can't remember to forget her.

Je me réveille sur le lit d’hôpital avec une douleur profonde à l’abdomen et des bandages sur le bras gauche. Je peux encore entendre le son des sirènes des camions de pompiers dans mon esprit, mais l’image des ambulanciers me transportant sur une civière est floue dans mon esprit. Il me manque certains morceaux des événements. J’allume la télévision installée dans la chambre, appuyant maladroitement sur les boutons pour la faire fonctionner. Rapidement, une reporter se plante devant la caméra pour parler. Les pompiers de Siloam Springs sont intervenus ce soir dans un incendie chez une ville voisine. L’incendie n’a pas encore été maîtrisé, et le décompte est de quatre blessés, dont deux pompiers. J’éteins tout de suite la télévision, étourdi. Ensuite, trou noir.
Je me sens léger, un peu comme si je flottais. Tout semble si simple tout à coup, beaucoup moins stressant. Et en plus, je n’ai même plus mal. Je regarde dans la petite pièce où je suis, il me semble que je n’étais pas là tout à l’heure. Un type entre et allume les lumières et pendant quelques secondes je suis aveuglé par le flash. Finalement, je reconnais mon supérieur qui me regarde un peu inquiet. Je lui souris, parce que c’est la seule chose que je sois capable de faire présentement. « Sullivan, on a fait notre possible mais t’auras pas le choix. Y’a qu’elle qui peut te soigner, les autres sont débordées. » Je ne comprends pas ce qu’il me dit, de qui il parle? Je le regarde, un peu perdu. Il soupire puis me tourne le dos avant de partir. « Ils l’ont mis sur les gaz hilarants, il devrait pas trop vous embêter. » Je l’entends parler et je me demande à qui il parle.

Bientôt, je fige et je vois la jolie brune entrer dans la chambre. Stupidement, je tente de me lever. J’ai envie de la serrer dans mes bras, même si la dernière fois que l’on s’est vu, ce n’était pas le grand amour. Mais je ne pense pas à ce genre de détail. « Aza, t’es tellement belle. Tu m’as tellement manqué. » Je tends les bras en sa direction et pousse un gémissement de douleur. Je dépose mes bras sur le lit, impuissant. « Tu sais, j’ai fait ce que tu m’as demandé. Je couche même avec une fille maintenant. » Je parle de Nyméria sans arrière-pensées, comme si c’était tout à fait normal. Le hic, c’est qu’en ce moment, à peu près tout me semble normal. Mon regard croise le sien. Toute la colère que j’ai envers elle s’est dissipée, en fait je n’ai pas la force d’être fâché. Je soupire, puis cligne des yeux. « Je m’excuse, je t’ai jamais prise pour une pute. C’est seulement que ça me rend dingue, de te voir avec tous ces gars, parce que chaque fois, je donnerais n’importe quoi pour être à leur place. » Je ne réalise pas ce que je dis et je tente de m’allonger convenablement sur le lit sans regarder la réaction d’Azalyne. Je n’ai pas l’air très sincère, vu comme ça, et le fait que je sourie comme un imbécile n’aide pas à ma crédibilité.

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Je ne prends pas vraiment la peine d’analyser ses réactions. En fait, je suis plutôt dans ma bulle, me laissant faire lorsqu’elle me demande mon bras pour me soigner, fixant le vide par moment d’un air absent. Toutefois, en entendant ses derniers mots, je souris à nouveau, et mon regard se reporte vers elle. Je ferme les yeux au contact du baiser sur mon front, dont je ne me rappellerai pas, sans doute. Mon bras non blessé bouge légèrement, et je prends sa main alors qu’elle retire la couverture. « Hey, doucement! C’est privé comme section. » Je tire sur la couverture, la ramenant vers moi. Je n’ai pas vraiment l’intention de collaborer pour le moment, et mon regard perdu se pose sur Azalyne. « Je comprends que ça t’intrigue, par contre. Mais hey, c’est pas moi qui ai choisi pour toi hein. » Je n’oserais jamais dire des trucs pareils, en tout cas jamais dans un état normal. Ma main ‘normale’ toujours agrippée à la couverture, je soupire et m’allonge sur le dos, regardant Azalyne fixement.

