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Encore ? Non ce n'est pas fait exprès...

Il ne savait même pas comment il avait fait pour se retrouver là. En fait si, il se souvenait qu'il avait du boire. Pas beaucoup pourtant. Il buvait presque tous les jours, et aujourd'hui pas plus que d'autres fois. En plus, la journée n'était que peu entamée, il avait eu le temps de digérer la soirée d'hier, l'alcool, la drogue et les filles pour fêter la fin de la semaine, c'était important pour prendre la voiture. Il faisait toujours attention à cela, il n'était pas inconscient. Surtout, il avait passé l'âge de faire de telles conneries. Peut être n'avait-il pas assez dormi. Il s'était couché tard c'est vrai, et peut être que ce matin n'était-il pas suffisamment réveillé. Pourtant, si ca avait été le cas, il savait qu'il serait parti à pied. Il avait beaucoup fait ça ces derniers temps, pour aller en cours. A se coucher à des heures pas possibles... Il avait eu peine à reprendre le rythme. Il avait trop profité des vacances, en plus, il avait eu bien envie de décompresser avec tous les événements. Mais c'était passé tout cela maintenant, il n'allait pas se morfondre des jours et des jours, ni même coucher tous les soirs ailleurs que chez lui, même s'il lui fallait oublier beaucoup de choses. Peut-être était-il parti trop vite aussi. Il n'avait pas attendu qu'elle se réveille. Elle lui en aurait voulu s'il était resté temps de temps. Lui aussi, lui en aurait voulu à elle. Heureusement, elle avait du café, et il avait pensé qu'en boire plus d'une tasse lui donnerait les idées claires. Ce devait être ce tel enchaînement d’événements qui avait causé tous ces dérapages, fait que tout ne s'était pas déroulé comme prévu. Pourtant il était persuadé, même sur, qu'il ne s'était pas endormi au volant. Même, il lui semblait bien qu'il s'était arrêté en chemin. Springdale n'était qu'a une trentaine de kilomètres de Siloam Spring mais la route 412 avait été bloquée par un accident pendant un certain temps. Trop pour qu'il n'ait pas envie de piquer un somme, c'était sur. Pour le reste, il avait un peu de mal. Si, il devait être arrivé en ville un peu après. Il devait s'être garé, devant chez lui. Au final peut être s'était-il simplement cassé la gueule dans les escaliers de l'immeuble. C'était moins glorieux alors.

En tous les cas, il lui semblait avoir dormi un bon moment. Un sommeil non volontaire lui semblait-il mais les idées restaient confuses. Et puis il avait mal à la tête. Ca par contre, il le ressentait à chaque fois qu'il essayait d'ouvrir les yeux. Un frappement sonore contre ses temps, une pulsion... Comme s'il avait écouté de la musique forte pendant toute une nuit. Il n'y avait que là, qu'il sentait quelque chose. Pour le reste, tout lui semblait aller bien. Temps qu'il n'aurait pas ouvert les paupières, il ne le saurait jamais. Si cela se trouvait, il était simplement au fond de son lit avec une sacrée gueule de bois, et tout n'était arrivé que la veille. Pourtant les détails lui semblaient suffisamment réels pour qu'il ne les ai pas imaginés. Il essaya de bouger une main, n'importe laquelle, mais elles lui semblaient toutes les deux engourdies. Il y parvenait quand même, difficilement certes, mais quand même. Il réussit à frôler quelque chose de lisse, de froid, comme des draps. Et il pouvait sentir. Ça sentait la menthe. Ou la chlorophylle. Un truc du genre, pas très agréable d'ailleurs. Péniblement alors, il retenta le coup des yeux, et c'était plus facile que tout à l'heure. Ce n'était pas vraiment comme s'il reprenait vraiment connaissance, il restait encore dans le coaltar, mais la lumière suffisait à lui donner envie de les ouvrir en grand. Il n'avait jamais eu le souvenir que c'était autant dur de se lever, même après les nuits blanches. Pourtant, il parvint à faire ce qu'il voulait faire, et son regard se posa sur un fond blanc. Que du blanc. Le plafond de chez lui était blanc. Il papillonna des yeux pour s'habituer à tant de clarté. Une forme se dessinait à l'horizon. Quelqu'un était avec lui et le regardait dormir. Cela lui suffit pour reprendre clairement conscience et il força pour mieux y voir. La silhouette était celle d'une femme, cela ne faisait aucun doute. Il n'était pas parti de chez la fille alors ? C'était quoi le bordel ?

