it's time for me to live.

Le réveil me fait tomber de mon lit. Je grogne, tout en étant d'une humeur massacrante. Passant une main sur mon visage, je regarde l'heure. 9h36. Je suis encore fatiguée, le manque de sommeil se lit encore sur ma figure. J'ai passé une bonne partie de la nuit au travail à trier les articles et notes, préparer les cafés et à déambuler dans le bâtiment jusqu'à en avoir mal aux pieds. Heureusement qu'aujourd'hui est ma journée de repos, et surtout ma préférée du mois. Non pas parce que je peux déambuler comme je veux, ou encore voir Sam et Nath. Tout simplement parce qu'aujourd'hui, je vais à l'Armée du Salut. Dis comme ça, ça peut paraître étrange d'aller dans un établissement pour personnes défavorisés et récupérer des vêtements, mais il n'y a pas que ça. Le reste est une surprise que j'adore savourer.

Filant sous la douche froide pour me réveiller, le temps d'avaler un café, me coiffer et de m'habiller avec un sweat noir qui m'est bien trop grand et un jean troué, il est déjà dix heures. Je ne pense même pas à me maquiller et j'enfile mes Doc's Martens noires et sors de l'appartement, pour rejoindre le quartier de Downtwon, où se trouve ma quête si je l'accepte. Une fois arrivée, je me plante devant le bâtiment qui contraste avec cette partie de la ville. Je n'ai jamais compris pourquoi mettre l'Armée du Salut devant de grandes habitations assez chics. Je soupire et rentre dans le bâtiment, saluant les quelques personnes que je connais puis je n'ai pas le temps de me retourner que j'entends des enfants. D'habitude, je déteste les gosses. Je déteste le contact humain et affectif. Mais là, c'est différent. Un sourire apparaît sur mon visage, je me détends tandis que trois petites têtes me sautent dessus et une peine à arriver, du haut de ses deux ans. Hana, Scott, Kayla et John, le petit dernier se mettent à crier Tata Mauve, s'agrippant à moi tandis que je les taquine affectueusement. J'adore ces petits bouts. Lentement, je m'approche de leurs mère qui semble heureuse de me voir. Je la connais, c'est elle qui gère cette établissement et me refile donc parfois des fringues sympas ou des repas lorsque j'ai la flemme d'aller au supermarché. D'un geste, je lui fait comprendre que je les kidnappes pour aller manger au Mc Do du coin et elle m'accorde ce kidnapping, tandis que je prends le plus petit dans mes bras pour le porter et sortir de là.

Une fois sortie, je discute avec eux, leurs demandant comment ça se passe à l'école, leur balançant des blagues ou des petits défis tandis qu'ils essaient de marcher à la même allure que moi sur le chemin du célèbre fast food américain. Ne pensant pas un instant tomber sur quelqu'un que je connais. Ne pensant pas encore à lui.



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i don't wanna miss a thing

Retour à la réalité. Finis les vacances qui s’étaient terminées en désastre innommable, finis les baisers sucrés de la rouquine. J’avais d’ailleurs joué les morts, autant avec elle qu’avec Cael. Ça me pourrissait. Obligé d’éviter le blond au studio, obligé de résister à la tentation d’envoyer des SMS à ces deux abrutis. Mine de rien, je me retrouvais sacrément con, et tellement seul. Mains dans les poches d’une veste en cuir au prix impressionnant, j’avançais, mal rasé et très peu coiffé. Ça me vieillissait un peu. Ça me donnait ce petit air d’homme très occupé. D’homme blasé. D’homme perdu. Et étrangement, ça plaisait encore plus aux filles. J’avais vu ça quand l’une d’elles avait rougit en levant les yeux sur moi. Mais je n’étais pas d’humeur à ça. Je n’étais plus d’humeur aux sourires ravageurs et aux yeux doux. J’avais juste envie de m’affaler sur mon lit, et de maudire les deux idiots.

Les rues étaient bondées. Normal, un weekend et qui plus est, dans le Downtown. Les cris d’enfants, les rires, les paroles, les bruits des véhicules. Ça me passait bien au dessus de la tête, bien au dessus de tout. Tête dans les nuages, je ne regardais pas autour de moi. Je faisais encore moi attention aux gosses qui couraient sur les trottoirs, risquant de se casser la gueule et de pleurer. Pourtant, une gamine me percuta de plein fouet. Elle n’était pas bien grande, environ … huit, ou peut-être dix ans. Elle m’arracha de mes pensées, de ma rêverie malsaine. « ça va ? » Elle recula de quelques pas sans dire un mot. Je levai les yeux et boum. Hiroshima frappa une nouvelle fois ma tête. Là, sur le trottoir, entourée de quatre mômes, il y avait Mauve. Mon cœur s’accéléra, et je mordillai ma lèvre inférieure. Merde. Pourquoi fallait-il que je tombe sur elle ? « Heum. Salut … » pas super convaincant comme approche. Je sais. Mais je me contentai de l’observer, me rappelant à quel point j’étais fou amoureux d’elle. De cette fille. Mon regard glissa sur le gamin dans ses bras. Attendez, c’est une blague ? Il est à elle … ?



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H-J:

it's time for me to live.