« Si j’avais été moins idiot, peut-être que ce serait différent. T’en penses quoi? » Je pose la question à la jeune femme, mais j’y réponds moi-même. En fait, j’ai l’impression de plutôt me faire la discussion depuis mon arrivée ici. « Ah mais c’est vrai, t’es pas au courant. J’t’ai jamais dit c’est vrai » Je regarde Aza qui prépare ses affaires, et soudainement je lâche la couverture. « Bon, quand il faut y aller faut y aller, hein. T’as besoin d’aide? » Je pose ma main sur la petite table et prend un truc au hasard. Pas vraiment de chance, je ne réussis qu’à faire tomber une boîte de gants sur le sol. Je tente de bouger sur le côté, histoire de voir où elle est passée, et je ressens un brûlement au niveau des côtes. Je gémis, même si je ressens à peine la douleur et reste immobile. Je décide de me tenir tranquille un moment, la laissant quand même faire son travail. Mes yeux se ferment quelques secondes, puis je sens ses mains sur mon ventre. Je frémis. Mon regard se pose sur Aza, et je la regarde d’un air charmeur, bien que mon regard montre que je sois toujours dans les vapes. « Si tu veux descendre plus bas, te gênes pas hein. Nym t’en voudra pas, elle et moi on fait que coucher ensemble. » Je donne trop d’informations sans aucun doute. Mais ça ne semble pas assez. « Elle m’a vraiment aidé tu sais. Mis à part le sexe, on parle beaucoup, j’lui ai même parlé de toi. » Mon air a changé, je suis souriant, et enthousiaste. Je fixe à nouveau le vide.

Sur un coup de tête, je décide de me relever, sans me soucier de ce qu’Aza peut bien être en train de me faire. Ce qui me vaut un nouveau gémissement, mais ma main agrippe le bras de la jeune femme. Je ne mesure pas ma force et l’attire brusquement contre moi. J’entends quelques trucs tomber, je sens une pression sur mon ventre parce que l’atterissage n’est pas des plus doux, mais le seul truc qui compte pour moi, c’est qu’Azalyne soit sur le minuscule lit d’hôpital. Ma main se pose sur sa joue, mon regard bleu cherche le sien. Je murmure, cherchant mon souffle. « Aza, je t’aime, tu me rends complètement fou. » Je tente de l’embrasser, mais à la place, je pousse un hurlement, la douleur sur mon ventre commence à revenir. Et mon bras aussi. Je ferme les yeux et me couche sur le dos, serrant les dents.

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J’ai mal à la tête et je ferme les yeux car j’ai l’impression que la pièce tourne autour de moi. J’entends Azalyne qui me demande de cesser de bouger, et je fais comme elle me dit, bien sagement. La sensation de brûlure sur mon torse n’est plus très supportable, sans doute les médicaments qui ne font pas effet. Je ne me souviens plus trop de comment je suis arrivé ici. Je sais juste que j’aurais jamais cru me retrouver dans un tel feu, et à quel point c’était horrible. J’ouvre les yeux et Azalyne me tourne le dos. Elle est partie chercher des médicaments, qu’elle me dit. Elle semble préoccupée, et je ne comprends pas pourquoi. Je cligne des yeux. La lumière me donne encore plus mal au crâne.
Finalement, ma belle infirmière revient vers moi avec non pas des pilules mais une seringue. C’est peut-être mieux ainsi, je ne pense pas que je serais capable de me redresser pour avaler quoi que ce soit. Je grimace quand même à la vue de l’aiguille, et mon regard croise celui d’Aza. Je me sens un peu idiot, et je baisse les yeux. « Désolé, j’ai jamais vraiment aimé les piqûres. » Je regarde ailleurs et prends une grande respiration, mais mon corps semble tellement occupé à souffrir pour des trucs bien plus graves que je ne ressens pas l’injection. En fait, c’est de voir la jeune femme se lever qui attire mon attention.