La femme parla, et pas d'un ton très agréable. Il entendit distinctement son nom, mais pas la suite. Oh mais il n'avait pas besoin de plus pour savoir qui c'était. Soit il avait décidément trop bu et tous les détails dont il pensait un tant soit peu se rappeler n'étaient rien, soit il rêvait encore. Il ne savait pas ce qui était le mieux. Il s'attendait à ne pas pouvoir parler en retour, mais ce ne fut pas le cas, bien qu'il n'ait pas son timbre habituel. Il avait décidément l'impression de dormir encore. « Azalyne ? Qu'est-ce que tu fous ici ? Qu'est-ce que tu fais chez moi ? Non attends... comment tu pourrais être chez moi ? Je ne me souviens pas... ». Il tenta de se redresser en position assise mais n'y parvint qu'a moitié. Maintenant qu'il était revenu à lui, il sentait distinctement une pression contre son torse. Très étrange. Ca brûlait un peu, en plus. Il ne put que s'installer différemment contre ce qui lui semblait être des coussins. Il pris conscience qu'il ne devait pas être chez lui. A vrai dire, il était au dernier endroit ou il aurait voulu être, à l’hôpital. En très bonne compagnie pour le moins. « Je suis à l'hopital... Qu’est ce que je fais là ? ». Il voyait bien qu'ils étaient tous les deux seuls dans la même pièce. Le mois dernier cela lui aurait fait plaisir, mais au jour d'aujourd'hui... Alors qu'ils n'étaient que deux étrangers l'un pour l'autre, et qu'ils avaient tout fait pour s'éviter ces dernières semaines il se trouvait confronté à elle, dans une chambre de la clinique. Ben voyons, quel meilleur endroit pour avoir une petite discussion tranquille. Il n'avait qu'une seule envie, qu'elle s'en aille de cette pièce, qu'elle s'en aille très loin même. « Je vais très bien. Je ne sais même pas pourquoi je suis encore là. Je ne suis pas malade, juste un peu endormi... Ou sont mes vêtements ? » Ben oui, ça ne suffisait pas de se trouver allongé ici, il fallait qu'il ne porte rien que cette espèce de blouse d’hôpital. Il voulut agripper quelque chose pour l'aider à se relever pour lui permettre de se tenir debout, mais il n'y avait rien. Au prix d'un douloureux effort, il parvint à se tourner sur le coté, prêt à balancer ses jambes hors du lit, mais même pour lui, c'était un peu trop chercher à accomplir l'impossible. Sa poitrine lui faisait mal, sa tête aussi encore, et il n'y voyait pas très bien. Etait-il donc si salement amoché ? « Appelle-moi une autre infirmière » dit-il simplement, morose, en se reposant contre les oreillers. Hors de question qu'il se fasse toucher par son ex, qui a tous les coups lui en voulait encore pour un tas de choses. Il n'y avait pas une exigence de neutralité dans l'établissement ? N'avait-il pas le droit d'être soigné par un tiers, pas par elle ? Il savait qu'elle était compétente, très même, mais ils avaient de la rancune l'un envers l'autre, alors il n'était simplement pas la peine qu'elle essaye de faire quelque chose de lui, il refuserait. Même s'il devait crever ici faute de soin. Il était déja venu suffisament de fois pour savoir qu'il y avait un tas d'autres médecins, et entre leurs mains il se sentirait plus... en sécurité.

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Encore ? Non ce n'est pas fait exprès...

Pas facile à gérer comme situation. Il se sentait complètement démuni, allongé comme cela dans un lit qui n'était même pas confortable, sans rien à faire, sans pouvoir se relever et quitter ce lieu de malheur, et encore plus à la merci d'Azalyne qui devait sûrement cacher des seringues dans ses poches. Ou pire. Il frissonnait d'avance. Il n'avait vraiment aucune envie de rester là, mais manifestement il n'avait guère le choix. Sa piètre tentative pour se relever avait été un échec et de plus, il savait bien qu'il ne pourrait quitter l’hôpital comme ça, en blouse, alors qu'une armée de médecins devaient se promener dans les couloirs. Il jeta un regard circulaire à la pièce. La configuration était exactement la même que celle qu'il avait vu la première fois lorsqu'il était venu retrouver l'infirmière pour lui faire une surprise. Avec les mêmes machines sur le coté. Seth ne voulait pas les voir, mais malheureusement, la seule chose qu'il voyait quand il tournait la tête, c'était Azalyne qui le regardait les poings sur les hanches, manifestement aussi contrariée que lui. La seule option qu'il avait était de rester fixé sur le plafond, mais cela ne l'empêchait pas d'entendre ce qu'elle avait à lui dire, notamment qu'il se retrouvait ici parce qu'il avait été victime d'un accident de voiture. Non, non c'était impossible. Il ne pouvait pas avoir eu d'accident, ce n'était pas lui, il y en avait déjà eu un sur la route, pas un autre. Ses idées étaient quand même confuses, il le savait, mais il ne s'attendait pas à ce qu'il soit ici pour ça. En même temps, si c'était vrai, alors il devait être dans un état pire que ce qu'il pensait. D'accord, il avait du mal à bouger, ses jambes paraissaient faibles et sa tête tournait, mais il pensait que c'était déjà bien suffisant. Il n'osait pas imaginer l'état du reste de son corps, et il n'avait pas la moindre envie de soulever le drap pour vérifier. La seule option qu'il avait était de faire confiance à Aza, d'autant qu'elle devait mieux s'y connaître que lui, en accidents.