J'avançais, me frayant un passage entre les gens pressés, essayant de ne pas perdre de vue aucun des enfants. Je ne me le pardonnerai pas si ils leur arrivaient quelque chose, même une égratignure. Tenant bien fort contre moi la petite tête blonde qu'étais John, je gardais un œil sur eux. Soudain, quelqu'un me bouscula. Le temps de reprendre l'équilibre, j'avais perdu la plus grande. Mon cœur manqua un battement et mon visage se crispa. J'imaginais dans ma tête toutes sortes de scénarios catastrophes : enlèvement, vol d'enfant, ou encore accident. « Hana ? HANA ! » je m'étais mis à regarder de droite à gauche, l'inquiétude me gagnant chaque secondes un peu plus. Je pris la main des deux autres, la serrant aussi fort que je le pouvais jusqu'à ce que mon regard tombe sur la gamine qui venait de me faire aussi peur que si je tombais du dernier étage d'un building. Je me mis à marcher plus vite pour la rejoindre, ne lâchant pas les autres puis me pencha pour voir si elle allait bien. « Mon dieu tu m'as foutu une de ces trouilles ! Ne me quitte plus jamais comme ça ! » je l'engueulais au milieu du trottoir, mais qu'importe. J'avais eu tellement peur. Puis prenant conscience que quelqu'un me regardait, je levai les yeux vers l'homme qui m'était encore inconnu. Enfin pas totalement, puisqu'il s'agissait d'Aedan. Aedan que je n'avais plus revu depuis ma dispute avec Cael. Aedan qui n'avait pas quitté mon esprit. Aedan que, malgré moi, j'aimais tellement. Et il fallait que je tombe sur lui alors que j'engueulais Hana. « Heum. Salut … » je me relevais lentement, tout en le regardant. Son allure était détaché, presque fatigué. Mais malgré ça, il restait encore plus attirant. Je devais vraiment être pitoyable, avec mon sweat noir trop grand et dont John avait pris un malin plaisir à me baver dessus. « Salut Dan... J'espère qu'Hana t'a pas fait mal ou dérangé. » je lui souriais, un peu gênée. Comment se sentir à l'aise alors que ça fait un bout de temps que vous vous fuyez mutuellement ?



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i don't wanna miss a thing

Je secoue la tête, encore choqué. Elle m’en aurait parlé quand même si elle avait un gosse ? Elle me l’aurait dit, hein ? La panique s’empare de moi à une vitesse fulgurante. Est-ce que j’aurai la force de rester à ses côtés si un … mais attendez, peut-être qu’elle a déjà un mec ? Mon cœur se serre, mon souffle s’accélère. La panique. Une boule se forme dans le creux de mon ventre, une autre dans ma gorge, j’ai envie de vomir. Calme-toi Dan. Ne pense pas à ça … Je ferme les yeux une demi seconde puis les rouvre, secouant la tête. « Y’a pas de mal, j’crois qu’elle a juste eu peur de moi. » Un sourire un peu crispé se poste sur mes lèvres. Les gosses me fixent comme si j’étais un alien, et j’ai bien envie de leur crier un « bouh », qui leur fera faire des cauchemars ce soir. Mais non. Je suis Aedan le gentil, parce qu’elle est en face de moi, que j’ai envie de lui parler, de la serrer contre moi. Je ne pose aucune question pour les gosses. Même si le dernier … et bien j’ai tellement envie de savoir s’il est d’elle. Si elle s’est moquée de moi, si quelqu’un partage déjà sa vie. En temps normal, j’n’en n’aurais rien à foutre. Mais ce n’est pas un temps normal, parce qu’elle est là. Qu’elle me regarde. Qu’elle me rappelle à quel point j’suis tombé bas dans le cercle des sentiments. « Tu vas bien ? » je passe une main presque tremblante dans mes cheveux, les décoiffant encore et toujours. J’ai l’impression d’être face à une inconnue, inconnue que je meurs d’envie d’embrasser. « J’voudrais pas te retarder … » je me décale sur un côté en disant, pour les laisser passer, elle et les mômes. Dis comme ça, elle pourrait avoir l’impression que je lui demande de fuir. Mais pas du tout. Est-ce qu’elle entends la pointe d’espoir dans ma voix, l’espoir qu’elle vienne dans mes bras, et qu’elle me dise qu’elle ne me quittera pas ?



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Je suis heureuse de le revoir. Ce foutu sourire à la fois gêné et ravi est vissé sur mon visage. C'est l'effet qu'il me fait. Un manque constant quand je ne sens plus ses yeux posés sur moi, et puis une vague de bonheur lorsqu'il est là. En tout cas, toute mon inquiétude et ma colère récente s'est envolée en même temps que j'ai croisé le regard de Dan. La petite casse-cou peut-être heureuse : elle vient de se faire sauver par son nouveau superhéros, Super Aedan. « Y’a pas de mal, j’crois qu’elle a juste eu peur de moi. » peur ? je ne sais pas trop, et si c'est le cas, cette peur semble avoir brutalement disparue, s'être envolée comme par magie car la voilà à tirer la langue. Qu'est-ce que j'aimerais être à nouveau une gosse. Si seulement je n'avais pas grandi trop tôt... « Oh, tu sais, Hana est une grande fille, n'est-ce pas ? Un peu polissonne, c'est vrai. » je souris à la petite fille, tandis qu'elle hoche la tête, toute fière d'être une grande.

« Tu vas bien ? » Sentant les deux autres se remuer près de moi, je leur lâche la main, et ils courent rejoindre leur aînée, tout contents. Puis je reporte mon attention sur le jeune homme, qui me regarde moi et tout ces gosses. « Ouais, comme tu l'as remarqué, c'est un peu la garderie ici ! » j'ébouriffe affectueusement les cheveux blonds du petit dernier, tout en le redressant un peu et en lui souriant d'un air presque maternel. Je lève la tête vers Aedan mais je n'ai pas le temps de lui demander comment va t-il en retour qu'il me laisse le passage en rétorquant « J’voudrais pas te retarder … » Je reste sur place, un peu hébétée. Est-il pressé, occupé ? Ou bien va t-il voir une de ses fameuses conquêtes... ou sa nouvelle petite amie ? Je détourne mon regard, rompant ce contact pour regarder les trois petites crapules faire les idiots. En fait, je veux surtout qu'il ne voit pas que je suis devenue soucieuse. Ou plutôt jalouse. Je veux en savoir plus. Décidée, je me lance « Tu sais, on allait justement partir manger dans le coin, ce serait sympa que tu viennes avec nous, grand monstre qui fait peur à Hana. » je m'approche de lui, tout en souriant d'une façon assez taquine. Je prie pour qu'il accepte ma proposition, qu'il ne parte pas je ne sais où. Mais en réalité, je veux surtout qu'il n'y ai que moi : mais ça, je ne lui dirai jamais.

