I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Il n’y a eu aucun appel aujourd’hui. Je suis juste resté à la caserne avec les autres gars à m’entraîner et à dire des bêtises. Le genre de routine habituelle, en quelque sorte. Quand il n’y a pas de travail, on ne peut quand même pas en inventer.
Sortant du vestiaire de la salle de gym, j’ouvre mon casier pour aller y porter mes vêtements de sport et sortir mes effets personnels. Sans m’y attendre, je reçois un coup de poing sur l’épaule. Rien de bien douloureux, mais je me retourne vivement quand même. Eh Sullivan, devine qui est à l’accueil? Je fronce les sourcils, regardant mon collègue qui me fait un large sourire. Je regarde en direction de la porte et mon cœur se met à battre rapidement. Ce n’est pas la première fois qu’Azalyne vient me voir ici. Seulement, depuis l’incident au bar, on ne s’est plus vraiment parlé. Il y a eu quelques textos, mais pas d’appels ou de café. Et là, elle serait à attendre dans le bureau des visiteurs à l’accueil? Je cligne des yeux, constatant que je ne l’ai probablement pas fait depuis que Steve m’a dit qu’elle était là. Je ne lui réponds même pas et me dirige en vitesse vers la porte. Il me crie de lui dire merci, mais j’ai déjà passé la porte. Un autre de mes collègues est plus loin avec Aza, et lorsqu’il me voit, il me fait signe d’approcher. Eh, Sullivan. Ton infirmière est de retour. Je vous laisse, faites pas trop de bêtises! Je le regarde d’un air meurtrier pendant qu’il s’éloigne et passe la porte que je viens de refermer. Je m’approche silencieusement de la jeune femme, ne sachant pas trop comment réagir.

La dernière fois que l’on s’est vu, les choses se sont plutôt mal passées et je cherche mes mots. Ça ne sert à rien de s’excuser, après tout je n’ai rien fait de mal. Je me contente de regarder Azalyne qui se tient devant moi. « Pourquoi tu m’as pas appelé avant de passer? » Par curiosité, je regarde mon téléphone et constate qu’il est éteint. Je soupire et mon regard croise à nouveau celui de l’infirmière. J’ouvre la porte qui mène à l’extérieur, il fait encore clair dehors. « Viens, j’ai terminé mon quart. » Elle l’a probablement remarqué déjà, avec ma camisole de sport et mon jeans, mais je cherche quelque chose à lui dire.
Passé la porte, je constate que ça semble mort aussi du côté du commissariat, qui est juste en face. Je m’éloigne un peu de la caserne, puis m’appuie sur le muret de béton pas bien loin de l’entrée, regardant Azalyne. Je me répète que je n’ai pas à m’excuser, puis une nouvelle fois, je cède. « Je m’excuse. J’aurais jamais dû parler de cette histoire. » J’enfonce mes mains dans mes poches, prêt à subir les foudres de la jeune femme.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Je suis pas mal surpris au départ de la voir réagir aussi bien. Je la regarde se mordiller les lèvres et sourire timidement et j’ai un pincement au cœur. Je ne peux pas rester en colère contre elle, c’est juste impossible. Elle s’excuse à son tour et son discours me frappe comme une masse. J’ai l’impression que ma vie s’écroule comme un château de cartes à l’entendre m’annoncer que je suis un si bon ami, et à quel point elle m’apprécie comme personne et qu’elle ne veut pas me perdre. C’est comme si d’un coup, elle avait décidé de tout mettre au clair avec moi. Encore sonné, j’hésite un moment lorsqu’elle me tend sa main, mais au fond je ne peux pas lui dire non. Peu importe ce qu’elle peut faire, je vais toujours finir par céder de toute façon. « Ok. On oublie ça alors. » Je lui souris gentiment et m’assois sur le muret, observant Azalyne qui se tient devant moi comme si rien ne s’était jamais passé. J’imagine qu’il y a probablement un ou deux gars dans la caserne qui doivent épier et se demander ce que l’on fait dehors. Je vais probablement avoir droit à un million de questions demain.

