrassais sans vraiment ressentir quoi que ce soit. c'était juste parce que c'était drôle, parce que c'était le but, et pour pas dire à summer, le lendemain. « j'ai pensé à isaac, donc j'ai baisé personne. meuf, je l'ai dans la peau, il est partout. » elle aurait été déçue, et elle se serait inquiétée. j'ai pas envie de lire dans son regard combien elle souffre à cause de tout ça. combien elle est désolé. à cause de moi. le pire, c'est si swann l'apprenait. si swann devinait ma vie d'avant, mes petits mensonges, mes chutes et erreurs. son regard, je le supporterais pas. son regard, son expression dégoûtée. alors je fuis.

je détache mes lèvres des siennes. il sourit mais je reste stoïque. je lève les yeux et je vois une silhouette. la silhouette. parfaite, droite. enragée. elle s'avance dans la foule, fait écarter les gens, tel moïse et la mer rouge. il continue, et une flash passe sur son visage. je prie pour qu'il poursuive son chemin, sans me croiser, sans même me voir. qu'il aille voir quelqu'un d'autre, un ami, mais trop tard. « dégage. » c'est froid. c'est dur. mais sans violence. le pauvre obéit et se retire, sans un mot. il prend sa place, mais sans me toucher. il n'ose pas. son expression s'est radoucit dès qu'il est parti. « surprise... » surprise ? et comment je dois l'interpréter ? surprise, je reviens te péter la gueule ? pourtant je reste muette. incapable de lui dire quelque chose. « je suis désolé, JJ... » j'ai envie de lui sauter au cou. de le tuer. de l'embrasser. de l'aimer, de le détester. c'est l'bordel dans mon crâne, je sais plus quoi faire. alors tout ce que j'arrive à prononcer, c'est son nom. « isaac... » et je m'enflamme. « t'as intérêt à être désolé ! tu peux pas savoir combien je te déteste. » je lui crache presque au visage. pourtant, ma haine est empreinte de quelque chose de différent. de plus fort. « non, j'aimerais te détester, mais j'y arrive pas, c'est ça problème avec toi ! j'y arrive pas. »

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Le regard clair d'Isaac parcourait la foule sans véritablement la voir, ne prêtant pas attention aux jeunes aguicheuses qui, refroidies par son expression impassible, finissaient par passer leur chemin. Il ne sut quoi faire de sa soirée que lorsqu'il la vit. Sa silhouette bien connue ondulait, dansant malheureusement collée au corps d'un autre... Il serra les poings, un éclair de colère passant dans son regard avant de s'éteindre tandis qu'il prenait conscience que ses doigts enserraient son poignard. Il était tellement violent, tellement fou et tellement... amoureux. Il l'aimait trop pour que ce soit sain. Laissant le poignard où il était, il traversa la foule et vint poser une main sur l'épaule du type le plus banal et inintéressant qu'il ait jamais vu. Tellement indigne d'embrasser sa JJ. Il le fit dégager en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Il baissa les yeux lorsqu'elle lui cracha au visage qu'elle le détestait. Prévisible. La suite l'était moins, Isaac ouvrit la bouche pour dire quelque chose. La referma. Un sourire s'insinua sur ses traits, doux. Elle ne le détestait pas, elle n'y arrivait pas. Tout comme il était incapable de tourner la page, de la laisser danser avec un autre, de la voir ne serais-ce que parler à un autre. Mais ça, il devait apprendre à le contrôler, sa possessivité maladive n'étant qu'un obstacle de plus à une relation plus ou moins normale entre eux. « Tu... ? » Il ne finit pas, nul besoin de répéter ce qu'elle venait de dire. Isaac continua de sourire, depuis combien de temps n'avait-il plus ressenti pareille plénitude ? Rien que de voir son visage, d'être à nouveau si proche d'elle, aurait pu le rendre heureux. Mais savoir qu'elle ne le détestait pas... Oui, cela pouvait sembler être une réaction démesurée, elle n'avait pas non plus dit « je t'aime » mais il se contentait d'un « je ne te déteste pas », c'était amplement suffisant. « Je ne vois pas où est le problème, justement, on peut tout recommencer ! Je t'aime JJ, je veux être avec toi, on est faits pour être ensemble... Je sais que tu m'aimes aussi. Laisse-moi une autre chance, je t'en prie... » Trop impulsif, de quoi la faire fuir tel un animal craintif. Il avait mis du temps à l'apprivoiser, tout était sans doute à recommencer, et ça c'était un mauvais départ.

entre isaac et moi, tout avait été compliqué. nous ne pouvions vivre une histoire d'amour comme deux personnes normales, il nous fallait autre chose. quelque chose de fort, d'inexplicable. à notre niveau. et ça nous a détruit comme ça nous a construit. et j'avais beau essayé de le détester, d'en faire mon pire cauchemar, je l'avais partout, il était en moi, dans mes yeux, dans mon cœur. inexorablement, je l'aimais à chaque souffle de vie, comme un compte à rebours vers la mort. et je m'en voulais.

