AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

Assis sur un tabouret au bar, je regarde sur la piste de danse à la recherche de la jeune femme que je surveille ce soir. J’ai l’impression d’être un peu comme son garde du corps, parfois, quand je suis là, comme ça à la chercher dans une foule de filles saoules pour la plupart. Un type s’approche de moi. À cause de la noirceur, je ne le reconnais pas tout de suite, mais lorsque j’entends le son de sa voix, je le reconnais immédiatement. « Encore à jouer au meilleur ami avec la petite infirmière? T’en as pas marre parfois? » Je regarde celui qui vient de me poser la question d’un regard noir. C’est un collègue de travail, il vient souvent ici et il était sur les lieux lui aussi lorsque Aza a eu son accident. Il ne cesse de me narguer avec cette histoire depuis qu’il a su que je la visitais à l’hôpital. « C’est trop compliqué pour que tu comprennes. » Je termine la discussion ainsi et me lève pour aller me jeter dans la foule à la recherche d’Azalyne. J’ai peur de la trouver saoule dans un coin avec un imbécile qui ne voudrait que coucher avec elle et qu’elle se retrouve blessée d’une façon quelconque. Et si quelqu’un avait mis de la drogue dans son verre? Et si la raison pour laquelle je ne l’ai pas encore trouvée, c’est parce qu’elle est présentement dans les bras d’un de ces imbéciles en question, dont elle me parlera probablement au téléphone ou de vive voix demain matin. Et je vais écouter et faire comme si ce n’était pas grave, que ça ne m’affectait pas du tout. Après tout, on est seulement des amis. Mon téléphone vibre dans la poche de mon jeans. Je me déplace de la piste de danse pour aller lire mon sms et je constate qu’il vient de la sœur d’Aza, qui me répond enfin pour me dire qu’elle n’a aucune idée d’où elle pourrait être. Je soupire et remet le téléphone dans ma poche pour jeter un coup d’œil à la piste, cherchant un visage familier. Soudainement, je l’aperçois, au fond du bar. Elle est encore seule, mais je vois bien le type pas très loin qui l’observe avec pas mal d’intérêt. Sans hésitation, je me fraie un chemin au travers des gens dans le bar qui semblent soudainement me détester, puis me précipite littéralement vers Azalyne. « Ça fait pas loin d’une demi-heure que je te cherche. » Je jette un coup d’œil à l’homme qui ne semble pas très satisfait de me voir me rapprocher d’elle, puis m’assois juste à côté d’Aza, lançant un léger sourire mesquin au gars assis au bar. « Tu m’impressionnes, toute seule au bar. Tu attendais un rendez-vous, ou tu chassais? » Je lui dis ça en souriant, même si au fond je n’aime pas qu’elle fasse ça. J’ai le faible espoir à présent que je l’ai retrouvée, qu’elle ne rentrera pas chez elle accompagnée d’un inconnu qu’elle ne reverra plus ensuite.  

© EKKINOX

AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

erreur d'édition: rp effacé.

© EKKINOX

AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

Azalyne ne semble pas avoir trop mal pris mon commentaire, même qu’elle en rit. Je souris en la regardant rire, ça me détend. Elle se met à me parler des uniformes et je regarde le comptoir sans dire un mot. Il y en a long à dire sur les uniformes. Les clichés des calendriers versus les véritables uniformes que l’on a sur le terrain, c’est deux mondes différents. Je la regarde avec des grands yeux, faussement offusqué. « Parce que c’est tout ce que tu aimes chez moi, mon uniforme? » Je souris moqueusement et pendant quelques instants, j’oublie à quel point je déteste être seulement un ami pour elle. La main qu’elle pose sur la mienne, par contre, me fait revenir à la réalité. Je tente de le dissimuler en trouvant une raison de détacher ma main de la sienne, et je regarde ma bière, maintenant sur le comptoir. Puis ses paroles, bien qu’innocentes, me rentrent dans la tête.