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Mauve semble avoir un côté maternel caché. Peut-être que ces gosses sont de sa famille ? Malgré les questions qui me trottent dans la tête, je me tais. Les gosses s’enfuient, pas bien loin, mais assez pour nous laisser un peu d’intimité. Ou presque. Parce qu’une rue, ce n’est pas très intime. Et puis je l’observe parler à ce bébé, ce môme de deux ans qui regarde les autres avec une envie folle d’aller jouer. Un petit sourire amusé étire le coin de mes lèvres. « Et oui, encore trop petit pour aller courir. Bientôt mon grand, bientôt ! » Je m’adresse à ce môme comme si je le connaissais. Je m’adresse à ce môme comme si la bave sur son menton ne me répugnait pas. Je déteste les enfants. Je les déteste pour ce que les autres aiment chez eux : Leur naïveté et leurs questions stupides. Et puis Mauve me sors de mes pensées, une fois encore. Elle s’approche de moi, et je dois me retenir pour ne pas l’attraper dans mes bras et poser mes lèvres sur sa joue. Ou sur son front. « Ah oui ? » Que j’aille avec eux ? Je cache mon air déçu. Ouais, j’adorerais. Mais pas avec tous ces gamins à surveiller. Je ne suis pas une nounou, moi. « Bah écoute, je t’accompagne. Ça te fera de la main d’œuvre. » Je lui offre un petit clin d’œil, puis regarde les passants dans la rue. « On va où ? » Je choppe une nouvelle fois son regard, et cette envie folle me reprends. Je me penche un peu vers elle, lui dépose un baiser chaste sur les lèvres. « Tu m’dois au moins ça ! » Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais si je l’ai dis, c’est qu’elle me le doit. C’est sûr.


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Le petit blondinet bat des pieds dans le vide, essayant de se dégager de mon entreinte alors que je le sers plus contre moi, prête à le gronder si il le faut. Je passe une main derrière sa tête pour le retenir contre ma poitrine. Soudain, la voix d'Aedan le fait tourner la tête dans sa direction. « Et oui, encore trop petit pour aller courir. Bientôt mon grand, bientôt ! » je souris face aux paroles du jeune homme. A t-il déjà garder des enfants ? Son ton est doux et agréable. « Ecoute tonton Aedan, petit garnement ! » Avec mon pouce, j'essuie la bave qui dégouline de sa bouche tout en riant. En temps normal, j'aurais trouvé ça répugnant. Mais ce ne sont pas n'importe quels gosses, alors je ne me permet pas de faire un faux pas.

« Ah oui ? » je penche la tête vers le côté, tout en attendant sa décision finale. Acceptera t-il ? ou au contraire, refusera t-il ?  « Bah écoute, je t’accompagne. Ça te fera de la main d’œuvre. » si je pouvais, je le prendrais dans mes bras et l'embrasserait à pleine bouche. Sauf qu'il y a les enfants, donc je m'abstiens, malgré cette envie brûlante de ne plus me détacher de lui.  « Tu feras un très bon tonton Dan, tu verras. » je le taquine, me doutant que ce n'est pas du tout le style du jeune homme de devoir garder des enfants ou encore d'en avoir. A moins qu'il en ai... ? je préfère oublier cette supposition. « On va où ? » je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'Aedan pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Elles s'étirent en un sourire satisfait une fois qu'il les as retiré. « Tu m’dois au moins ça ! » vraiment ? je pose un doigt sur ses lèvres, en prenant une moue à la fois offusquée et amusée. « Pas devant les enfants, voyons ! » soudain, le reste de la fratrie revient en courant, tout en criant. Certains rient, d'autres crient qu'ils vont au Mc Do, bref, ils font du bruit. La petite brune qui avait bousculé Aedan s'accroche soudainement à son t-shirt, tout en lui demandant, les yeux pétillants. « Vous êtes amoureux ? Hein que t'es l'amoureux de Tata Mauve ? »

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Un bon « tonton Dan » ? Je grimace. Non je ne ferais pas un bon tonton Dan, surtout pas. Mais elle semble si heureuse, alors un sourire vole la place de ma grimace. « Tonton Dan, t’as pas plus ridicule comme surnom ? » je lui donne une pichenette sur la joue et hausse les épaules. Comme si les gosses en avaient quelque chose à foutre de nous. Je m’apprête a le lui dire, d’un ton amusé. Mais au même moment, Hana s’agrippe à mon t-shirt et me regarde droit dans les yeux, semblant la plus heureuse du monde. J’ai envie de la repousser, de lui dire de ne pas toucher à mon t-shirt blanc avec ses mains pleines de terre, mais sa question me frappe. J’ai l’impression que la foudre s’abat sur moi et j’ouvre la bouche, comme un poisson hors de l’eau. Si je suis amoureux de Mauve ? Quelle question, j’en suis dingue ! Mais je … merde. Pris de court par une gamine d’à peine dix ans ! « J-je … » et voilà que je bégaie. Merde. Merde ! Mais réponds Aedan, réponds ! Elle m’a vu embrasser Mauve. A son âge, les bisous sur les lèvres, c’est significatif. Je … j’suis complètement largué. Et la gamine me regarde, son sourire d’ange sur les lèvres, ses yeux qui battent fièrement des paupières en attendant une réponse. « Tu pourrais pas comprendre, t’es trop petite. » J’essaie de lui sourire. Mais bordel, qu’est-ce qu’elle m’a troublé. Confrontation à la réalité. Je n’ose même pas lever les yeux vers Mauve. Mes joues ont rougies. Merde …