la musique criante de la boîte de nuit n'arrive pas à atténuer le boucan que fait mon cœur. jamais je n'aurais cru revoir isaac ici. isaac et son sourire, isaac et tout ce que je connaissais de lui. son amour, ses mains, son corps, ses coups. voilà pourquoi j'étais partie. ses coups m'avaient fait fuir tel un animal sauvage. et contrairement à ce que j'aurais pu croire, mon départ n'avait pas été une simple délivrance. j'étais encombrée de souvenirs et d'incertitudes, encore présentes. isaac ouvre la bouche à nouveau, après ma déclaration. « tu... ? » mais je ne répète pas, ça ne sert à rien. il a très bien compris, il a lu dans mes yeux. « je ne vois pas où est le problème, justement, on peut tout recommencer ! je t'aime JJ, je veux être avec toi, on est faits pour être ensemble... je sais que tu m'aimes aussi. laisse-moi une autre chance, je t'en prie... » je baisse la tête, la secouant. je l'aime, j'en crève. « isaac, c'est bien plus compliqué que ça, je... je ne peux pas désolé. » je prends la fuite. c'est tout ce que je sais faire.

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La musique qui, plus tôt, lui tapait sur les nerfs à la manière d'un burin à chaque boum electro et lui vrillait des tympans n'était désormais plus qu'une bruit de fond. Rien ni personne ne pouvait gâcher ce moment. Certes, il n'avait pas gagné la guerre, seulement remporté une petite victoire en apprenant qu'elle ne pouvait le détester, mais peu importait. Enfin, "rien ni personne ne pouvait gâcher ce moment" c'était comme qui dirait vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, car elle, elle avait ce pouvoir. Voyant Alaska esquisser un geste pour fuir, il prit peur. « Reste. » Sa main effleura le bras de JJ mais, comme s'il avait reçu une décharge électrique, il ne termina pas son geste, se contentant de reprendre sa main « S'il te plait... », souffla-t-il. C'en était presque inaudible, mais elle avait entendu. Ou deviné. Autrefois, lorsqu'il souhaitait quelque chose d'elle, il pétait son plomb et cela suffisait, là il ne lui imposait rien... Cette constatation suffirait-elle à l'empêcher de fuir ? « JJ, danse avec moi... » Ses yeux fixés sur elle, les vestiges d'un sourire flottants sur ses lèvres, Zac tendit la main vers elle, espérant qu'elle la saisirait et se rapprocherait. Cette invitation n'était pas une façon de lui faire accepter de le pardonner. Ni une ruse pour se rapprocher. Il ne trouvait pas les mots pour la convaincre. Elle ne voulait pas reprendre leur relation. Pas encore. Cette invitation constituait une transition. Nul besoin de parler, de se chamailler, de pleurer... Danser, comme s'il ne s'était jamais rien passé. Comme s'il était l'un de ces hommes banals dont la compagnie semblait la distraire. Il pouvait être n'importe qui du moment qu'elle était avec lui.

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il fallait que je parte. que je parte avant de retomber dans ses bras, que je me laisse encore avoir. pourtant, j'avais envie de retourner dans ses draps, de goûter à son amour, mais tout était si compliqué. cette peur était toujours là, omniprésente. j'avais peur des coups, de la rage que je pouvais lire dans ses yeux. peur de l'homme qu'il avait été dans la fin de notre relation. pourtant, alors que je m'avançais pour m'en aller, la boule au ventre, sa main frôla mon bras et m'arrêta. « reste. » un simple reste. je me retourne vers lui, pour le regarder dans les yeux. « s'il te plait... » reste. ça n'avait rien de violent. c'était même étonnamment doux. j'étais troublée. « JJ, danse avec moi... » isaac me tendit une main et, sans songer à pourquoi, je la pris. « une danse. » je restais. je restais pour isaac.

je passais mes bras autour de son cou, pour m'y accrocher et me remis à danser. est-ce qu'isaac a réellement changé ? j'aimerais tellement. j'aimerais tellement, parce que si je devais reprendre avec lui, ce serait après qu'il m'ait montré ses efforts. « si tu arrives à changer, je reviendrais. » je lui murmurais à l'oreille avant de me rapprocher un peu plus. « je te le promet, isaac atkins. alors je t'attends. »

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« Une danse ». C'était tout ce qu'il souhaitait, elle faisait donc de lui l'homme le plus heureux du monde à cet instant précis. « Merci... », susurra-t-il à son oreille lorsqu'elle se fut rapprochée et eut passé ses bras autour de son cou. Il eut envie de lui répéter qu'il l'aimait mais, de peur de la faire fuir, se tut pour l'instant. Ils commencèrent à danser et, bientôt, JJ se rapprocha plus encore. Je ne vous raconte pas l'état de son cœur et de son cerveau, je vous laisse deviner... « Reviens Alaska. Reviens et je changerai... J'y arriverai pas sans toi. » Son regard se planta dans le sien. Il lui adressa un sourire étincelant, bien qu'encore un peu timide. Sa main se leva, doucement, comme lorsque l'on tente d'approcher un animal sauvage sans l'effrayer. Ce geste aurait pu lui rappeler ces nombreuses fois où il avait levé la main sur elle, raison pour laquelle il s'y était pris avec tant de lenteur. Il vint caresser sa joue tandis qu'il la contemplait. « Je veux plus que tout au monde être avec toi, rien ne nous en empêchera... Je vais tout faire pour que ça marche cette fois, je te le promets. Mais j'ai besoin de toi. » Il se savait incapable de changer seul. Déjà qu'il n'était pas sûr de pouvoir le faire... Bon, j'avoue, il était braqué sur l'idée que les gens ne changent pas, personne, jamais. Mais impossible n'est pas Atkins, surtout lorsqu'il était question de sa JJ.