Alors qu’Aza tente de m’attirer vers la piste de danse à mes dépends, je me répète dans ma tête d’arrêter de penser aux images désagréables des pervers qui peuvent bien rêver d’elle dans son uniforme. Je cède finalement à la demande de la brunette et l’accompagne sur la piste pour danser. Je ne suis pas trop mal, apparemment, pour quelqu’un qui déteste ça pour mourir. Ce soir par contre, je n’ai pas trop envie de danser et je fais surtout plaisir à Azalyne. J’hésite un instant avant de lui poser la question, stupidement . « J’espère que tu portes des sous-vêtements, présentement? » Je la regarde, un peu mal à l’aise. Pourquoi est-ce que je devrais le savoir, qu’est-ce que ça change de toute façon? « Pas que ça m’intéresse, c’est qu’une question hein. » Soudainement, une bande de jeunes arrive en direction de la piste de danse, visiblement ivres. Je glisse une main sur le bras d’Aza, par pur réflexe. « Bon, c’est parti pour ruiner une soirée. Je regarde les jeunes, un peu agacé. Je n’aime pas particulièrement les idiots, ce sont trop souvent eux qui causent les problèmes pour lesquels je suis appelé.

© EKKINOX

AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

Elle me répond finalement qu’elle porte des sous-vêtements, et même si c’est tout à fait banal, pour moi, c’est en quelque sorte rassurant qu’elle ait osé me le dire. Au moins elle ne me prend pas pour un espèce de pervers.
Ma main sur son bras, Aza semble avoir remarqué elle aussi la bande de jeunes, mais elle est beaucoup plus calme que moi. Je regarde encore les fêtards et sens des lèvres sur ma joue. Pendant quelques secondes, j’ai l’impression de manquer d’air au contact de la peau de la jolie brunette contre la mienne. L’instant est pourtant vite passé et je la regarde alors qu’elle est sur la pointe des pieds en talons aiguilles. Sans vraiment y penser, je lance à la blague. « Vraiment? La pointe des pieds? J’espère que tu fréquentes des gars à ta hauteur, au moins. » Je repousse une mèche de ses cheveux en souriant, puis elle me demande de le suivre pour que l’on aille s’installer sur deux tabourets. Ma main se détache de la sienne alors que l’on retourne s’asseoir, et je tente de faire abstraction des gens qui fêtent autour.

Je regarde Azalyne et plante mes yeux dans les siens. « Tu veux boire quelque chose? C’est moi qui paie. » Je sais bien qu’elle est du genre fêtarde et que je risque probablement de l’écouter bavasser et la regarder boire toute la soirée, mais au moins je peux la surveiller, et je ne pense pas qu’elle refuserait vraiment quelque chose d’alcoolisé. Elle peut être pas mal olé olé, la connaissant. J’attends sa commande, puis me dirige vers le bar pour me chercher une bière.