« Donc, mis à part faire des biscuits pour tomber dans les bonnes grâces des beaux pompiers en uniforme, tu fais quoi de beau? »Je lui souris, amusé. Ce n’est pas la première fois qu’elle emmène des biscuits à la caserne. Elle fait fureur à chaque fois. C’est une des raisons pour lesquelles les gars ne cessent de m’en parler. Et il y en a d’autres aussi, bien sûr. Il faut dire que la petite brune ne passe pas vraiment inaperçue, avec ou sans sa blouse d’infirmière. C’est arrivé plus d’une fois que j’en entende parler, souvent pour me taquiner mais aussi parce qu’elle est probablement une des rares infirmières qui n’ignorent pas les pompiers à l’hôpital. Mon téléphone se met à sonner dans ma poche, et quand je regarde le nom affiché je constate que c’est un de mes collègues. Je réponds et raccroche quelques instants après. Je regarde Aza en rangeant mon téléphone. « Apparemment je ne suis plus de garde demain. Tes biscuits devaient être vraiment bon. » Je passe une main dans mes cheveux et regarde le sol un instant. J’essaie d’ignorer le fait qu’elle m’a manqué et que j’ai envie de la prendre dans mes bras, il faudra bien que je lui dise un jour mais ce n’est pas le moment. En fait avec elle, ce n’est jamais le moment.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Elle me répond qu’elle a mis un ingrédient secret et je souris doucement, tentant de détendre l’atmosphère toujours un peu tendu en même temps. Puis elle m’explique que depuis la dernière fois où l’on s’est vu, elle a enchaîné les gardes. Est-ce qu’elle a fait ça pour ne pas penser à moi? Je ne pense pas. Sûrement un hasard ou qu’elle n’avait rien de bien important à faire. Le ton d’Azalyne est un peu hésitant, je vois bien qu’elle est tout aussi mal à l’aise que moi, au fond. Peut-être qu’elle se sent réellement mal de ce qui s’est passé l’autre soir et qu’elle espère réellement que je la pardonne. Je remarque une mèche de cheveux qui pend devant son visage, et avant que j’aie le temps d’approcher ma main pour la replacer, Aza l’a déjà fait. Le mouvement de bras inutile est donc suivi des cris d’encouragements de mon collègue qui a même pris la peine de sortir pour encourager un baiser. Je le regarde d’un air meurtrier tandis que la brunette se contente de lui faire un signe de la main pour lui dire de laisser tomber. Mes collègues n’ont pas beaucoup de tact et dans ceux que je connais le plus personnellement, certains n’ont aucuns scrupules à me foutre la honte ou à sortir des sous-entendus louches devant Azalyne. Il faut dire que c’est facile se moquer de moi présentement, ma situation est tellement ridicule.

Je baisse les yeux lorsque la jeune femme constate qu’elle est effectivement un bout de viande dans l’univers de la caserne, et je hausse les épaules en soupirant avant de relever la tête et la regarder dans les yeux. Elle semble trouver la situation quand même drôle. Pas moi, malheureusement. « Ils n’ont pas vraiment conscience, les plus cons viennent juste d’être engagés et ils croient que toutes les filles les adorent. Ça fini par passer. Si ça t’énerve vraiment par contre, je vais leur parler » Je serre les bras, j’ai les muscles un peu endolori. Il ne s’est rien passé aujourd’hui, mais passer pratiquement toute la journée au gym m’a massacré. J’essaie de ne pas trop y penser et desserre les bras avant de poser mon regard sur Azalyne. « Tu as des plans, ce soir? » Je pose la question, et réalise qu’elle est complètement absurde puisque c’est elle qui est venue à la caserne pour me trouver. « Enfin, je veux plutôt dire, est-ce que tu avais pensé à faire quelque chose de particulier ce soir? » J’espère secrètement qu’elle pense à passer une soirée relax, parce que je ne me vois pas tant que ça tenter de la suivre je-ne-sais où dans une de ses aventures.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Elle me répond que ça ne la dérange pas tant qu’elle est avec moi. Je sais bien que ça ne veut absolument rien dire de sa part et ne me fais pas trop d’idées, puis elle s’approche de moi et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je sens son léger parfum alors que je sens ses lèvres sur ma joue et je fonds tranquillement. Pourquoi elle doit faire ça? J’entends des gens rire et taper dans la fenêtre et je soupire silencieusement, un peu découragé, mais ne dit rien. J’attends de voir ce qu’elle me réserve pour ce soir, en fait. Peut-être qu’elle ne fait que passer pour me saluer, je n’ai aucune idée. Mais lorsqu’elle se met à parler, je souris doucement et l’écoute attentivement. J’aime bien son idée, mais Azalyne semble tout aussi fatiguée que moi. Elle me fait un grand sourire et s’installe à côté de moi sur le petit muret. Je réfléchis à peine à son offre avant d’accepter. « C’est certain qu’une offre pareille ça ne se refuse pas. » J’hésite un instant et pose ma main sur la sienne pour l’enlever rapidement et la reposer sur ma cuisse. Je fais comme si rien ne s’était passé puis j’ai une nouvelle idée. « Mais comme t’as l’air fatiguée, on pourrait aussi se faire livrer du chinois ou un truc comme ça… » Je pose un œil à la fenêtre et je souhaite qu’Aza ne fasse pas la même chose. Le jeune homme que je ne connais pas – probablement un étudiant – est installé et fait des signes dégueulasses avec ses mains. Si ce n’était pas du fait que j’aime pas trop me battre, je lui aurais probablement brisé les os sur le champs. Je me contente de ne pas trop réfléchir et de poser ma main sur l’épaule d’Azalyne, l’approchant contre moi.