Elle me demande si je veux qu’elle reste ou non. Je ne sais pas. Je suis toujours furieux contre elle. Seulement je ne pourrai pas lui en vouloir toute ma vie, et surtout, elle me manque énormément même si je n’aime pas me l’admettre. Je regarde le plafond, puis Azalyne. « C’est comme tu veux, en fait. Je pense peut-être dormir un peu, tant qu’à être coincé dans ce lit si confortable. » Mes derniers mots sont légèrement sarcastiques. Il faut dire que ce n’est pas un cinq étoiles et que je ne devrais pas me plaindre parce qu’au moins je suis en vie, mais quand même, pas besoin de massacrer mon dos en plus de tout le reste.
Je ne sens plus grand-chose, et bientôt je suis capable de bouger mon bras sans souffrir le martyr. Finalement, elle pourra finir son travail tout de suite, si elle préfère. Je jette un œil rapide aux dégats sur mon estomac, et je fais une moue. C’est pas exactement ce qu’il y a de plus joli. « Ouais bah ce sera pas cette année que je vais me proposer pour le calendrier, hein. » Je regarde Aza, un truc semble clocher. Je ne sais pas exactement quoi, mais elle semble préoccupée. Je fronce les sourcils, bien déterminé à savoir ce qui se passe. « Est-ce que ça va, Aza? » Je n’ai aucun souvenir des bêtises que je viens de faire, et c’est peut-être mieux ainsi car je me serais sans doute déjà couché sous le lit. Quoique je ne sais pas si j’aurais été capable de le faire. Je regarde la brunette, la fixant en attendant une réponse.

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Aza tente sans doute de me consoler en me parlant des cicatrices qui plaisent à certaines femmes, puis le nom qu’elle prononce me fait légèrement froncer les sourcils. Je ne dis rien et la laisse faire, mais le fait qu’elle ait insisté autant pour mentionner Nym m’intrigue. D’abord, comment est-elle au courant? Est-ce qu’un gars de la caserne lui en aurait parlé? Je vois pas pourquoi, il n’y a rien du tout entre nous. Enfin, presque rien. Disons que niveau sentiments, ça s’est depuis longtemps arrêté à l’amitié. Peut-être que c’est ce qui l’embête, en fait. Qu’on lui ait parlé d’elle avant que je le fasse. Il faut dire que c’est plutôt difficile de donner des nouvelles quand on ignore quelqu’un.
Je regarde le sourire qu’elle me fait et je me sens fondre. Elle est tellement jolie quand elle sourit, ça m’avait manqué. Puis elle m’explique ce qui la tracasse vraiment, et je suis touché par ce qu’elle dit. Je la regarde et souris doucement, et tend le bras en sa direction. Je ne sens plus trop la douleur, en fait je ne sens plus grand-chose, et c’est sans doute pour ça que j’ai tant de difficulté à l’attirer vers moi.

Je me pousse un peu sur le lit, bien qu’il n’y ait pas énormément de place à la base, et me redresse tant bien que mal. La douleur est presque partie, à présent. Je m’approche d’Aza, voulant la prendre dans mes bras pour la rassurer – parce qu’évidemment, c’est moi qui manque de me tuer et c’est elle qu’il faut rassurer – mais je suis arrêté par sa question. Je soupire, un peu découragé. Je reste comme je suis et la regarde, ne comprenant pas ce qui l’obsède tant avec elle. Je suis pas casé, moi. J’ai rien à me reprocher. « Aza… Pourquoi tu parles d’elle? C’est les gars qui t’en ont parlé ? » Je soupire, en fait je n’attends pas de réponse. À la place, mes bras se posent sur les siens et je l’enlace doucement, l’embrassant sur la joue. « Je voulais pas que t’aies à me voir comme ça. J’suis désolé. » Et là, je me rappelle brièvement de la crise que j’ai fait en arrivant, quand ils m’ont expliqué que j’aurais pas le choix de voir Aza. À quel point je hurlais que les larmes en coulaient, et que j’avais mal à la tête. Je me souviens du coup de poing sur la gueule que mon collègue m’a donné pour que je la ferme, et les urgentistes qui arrivaient avec une bombonne.