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j'avais céder à la tentation, à l'amour blessé que je lui portais, au plus profond de moi, se rallumant à chaque paroles. je dansais dans les bras d'isaac, comme si nous étions deux ans en arrière, à nous découvrir. « merci... » il me remercie d'avoir accepté. j'aimerais tellement le remercier de m'avoir retrouvé. c'était tellement contradictoire. fuir pour mieux se retrouver. et peut-être même, se réapprivoiser. qui aurait cru que la bête ce serait démené pour retrouver la douce ? je le connaissais fier, et pourtant, il était là. pour moi. « reviens alaska. reviens et je changerai... j'y arriverai pas sans toi. » je me mords la lèvre inférieure, baissant la tête alors qu'isaac dirigeait sa main vers moi. mon premier réflexe fut d'essayer de reculer, avant de fermer les yeux et d'attendre qu'elle se pose avec délicatesse sur ma joue, pour la caresser. « je veux plus que tout au monde être avec toi, rien ne nous en empêchera... je vais tout faire pour que ça marche cette fois, je te le promets. mais j'ai besoin de toi. » besoin de moi. mon pire démon se démenait pour que je revienne à ses côtés tandis que je le fuyais. mon regard bleu se planta dans le sien. « isaac, je crève d'envie de revenir. si ça n'en tenait qu'à moi, je serais déjà scotchée à toi. mais... je veux pas refaire les mêmes erreurs. je veux pas me brûler les ailes encore. » je décroche un de mes bras de son cou pour remettre une mèche rebelle derrière mon oreille. « on chassera tes démons ensemble. mais j'ai l'impression que tu vas encore me blesser. » je baisse la tête, avant d'ancrer mon regard dans le sien. « et puis j'ai retrouvé ma sœur. » c'est la bombe.

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Bien sûr qu'il l'avait cherchée, il aurait remué ciel et terre si cela avait été nécessaire, donné toute ce qu'il avait pour celle qu'il voulait. Aimer sans compter, sans se questionner. Il était fou, indéniablement fou, mais elle avait sa part de responsabilité. Isaac n'était pas seulement bipolaire, violent et assertif, pire que tout il était amoureux. D'une lionne. Une louve. Sauvage, craintive. Peut-être même indomptable. On dit que l'amour fait ressortir le meilleur de soi-même, mais visiblement pas dans tous les cas... Il était fou d'amour, de possessivité et de jalousie. Un fou dangereux. Alors oui, il l'avait cherchée sans relâche. Mais pour s'excuser, se racheter. Apprivoiser la tigresse qu'était son âme soeur. Pourquoi poursuivre ce qui vous détruit, me direz-vous, mais elle était à la fois son bourreau et sa sauveuse. Il ne respirait que la corde au cou.

Le jeune homme avait du mal à trouver les bons mots, hésitant, reformulant dans sa tête. Cette difficulté à être spontané se lisait sur ses traits, crispés par l'irritation. Un sorte d'énervement contre lui-même. Il perdait patience car il était incapable de dire les choses comme il le souhaitait. À l'image d'un enfant incompris. Il passa une main dans ses boucles blondes et soupira. « Tu es un ange et je suis un démon... Il n'y a pas de lumière sans ombre, mon amour. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas être heureux. Que je ne peux pas m'améliorer. Il y a une part de lumière en moi. Elle est là, sous mes yeux. » C'était évidemment elle. Elle pouvait avoir un effet thérapeutique sur lui, un peu comme Taryn mais en se servant de son amour inconditionnel pour elle. Elle craignait qu'il la blesse encore. À vrai dire, ils savaient tout deux pertinemment qu'il le ferait. « C'est dans ma nature JJ... Mais je ferai tout ce qu'il faut. Tout ce que tu voudras. » Vint l'inattendue mention de sa soeur. C'était donc cela. Voilà pourquoi elle avait fui à Siloam Springs. Isaac avait bien faillit ne pas la retrouver dans cette petite ville de l'Arkansas et n'avait pu s'empêcher de se demander pourquoi. Pourquoi ici ? Sa soeur... « Elle sait ? » Pour eux, pour tout... Serait-elle un obstacle à leurs retrouvailles ? Mieux valait que ce ne soit pas le cas, qui sait comment Isaac pouvait réagir. Il se serait retrouvé face à un sacré problème. La soeur de JJ, il ne pouvait pas lui faire de mal -et n'en avait pas envie. Mais si elle était le seul barrage entre eux... Et, quoi qu'il fasse, JJ ne voudrait pas de lui. Oh, que cette fameuse soeur ne soit pas un problème...