« Et pour ce qui est du film, j’exige que ce ne soit pas une autre comédie romantique. S’il te plaît, pour ma santé mentale. » Je lui souris, en fait j’essaie d’avoir l’air normal. Je sais qu’elle vient de dire qu’elle s’en fout, mais ce n’est pas du tout le cas avec moi. En quelques secondes je suis redevenu le chevalier servant, le rôle que je déteste tellement pourtant. Mais je ne peux pas m’en empêcher, il faut toujours que je vole à son secours même quand il n’y a pas de danger en vue. Je sens mon téléphone sonner et je le sors pour regarder un message-texte. Je soupire, découragé, et me redresse vivement en prenant la main d’Azalyne pour l’inciter à se relever elle aussi. « On serait mieux de partir maintenant, ils en sont à me bombarder de messages-textes. De vrais gamins. » Je réalise que je tiens encore sa main et la relâche subitement. Je regarde la fenêtre et fait un doigt d’honneur, puis regarde Aza, espérant qu’elle ne me trouve pas trop brusque de décider ainsi de quand il faut partir et quand il faut rester. J’essaie juste qu’elle continue de ne pas s’en rendre compte, même si je sais qu’elle va bien finir par prendre conscience que je ne la vois pas comme seulement une « très bonne amie ».

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Je suis content qu’elle approuve mon choix de se faire livrer, et j’acquiesce à son commentaire à propos de l’apéro. Je donnerais d’ailleurs pas mal n’importe quoi pour un verre présentement pour me détendre. Je n’aime pas trop savoir que je suis observé comme ça par mes collègues. Azalyne fait une petite moue lorsque je lui annonce que je ne veux pas de comédies romantiques, et je regrette presque mon choix car j’ai peur de la décevoir. Elle me mentionne qu’elle ne veut pas de films d’horreur, et que si c’est le cas je vais dormir avec elle cette nuit. J’ai soudainement chaud et même si je sais qu’elle ne réfléchit pas vraiment à ce qu’elle dit, ça ne m’empêche pas de penser que je ferais tout pour elle, même s’il s’agit simplement de lui tenir compagnie à cause d’un film débile. « C’est bon, on regardera les choix alors. » Je la regarde en souriant gentiment. Et mon air change par la suite lorsque je vois le fameux message-texte qui me fait presque exploser. D’ailleurs, Azalyne semble ne pas comprendre le doigt d’honneur, que j’aurais préféré qu’elle ne remarque pas. Elle tire quand même la langue en direction de la fenêtre, et je me retiens de rire. Au moins elle ne me pose pas de questions.

