PROLOGUE - Life is war.
Nos pieds foulaient la terre rougie par le sang de toutes ses victimes, de ces corps qu'on entassaient au fur et à mesure. On tirait, on tirait, comme si notre vie en dépendait. Non, la vérité, c'est que notre vie en dépendait. On y tenait trop pour jeter les armes à terre et gueuler que c'était fini, qu'au pire, notre vie n'était qu'un chiffre sur sept-milliards d'autres. Sauf qu'il y a toujours une fin. Et pendait qu'on courait, cette musique me transperçait le crâne, cette douce mélodie qui signifiait que la fin était proche. Fermer les yeux peut-être pour la dernière fois, respirer et se souvenir.

CHAPTER ONE - Leia.
Une petite fille était assise sur son lit, une boîte à musique répétant la même chanson en boucle. Depuis une demi-heure, elle l'écoutait, sans relâche, ses yeux rivés sur la petite danseuse qui tournait, tournait. Soudain, quelqu'un entra dans sa chambre, ce qui l'obligea a vite refermer la petite boîte et à la cacher. Une petite tête blonde venait d'apparaître sur le seuil. « Qu'est-ce que tu me veux, Leia ? » La petite Leia s'approcha de sa sœur, pour finalement s'appuyer sur ses genoux grâce à ses coudes. « Tu joues avec moi à la poupée ? » Sa soeur soupira : elle détestait les poupées. En fait, elle détestait tout ce que les filles de son école aimait : les poupées, le rose, les princesses et le maquillage. Elle, elle aimait les voitures, les petits soldats, la bagarre et les t-shirts trop grands pour elle, ce que ses aînées ne comprenaient pas vraiment. Mais le regard de sa petite sœur était tellement suppliant qu'elle ne put se résoudre à dire non et elle hocha la tête et laissa Leia l'emmener où elle voulait.

CHAPTER TWO - Liza & Lacie.
Deux têtes blondes étaient assises sur les balançoires du jardin des Moriarty, lorsqu'un ballon vola dans leur direction, ce qui leur fit pousser un cri de stupeur. « Margo ! Tu peux pas faire un peu plus attention, toi et ton ballon ? » Les deux jumelles, Liza & Lacie, rouspétaient toujours après la cadette de la famille. Elles la trouvaient garçon manquée, violente et réservée tandis que Margo trouvaient ses aînées superficielles, sur-jouées et trop femmes du haut de leurs quatorze ans. Margo faisait tâche dans cette famille de tête blondes aussi belles qu'intelligente. A douze ans, c'était le petit canard qui ne deviendrait jamais cygne. Et les relations conflictuelles entre ses sœurs et son père ne l'aidait en rien. Toujours en froid, ils n'arrivaient pas à trouver un point d'entente. La seule personne dont Margo était proche, c'était la benjamine, Leia. Douce et naïve, elle savait calmer le tempérament hypercatif et divergent de sa grande sœur, Margo, alors que les jumelles ne faisaient que la titiller, la critiquer. Son père la voulait à l'mage de sa mère, femme qu'il aimait tellement. La famille Moriarty n'était pas unie malgré ce qu'elle laissait croire : l'un des maillons étaient trop faibles.

CHAPTER THREE - Mom
Sa mère regardait Margo d'un air fatigué. Quand-est ce que sa fille a pris un chemin si différents du reste de la fratrie ? Pourquoi ne voulait-elle donc pas suivre la troupe paisiblement, vers le chemin d'une vie parfaite ? Non, il fallait que Margo se batte, se coupe les cheveux courts, tâche ses vêtements et déchire ses robes. Ne comprenant pas, elle avait baissé les bras, malgré tout, rongé par l'inquiétude. Comment, dans un corps si beau, dans des cheveux doux et fins, des yeux bleus semblable à la mer pouvait-elle y voir non pas un océan calme, mais un rivage déchaîné ? Elles avaient fait psychologue sur psychologue, et c'était toujours le même résultat : « Madame Moriarty, votre fille est hyperactive. Elle ne peut pas rester cinq minutes sans bouger. Elle a aussi des troubles de concentration. Je ne peux pas faire plus pour vous, désolé. » Mais elle savait très bien ce que Margo ne voulait pas être : le reflet de cette famille aux allures parfaite, une des familles les plus riches et les plus connues de Siloam Springs. Peut-être parce que Margo avait compris que sous le masque, se cachait une rivière de souffrance.