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isaac était sûrement mon premier amour. et ne dit-on pas que le premier est le dernier ? fort, puissant, incomparable. avec aucun autre hommes durant son absence, je n'avais retrouvé cette flamme. peut-être à cause de new-york, du danger des rues, des draps dans lesquelles je n'avais pas l'habitude de me coucher. ils étaient trop propres. parce qu'avec isaac, new-york devenait nous-york. ensemble, on avaient dominés cette ville, quitte à se donner des coups, on avaient été au sommet. on s'étaient aimés comme des fous pendant deux ans, deux ans passés comme une semaine, pourtant deux ans c'est long, deux ans sans lui, j'imaginais même pas. ce serait un triste rêve, devenu réalité.

les traits d'isaac n'avaient pas changés. il avait toujours les mêmes boucles, toujours les mêmes yeux, toujours cette confiance. cette délicatesse qui cachait une violence enfouie. c'était le combat du lion et du tigre, c'était la belle et la bête version vingt-et-unième siècle. des amants comme jamais on n'avait vu. un soupir s'échappa de ses lèvres. « tu es un ange et je suis un démon... il n'y a pas de lumière sans ombre, mon amour. mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas être heureux. que je ne peux pas m'améliorer. il y a une part de lumière en moi. elle est là, sous mes yeux. » il parlait de moi. isaac tenait vraiment à ce que je revienne. mais swann. il y avait swann. j'étais là pour elle, uniquement. et il était de retour. je en savais pas quoi dire. « c'est dans ma nature JJ... mais je ferai tout ce qu'il faut. tout ce que tu voudras. » il était doux, gentil. pourtant, je savais qu'inconsciemment, il y avait ce risque, ce risque qu'il perde le contrôle à nouveau de tout. et d'y penser, de penser à ces bleus, c'était insoutenable. « elle sait ? » je secoue la tête. non, rien. en fait, elle ne me connaît presque pas. je lui ai menti. « elle ne sait rien. rien de nous, rien de tout. encore moins de la drogue : elle croit que je suis sans problèmes, comme elle. » j'avais accentué le elle. les gens comme swann, je les avais tellement méprisé. et voilà que je me découvrais une jumelle, parfaite. totalement. quelqu'un me bouscule et je me rapproche un peu plus d'isaac, ses lèvres frôlant les miennes. « isaac... »

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Savoir qu'elle le craignait encore le blessait. C'était stupide puisqu'il se savait violent, incontrôlable, dingue et tout ce que vous voulez, mais bel et bien réel. Au fond elle n'avait pas tort, mieux valait se méfier, il avait beau être présentement doux comme un agneau, il demeurait le Isaac Atkins qu'elle avait connu. Il le serait toujours. Il aurait été tellement plus simple qu'il ne sot pas tombé irrémédiablement amoureux d'elle, qu'il se soit seulement amusé avec elle, comme il l'avait si souvent fait avant de la rencontrer. Et un peu après, parce qu'elle lui manquait... Mais il n'aurait pas le choix, il l'aimerait jusqu'à la mort. Il l'aimait à mort.

« C'est amusant... », fit-il remarquer, sachant qu'elle était tout sauf "sans problèmes". Sa soeur avait donc eu la vie facile et était parfaite, contrairement à eux, les abîmés, les oubliés, les écorchés. JJ était parfaite aux yeux de Zac, mais à sa manière imparfaite. Il se demanda comme pouvait être la soeur de JJ, exactement. Car eux étaient torturés, bancals, effrayés. Mais ils avaient une certaine volonté, et le mérite d'être toujours sur leurs pieds. Elle plus que lui. Elle s'était relevée et battue. Isaac se contentait de rester debout, envers et contre tout mais sans en voir le bout. Ni l'intérêt. Soudain, JJ fut bousculée. Rapprochée. Leurs lèvres se frôlèrent et Isaac se retint de capturer celles de sa belle. Il dût d'ailleurs se faire violence. Mais, brusquement, il fit bien pire que de l'embrasser: « Alaska Hills.... veux-tu m'épouser ? » Que... Quoi ? Il ne s’agissait pas d'une plaisanterie. Certes ce n'était pas prévu et il n'était absolument pas préparé à dire ça, c'était sorti tout seul, sous l'impact du moment, mais c'était ce qu'il voulait, il le savait. Il prit la main de la jeune femme dans la sienne et, sans réfléchir, mit un genou à terre. Il voulait qu'elle soit à lui. C'est ce qu'il avait toujours souhaité, être à jamais lié à sa JJ. Oh, ils l'étaient déjà, c'est clair, mais il n'y avait rien d'officiel, et elle pouvait encore fuir. Ou tomber dans les bras d'un autre. Il voulait qu'elle soit à lui pour de bon, pour toujours.

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si seulement je n'étais pas habitée, rongée par cette crainte, nous n'en serions pas à nous chercher mutuellement, à nous tester. je voulais tellement lui revenir, être la seule dans sa vie. car qui sait si entre temps, il n'en a pas vu des plus belles, des plus drôles ? je me mords la joue, songeant à isaac, dans les bras d'une autre. le supporterais-je ? sûrement pas, j'étais trop sauvagement rattachée à lui, liée par une puissance incroyable. la force d'un destin malsain, brisant et nous rattachant par un simple hasard.