Aza m’anonce qu’elle ne veut pas partir tout de suite et me propose d’aller au parc avant d’aller chercher le film. Je réfléchis un instant, regarde en direction du parc qui est assez loin pour qu’on nous laisse tranquilles. « Si tu veux te balader avant de partir, pas de problème. Je veux juste pas rester ici. » J’essaie de ne pas être trop insistant mais je la regarde dans les yeux pour lui faire comprendre que je veux vraiment partir. Je lui prends la main et l’emmène en direction du parc et réalise subitement mon geste. Je lâche sa main, glissant les miennes dans mes poches. J’espère qu’elle ne se posera pas de questions, là encore, et me promet à moi-même de faire plus attention à ne plus tenter des gestes de rapprochement comme ça. C’est simplement jouer avec le feu, sans vouloir faire de jeu de mot pourri. « J’espère que ça ne t’embarrasse pas trop, ce qu’ils font? Je parle des allusions et tout ça, bien sûr. » Je ne pense pas que ce soit quelque chose qui la dérange réellement, Azalyne a un bon sens de l’humour. Pourtant, j’ai besoin de l’entendre me rassurer car parfois j’ai l’impression qu’ils dépassent un peu le stade de la blague.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

J’attends patiemment qu’elle me réponde et mes mains se crispent dans mes poches. J’ai un peu peur qu’elle se mette à me poser des questions, car je ne saurais pas quoi inventer comme excuse. Elle me répond finalement qu’elle n’a pas de problèmes avec eux, mais que s’il y en a éventuellement, elle n’hésitera pas à leur faire savoir. Je souris un peu lorsqu’elle parle des laxatifs et je me demande si elle serait réellement capable de le faire. Probablement.
Alors que l’on marche dans le petit sentier qui mène au club vidéo, je suis plutôt silencieux, et je me contente de profiter du fait qu’Azalyne soit là avec moi uniquement, et que son bras soit accroché au mien. Même si ça me rend un peu triste car je sais qu’elle le fait sans arrière-pensées. La jeune femme brise le silence pour me donner plus d’explications sur ce qu’elle pense de mes collègues. Je l’écoute donc me demander si moi je suis mal à l’aise, et même me proposer de ne plus passer à la caserne en surprise. Même si je sais que ce serait plus simple comme ça, je n’ai pas envie qu’elle cesse d’apparaître comme ça sans raisons. Alors qu’elle termine de parler, je prends à mon tour la parole. « C’est pas ta faute, Aza. Ils comprennent pas, c’est tout. Toi t’es parfaite, t’as rien à te reprocher. J’aime bien quand tu passes. C’est sympa te voir apparaître sans raison. » Je parle rapidement et je constate que j’ai l’air ridicule. « C’est juste que je veux que tu me le dises s’il y a le moindre problème, ok? »

Je réalise que je me suis détaché d’elle et pose ma main sur son épaule pour la rapprocher de moi alors que l’on continue de marcher en direction du magasin de location. J’ai envie d’oublier tout ce qui est trop compliqué ce soir et de m’amuser un peu, donc je me sens moins coupable d’apprécier la sentir collée à moi. Je regarde le liquor store de l’autre côté de la rue pendant un instant et regarde ensuite Azalyne. « Tu sais quoi? Fais-moi une surprise pour le film. Ce que tu veux. Je vais m’occuper des vivres. » Je lui souris et me détache d’elle pour me diriger en vitesse vers le magasin sans dire un mot de plus.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

J’entre dans l’épicerie et regarde autour de moi les pancartes indiquant ce qui se trouvait dans les rangées pour finalement prendre un panier et me diriger en direction des amuse-gueules. Je prends de quoi manger et boire durant le film ainsi que deux bouteilles de vin. Je me dépêche, je n’ai pas trop envie de la faire attendre et de toute façon elle était d’accord tout à l’heure pour se faire livrer quelque chose. Je passe à la caisse automatisée et sors à l’extérieur, me dirigeant vers le magasin de films. J’aperçois Aza qui est sur un banc et qui sourit en regardant son téléphone. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Est-ce qu’elle parle à un gars? Est-ce que c’est Ariana? J’espère secrètement qu’elle ne parle qu’à sa sœur et j’accélère le pas pour aller la rejoindre. Je lui montre les achats en souriant, regardant les films qu’elle a apportés. Il y en a plus que je croyais. « Ouah, tu veux nous faire un marathon? Je vais aller acheter plus de bouffe dans ce cas! » Je la regarde, un peu intrigué mais aussi amusé. C’est comme si je n’avais jamais vu qu’elle jouait sur son téléphone à faire je ne sais quoi. Je m’assois à côté d’elle et prends les films, regardant chaque titre. « J’en étais sûr, tu pouvais pas résister à la tentation de la comédie romantique! » Je lui montre le film pour souligner mes mots, prenant un faux-air offusqué. De toute façon, je vais le regarder quand même. Juste pour lui faire plaisir, parce qu’elle les aime bien.