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Dan me met une pichnette et je lui fais un énorme sourire amusé. « Tonton Dan, t’as pas plus ridicule comme surnom ? » je m'apprête à répondre, mais Hana lui saute dessus avant moi, avec ses grands yeux bleus. A sa question, mon sourire a disparu, laissant place a une certaine appréhension tout de même opaque. J'ai tellement peur de ce qu'il va répondre. Seule spectatrice de cette petite scène, Aedan se met à bégayer, et je crains le pire. Sans m'en rendre compte, je porte une main à mes lèvres, me rongeant les ongles. J'avais promis de ne plus le faire, mais là, c'est vraiment une situation particulière. Gênante surtout : autant pour moi que pour lui. « Tu pourrais pas comprendre, t’es trop petite. » j'ai tourné la tête, jusqu'à ce qu'Hana m'interpelle pour la seconde fois, me sortant de mes réflexions qui se résumaient à se demander qu'est-ce que ça signifie, merde ?

« Tata Mauve ! Tataaaaa ! Explique moi, s'il te plaît ! » Je soupire, me baissant pour poser un genou à terre pour me mettre à sa taille et la regarder dans les yeux. « Ecoute Hana... » Je ne sais pas trop quoi lui dire en réalité. Puis je me met à sa place : elle doit sûrement être toute contente pour "nous". Je baisse la tête puis la relève, reprenant un sourire malin avant de lui dire avec un air secret « Oui, Aedan et moi on est amoureux, mais chut ! » je pose un doigt sur ma bouche, signifiant qu'il faut garder ça sous silence. Stupide ; nous sommes en plein millieu de la rue. Puis, pour accentuer cette mise en scène, je regarde de droite à gauche. « C'est un secret, parce qu'en fait... nous sommes amoureux mais comme nous sommes des agents supers secrets, on a pas trop le droit, donc il faut qu'on se cache, nous et notre amour, un peu comme Roméo et Juliette ! » la fillette semble satisfaite de cette explication complètement insolite. Elle pose à son tour un doigt sur sa bouche, demandant à ses frères et soeurs de faire de même. Je me relève, toujours le gamin dans les bras et Aedan qui doit bien se foutre de moi et mon explication bidon. Je n'ose même plus le regarder dans les yeux, gênée. Parce que je sais pertinemment qu'au fond, ce n'était vraiment pas un mensonge. Je l'aime, mais il ne le saura sûrement jamais.

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La gamine me regarde, fais une moue, visiblement pas satisfaite de ma réponse. Elle se tourne vers Mauve et lui demande de lui expliquer. Merde. Mon regard foncé se pose sur la chevelure de la rousse qui s’est agenouillée et qui semble prête à tout expliquer à la petite fille. Et là, j’ai l’impression que c’est moi, le gamin à qui on raconte tout. J’attends qu’elle ouvre la bouche, mordant mes lèvres à sang. Et là, j’ai l’impression qu’elle perfore une bulle, qu’elle touche la corde la plus sensible. Je manque de me casser la gueule tant le choc est puissant. Un bus vient de me percuter de plein fouet. Façon de parler, hein. Mais c’est l’effet que ça me fait. « Mauve, je … » mais elle enchaîne. Des agents hyper secrets … ? ah ouais, merde. C’était juste pour ne pas décevoir la gamine.
Je passe du rouge vif au pâle fantomatique. Putain mais quel con. Je fourre mes mains dans mes poches, sans pouvoir cacher cet air déçu, cet air frustré. J’ai envie de me gifler, de me traiter de tous les noms. Mauve termine son histoire d’agents secrets, et Hana semble plus que ravie. Moi, je n’ai même pas écouté la fin, j’ai envie de vomir. J’ai l’impression d’avoir un poids dans l’estomac. Faut que je lui dise. Mais pas maintenant. Je regarde la rousse, puis soupire. « On y va ? J’ai la dalle … » ce n’est pas vrai. J’ai juste envie de m’enfuir. Comme d’hab. Lâche, c’est devenu un travail à plein temps chez moi.


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Au millieu, de mon récit, j'entends un « Mauve, je … » mais je ne percute pas. Il doit sûrement vouloir dire « Mauve, je suis déjà avec quelqu'un. » ou encore « Mauve, t'es pas obligé. » alors j'enchaîne aussi vite que possible, ne lâchant pas du regard les yeux de la petite, ne voulant pas casser cette instant avec Hana qui est en haleine. Une fois finie, je crois que je suis cramoisie. Aussi rouge qu'une tomate bien mûre. En tout cas, j'ai chaud. Pourquoi est-ce que j'ai dis ça ? Evidemment, pour faire plaisir à la petite. Mais j'aurai tout simplement pu dire que oui, nous étions amoureux... Sauf que non. Nous ne sommes pas ensembles. C'est tellement compliqué !

Pendant trente secondes, j'ouvre la bouche, hésitant à tout lui balancer d'un coup, puis je secoue la tête comme pour me convaincre toute seule que non, c'est impossible, et comme si il écoutait dans ma tête, il change de sujet, le regard par terre malgré l'agitation des enfants autour de nous. « On y va ? J’ai la dalle … » Je hôche la tête, attrapant au passage doucement la manche de Dan de ma main libre et de lui dire, avec une pointe de malice. « Pour pas te perdre aussi. » Oh non, que je n'avais pas envie de le perdre... pas tout de suite. Je jette un regard en arrière, faisait un signe aux enfants qu'on y va et ils nous rejoignent, tous rigolants et de bonne humeur. J'essaie de remettre de l'ordre du côté du bataillon en lançant ; « Attention attention, nous allons en direction du Mac Do pour y reprendre des forces ! Je répète, direction le Mac Do ! Reçu cinq sur cinq ? » les enfants me crient un « reçu cinq sur cinq ! » tandis que je commence à marcher, ma main glissant de la manche d'Aedan pour attraper son poignet tout en souriant, essayant d'oublier la gêne passée.


