J'peux mourir demain, ça ne change rien.

Il était né en Automne, début Novembre, quand les feuilles finissaient de tomber et que les marrons faisaient leur apparition. Il n'avait jamais connu son père, et tout le monde lui disait que c'était mieux ainsi. On lui avait toujours dit qu'il était mort dans un incendie, puis il avait finit par connaître la vérité : son père s'était rapidement enfuit en comprenant qu'il allait vraiment avoir un enfant.
Il ne l'a pas haït. Bizarrement, il était même plutôt heureux. Il avait toujours voulu savoir qui était son père, mais il n'avait pas réalisé qu'il en avait un depuis longtemps. Cet homme, qui avait abandonné sa mère, n'était que son géniteur. Car la femme qui l'avait élevé avait près d'elle un ami d'enfance, qu'il considérait comme son père. Il avait donc un père.

Sa mère l'avait eu jeune, lorsqu'elle avait environ vingt-deux ans. Elle avait travaillé dur pour lui donner une chance, avait sacrifié de nombreuses vacances pour lui donner ce qu'il souhaitait. Pour lui, elle était une mère formidable. Car, bien qu'aidée par son ami, elle avait su l'éduquer et lui donner un toit.
Il ne connaissait pas le passé de sa mère, celle-ci restant très secrète. Il savait juste qu'elle détestait son géniteur, lui en voulant de l'avoir abandonné plusieurs mois avant la naissance de son enfant. Il l'avait déjà entendu l'insulter, le traitant de tous les noms ; il regrettait ces moments, où il tentait d'écouter sa mère pour en savoir plus sur son père.

Lorsqu'il vint au monde, ce fut l'un des plus beaux jours que le monde ait connu, selon sa mère. Il arrêta de la croire en CE2, lorsqu'il tira les cheveux d'une fille. Il la trouvait plus moche que les autres filles – soit plus belle que les autres, en langage de petit garçon –, mais il n'y avait rien de plus.
Pendant son année de Sixième, un chien le mordit. Il saigna et pleura beaucoup, courant rejoindre sa mère, qui le soigna et la rassura. Depuis ce jour, il a peur des chiens, ne supportant pas que l'un d'eux s'approche trop de lui.
Sa cicatrice vint plus tard, lors d'un anniversaire. Il courait avec d'autres enfants et regarda derrière-lui ; il trébucha sur une dalle et tomba sur le gravier, s'écorchant au passage. En voyant le sang et des lambeaux de peau, il devint pâle et ne pleura même pas, trop choqué pour dire quoi que ce soit. On dû mettre de l'alcool sur sa blessure, mais il se contenta de serrer les dents.

Finalement, le temps passa, et c'est au lycée qu'il commença à se chercher. À se demander pourquoi les filles ne l'intéressait pas plus que ça. De peur d'être homosexuel, il se mit à sortir avec des filles. Mais aucune ne l'attirait. Il finit avec ses amis, se faisant plus discret pour améliorer sa réputation.
L'une de ses amies était très proche de lui. Elle arrivait à le faire rire sans rien dire. Son sourire suffisait à le rendre heureux. Mais ce n'était qu'une amie, rien de plus. Il était homosexuel, et elle le savait. Tous ses amis étaient au courant. Mais vers leur dernière année de lycée, elle lui demanda quelque chose. Une chose que personne ne lui avait jamais demandé jusqu'à présent.

Elle lui avait demandé s'ils pouvaient coucher ensemble. Elle précisa ses pensées en lui expliquant qu'elle voulait être prête pour l'homme qui lui plaisait, et qu'elle savait qu'il ne le dirait à personne. Qu'il était digne de confiance. Il ne put refuser.
Ce fut leur première fois à tous deux. Ce fut peut-être maladroit, mais ils furent tout de même heureux de le faire. Elle était heureuse de savoir comment le faire, et lui heureux d'aider sa meilleure amie. Il avait beau se considérer comme homosexuel, il lui était arrivé de montrer une ou deux fois le plaisir que lui procurait leur acte charnel. Ils restèrent ensemble toute la nuit, même lorsque l'acte fut terminé, discutant de tout et de rien.

Sa vie continua après cette nuit passée avec elle. Ils firent comme-ci rien ne s'était passé, et c'était tant mieux. Les années passèrent et Sebastian ne fit pas d'études, se trouvant directement un travail pour aider sa mère. C'est comme ça qu'il devint chef de rayon, alias remplisseur d'étagères. Il gagnait assez pour subvenir à ses besoins, ayant trouvé un appartement dans un coin de la ville. Il a également gardé son lapin blond, Miel. Il mène une vie normale, une vie où il tente de ne pas se faire remarquer. Et il remercie ses proches d'avoir enchanté sa vie.