© EKKINOX

AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

Alors que je fais patiemment la file pour commander la vodka d’Azalyne ainsi que ma bière, je vois la demoiselle qui s’éclipse. Je la vois se diriger en direction des toilettes, alors je ne me pose pas de question. Je vais quand même pas me mettre à la suivre à la salle de bain, tout de même! Il faut que j’arrête de la protéger, c’est complètement idiot. Je salue le barman et passe ma commande. Je l’observe préparer le verre de vodka méticuleusement et je constate qu’Aza n’est pas encore revenue. Je veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je pense que votre copine est partie aux toilettes avec le type qui était au fond là-bas. Je dévisage le barman qui a déposé le verre et la bouteille sur le comptoir et qui attend sa paie. Je me retourne vivement à l’endroit qu’il m’a pointé et je constate qu’effectivement, elle est partie avec l’imbécile de tout à l’heure. Je donne trop d’argent au barman sans regarder et je retourne m’asseoir dans mon coin sur mon tabouret, silencieusement. Je bois la moitié de ma bière d’un coup sec. J’ai envie d’aller dans les toilettes et d’arracher la tête de ce gars qui couche avec elle, qui s’en fout carrément d’elle. Le pire c’est qu’elle s’en balance aussi. Elle fait ça que pour s’éclater. Elle s’en fout bien au fond de moi qui est toujours là pour elle et qui la suis carrément comme un chien. Au final, elle fait ses conneries et je dois l’écouter ensuite m’en parler trop ouvertement.
J’arrive pour prendre une gorgée de bière et je constate qu’elle est vide. Je panique et me demande depuis combien de temps Azalyne est partie, mais au fond je sais qu’elle est probablement encore aux toilettes. Je fronce les sourcils et fait signe au serveur de m’emmener une autre bière. Pendant que je paie ma consommation, je le vois qui sort de la salle de bain. Je ne regarde plus le barman, mais plutôt celui qui vient de se payer du bon temps avec Aza. Il me regarde lui aussi, avec un air provocateur et un sourire qui me donne envie de le frapper. Je saisis ma bière et je retourne m’asseoir. Je bois une très longue gorgée en essayant de noyer la colère, la rage et surtout ces stupides sentiments pour elle dans l’alcool, mais malheureusement, pour avoir déjà essayé, ce n’est pas vraiment un remède efficace.

Azalyne arrive et mon cœur rate un battement. Elle fait comme si rien ne s’était passé, prétend être allée se remaquiller. Je regarde ma bouteille, puis son verre, et malgré sa proposition je n’ai aucunement envie de trinquer. « Tu pouvais vraiment pas te retenir, hein? » Je bois une nouvelle gorgée de bière, puis continue. « Visiblement je suis pas à la hauteur de tes attentes. » Je laisse tomber mes mots lentement sur un ton sarcastique. Je suis plutôt fâché, mais surtout triste. Parce que je n’ai pas vraiment de raison d’être fâché. Officiellement (et officieusement, en y pensant bien) je suis uniquement un ami. Seulement il y a des limites à ce que je peux endurer sans broncher. « Si tu veux je peux te laisser avec monsieur là-bas, tu avais l’air de bien l’apprécier aux toilettes. » Je la regarde moqueusement. C’est une sorte de carapace, lui lancer ce genre de petites piques stupides. Juste pour faire comme si ça ne me dérangeait pas. Pourtant, si elle décide de me laisser en plan pour l’autre, je sais très bien que je ne le supporterai pas. Je bois une nouvelle gorgée de bière, fixant Azalyne.

© EKKINOX

AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

Bien que généralement j’aime le goût de la bière, celle-ci a un goût amer et désagréable. Ou peut-être est-ce seulement mon imagination. Je fronce les sourcils en écoutant mon « amie » parler et se justifier devant moi. « Oui, bien sûr. Comme t’es charitable Aza, à coucher avec les pauvres gars solitaires. » Je roule les yeux et bois une nouvelle gorgée de bière en retenant une moue. Présentement, aussi jolie soit-elle, ça ne me fera pas craquer. Je n’ai pas envie de faire la fête ce soir avec elle, qu’elle aille se trouver un nouveau petit ami à la place. « Je boude pas. Je réagis comme une personne normale. » J’insiste sur le mot normal un peu pour la provoquer. J’ai envie de me défouler un peu pour une fois. Juste pour qu’elle se rende compte que ce qu’elle a fait était ridicule et à quel point elle a de la chance de m’avoir. C’est plutôt enfantin de ma part, mais j’ai déjà bu quelques bières et le barman vient de m’en apporter une autre. Alors enfantin ou pas, je m’en balance complètement.
Puis Aza me lance une bombe. Tous mes muscles se crispent et j’ai envie de frapper dans un mur pour me défouler. Elle n’a évidemment pas conscience de ce qu’elle dit. C’est juste un jeu pour elle et elle ne le pense pas vraiment. Je fronce les sourcils à nouveau, bois une gorgée de ma bière pour retenir une réponse désespérée et me reprendre en main, puis je regarde la brunette devant moi. « Non ça va, j’ai passé l’âge des toilettes de bar. » Je lui répond moqueusement, déposant ma bière sur la table ensuite pour la regarder baisser les yeux. Est-ce que je pourrais l’avoir secouée un peu? Fausse alerte, elle se contente de regarder son bippeur. Je soupire et prends une nouvelle gorgée de bière. Azalyne a commandé une nouvelle tournée, mais je n’ai même pas envie de rester avec elle. Pas ce soir du moins. Je sens un regard autre le que sien posé sur moi et j’ai l’impression soudainement d’être observé par plusieurs personnes. Probablement l’autre imbécile qui se vante de sa conquête et de son « pauvre copain visiblement cocu ». Je cligne des yeux et reprend ma bière, prêt à la vider et m’éclipser.