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J’ai la haine. Je m’en veux d’être si con, si niais quand elle est là. Pourquoi est-ce qu’il a fallut que je me perde dans ses yeux clairs, dans cette chevelure rousse ? Cael avait raison : je suis en train de changer. Pas que je ne m’en suis pas rendu compte, mais là, ça devient de plus en plus visible. Et c’est de ça que j’ai peur : qu’ELLE le voie. Elle m’attrape la manche et avec un air presque innocent me sors qu’elle ne veut pas me perdre. Bordel de merde, moi non plus je n’veux pas la perdre, ni elle, ni son putain de sourire, ni son regard perçant. Je lui offre un petit sourire. « Tiens moi bien, je pourrais vite m’échapper. » c’est ça Dan. Fait lui croire que tu ne la laisseras pas t’avoir alors que t’en crève d’envie … !
Un court instant, j’oublie les mômes qui hurlent et piaillent dans mes oreilles. Mauve leur crie un truc et moi, pour me la jouer « tonton Dan », je surenchéris : « Et celui qui sera le plus sage aura droit à un tour de plus dans les jeux du Macdo’ ! » je regarde Mauve en coin, pour voir si j’ai bien fait. Je n’en suis pas très sûr, alors mon sourire se fait un presque … gêné. Et nous marchons. Je sens sa petite main qui glisse sur mon poignet, picotant ma peau. J’attrape doucement sa main. Sans la regarder, comme un geste naturel. Et étrangement, je me sens plus serein … Elle me perturbe. Plus que ça, elle me rend dingue.


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Je porte toujours le plus jeune dans mes bras, tel une maman qui veut pas lâcher son nouveau-né. Sauf que je ne suis pas vraiment sa maman, juste une maman cœur. Je n'ai pas de famille. Parfois ça me manque, alors je me console en me disant que j'ai des amis. On dit aussi que les amis sont la famille que l'on choisit. J'ai trop souvent été infidèle en amitié pour savoir que tout ça est faux. Et je sais que tôt ou tard, je les abandonnerais tous, pour repartir autre part, encore plus loin. J'essaie de m'imaginer sans tout ce que j'ai essayé de bâtir ici. Est-ce que ça me fera mal de ne pas pouvoir compter sur Aleksandra ? Ou encore de ne pas pouvoir voler avec Sam ? Ou de regarder Dan ? Sur ce dernier point, je me rends compte que je suis à fleur de peau. Lorsqu'il est là, je fais tout pour être gentille. Cacher la salope lugubre et givrée. Est-ce qu'il aimerait cette personnalité de moi ? Sûrement pas. Il me tire de mes pensées en se tournant vers moi, et en souriant. Ce sourire.. « Tiens moi bien, je pourrais vite m’échapper. ». Je ne veux pas qu'il s'échappe. Mes pensées sont dégoulinantes de niaiseries et de truc que jamais je n'aurai éprouvé pour personne, mais je préférais qu'il reste avec moi pour toujours plutôt qu'il m'échappe.

Soudain, Dan joue au jeu, tout en lançant un « Et celui qui sera le plus sage aura droit à un tour de plus dans les jeux du Macdo’ ! » Je ne peux m'empêcher de rire tandis qu'il me regarde, pas très sûr. J'essaie de le rassurer, même si je ne suis pas la meilleure avec les enfants moi aussi. « T'as assuré. Quand je te disais que tu t'y prends pas si mal. » Je lui lance un clin d'oeil tandis que nous continuions notre chemin, je sens sa main se glisser dans la mienne, toute douce. Evidemment, la mienne ne fais pas sa taille. J'emmêle ses doigts aux siens, un léger sourire sur les lèvres. Enfin, nous arrivons en face du célèbre fast food américain, et dès que je sens l'odeur, mon ventre gargouille assez fort pour qu'un des petits se mette à crier « Je crois que Tata Mauve elle a faim ! »

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Je souris, fier de moi. Ouais, un peu comme un môme qui vient montrer son dessin à sa mère et qu’elle félicite, alors qu’il la représente elle, telle une grosse patate au milieu d’un champ de blé déguisé en ninja. Et non, c’est pas du vécu ! Ahem. Les doigts de Mauve s’emmêlent aux miens, et cette putain de sensation de bien-être m’envahie encore. J’ai l’impression de pouvoir soulever des montagnes, de pouvoir faire du saut à l’élastique alors que j’ai peur du vide. Tant qu’elle est à mes côtés, je me sens capable de tout. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire nous étions devant ce distributeur de malbouffe, duquel s’échappait odeurs de fritures et d’hamburgers. Le ventre de Mauve gargouille à tel point qu’un des môme s’exclame tout haut que « Tata Mauve a faim ». Et moi, j’explose de rire. Puis je tapote le ventre de Mauve avec ma main libre, en souriant d’un air taquin. « Dis donc, on risque rien si on y va avec ce monstre, hein Mauve ? »