Je chasse l’image de ma tête, préférant oublier ces détails un peu honteux de l’histoire. À vrai dire, les images commencent à se dissiper d’elle-même. Mes mains, placées près des épaules d’Azalyne, glissent doucement sur ses bras. Je me sens tellement relaxé, et mes idées ne sont plus exactement très claires. Des mèches de cheveux bruns épars frôlent mon visage, et l’odeur de son shampoing me rappelle des souvenirs bidon mais qui soudainement comptent énormément. Sans penser à mon geste, je dépose un baiser dans le creux de son cou, puis me mets à murmurer. « T’es la seule personne que j’ai envie de voir de toute façon. » Je reste encore quelques secondes dans ma torpeur et réalise que je suis peut-être un peu trop près d’elle et je ne veux pas la rendre inconfortable. Je me détache d’elle, me couchant à nouveau en lui laissant toujours une place. Je tente de détendre un peu l’atmosphère, en tout cas au moins de me rattraper. « Tu sais, Nyméria est pas mal occupée, et c’est qu’une amie. Et ma mère… » Je cesse de parler, j’avais pas encore vraiment pensé à ma mère, en fait. Elle allait se poser des questions et s’inquiéter, et je pourrais comprendre. Je soupire et regarde Aza. « Tu pourrais prendre mon téléphone et appeler ma mère? » Je ne pense pas que mon téléphone soit a) encore vivant ou b) tout simplement à l’hôpital, mais je prends tout de même une chance. « Dis-lui que ce sont des blessures mineures, que c’est rien de grave. Elle a pas besoin de ça. » Mon regard bleu croise plus foncé de la jeune femme. Je regrette tout ce que j’ai pu lui avoir dit, mais j’ai peur de lui en parler maintenant. Que ça se termine en engueulade, comme toujours ces derniers temps.

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Elle me caresse le bras et je ne sens aucune douleur. Puis elle se met à me dire que Nyméria est ma copine, et que c’est même moi qui lui ai dit tout à l’heure. Je ne me rappelle pas de ce détail-là. En fait je ne crois pas me rappeler de bien des détails. Mais il faudrait peut-être que je rectifie cette histoire avec elle, pour ne pas qu’elle comprenne tout de travers. Elle insinue que je suis entré pas mal dans les détails de ma vie privée avec elle, et je reste silencieux. Je ne peux pas vraiment me défendre comme j’ai aucune idée de ce que je peux lui avoir dit. D’ailleurs, ça commence à m’inquiéter un peu cette histoire.
Aza me sort de mes pensées avec un baiser sur la joue puis se lève, m’annonçant qu’elle va appeler ma mère. En temps normal, j’aurais paniqué comme un fou à l’idée que ma mère parle à Azalyne, mais en même temps elle n’aura pas vraiment le choix de lui annoncer ce qui s’est passé, sinon elle risque de m’en vouloir toute ma vie de lui avoir caché ce qui s’est passé. Je regarde la jeune femme s’éloigner et alors qu’elle referme la porte, je pousse un soupir et m’allonge un instant sur le lit. J’ai la tête qui tourne et je ferme les yeux un instant.

J’entends la poignée tourner et je me relève soudainement. Qui est là? Aza est revenue? Je la regarde arriver. Elle avance vers moi, et me parle de ma mère qu’elle trouve adorable, et qui est contente que j’aille bien. Ma mère? Pourquoi elle a appelé ma mère? Ah oui, pour lui dire à propos de l’accident. Elle mentionne qu’elle semblait heureuse de lui parler. Je pouffe de rire. Si seulement elle savait. Puis elle dit que c’est pas le plus important. Ah bon? Et c’est quoi le plus important? Je ris doucement, la regardant avancer un peu plus. Puis elle déballe son sac, et la question qui en temps normal m’aurait peut-être fait faire une crise cardiaque me fait simplement ouvrir la bouche. En fait je veux aussi laisser sortir une réponse, mais je n’ai pas le temps de réagir que je sens ses lèvres sur les miennes. C’est tellement doux, et mon cœur bat la chamade. Je ne sais pas trop comment réagir, en fait. En temps normal, je l’aurais repoussé, lui expliquant qu’elle a un copain et que c’est mal, mais en ce moment qu’est-ce que je m’en fous de son copain.
Je lui rends son baiser et l’attire vers moi, oubliant complètement les blessures, la chambre d’hôpital et tous les détails qui me semblent présentement bidons. Est-ce que je suis en train de faire une connerie? Probablement, mais je n’en ai rien à faire sur le moment. J’embrasse Aza à nouveau, passionnément, presque violemment. Puis j’entends la porte s’entre-ouvrir, mais je n’en fais pas un cas, trop obsédé par les lèvres de la jeune femme. Puis je vois une silhouette familière dans la pièce. Je me détache brusquement d’Azalyne, regardant ma mère avec des yeux ronds.