« c'est amusant... » d'un côté, effectivement, c'était ironique. j'étais sûrement pire qu'emmerdée. emmêlée dans des trafics de drogues, sans le sou et vagabonde, je n'avais pas eu la chance de swann. je ne pouvais pas lui en vouloir de craindre les gens comme moi. après tout, nous étions des sauvages, des délinquants, loin d'être innocents. la rue vous forge, et j'avais été adoptée par cette dernière. j'y avais tout appris. même l'amour. et celui-ci se trouvait devant moi, proche, tellement proche que je sentais mon cœur battre comme un acharné, crier son nom. encore un peu et mon cœur lâchait, jusqu'à qu'isaac ouvre la bouche. « alaska hills.... veux-tu m'épouser ? » l'épouser ? cette fois-ci, j'avais l'impression que mon cœur allait littéralement exploser. je porte une main à mes lèvres, incapable de dire quoi que ce soit tandis qu'il pose un genou à terre, ma main dans la sienne. « isaac je... oh mon dieu. » j'étais submergée. d'abord par nos retrouvailles, puis par sa demande. je sentais le regard de summer sur moi, elle aussi ébahie. « c'est tellement... » c'est tellement imprévu. fou. complètement. voilà ce que c'était. « isaac atkins, comment te dire oui, alors que je devrais dire non ? tu es complètement fou. » je serre sa main dans la mienne, à la fois émue et troublée. je ne sais pas quoi dire.

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Une demande en mariage, au beau milieu d'une boîte de nuit, sans bague, sans mise en scène, sans discours. Et, surtout, sans préméditation. C'était, entre autre, cette spontanéité qui caractérisait Isaac. Un large sourire étira ses lèvres en constatant qu'elle ne refusait pas catégoriquement. Il la regarda porter sa main à sa bouche, hésiter, lut la surprise sur ses traits. Sourit plus encore. Tu es complètement fou, « fou de toi », eut-il envie de répondre, mais c'était parfaitement déchiffrable dans son regard. « J'ai tellement peur que tu trouves quelqu'un d'autre. T'es trop bien pour moi JJ, et pourtant on en est là, et tu m'aimes, et je t'aime... Je veux en profiter, tant que tu m'aimes encore. » Qui sait combien de temps cela durerait encore ? Combien de temps elle l'aimerait, lui ferait confiance, tout ça. Il était déjà suffisamment surprenant qu'elle soit tombée amoureuse de lui, restée deux ans en couple avec et ait accepté cette danse. Ni véritablement refusé cette demande en mariage... « Ne réponds pas tout de suite, d'accord ? Mais garde ça dans un coin de ton esprit. » Il ne voulait pas non plus l'effrayer en faisant aller les choses trop vite. Ils venaient de se retrouver, des fiançailles seraient précipiter les choses. Il était prêt, bien qu'il vienne à peine de commencer y songer, mais ça ne tenait pas qu'à lui. Aujourd'hui, il le savait. Il avait conscience que, dans leur couple, il n'était pas supposé tout diriger, commander, décider. Elle avait son mot à dire, surtout dans un cas pareil. Il se redressa et se remit à danser comme si rien ne s'était passé, avant de glisser à son oreille: « Promets-moi que tu es à moi, je ne te demande pour l'instant que ça... » Evidemment sa demande tiendrait toujours. Et sans doute la réitérerait-il dans quelques temps. Sans doute plusieurs fois, jusqu'à ce qu'elle accepte. Il était tenace, et patient.

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isaac, me demander en mariage. c'était la chose la plus folle qu'il ai faite pour moi, et qui me rendait encore plus dingue de lui. cet homme était malade, malade d'amour tandis qu'il me contaminait avec ses regards, ses sourires, ses paroles. je n'avais pas refusé sa demande, sans l'accepter vraiment. parce que je retombais amoureuse, encore plus bas : meilleure était la sensation qu'était la chute, violente et fulgurante, et plus dure serait l'arrivée. pourtant, je savais comment finirait l'histoire. des bleus, des cris. mais un amour, une flamme. une flamme qui ne s'éteindrait jamais.

« j'ai tellement peur que tu trouves quelqu'un d'autre. t'es trop bien pour moi JJ, et pourtant on en est là, et tu m'aimes, et je t'aime... je veux en profiter, tant que tu m'aimes encore. » ses paroles résonnaient dans mon crâne. et tu m'aimes, et je t'aime. j'aimais isaac. je l'aimais malgré la coke, l'alcool, les coups, les insultes. je l'aimais parce que c'était le seul qui m'avait fait découvrir l'amour avec un grand a, dans ce nous-york délabré. « ne réponds pas tout de suite, d'accord ? Mais garde ça dans un coin de ton esprit. » je hoche la tête, gravant sa demande dans mon esprit... déjà marié à isaac.

le bouclé se redressa, et nous nous remîmes à danser, comme si cette demande n'avait jamais eu lieu, alors qu'elle était dorénavant une promesse d'une vie peut-être meilleure. d'un amour déchirant. ses lèvres se dirigèrent vers mon oreille pour y glisser. « promets-moi que tu es à moi, je ne te demande pour l'instant que ça... » dans l'obscurité de la boîte de nuit, je cherchais sa main avant d'y entremêler mes doigts. « je te le promets. » je la serre un peu plus fort, avant d'ajouter. « et cette fois, je te dirais oui. »