« T’es vraiment chanceuse que je me sens charitable ce soir, c’est bon on va le regarder. » Je soupire, faussement découragé. Je pose ma main sur la sienne puis me lève, l’invitant à faire de même. Je regarde autour et je constate que j’ai laissé ma voiture garée à la caserne. Ça ne me dérange pas vraiment, mais je me demande si Aza est venue en voiture elle aussi. « Tu as marché de chez toi à la caserne, dis-moi? » L’idée de faire le chemin inverse pour aller chercher la voiture ne m’attire pas trop et j’espère qu’elle est venue en marchant. Ce serait bien moins compliqué, je pourrais à la limite dormir chez elle et aller chercher la voiture demain. Ce ne serait pas la première fois de toute façon, même s’il ne s’est jamais rien passé entre nous.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Je souris à la réaction d’Azalyne lorsque je lui dis que je suis prêt à regarder le film romantique avec elle. Elle semble vraiment heureuse, comme si je venais de lui faire un énorme cadeau. Elle tente de me convaincre que je vais adorer le film et que je ne pourrai plus m’arrêter de regarder des comédies romantiques, mais je ne suis pas trop sûr de ça. J’ai fait une overdose il y a déjà bien longtemps de ça, et si ce n’était pas d’elle, je n’en regarderais certainement plus jamais.
Alors que l’on se lève du banc, je regarde la jeune femme qui tient son téléphone. Elle semble sur le point de le mettre dans son sac puis décide de me montrer une photo sur son téléphone. Finalement, elle ne parlait à personne, elle ne faisait que regarder des photos. Je me sens un peu idiot d’avoir été aussi paranoïaque et je me contente de rire en regardant la photo où Aza et moi sommes recouverts de crème chantilly. « Tu sais, je peux faire à manger quand je m’y mets! » Je la regarde, faussement offusqué. Il est vrai que j’ai rarement fait à manger pour Azalyne et que cette fois-là avec Ariana était assez marquante, mais je tente de me défendre quand même.