« Hum. Salut maman. » Je regarde Aza, un peu perdu. Il se passe peut-être un peu trop de choses en même temps pour moi. Ne sachant pas trop quoi lui dire pour expliquer la situation, je me contente de banalités. « C’est Azalyne. Tu sais, je t’ai déjà parlé d’elle… » Elle me coupe la parole et s’approche d’Aza, et je ferme les yeux, ne voulant pas assister au spectacle. « Oh, donc tu es la fille adorable à qui j’ai parlé tout à l’heure? Oh, si tu savais comme mon fils m’a parlé de toi! Je la regarde s’approcher de l’infirmière et la serrer dans ses bras, et j’ai l’impression de participer à une grosse blague. Ma mère se tourne vers moi, tout sourire. « Mon chéri, tu as très bon goût. Pas comme ton frère, tu devrais lui parler à celui-là. » Je roule les yeux en l’entendant me comparer à mon frère. De tout ce qu’elle me dit, c’est la seule chose qui m’interpelle. Elle a une obsession maladive pour me comparer à lui. Elle s’approche de moi et me serre dans ses bras. Je regarde Aza, un peu confus. « Oh, mon bébé, si tu savais comme tu m’as fait peur. J’ai déjà perdu ton père, s’il fallait que tu me quittes toi aussi… » Une boule se forme dans ma gorge à la mention de mon père. Il est assez rare qu’elle en parle, en fait c’est depuis longtemps un sujet proscrit à la maison. Je flatte doucement son dos, pour la rassurer. « Je suis là, maman, t’inquiètes pas. Tu sais que je te laisserais jamais tomber comme ça. » Bon, il faut quand même admettre que ce n’est pas moi qui choisis mes accidents, mais il faut bien la rassurer un peu. Elle me libère finalement de son étreinte qui commence à devenir étouffante, puis elle regarde à nouveau Azalyne. Elle semble vraiment très heureuse de la voir, depuis le temps que je lui en parle. « C’est merveilleux de te rencontrer, Azalyne. Je croyais que mon fils était gai avant qu’il ne me parle de toi. » Elle pouffe de rire et je ris aussi, ne prenant pas trop conscience qu’elle m’humilie pratiquement devant Aza. Elle replace un instant ses lunettes, et lui fait un petit sourire. « Bon, je vais vous laisser tous les deux. Vous aviez l’air occupés. » Elle se dirige vers la porte et la referme derrière elle.

Je regarde Aza, puis la porte. Je me demande si je ne suis pas fou et si ce n’est pas un gros délire que je me tape. « Aza, tu voulais que je te la présente, donc voilà, c’était ma mère. » Je souris à la jeune femme. Je ne sais absolument pas pourquoi. On dirait que mon corps et mon cerveau ne sont plus connectés. Elle va sans aucun doute me poser des questions à propos de ma mère et de tout le reste. Et en plus, il faut que j’explique le fait que j’étais pratiquement prêt à lui faire l’amour sur le lit d’hôpital malgré le fait que je sois bien au courant qu’elle a un copain. Et surtout qu’elle est supposée être uniquement mon amie. On va s’éclater.