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Imprévisible, je vous avais prévenus. Ce n'était pas parce qu'il était incapable d'aimer sans violence, se maîtrisait difficilement et s'y prenait à l'envers avec les autres qu'il ne pouvait pas être subitement impressionnant, plein de douceur et de bonnes initiatives. Elle promit et il sourit. Un peu comme un enfant obtenant un jouet tan convoité. Sauf que JJ n'était ni un jouet, ni un punching-ball. Plus maintenant. « JJ Alaska Atkins... », souffla-t-il pour lui-même, de plus en plus emballé par l'idée. Cela ne se ferait sans doute pas de si tôt, mais peu importait tant qu'elle n'allait pas voir ailleurs. Isaac lui-même n'imaginait pas sa réaction s'il découvrait un jour que c'était le cas... Sans doute commettrait-il son premier meurtre. Il pourrait demander conseil à Kristjan, ce dangereux psychopathe qui, sans l'ombre d'un doute, était professionnel en la matière. A moins que celui-ci ne le tue avant, comme il semblait décidé à le faire. Zac n'avait pas peur de lui, au contraire, cette épée de Damoclès oscillant au dessus de sa tête ne faisait que pimenter sa vie. Pas qu'il en ait besoin (vous avez vu sa vie ?) mais il y était peut-être un peu accro, désormais. Après tout, il n'avait jamais eu un seul moment de répit depuis sa naissance, si sa vie était soudainement devenue facile, il aurait été perdu...

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isaac et alaska. alaska et isaac. enfin ensemble. ça résonnait dans mon crâne, comme une douce mélodie. je lui avais promis de ne plus aller voir ailleurs. promis qu'un jour je l'épouserais. je connaissais déjà les reproches que me fera summer. « t'es complètement folle, jamie-john alaska hills ! tombée sur la tête, malade, cinglée ! épouser ce fou qui t'a frappé, non mais t'en as trop pris. » au début, elle mettrait sûrement ça sur le compte de la drogue et de l'alcool. mais elle n'avait pas vu la lueur dans le regard d'isaac. pas entendu ses paroles, ses supplices pour que je lui revienne. et comment annoncer ça aux autres ? c'était de la pure folie. « jj alaska atkins... » pourtant, l'entendre de la bouche d'isaac lui donnait un aspect presque réel. humain. se marier. ça avait toujours été pour les gens des beaux quartiers, ou vu à la télé. jamais je n'avais vu un vrai mariage. mes ravisseurs n'étaient pas mariés. et pourtant... c'était ce à quoi je pensais. et comment le dire à swann ? elle qui n'était au courant de rien, voilà que je me projetais déjà dans un avenir incertain.

j'avais la tête qui tourne. à force de réfléchir et de danser, je sentais la fatigue peser. je plantais mon regard dans celui d'isaac pour lui lancer « j'ai... j'ai besoin de prendre l'air, deux minutes. je suis devant la boîte. » je commençais à m'éloigner, pour sortir de la boîte. une fosi dehors, je sortis une pilule et l'avala avant d'allumer ma seconde clope, embrumant davantage mon esprit déjà complètement troublé. isaac, swann. ils débarquaient dans ma nouvelle vie et foutaient le bordel. un beau bordel.

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Connaissant le personnage, il était amusant de voir Isaac presque supplier Alaska de l'aimer encore et toujours. Et, pourtant, c'était naturel et parfaitement sincère. Au fond, elle était la seule personne à avoir jamais été capable de le faire pleurer... Il l'aimait plus que tout au monde, et savait désormais que sans elle il n'était, tout compte fait, pas grand chose. Isaac sans sa JJ, la plaie sans le couteau... Durant son absence, il n'avait ressenti qu'un vaste vide qu'il avait été incapable de combler avec tout l'alcool, la drogue et les filles du monde. Il avait manqué à ses cotés l’univers entier, et ce durant trop longtemps. La revoir était comparable à repêcher son cœur échoué, lui lancer une bouée de sauvetage... « J'ai... J'ai besoin de prendre l'air, deux minutes. Je suis devant la boîte. » Sa voix l'arracha à ses pensées et il n'eut pas l'occasion de répondre, déjà elle s'éloignait. La dernière fois qu'elle lui avait tourné le dos, il ne l'avait jamais revue... Son cœur rata un battement et, deux minutes après Alaska, il se fraya un chemin à travers la foule, direction la sortie, son cœur battant à ses tempes. Assourdissant. Là, soulagement, son regard clair se posa sur la silhouette bien connue de son âme soeur. Et future fiancée... Atkins soupira de soulagement et, faisant mine de rien, tira son paquet de clopes de sa poche, en sortit une, l'alluma et, s'adossant au mur, commença à fumer.

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la fumée blanche flotte dans la nuit noire. je tapote du pied, tandis que la musique étouffée résonne encore dans mon crâne. l'effet de la petite pilule se fait vite ressentir et m'apaise d'un coup, tandis que mes épaules se relâchent. c'est trop d'émotion d'un coup, trop de tout. de la crainte, un semblant de joie, des paroles, une demande, un chemin qui se trace. je souffle à nouveau l'air toxique et j'en fais des petits ronds avec mes lèvres. soudain, je sentis une présence derrière moi et devinais instinctivement que ça ne pouvait être qu'isaac. il avait peur que je fuis. c'est vrai que j'aurais pu le faire, me barrer, le rejeter. pourtant je lui avais laissé une seconde chance.

« zac... comment tu m'as retrouvé ? » je lui fais toujours dos, mais c'est bien à lui que je m'adresse. je m'adresse à isaac, après toute cette absence. et durant son absence, rien n'était pareil. alors que je pensais être délivrée, la vérité, c'est qu'il me manquait quelque chose d'essentiel. quelqu'un a aimer. un véritable amour. il me manquait, alors que c'était lui que j'étais censé fuir.