CHAPTER FOUR - Aaron
Sa rencontre avec Aaron remontait à longtemps maintenant. Cela faisait dix ans qu'ils se connaissaient, alors qu'ils en avaient seize et dix-huit. Tout c'était passé très vite, ce jour-là : elle l'avait bousculé, sans dire pardon. Etant plus petite de deux ans, il a cru qu'elle allait s'excuser : mais pas du tout. Elle a maintenu son regard, puis un sourire s'est plaqué sur le visage d'Aaron qui n'a pas tout compris. Et à partir de ce jour-là, ils ont su qu'ils était fait l'un pour l'autre : Aaron, d'un tempérament calme et prévoyant, Margo, hyperactive et rebelle. Pour leurs anniversaires des dix ans, Aaron qui avait eu son permis, avait reçu sa voiture. Il avait mis un bandeau sur les yeux de Margo, et lui avait dit de le suivre en lui tenant fermement la main. Cette dernière n'avait pas su résister, le tenant du mieux qu'elle pouvait. Margo se sentait libre avec lui, elle-même pour et contre tout. Une fois montés dans la voiture, Aaron a conduit, et puis une fois arrivé alors que Margo commençait à s'impatienter, il  retiré le bandeau, a pris la main de sa meilleure amie et lui a montré son jardin secret. Un canyon. Le plus beaux des canyons qu'elle n'ai jamais pu voir. C'était aussi le plus beaux des souvenirs qu'elle a gardé.

CHAPTER FIVE - Dad
Il était deux-heures du matin. Son père était rentré à la maison, blanc comme un linge, réveillant Margo au passage. La jeune femme, qui avait bu pour ses dix-huit ans, se pencha par dessus la balustrade des escaliers de la maison familiale, en criant. « Bah qu'est-ce qui se passe petit papa ? On s'inquiète pour ses fifilles donc on fugue du travail ? » et elle avait ri, l'alcool lui était monté aux joues. Elle savait pertinemment que son père et sa mère travaillait loin, et que ses sours étaient parties faire leurs études autre part, laissant seules Leia et Margo.

Quelques heures plus tôt, elle avait emmené sa petite sœur Leia a une fête, pour lui montrer les bienfaits de la vie. L'alcool y était à profusion, et elles n'avaient pas lésiné sur la boisson. Cependant, lorsqu'elles sont rentrées en voiture, Margo qui n'était pas en état de boire avait demandé à sa petite sœur de conduire à sa place. Une fois arrivée chez elles, Margo, complétement saoule, était sorti de la voiture et Leia avait filé avec sa voiture, laissant sa sœur sur le trottoir en gueulant « Et ma caisse, alors ? Bah... Bonne nuit, Leia ! » et, assomée, elle s'était endormie sur son lit, encore tout habillée, ne pensant pas une seconde à sa petite sœur.

Son père, sur le palier, n'arrivait pas à articuler un mot. « Au fait, pourquoi t'es là ? T'es pas censé être à euh... loin quoi, avec maman ? Et elle est là Leia ? » Toujours immobile, son père secoua la tête. Il avait reçu un appel de l'hôpital qui l'avait détruit. Qui allait détruire sa famille. « Leia est dans le comas, Margaret. Elle a eue un accident avec ta voiture : elle était ivre et elle a foncé sur un voiture de police, comme ça. » Margo se remit à rire, en secouant la tête. «Mais non, elle va bien, elle est dans sa chambre, regarde ! » D'un pas mal assuré et titubant, elle se dirigea vers la chambre de Leia... Qui était vide. Soudainement prise de panique, Margo se laissa glisser contre le mur, assise en chien de fusil. Un poids comprimait sa poitrine. C'était impossible, tout simplement impossible. Leia ne pouvait pas être comme ça par sa faute. « PUTAIN LEIA ! Pourquoi est-ce que je t'ai laissé partir, POURQUOI ? » Margo criait. Leia était partie, et elle avait emporté Margo avec.

CHAPTER SIX - My choice.
En trois ans, Margo n'a pas rendu visite à Leia une seule fois. Et personne n'a pu regarder Margo en face. A ses yeux, elle était coupable, et aux yeux des gens, elle était sa meurtrière. C'est une dispute avec Aaron qui a fait que le choix, était devenu son choix. Partir quelque part, loin, pour oublier. Pas faire la fête, s'oublier, mais aller à l'armée. Elle n'avait pas les diplômes, mais elle y arriverait. Pour Leia.