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Mon ventre a fait un bruit horrible, c'est certain. Aedan rigole, et je ne peux m'empêcher de le suivre, hilare. Son rire est communicatif. Sa main ne quitte plus la mienne, et je sens l'autre me tapoter le ventre, tout en lançant un « Dis donc, on risque rien si on y va avec ce monstre, hein Mauve ? » je me rapproche de lui, joueuse. Mon visage est près du sien, et un sourire étire mes lèvres. « Tu sais ce qu'il te dit, le monstre ? » Je marmonne très bas, pour qu'il n'y ai plus que lui qui m'entende. J'ouvre la bouche en un O avant de marmonner un « Bouh ! » amusé avant de me retourner pour ouvrir la porte du fast-food, regrettant un peu de ne pas l'avoir embrassé ou encore de ne pas lui avoir avoué. Une fois entrée, je cherche une table pour six personnes, et heureusement, il y en a une de libre. Je souris, et m'y dirige, les deux mains occupées : l'une par un petit blond, l'autre par un grand brun. La première chose que je fais, c'est indiquer au reste de la fratrie qu'ils doivent s'assoir et poser le petit dernier, qui semble ravi de ne plus être dans mes bras. Une fois qu'ils sont attablés, il ne reste plus que moi et Aedan encore debout. J'en profite pour me retourner vers lui, et l'embrasser rapidement, un simple baiser sur les lèvres tout en lui disant. « Tu viens chercher avec moi le repas où tu reste avec les enfants, mon amoureux ? » Le fait de l'appeler comme ça me fait sourire. Après tout, il y a une minuscule part de vérité dans ce petit surnom, non ?

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it's time for me to live.

J'ai plutôt l'habitude des fast-foods, Mc Do et restaurant dans ce genre. Manger vite, se dépêcher parce qu'on a peu de temps. Courir après la montre. Et puis c'est moins cher, moins cher pour mes poches. Même si pour ça, la seule solution miracle, c'est tout simplement ne pas manger, solution que j'ai adopté. Tout ça fait partie de ma routine habituelle. Mais là, c'est la première fois que je mange avec Aedan. Bon, c'est pas le dîner aux chandelles dont toutes les filles rêvent, seuls en amoureux, mais un repas de quoi se caler, avec des gosses qui rigolent dès qu'un dit quelque chose avec des sourires hésitants. Mais ça me suffit amplement. « Je … j’surveilles les gosses. » Mon "amoureux" se passe une main dans les cheveux, ce qui le rends toujours aussi craquant et m'offre un clin d'œil tandis que je lui souris, lui prenant rapidement les deux mains. « Fait vite mon amoureuse, je te surveille de loin ! » Je rigole, le lâche malgré moi et me dirige vers la caisse, lui lançant un « Je cours pas, je vole ! » Oh oui, que je vole. Je me sens presque pousser des ailes tellement je suis légère.

Une fois devant la caisse qui est heureusement vide, je m'appuie sur le comptoir, et commande six repas. Au moment de payer, je me rends compte qu'il me manque un peu d'argent. Je jette un bref regard vers la table, voyant qu'Aedan parle avec les enfants, et j'improvise. « Hey, mais.. oh John ! Putain, t'as changé, je t'avais pas reconnu depuis le temps ! » je lui lance un grand sourire, faisant mine de le connaître. La vérité, c'est que j'ai lu son nom sur la petite brochure qu'il porte sur son t-shirt et que je ne le connais pas du tout. A mon grand bonheur, le garçon me sourit, jouant le jeu. Je devine vaguement pourquoi. « Salut euh... désolé, j'ai un peu oublié ton prénom, je dois en retenir pleins maintenant... » Je rigole hypocritement, puis regarde de touts les côtés avant de me pencher vers lui. « Rah, ça fait trop du bien de te revoir ! Fais moi passer que je t'embrasse. » Beurk. J'ai vraiment dis ça, moi ? Bon, joue le jeu et continue. Il me fait entrer du côté du comptoir, et je passe ms bras autour de son cou et l'embrasse à la commissure des lèvres, assez pour qu'il soit déstabilisé quelques instants et je me détache bien vite, m'avançant vers là où ils entreposent la nourriture d'un air enjoué. « Tu me laisses regarder ? Je suis jamais passer au delà du comptoir. » Mon faux enthousiasme a l'air de le réjouir, et il me fait un signe de la main pour me prévenir qu'il a un client. Il m'abandonne du regard, s'occupant de son prochain client et j'en profite pour mettre un hamburger et un coca de plus dans mon sac, discrètement. Puis, une fois après avoir fait le tour, je me redirige vers le comptoir. « Et bien j'étais trop contente de te revoir. A la prochaine alors ? » Il hoche la tête et m'ouvre, me donnant ma commande. Et alors que je passe, il me donne un petite tape sur les fesses en me lançant un « A plus. ». Avec tout ça, il ne m'a même pas remarqué.

Je me dirige vite vers la table, marmonnant dans ma barbe que si je le recroise, je l'étripe et m'essuyant les lèvres. Puis une fois proche de ma destination, je relève la tête, tendant le sac comme un trophée.  « Tadaaaaam ! »

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Spoiler:

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Je « discute » avec les enfants. Oui, enfin discuter est un bien grand-mot parce que moi et les gosses on n’est pas copains habituellement. Là, j’essaie de faire un effort, parce qu’il y a Mauve. Que ces mômes sont « les siens ». Je tourne la tête vers les comptoirs pour voir où en est la jolie rousse et je reste interdit face à la scène qui se déroule devant mes yeux. Je me lève, mais me rassoit bien vite, soutirant des regards interrogateurs des deux plus grands. Non, elle est pas en train de faire ça ? Mon poing se resserre sur la table et je n’ai qu’une envie, le foutre dans la tronche du type qui pose ses sales pattes (ok, c’est Mauve qui le touche en première) sur ma copi … sur … sur elle. Je détourne le regard, serrant la mâchoire. Lorsqu’elle revient, avec son air triomphant, je lève vers elle un regard un regard plein de … jalousie. Ouais. Faut bien l’avouer, c’est la jalousie qui me donne envie de vomir là. J’ai vraiment plus faim, et je déteste les fast-food, c’est décidé. « Merci, Mauve. » je ne desserre pas les dents. Puis je me lève. Je ne sais pas pourquoi … alors je me rassois. J’ai vraiment envie d’aller en coller une au vendeur. Mais je lui en veux à elle aussi. C’est con, on est même pas ensemble.