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Cette crainte omniprésente de la perdre, de la voir fuir, c'était insoutenable. Ce serait sans aucun doute plus insupportable de jour en jour, et ça ne ferait qu'accentuer sa folie, il ne fallait pas en douter... Isaac tira sur sa cigarette et observa la fumée monter doucement vers le ciel lorsqu'il expira. Puis disparaître tout comme ses pensées s'évaporèrent en entendant la voix de la jeune femme à quelques pas de lui. Il haussa les épaules pour lui-même, car elle lui tournait toujours le dos, et prit le temps de fumer encore un peu avant de répondre: « J'ai mes sources... » Simplement. Il connaissait beaucoup de monde, non seulement à New York mais un peu partout aux Etats-Unis grâce au trafic qui, durant plusieurs années, l'avait fait vivre sans qu'il n'ait -presque- rien à faire. Son Alaska ne passait pas inaperçue, et, quant à lui, lorsqu'il voulait quelque chose, il l'obtenait toujours. Aussi simple que cela, du moins en apparence. C'est toujours plus compliqué à mettre en application, tout le monde le sait, et c'était la raison pour laquelle il avait mis quelques temps à la retrouver. Ce qui comptait était le résultat...

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si j'avais été à sa place, aurais-je à mon tour essayé de le retrouver ? d'essayer de me faire pardonner, de l'épouser et l'aimer ? sûrement. j'aurais remué terres et ciels pour retrouver zac. parce que sans ses coups, sans ses mots parfois durs, il était l'amour de ma vie. tout le monde le savait. tout le monde le comprenait. au premier regard, ils sentaient le lien qui s'était uni entre nous. à cause d'un premier baiser. un pari de merde. et voilà que j'avais passé deux ans semblables à deux secondes dans mes souvenirs à ses côtés.

je me souvenais encore de nos réveils dans ses draps, de ses sourires, de ses insultes qu'il balançait en allemand, des moments où on planait ensemble après l'amour pour recommencer, des regards qu'il posait sur moi, des balades nocturnes, des rires, des baisers. ça revenait tout d'un coup, comme une gifle à la douceur d'une caresse. c'était une bien belle connerie, l'amour. tellement belle que je le pardonnais.

« j'ai mes sources... » des sources. sûrement quelques perdus dans cette ville de merde. si ça n'en tenait qu'à moi, je n'aurais pas fui ici. je me serais tiré dans un autre pays, comme la france ou encore l'angleterre. mais swann. swann avait été une raison suffisant pour que je me pose ici. et moi pour qu'isaac vienne. je me tourne vers lui. l'alcool coule dans mes veines, la drogue s'y mêle. pourtant je vois clair. clair dans la nuit noire, la nuit sombre, la nuit de ce nous qui reprends feu. « putain isaac. » je n'ai plus de mot. ça me brûle la bouche. je plaque mes lèvres contre les siennes. « fais moi retrouver ce nous d'autrefois. »

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L'amour est un crime parfait, sans doute pas aux yeux de tous mais, pour Isaska, c'était exactement cela. C’était blâmable, condamnable, que de s'aimer autant et de pourtant se faire souffrir. La complexité de leur couple, car ils en étaient à nouveau un et n'avaient jamais vraiment cessé de l'être, résidait dans leurs caractères et leurs addictions, mais aussi dans la force de cet amour. Destructrice. Ils étaient un ouragan, dévastateur, mais au fait près qu'ils se détruisaient plus eux-mêmes que le monde autour d'eux. Sachant qu'ils étaient respectivement le monde de l'autre, l'image semblait adaptée... Pour la première fois depuis longtemps, Isaac voyait clair dans tout cela, il savait précisément ce qu'il voulait et quoi faire pour l'obtenir. La vie semblait s'arranger, tout comme la première fois qu'il avait rencontré Alaska. A l'époque, il avait la vie facile, mais rien ne lui faisait envie, il menait une existence sans saveur, et JJ était apparue. Il avait tout plaqué pour elle. Voilà que cela recommençait, il avait déménagé sur un coup de tête pour retrouver sa belle. Il s'était installé dans ce trou perdu qu'était Siloam Springs, se tirant de New York sans se demander une seule seconde ce qu'il deviendrait. Car JJ vivait là, et que si elle y était il avait une raison de vivre. Lorsqu'elle pivota vers lui et se rapprocha, il balança sa cigarette un peu plus loin et la regarda sans mot dire. La contempla serait plus exact. Elle plaqua ses lèvres contre les siennes et Isaac ne put s'empêcher de sourire. Sa main trouva le creux de ses reins et il la rapprocha de lui, avant de pivoter pour la plaquer au mur en l'embrassant passionnément. Tout en elle lui avait manqué...