La brunette me confirme qu’elle est venue en marchant et me propose de faire ce que j’ai déjà en tête. Elle me fait remarquer que j’ai acheté pas mal d’alcool, et je la regarde d’un air innocent. « J’ai seulement pris deux bouteilles de vin! C’est pas comme si j’avais dévalisé la tequila et la vodka! » Son bras accroché au mien, on se dirige finalement vers chez elle. Sa maison n’est effectivement pas bien loin de la caserne, j’y suis même allé plusieurs fois après des quarts de nuit pour dormir car je ne voulais pas retourner chez moi. Bientôt, je peux apercevoir l’entrée et je laisse la demoiselle ouvrir la porte avant de la suivre à l’intérieur. Azalyne me dit de faire comme chez moi, et je souris à sa remarque sur le fait que je suis habitué. J’enlève rapidement mes chaussures et dépose le sac sur la table à côté des films, puis me précipite sur le canapé pour m’y allonger. « Je devrais pas avoir de problème, je t’attends. » Je ferme les yeux un instant, et mes muscles endoloris me rappellent que je ne devrais pas passer des heures au gym sans faire de pauses. J’attrape la télécommande et allume la télé pour voir ce qu’il y a de bien, mais ne trouvant rien de mieux que les nouvelles, j’éteins aussitôt. Je me relève et prends le sac avec les bouteilles et les chips pour aller les porter dans la cuisine, et je constate qu’Azalyne n’y est pas comme je le croyais. Je hausse les épaules et ouvre le congélateur à la recherche de quelque chose de froid pour apaiser mes pauvres muscles. Ne trouvant que des sacs de légumes congelés, je pose la question à Azalyne assez fort pour qu’elle m’entende. « Je te pique les légumes congelés, j’ai mal au dos! Je sors le sac du congélateur et retourne au salon, retirant mon t-shirt et le déposant sur le sol pour m’allonger à nouveau sur le sofa, déposant le sac froid sur mes épaules. Je ferme les yeux un instant, sentant la douleur se dissiper.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Les yeux clos, je profite du bref moment de silence toujours présent avant d’entendre la jolie brune revenir vers moi. J’ouvre lentement les yeux pour la regarder, et je me retiens de rire à la tête qu’elle fait. Je ne passe quand même pas de commentaires, n’ayant pas envie de la mettre mal à l’aise, et la laisse continuer à admirer la vue. J’essaie de ne pas trop me montrer, à l’habitude, ne comprenant pas les autres gars avec qui je m’entraîne qui ressentent toujours le besoin de ne pas porter de t-shirt. Seulement là, je n’ai pas trop le choix vu la situation. Azalyne me dit de me mettre sur le dos puis je remarque la crème qu’elle a entre les mains. C’est bien mieux que des sacs congelés, ça. « Une infirmière pour moi tout seul? J’ai pas mal de chance aujourd’hui, faut croire. » Je la regarde d’un air taquin et un peu provocateur, puis la regarde commencer son manège et prendre deux verres dans le bar pour servir la première bouteille de vin. Je la regarde faire du coin de l’œil alors que je me prépare à m’allonger sur le ventre, contrairement à ce qu’elle m’a demandé. Je sens son regard se poser sur moi de temps à autres et je me retiens de sourire, jouant à l’innocent. Je prends le verre de vin qu’elle me tend et je cogne mon verre contre le sien à ses paroles pour trinquer.

« À cette soirée qui commence déjà bien. » Mis à part les idiots à la caserne, il n’y a pas encore eu d’anicroches depuis que l’on s’est vu ce soir. Et j’en suis plus que content, je ne me vois pas faire la guerre à Aza éternellement. Je m’allonge finalement totalement après avoir bu une gorgée de vin et me retrouve dos à elle. Je ne peux donc plus la regarder admirer la vue. Je me demande si elle est consciente qu’elle n’est aucunement discrète, mais je ne passe pas de commentaires à ce sujet. Je me contente de tourner un peu la tête sur le côté pour au moins l’entendre me parler. « Je me suis couché sur le ventre, je pense que ce sera plus facile pour toi, comme j’ai surtout mal au dos. » Je souris, juste pour lui faire remarquer qu’elle s’est trompé dans ses mots et que ça me fait un peu rire. J’hésite à en ajouter un peu, et finalement je laisse tomber l’affaire, ne voulant pas la rendre mal à l’aise non plus. J’attends patiemment qu’elle s’installe et bientôt je sens la crème sur mes épaules et mes muscles se contractent alors qu’un frisson me parcourt l’échine. Je redescends de mon nuage où soudainement c’était moi qui était en position forte, et je réalise qu’Azalyne a une nouvelle fois le dessus.
Le contact de ses doigts me donne chaud, et je me redresse un peu sans lui nuire pour prendre une grande gorgée de vin. Je pense à autre chose, du moins j’essaie, et alors qu’elle touche à une zone particulièrement sensible, je pousse un gémissement et laisse échapper un juron. « Merde Aza, t’as des talents que je connaissais pas..T’as pas envie de devenir ma masseuse privée? » Je constate à quel point ma phrase a l’air louche et éclate de rire avant de me reprendre. « Enfin, plus kiné que masseuse, ce serait trop louche sinon. » Je prends une nouvelle gorgée de vin et referme les yeux, repensant à ce que je viens de dire. J’essaie de me convaincre que je n’ai pas eu l’air ridicule, et frissonne lorsqu’elle passe sur un muscle trop sensible.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Sans broncher, je laisse ses mains se promener doucement et je m’efforce de garder les yeux fermés. Histoire de profiter un peu du massage. Ce n’est pas la première fois qu’Azalyne me masse, mais elle ne l’a pas fait très souvent non plus. L’expérience est étrange à chaque fois et même si je sais que je vais finir par déprimer en y repensant, je juge que ça vaut entièrement le coup. C’est pour cette raison que lorsqu’elle me parle de signer un contrat, je souris. « Pas de problème, je vais te faire imprimer ça. » Je sens ses doigts qui se posent à nouveau sur mon dos et qui remontent lentement vers mes épaules et je me mets un peu à somnoler. La question de la belle brune me ramène rapidement sur terre. Je suppose qu’elle doit blaguer, mais avec elle je ne suis jamais trop certain. Je regarde devant moi, essayant de ne pas trop bouger, à la recherche d’une réponse dans le tissu du canapé. « Je vais regarder tous les films que tu vas proposer. » Je réponds spontanément après avoir vu du coin de l’œil le sac de dvds. Je risque de me retrouver perdant dans cette histoire, j’ai l’impression.