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Tandis que je prends place face à Aedan, le sac posé sur la table bientôt vide par les enfants qui se sont jetés dessus, affamés et discutant fort depuis tout à l'heure, j'entends un « Merci, Mauve. » froid, suivi d'une ribambelle de merci qui contraste tellement avec le seul qui a capté mon attention. Je croise le regard d'Aedan qui est aussi froid qu'un bloc de glace et je reste sur le cul. Les coudes posés sur la table pour retenir ma tête, je me demande vraiment ce qu'il a pu se passer entre mon départ et mon retour. Je lui jette un regard interrogateur, et tandis qu'il se lève, prête à faire de même moi aussi, il se rassoit. On dirait qu'il a vu sa petite copine embrassé un autre. Et c'est là que je me rappelle qu'il y a cinq minutes, j'embrassais un inconnu en jouant la comédie pour un repas de plus. Je me sens bête tout à coup. Est-ce que j'apprécierais de le voir embrasser quelqu'un d'autres ? Une autre fille bien plus belle et charmante ? La vérité c'est que j'en mourrais de jalousie. Je suis prise d'une envie de tout lui déballer à nouveau, de lui dire qu'il n'y a que lui et personne d'autre, que... Que je l'aime ? Je secoue la tête pour moi-même, ne sachant pas trop quoi faire. Alors à la place, je sors de mon sac ce fameux hamburger et le pose sur la table, puis je regarde le sandwich. « Je ... » les rires des enfants recouvrent mes pensées et je ne termine pas ma phrase. En fait non, il ne m'a sûrement pas vu, ni encore imaginé. C'est autre chose hein ? « Ça va ? T'as l'air d'avoir vu la Dame Blanche ! » Bravo Mauve, dans la catégorie "j'essaie-de-feinter-le-problème", tu reçois le premier prix haut la main. Je tente un sourire, craignant tout de même qu'il me rejette ou encore qu'il me balance les quatres vérités en face.

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Je suis furieux et pas seulement parce qu’elle a embrassé l’autre type. C’est surtout parce que je me trouve bien trop … jaloux. Et je ne devrais pas, être jaloux. Pas pour elle. Ni pour aucune autre. Je mords ma langue pour ne pas l’envoyer sur les roses. « ça va, merci. » c’est sec. Bien trop sec. Mais je lui en veux tellement. Je regarde les gamins se goinfrer et regarde de nouveau la rousse, avec cette lueur de jalousie, de colère qui brille dans le regard. J’peux pas lui dire. Pas maintenant. « Mauve tu sais ... » je passe une main sur mon visage. « Faudra que je te parle d’un truc. Un jour. » je pousse un long soupir et me lève. « J’vais aux toilettes, excuse-moi. » et je fuis. Encore. Toujours. Je la fuis, elle est ses yeux d’ange. Je la fuis, alors que j’aimerais tellement l’attraper. Je l’aime, putain.

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Je sens un horrible malaise planer autour de nous. L'euphorie des derniers instants est retombée à plat malgré les enfants autour de nous qui crient et s'amusent, sans s'aperçevoir du froid glacial à côté d'eux. « ça va, merci. » Son ton est toujours aussi sec. Non, ça ne va pas. Hanna me tire sur la manche, me demandant si je mangerais mes frites. Je secoue la tête tellement mon appétit est aussi au plus bas. Je m'apprête à dire quelque chose, à ouvrir la bouche mais Aedan le fait avant moi, d'un air limite préoccupé. « Mauve tu sais ... » Quoi ? Qu'est-ce que je sais, Dan ? c'est ce que j'ai envie de lui crier mais qui n'ose pas franchir la barrière de mes lèvres. « Faudra que je te parle d’un truc. Un jour. » Un jour. Un jour peut-être, signifiant clairement : jamais. Il soupire et se lève, fuyant mon regard. « J’vais aux toilettes, excuse-moi. » Je me crispe, consciente de ne plus rien maîtriser. Un truc énormément gros me passe sous les yeux, et ça me frustre tellement que je ferme les poings sur mes genoux. Je le regarde sans aller sans rien dire puis me lève, consciente que je suis impuissante mais que je veux changer ça. « Attendez moi deux minutes. Vous restez sages où sinon, j'irai voir votre mère. Compris ? » Je les regarde attentivement tandis qu'ils hochent la tête, conscient que si maman sait qu'ils ont fait les idiots... ça passe ou ça casse. Je me lève et suis le chemin emprunté par Aedan, attendant qu'il sorte des toilettes où que je toque ? La vérité, c'est que je ne sais vraiment pas quoi lui dire pour l'affronter.