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la première fois que j'avais rencontré isaac, c'était pour une connerie vague et stupide. un simple défi lancé par summer. va embrasser ce mec, au fond. il te mate depuis dix minutes. et puis c'était fait. et à partir de ce jour, ça avait été l'amour fou. un truc qui fait tourner les têtes, un amour à deux cents à l'heure. c'était comme si tout autour de nous n'était plus aussi important. seul lui, seul nos réveils dans nos draps, seuls nos baisers alcoolisés, parfumés à ce nous, aussi destructeur, ravageur comptait vraiment. ça pouvait être perçu comme malsain, mais c'était tellement fort, tellement prenant qu'on en oubliait toutes notions vitales. et puis, dans un sens, ils étaient les mêmes. des sauvages, des fous. on était dans la drogue, lui à plus haute échelle que moi grâce à ses frères. et puis il avait tout plaqué d'un jour au lendemain pour nous. nous vivions d'amour, de cris, de coups, de drogue, de fêtes. nous étions les enfants de la décence. mais surtout, on s'aimait encore plus chaque jour. c'est ce qui nous a détruit.

alors que mes lèvres retrouvaient les siennes après trop de temps séparés, je savourais chaque image qu'il m'accordait. je retombais dans son piège. mais, en étais-je sortie en fuyant new-york ? non. je pensais à lui, toujours. je l'aimais en silence, alors qu'ensemble, nous crions cette amour au monde entier. ses mains retrouvèrent sa place habituelle, me faisant pivoter pour que je me retrouve dos au mur, ne voulant plus lâcher son regard. je passais ma main dans ses cheveux, partageant son souffle, manquant presque d'oxygène à chaque fois que nos lèvres se détachaient. l'amour rends fou, l'amour rends con, et on est accro à cette connerie. mais pour rien au monde, j'en ferais une désintox.

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Leur amour n'avait en rien changé, ou peut-être était-il plus fort maintenant qu'ils avaient été séparés et enfin rassemblés. C'était indestructible, ils avaient essayé. Embrasser à nouveau ses lèvres, sentir à nouveau sa peau... Isaac en frissonnait. « Je t'aime tellement... » Sa main trouva à nouveau la joue de JJ, qu'il caressa avec une extrême tendresse. Ce n'était pas son genre, elle devait en avoir perdu l'habitude depuis le temps... Et pourtant, cela paraissait maintenant tout à fait naturel, il était comme aux premiers jours de leur relation, doux, plein de promesses merveilleuses, attentionné. Son visage tout proche du sien, il murmura presque contre ses lèvres: « Tu m'as manqué à chaque seconde, sans toi... Sans toi, je ne vivais plus qu'à moitié. » Il n'avait pris conscience de la véritable importance qu'avait sa JJ à ses yeux que lorsqu'elle était définitivement partie. Oh, il avait toujours su pertinemment qu'il l'aimait à la folie, mais il se pensait tout de même capable de vivre sans elle, de passer à autre chose... Mais elle était comme la drogue, pire que la drogue. Une véritable addiction dont il lui fallait une dose pour ne pas craquer, afin de rester ne serais-ce qu'un minimum maître de lui. En son absence, il devait avoir triplé sa consommation de came et de clopes.

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ses lèvres, sa peau, ses boucles brunes et ses manies étranges, tout ça m'avait manqué. en essayant de le fuir, d'échapper à ce qui me maintenait en vie, j'avais refermé l'étau qui m'enfermait, chaque fois un peu plus. j'avais beau essayé de retrouver cette flamme en passant de lit en lit, en dansant, buvant, draguant ouvertement, rien de tout ça ne marchait vraiment -ou même pas du tout-. ce frisson, ce désir, semblait avoir disparu en même temps que je m'étais échappée de son emprise. ma seule consolation était swann. savoir que j'avais peut-être un avenir auprès de ma vraie famille me soulageait d'un poids porté durant plusieurs années. mais de ce côté là, tout était encore embrumé. avions-nous des parents ? des tantes, oncles, des grands-parents ? je n'avais pas encore eu le temps de faire le point, ni même de l'interroger. ma jumelle était si... différente. différente de moi, différente de tout ce que j'avais pu imaginer.

je sens la main d'isaac sur ma joue dans le pénombre. il n'y a aucune violence, rien de brusque. juste une putain de douceur qui me fait revenir à nos premiers jours. je souris, d'un sourire coké, bourré, mais surtout, surtout, amoureux. « je t'aime tellement... » il est sûr. ses mots sortent de sa bouche comme si jamais rien de ce qui s'est vraiment passé ne s'était déroulé. comme si je ne l'avais jamais quitté. mes yeux dérivent sur ses lèvres, lèvres que j'ai tellement embrassé. tellement aimé. il avait ce genre de lèvres qu'on ne peut pas s'empêcher de dévorer. et dire que je ne les aimes plus serait mentir. « tu m'as manqué à chaque seconde, sans toi... sans toi, je ne vivais plus qu'à moitié. » et oh, combien c'était vrai. combien de fois j'ai tâté le lit à la recherche de sa présence ? où me suis-je surprise à le chercher dans une foule. parce qu'après tout, je savais. je savais que si il ne venait pas me chercher, j'irais à sa rencontre. même si je n'étais pas prête. même si, je ne le serais jamais. mon cœur bat dans cette nuit où nos cœurs se tissent. « je veux plus jamais partir, isaac. jamais. » je baisse les yeux avant de lâcher. « j'ai tellement essayé de t'oublier... faut croire que jamais je n'ai réussi. » il était comme ça, isaac. on l'oubliait pas. et moi, je n'y arrivais encore moins. « je t'aime trop pour ça. »

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