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Je souris légèrement lorsque Azalyne dit que ma mère est adorable. Elle ne l’a pas entendu dans ses moments pénibles où elle passe des heures à me rabâcher les oreilles à propos de mon petit frère. Je ne dis rien, la regarde plutôt se passer une main dans les cheveux. J’ai un mauvais pressentiment, comme si ce simple geste était une sorte d’alarme pour m’avertir que je n’aimerais sans doute pas la suite. Comme de fait, Aza s’attaque directement au sujet que je souhaiterais éviter à tout prix. Ce qui s’est passé il y a quelques minutes. Je reste muet, ne sachant pas quoi répondre, et je la regarde dans les yeux d’un air perdu comme seule réponse.
Je ne sais pas comment je pourrais lui expliquer présentement, j’ai peur de tout dire de travers. Je baisse les yeux et me mord la lèvre inférieure, geste que je fais rarement, d’ailleurs. Je n’ai jamais été aussi mal à l’aise de toute ma vie. Je me racle la gorge puis prends une grande respiration, me créant un speech à lui donner en guise d’explication. Mon regard croise celui de la jeune femme et tout le courage que je viens de rassembler s’envole. « C’est toi…Tu m’as embrassé…J’ai pas réfléchi… » Je bégaie et cherche mes mots. En fait, il est vrai que si elle ne m’avait pas embrassé, je n’aurais sans doute jamais fait ça. Je la regarde dans les yeux et tente de reprendre mon sang froid.

« Ça n’arrivera plus. C’était une erreur, ok? » Je tente peut-être plus de me rassurer moi-même qu’elle, mais je prends quand même la peine de le dire. Je me passe une main dans les cheveux moi aussi, constatant qu’ils sont pas mal plus sales que ce matin avant que je parte travailler. Puis je regarde à nouveau Aza. Je sais qu’elle ne croit pas un mot de ce que je lui ai dit, et qu’elle a l’air de tout savoir déjà. Elle a mentionné tout à l’heure que je lui ai raconté pour Nyméria. Qu’est-ce que je peux bien lui avoir dit d’autre? J’hésite à lui demander, comme ils disent l’ignorance est une bénédiction parfois. Toutefois, j’ai quand même peur de lui avoir déballé tout un tas de trucs qu’elle n’avait pas forcément besoin de connaître. Comme le fait que je suis amoureux d’elle, par exemple. Je soupire. J’ai pas le choix. Je croise légèrement les bras, du moins pour ce que je peux croiser, et je regarde Azalyne, plantant mon regard dans le sien. Je tente d’avoir l’air en contrôle même si je ne le suis pas du tout.

« Aza, qu’est-ce que je t’ai raconté dont je me souviens pas? » Je connais déjà la réponse, je crois. Elle ne m’aurait pas posé cette question-là au hasard. Tout mon corps semble me demander de rester allongé, mais je reste assis pour observer la réaction de l’infirmière.

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J’ai l’impression que sa réponse est un mensonge. Elle me raconte que je lui ai parlé de mes histoires avec Nym et semble insister beaucoup sur le sujet, puis que je me suis excusé pour ma conduite de la dernière fois. Selon elle, je n’aurais jamais rien avoué. Ou peut-être qu’elle ne veut pas que je le sache? Mon cerveau roule à cent miles à l’heure alors que je réfléchis à toutes les raisons pour lesquelles elle me le cacherait. J’ai seulement encore plus l’impression que ça serait plus raisonnable de l’oublier, mais d’un autre côté j’aime le fait qu’elle ne semble pas apprécier ma nouvelle relation. La sentir jalouse est un peu comme une petite vengeance personnelle.
Elle pointe ma blessure et me raconte que je croyais aussi qu’elle tentait d’aller regarder dans mon pantalon. Je ris un peu, puis je souris. Je me sens beaucoup plus relax, tout d’un coup. Toujours le sourire aux lèvres, je lui réponds. « Oh, bah ça j’en suis encore persuadé, même que ça t’obsèdes au fond. » Mon ton est un peu moqueur, et je me fiche un peu des conséquences de mes actes. Je la regarde dans les yeux, prêt à lui poser n’importe quelle question. En fait, à ce moment précis je me sens invincible, ou plutôt rien ne m’affecte. « Pourquoi t’es autant obsédée par Nyméria, d’ailleurs? Tu serais pas un peu jalouse? » Je ne lui aurais jamais posé cette question en temps normal, même s’il est vrai que c’est assez drôle de voir Aza jalouse. « Tu sais, je ressens rien pour elle, et c’est réciproque. C’est rien de sérieux. » Je tente un peu de lui expliquer la situation, même si elle ne risque pas de comprendre ou simplement elle n’y croira pas. Je lui fais signe d’approcher du lit et lui fais une place.