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Là, dans les toilettes, je ferme les yeux, je me passe le visage sous l’eau. Pour un peu, je me serais giflé. Mauve doit trouver cette attitude tellement … puérile ! Je souffle, je regarde mon reflet. T’es vraiment qu’un pauvre type. J’ai envie de m’enfuir de ce « restaurant ». Puis de Siloam Springs, retourner à New-York, là où tout était si beau. Là où tout était si facile. Je sors des toilettes, sans m’attendre à avoir la rousse juste face à la porte. Je la fixe, surpris. « Tu … les toilettes des dames, c’est à côté. » je me gratte l’arrière de la tête, presque gêné. Gêné de l’attitude que j’avais adopté quelques minutes auparavant. Je la regarde, puis lâche :  « excuse-moi, je … j’sais pas pourquoi j’ai réagit comme ça. » Oh si que je le sais. Mais je ne lui dirais pas. Pas maintenant. Jamais même. J’attrape doucement sa main. « Tu m’rends fou. »

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J'attends face à la porte des toilettes, me demandant pourquoi je suis venue là. J'aurai très bien pu attendre qu'il revienne, comme toute personne normale l'aurait faite. Il a fallu que je me plante là, à me remuer le cerveau depuis quelques minutes pour trouver quoi dire ou que faire. Mais rien ne vient. Soudain, alors que je suis complétement perdue dans mes pensées à penser à Dan, la porte s'ouvre pour le laisser apparaître. Je lève mes yeux vers lui, alors qu'il me lance, d'un air à la fois gêné et surpris « Tu … les toilettes des dames, c’est à côté. » Je souris légèrement face à sa réfléxion, lui répondant simplement « Je sais. ». Il reprend la parole, butant quelque fois sur ses mots, ce qui lui donne un côté encore plus mignon. Voilà le problème, c'est que je ne pourrais le trouver que beau et puis en faire un de mes coups d'un soir tout simplement. Sauf que derrière ce que je m'évertue à me dire, comme quoi il n'y a que de l'attirance physique, il y a autre chose. Un truc que j'essaie d'étouffer quand il n'est pas là. « excuse-moi, je … j’sais pas pourquoi j’ai réagit comme ça. » Je hoche la tête, même si je ne sais même pas pourquoi il a réagit comme ça. Peut-être sur un coup de tête. Ou peut-être parce qu'il m'a vu embrassé ce serveur. Je n'ai aucune preuve des deux. Aedan attrape ma main tout en me lançant à nouveau « Tu m’rends fou. » Toi aussi, tu me fais perdre la tête. J'ai carrément l'impression d'être une girouette pour pas te mentir. J'aurai jamais pensé pouvoir dire que j'aimais  quelqu'un mais là, je crois que c'est le cas. Mais à la place, je ne dis que « C'est à cause de moi que tu réagis comme ça ? Je te fais autant d'effet que ça ? » d'un air taquin, en agrippant sa main aussi. Elle est douce et chaude. Je baisse la tête mais mes yeux restent ancrés dans les siens. J'oublie les enfants. J'oublie la scène de tout à l'heure. J'oublie ce froid, j'oublie tout. J'en oublierai presque mon nom pour rester ainsi avec lui.

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Je ne sais pas quoi lui répondre. J’aimerais tant lui dire que oui. Mais j’ai peur. Elle à l’air de prendre ça à la rigolade, je lui lance un sourire. C’est mieux comme ça. Il faut que je me dise qu’elle n’est qu’un coup de vent, un passage. Elle finira bien par repartir un jour. Et ce jour-là, je serais au plus bas. Mais il le fallait. Où alors c’était à moi de partir. De rentrer à New-York. Retrouver ces têtes que je connais tant, oublier cette inconnue ; car oui, Mauve est une inconnue, de laquelle je suis en train de tomber fou amoureux. Je caresse doucement sa main, comme pour apaiser le contact. J’ai beau penser tout ça, si on venait vraiment à ne plus se voir, je ne sais pas qu’elle serait ma réaction. Peut-être que je soufflerai au lieu de rester en apnée. Je l’attire à moi, me moquant des regards indiscrets. J’ai une envie folle de l’embrasser. Ma main libre glisse sur sa taille et je capture ses lèvres avec douceur. Pitié, si ça, ça ne réponds pas à sa question … Je recule doucement. « Non, tu ne me fais pas d’effet du tout. Mais ne refais jamais ça. » en parlant bien sûr d’embrasser un inconnu. Je la lâche et retourne auprès des enfants. « Alors, vous êtes partants pour les jeux ? »

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Il me lance un sourire et je comprends comment toutes les filles peuvent l'aimer. Je suis indéniablement en train de tomber dans son piège, si c'est vraiment un piège. Je tombe amoureuse de ce garçon qui me tient la main en plein millieu d'un Mc Donald de Siloam, du garçon qui me regarde dans les yeux, son sourire parfait sur les lèvres. Doucement il m'attire vers lui, glissant sa main libre sur ma taille et posant ses lèvres sur les miennes, mon sourire s'étire tandis que je ferme les yeux pour profiter de cet instant, le graver dans ma mémoire pour toujours. Une fois qu'il se détache, il me dit, d'un air plutôt sérieux  « Non, tu ne me fais pas d’effet du tout. Mais ne refais jamais ça. » Je comprends tout de suite qu'il veut parler de la scène de tout à l'heure. Alors il m'a vu... Je hôche la tête tandis que nous retournons vers les enfants qui ont du ketchup sur le coin des lèvres. Je me penche au dessus du plus petit, sors un mouchoir et lui essuie la bouche alors qu'il essaie de se dégager. « Alors, vous êtes partants pour les jeux ? » Leurs attention se reporte brutalement sur la phrase d'Aedan et ils se mettent à crier des oui tout content. Je souris et porte le plus jeune, piquant une frite au passage. « Allez-y, mais doucement. Je veux pas de blessés de guerres ! » Je souris tandis qu'ils courent vers les jeux. Je ne peux pas m'empêcher de les regarder d'un oeil à la fois effrayé et bienveillant. J'ai tellement peur qu'il devienne ce que je suis devenue. Le petit dernier tente de s'échapper de mes bras et je le soulève pour l'emmener avec les autres, en demandant à l'aîné de bien faire attention à veiller sur lui puis je rejoins à nouveau Aedan. « Comme ça, on est tranquilles. » Un sourire taquin se glisse sur mes lèvres. Je ne me suis jamais autant senti bien dans un Mc Donald.

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