Lors du chemin pour aller au camp, c'est Aaron qui a décidé qu'il l'accompagnerait, Margaret n'ayant plus de voiture suite à l'accident. Il n'acceptait pas ce choix. Il était le seul à refuser de la voir partir. Ses sœurs ne l'ont pas embrassés, ses parents ne l'ont pas regardés. Elle a claquée la porte et elle est partie. Sur le chemin, elle voyait bien qu'Aaron avait la mâchoire crispé, les jointures blanchies car il était crispé sur le volant. Puis il s'est soudainement arrêté. Ils sont descendus de la voiture. Aaron a crié un coup. Margo a hurlé. Personne ne pouvait plus rien pour eux : Margo devait partir, Aaron ne pouvait plus la retenir. Ils étaient au point de non-retour. Ils ne ce sont pas dit "je t'aime", même s'ils crevaient d'envie. Pas de mots d'amour, pas de promesses. Juste un silence lourd et pensant. Margo a fini assise à l'arrière en chien de fusil, hurlant le prénom de sa sœur qui était entre la vie et la mort.

CHAPTER SEVEN - Going under.
La tête blonde qu'une petite fille hyperactive est devenue a foulé les pays ensanglantés. Elle a tenue les armes à deux mains, tirés sur des hommes aussi innocents que coupables, aidés des gens en détresse, vu ses collègues mourir sous les balles. Lors d'une mission, ça a été son tour. tic tac tic tac. Une petite fille criait dans une langue qu'elle  ne pouvait comprendre. tic tac tic tac. Le temps s'effilochaient, et la mélodie de la boîte à musique résonnait dans con crâne. Jusqu'à ce qu'elle comprenne pourquoi. Jusqu'à ce que les flashbacks de sa vie interrompe ses pensées fixées sur cette foutue guerre. Leia. Liza. Lacie. Aaron. Elle les avaient laissé. Elle était devenue un monstre d'égoïsme incapable de réfléchir correctement. Soudain, elle se jeta à terre sous les cris des autres soldats et... Plus rien. Elle sombra elle aussi dans un total oubli d'elle-même.


CHAPTER EIGHT - Back to life.
Je ne peux pas vous dire où j'étais, ni combien de temps je suis restée allongée comme ça. Je ne peux pas vous dire comment je suis atterri ici. La dernière chose que j'ai vu, c'est le visage de Leia me sourire. Je la rejoignais. Mais étais-je morte ? Pourquoi ne pouvais-je donc pas bouger ? Je ne ressentais rien, les bruits m'étaient sourd. Je sentais juste mon cœur battre, toujours aussi fort. Soudain, les voix m'ont paru plus claire. J'entendais une voix dire  « Je suis désolé, madame et monsieur Moriarty, nous ne pouvons plus rien faire pour vos filles. ça fait beaucoup trop longtemps que nous les maintenons en vie... » Des sanglots. Il y avait des sanglots plus loin. Et mon nom et celui de ma sœur. Quelqu'un pris ma main, et l'ouvris pour y placer celle de ma petite sœur à l'intérieur. « Les débrancher maintenant sont la meilleure chose à faire. Vraiment. » Quelqu'un s'approcha de ma machine. On allait me débrancher et débrancher Leia. Ils n'avaient pas le droit. Au moment où les infirmières finissaient le processus d'arrêt, je sentis mon cœur battre plus vite, mais les bip bip de la machine s'atténuer.

Et dans un dernier effort, j'ouvrai les yeux, poussant un cri qui aurait pu briser les verres des lunettes de mon père, me réveillant miraculeusement tandis que ma sœur me rejoignait dans ce cri contre la mort.


Cela fait maintenant un an que nous nous sommes réveillés de ce sommeil bien trop long. Un an que nous essayions de reprendre une vie normale, que j'essaie de ne pas faire de cauchemars. Un an que j'ai appris que mon meilleur ami s'est fiancé, et qu'il a manqué de se marier le jour où je suis revenue à la vie, poussant un cri. J'ai repris une vie normale à Siloam Springs, toute seule. Je rends visite à ma soeur une fois par semaine. Je fume comme un pompier. Je ne bosse pas. Je vogue comme une âme errante, dans ce labyrinthe de souvenirs. Et puis ce cri... C'était ma renaissance.