Je n’ai pas conscience que je vais trop loin, en fait maintenant tout ça me semble très logique. J’ai l’air perdu, en réalité, mais j’ai l’impression d’être parfaitement normal en souriant à Azalyne et en lui faisant signe de me rejoindre. « Et en plus tu as ton copain, maintenant… » Mon regard s’assombrit et mon sourire s’efface. Je n’avais pas pensé à son petit-ami. Et maintenant ça me revient. Je ne le connais pas, il est peut-être gentil, non? Et si c’était un véritable salaud? Je regarde Azalyne, puis je m’allonge et fixe le plafond un peu perdu. Et je n’ai aucune idée pourquoi, mais un souvenir me passe par la tête. Sans arrêter de regarder le vide, je me lance. « Il faut que je t’avoue un truc Aza. Tu sais ces histoires d’infirmières? C’était une grosse connerie. » Je glousse, puis continue de parler. « En fait, ma mère appelait pour me parler de toi. Et comme un con, j’ai préféré te dire que j’avais couché avec une infirmière. » Je ris encore, même si mon histoire est complètement stupide. « Et puis je voyais que t’étais furieuse, alors j’en ai rajouté, et j’ai dit qu’il y en avait plus. Et t’étais encore plus furieuse. J’éclate d’un rire bruyant, ayant l’impression que c’est la blague du siècle alors que j’ai menti en plein visage de mon amie pendant si longtemps. Je reprends sur moi de peine et de misère pour continuer. « Tout ça parce que j’étais pas foutu de te dire la vérité. En fait, ça m’impressionne que t’aies pas pigé avant. » Ma tête est tournée vers elle, maintenant, et je la regarde.

« C’est vrai, quoi! Tous les gars à la caserne qui se moquent toujours de moi quand t’es là, et qui t’appellent carrément ‘ma copine’ , ils font ça que pour me le mettre sous le nez. » Mon regard est toujours rivé vers elle, et si en temps normal avouer de telles choses m’auraient terrifié, présentement je n’y vois aucun problème. « J’attendais le bon moment, je voulais te laisser faire ton deuil. Je voulais pas te brusquer, mais faut croire que finalement j’ai attendu pour rien. » Je laisse tomber mes derniers mots
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Je suis tellement dans ma bulle que je ne remarque pas que Azalyne semble avoir oublié son petit-ami pendant quelques moments. Si j’avais été conscient, sans doute que je l’aurais questionné à ce sujet. Et j’aurais peut-être réagi autrement qu’avec un énorme sourire, aussi, en la voyant bondir de sa chaise, furieuse que je lui aie menti aussi longtemps et souvent. En fait, je n’aurais tout simplement jamais raconté toute l’histoire avec ces fausses infirmières qui n’ont jamais existé. Mais pour l’instant, je ne vois pas du tout l’impact que mes paroles vont avoir sur ma relation avec Aza, et quand elle plaque ses mains sur mes épaules je lui rends son regard. Je laisse toutefois échapper un petit gémissement. Elle pourrait quand même y aller moins brusquement, je suis pas à l’hôpital pour rien, bon sang.
Elle me pose une nouvelle fois la même question. Si je suis amoureux d’elle. Je lui ai déjà dit, combien de fois elle veut l’entendre? Elle me regarde avec des couteaux à la place des yeux, mais je ne réalise pas trop le risque de la provoquer. Je pousse un long soupir, et je lui dis, avec tout le sérieux du monde. « Non mais combien de fois je vais devoir te le dire, oui, c’est vrai, je suis amoureux de toi. Tout le monde le sait de toute façon. » J’insiste en disant ‘tout le monde’ , en fait je suis légèrement agacé. En quelques minutes, j’ai l’impression de passer par toute la gamme des émotions.