La jeune femme raccroche finalement et s’excuse. Elle me propose d’aller jouer aux fléchettes même si ça ressemble plus à une obligation qu’à une proposition, et je n’ai pas du tout envie d’y aller. Je jette un coup d’œil dans la direction de la cible la plus près et je constate qu’elle est plutôt à proximité de la table du nouvel ami d’Aza. Je prends la main de celle-ci et la retient avant qu’elle décide de s’évanouir à nouveau dans la nature. « J’ai pas envie de jouer aux fléchettes Aza, je pense que je vais juste rentrer chez moi. Mais si tu veux, t’as toujours ton chevalier là-bas, je suis persuadé qu’il va se faire un plaisir de jouer avec toi. » Je la regarde dans les yeux, toujours en colère mais surtout, j’ai envie de sortir du bar. Si je peux pas être au moins seul avec elle, je peux toujours être complètement seul, ce serait déjà un bon départ. Je détache ma main de la sienne et cale ma bière, laissant celle qu’Azalyne m’avait commandé sur le comptoir. Je regarde la brunette et mon estomac se noue. « Appelles-moi quand tu seras chez toi, ok? » Je l’embrasse sur le front, à contre-cœur, et je m’éloigne vers la sortie. Arrivé à l’extérieur, je vais m’asseoir sur le banc face au bar et fixe le vide pendant un instant.

© EKKINOX

AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

je suis un citron.

© EKKINOX

AND YOU END UP CRYING, AND I END UP LYING, 'CAUSE I'M JUST A SUCKER FOR ANYTHING THAT YOU DO.

Je regarde Azalyne qui pleure et qui commence à se justifier, et même si je regrette de la faire se sentir ainsi, je constate qu’elle n’a aucunement écouté ce que je lui disais. Elle s’en fout totalement, au fond. Je pourrais très bien ne pas être là du tout et ça ne changerait rien à sa vie. J’accélère le pas, furieux, et lorsque j’atteins ma voiture, j’ouvre la porte du côté passager pour laisser entrer Aza. Je claque ensuite la porte, entrant à mon tour et démarrant l’auto. « J’ai plus envie de parler pour ce soir. » Je marmonne mes mots, écoutant la jolie brune pleurer sur le banc à côté. Une partie de moi a envie de la serrer dans mes bras, de m’excuser et de tout faire pour la réconforter, et l’autre partie, celle qui n’est là que temporairement, s’efforce de l’ignorer. Je monte le volume de la radio, puis jette un coup d’œil sur la route avant d’avancer dans les rues. La maison d’Azalyne n’est pas très loin, heureusement, donc le chemin n’est pas trop pénible pour moi malgré le fait de la voir avec ses mouchoirs. Je me sens cruel, un peu comme les types du bar. J’arrête la voiture devant la maison et baisse le volume de la radio, puis regarde la jeune femme. « Je suis désolé pour Dylan et tu le sais. C’est pas en agissant comme tu le fais que ça va t’aider. Je tiens à toi, Aza, mais j’en ai marre de jouer à Superman avec toi. » Je la regarde, sérieux, et je jette un coup d’œil à l’heure affichée sur le cadran. Il n’est pas si tard que ça, en fait. Il n’est pas encore minuit.