Je prends une gorgée de vin, puis une autre et je constate que j’ai presque fini ma coupe. Il faudrait peut-être que je ralentisse la cadence, je n’ai pas trop envie de devenir super émotif et de vider mon sac comme la dernière fois. Ce soir, Aza est juste une amie, et il n’y a personne pour nous déranger qui pourrait ressembler à une de ses pièces de viande habituelles. Il n’y a qu’elle et moi. Je retiens un sourire à cette pensée; ça me manquait des soirées comme ça.
Je me redresse sur le canapé, le massage finalement terminé, et cherche mon t-shirt sur le sol. Je finis par le trouver et le pose sur la table basse. Je prends la bouteille de vin et me verse un nouveau verre, remplissant celui de la jeune femme en même temps. [color=steelblue]« Donc, c’est quoi ce film que tu veux tant me faire regarder? » Je la regarde d’un air intrigué et je m’attends au pire. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour elle, sincèrement? Pas grand-chose. En fait, elle va toujours finir par m’avoir à l’usure.

© EKKINOX

I WISH THAT I COULD WAKE UP WITH AMNESIA AND FORGET ABOUT THE STUPID LITTLE THINGS.

Je regarde Azalyne qui s’étire pour prendre le dvd dans le sac, mais qui finit par tomber sur le sol lors d’une fausse manœuvre. Elle éclate de rire et je souris, amusé. Puis finalement elle me montre le film, et le titre me dit quelque chose. Je suis persuadé de l’avoir déjà vu, peut-être avec mon ex. Peu importe, ce n’est pas vraiment des plus important. Je me contente de soupirer dramatiquement. « T’as de la chance que je sois si dévoué. C’est bon, on regardera ça alors. » Je la regarde ensuite appeler le restaurant chinois pour commander notre festin, assise en tailleur sur le canapé juste à côté de moi. Lorsqu’elle a fini et qu’elle a raccroché, elle me pose une question que je n’aurais jamais cru entendre ce soir. Je tente de garder mon calme et d’agir comme si sa question me fait rire, mais au fond de moi, je panique. Je réalise que je n’ai pas dit un mot, et me décide finalement à lui répondre. « Oh, tu sais, je n’ai pas trop le temps de fréquenter des filles. C’est trop compliqué avec le travail, je trouve. » J’essaie un peu de détourner le sujet, je n’ai pas envie qu’elle sache que ma dernière relation remontait à plus de cinq ans. Des plans pour qu’elle décide de prendre pitié de moi quand c’est ma faute si ma vie amoureuse est aussi lamentable. « Mais effectivement, je n’ai pas vraiment de problème avec les filles. » Ce qui est quand même vrai, si on fait abstraction du fait que je ne me rappelle pas la dernière fois où j’ai ramené une fille chez moi.

Je la regarde, un peu intrigué, et prend une gorgée de vin pour tenter de faire passer la boule qui semble s’être formée dans ma gorge. Toujours inconfortable, je regarde Azalyne qui boit son verre. J’ai envie de lui demander pourquoi elle me pose cette question, même si je me doute que c’est par pure curiosité. Je regarde un instant le sol, puis le dvd, puis je me retourne vers la jeune femme. « Donc, tu veux qu’on démarre le film? » J’essaie de me faire convainquant et lui montrer que sa question ne me dérange pas, et alors que je prends une nouvelle gorgée de vin je constate que mon verre est bientôt vide.

© EKKINOX

© EKKINOX