Soudainement, je repousse Aza brusquement. Il se passe un truc pas super, j’ai la tête qui tourne et la lumière est tout à coup trop forte pour moi. Ma vue s’embrouille quelques secondes, et là je ressens ce besoin intense de me vider. Et je ne parle pas du tout de mes émotions.
J’aperçois la poubelle sur le sol, et je tente de me pencher. Je ressens la douleur au niveau de mon ventre et j’abandonne mon projet. Je pourrais très bien demander à Azalyne de me la donner, mais je n’ose pas trop parler pour le moment. Alors je décide de me lever sur un coup de tête, et apparemment, ce truc m’a enlevé toute capacité de fonctionner normalement. Je m’écroule sur le sol, laissant échapper un cri, mais j’attrape au moins la poubelle de plastique. Pendant que je vomis mes tripes, je n’ai pas conscience du sang sur ma chemise qui semble venir de ma plaie. Ce n’est qu’en ressentant la douleur intense que je prends conscience que quelque chose ne va pas. Je me crispe et panique un peu, cherchant Aza du regard.

« Putain mais pourquoi je saigne? T’essaies de me tuer c’est ça? » Je commence légèrement à perdre la tête. Recroquevillé sur le sol, j’ai plutôt l’air d’un malade mental que d’un pompier présentement dans ma chemise tachée de sang, ce qui ne m’aide pas du tout. Je regarde Aza, ma respiration est plus rapide. Je hurle.« Je veux une autre infirmière! Au secours! » Je me cogne la tête sur le coin d’une table, puis plus rien.

J’ouvre les yeux, je suis à nouveau dans mon lit. J’ai mal à la tête, putain qu’est-ce qui se passe, pourquoi je suis attaché? Je cherche Aza des yeux, et lorsque je la vois, mon estomac se noue. « Je comprends plus rien. Qu’est-ce qui se passe. » Je ne suis pas trop certain de vouloir vraiment le savoir, en fait.

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can't remember to forget her.

Aza est hésitante lorsqu’elle s’approche de moi, ça se voit. J’ignore pourquoi, mais elle semble ailleurs. Elle pose deux doigts sur ma main, comme si elle tentait de prendre encore ses distances. Est-ce que je lui ai fait peur? Elle me dit que j’ai fait une crise de panique. Je crains de peut-être avoir été agressif, et alors que je tente de placer un mot, elle continue de parler, m’expliquant que je ne voulais plus la voir, et qu’elle ferait peut-être mieux de s’en aller, histoire que je me repose et de me laisser avec ma mère. Mais je n’ai pas envie qu’elle s’en aille, moi! Je n’ose pas le dire, par contre, et me contente de fermer les yeux au contact de ses lèvres sur ma joue. Je frémis légèrement, ses cheveux frôlent mon visage. Quand j’ouvre les yeux, elle referme doucement la porte derrière elle, sans dire un mot de plus.

Bientôt, on frappe doucement à la porte, puis je vois apparaître une vieille dame toute petite aux cheveux blancs. Je souris en reconnaissant ma mère. « Oh, chéri, si tu savais comme je me suis inquiété pour toi. » Je sens sa main se promener dans mes cheveux, et elle soupire, un peu découragée. « Il faudra vraiment que tu passes chez le coiffeur. Je comprends pas comment elle peut aimer ça, tu as l’air d’un itinérant. » Je ris doucement en entendant la comparaison de ma mère. Finalement, sa présence me console un peu. Son attitude ronchonante m’a manqué un peu, ces derniers temps. La regardant, je lui souris un peu tristement. « C’est pas si terrible, franchement! Et de toute façon, tu sais déjà qu’elle est en couple. Je te l’ai dit cent fois. La vieille femme soupire et s’assoit sur le tabouret près du lit, un sourire pendu aux lèvres. « Voyons, et tu crois que ça change quelque chose, qu’elle soit avec quelqu’un? » Elle s’arrête un instant, pensive. « De toute façon, elle le sait déjà c’est évident. » Mon cœur rate un battement. Ma mère vient de me confirmer ce que je pensais déjà, et ça ne me plaît pas du tout. « Comment tu sais, tu la connais même pas. » Ma mère éclate de rire et hoche la tête. « Chéri, je pense que tu as un très mauvais sens de l’observation. » Elle m’embrasse sur le front, puis me sourit, avant de reprendre sur ce ton maternel et rassurant. « Maintenant repose-toi. Ils vont sans doute te garder pour la nuit. » Elle quitte la chambre et éteint la lumière, me laissant en plan. Personne ne m’explique jamais rien clairement à moi.