Rester quand même bloqué dans ce lit l'horripilait. Il n'allait pas avouer qu'il n'aimait pas vraiment les hôpitaux, ni les piqûres, ni autres engins qu'il devinait pouvoir peupler les chambres. Plus encore que de se faire manipuler par son ex, c'était d'imaginer ce qu'on pourrait lui faire qui le faisait flipper à mort. Il aurait voulu des mains complètement sécurisantes, et encore, il n'était même pas sur que cela suffirait. Il n'avait pas envie qu'on l'oblige à dormir non plus, ni même qu'on l'attache comme elle précisait que cela pourrait lui arriver. Il la regarda d'un air effaré. Alors c'était ça, le choix qu'il avait ? Se laisser gentiment faire par elle ou être attaché au lit ? Hors de question. Pour les deux. Enfin, être attaché ne l'aurait jamais dérangé, mais pas à l’hôpital. Il y avait de meilleurs jeux, tout de même. « J'ai eu un accident... » trouva t-il seulement à répéter en se prenant la tête dans les mains, bien que cela lui fasse aussi mal que lorsqu'il essayait de bouger les jambes. « Et si j'avais perdu la mémoire ? » Oui, il ne se souvenait vraiment pas, cela aurait pu être possible non ? Il savait que des gens devenaient amnésiques après un accident grave, et que même certains restaient dans le coma pendant plusieurs années et se réveillaient avec l'impression de n'avoir dormi qu'une nuit. Et si c'était son cas ? Il écarta les mains alors que les cheveux d'Azalyne lui passaient devant le visage et qu'elle l'obligeait à se reposer contre les coussins. « Manifestement ce n'est pas le cas, je me souviens de tout » conclut-il dépité en essayant en vain de la repousser. Elle s'était approchée trop près à son goût, il voulait vraiment qu'elle aille lui chercher quelqu'un d'autre plutôt que de blablater comme quoi il fallait qu'il arrête de bouger. Il arrêterai bien mieux si elle sortait d'ici. « Non, t'appelle pas la sécurité, t'appelles juste un autre médecin et ca m'ira » répliqua t-il avec colère alors qu'elle lui expliquait ou étaient passé ses vêtements. Pour répondre à ses supplications, elle quitta la chambre en le laissant seul.

Elle avait dit qu'ils étaient maculés de sang. Il n'avait même pas envie de savoir pourquoi ou comment cela se faisait, ni qui ou comment on l'avait retrouvé et emmené ici. Il n'essayait même plus de se souvenir, il savait que c'était peine perdue. Peut être que la prochaine infirmière lui expliquerait tout, en tout cas il espérait. C'était encore pire que tout de ne rien savoir. Il aurait mille fois préféré être en train de rêver tranquillement chez lui. Il ne pouvait même pas être sur de ça en se giflant car il ne se sentait même pas la force de lever la main, encore moins sur lui même. Il essaya de se positionner du mieux possible dans le lit en soupirant. Ce n'était vraiment pas son jour, d'autant qu'il ne savait pas quand il pourrait repartir d'ici, s'il devait rester ici en observation ou non. C'était la première fois qu'il se trouvait à la clinique en tant que patient et non pas comme simple visiteur qui venait papoter avec les infirmières de service. Il avait toujours réussi à éviter le calvaire, en même temps ce n'était pas comme s'il vivait des aventures fabuleuses en jouant les justiciers pour vaincre la criminalité de l'Arkensas. La dernière blessure qu'il s'était faite il la devait à Wade Sullivan, et c'était pas comme s'il s'était trouvé amoché pendant des semaines et des semaines. La seule idée d'être défiguré à vie le faisait flipper à mort, de même s'il ne retrouvait jamais l'usage de ses jambes et qu'il devait passer le reste de sa vie en fauteuil. Quelle horreur ! Et dire que sa vie résidait entre les mains d'un hospitalier...

Il entendit la porte se rouvrir. Enfin, il était peut être sauvé d'une vie entière de souffrances ! Sa tête tourna dans la direction du bruit, mais quelle ne fut sa déception quand il vit qu'Azalyne était revenue. Il retourna à sa contemplation du plafond mais il ne pouvait qu'écouter ce qu'elle avait à lui dire. Apparement, il n'y avait plus qu'elle de disponible. Ben voyons. On était dans un hôpital, il devait y avoir une centaine d'autres infirmières, et même si la moitié était déjà occupée, il en restait encore un bon nombre. Elle lui expliqua toutefois qu'elle avait son métier à faire, et que s'il ne voulait pas s'était tant pis pour lui, que c'était son devoir, et qu'elle devait le sauver avant tout. Elle s'approchait déjà de lui en tripotant des trucs bizarres sur une table, et il ouvrit des yeux horrifiés. Hors de question qu'elle s'approche de lui avec ça en plus ! Il tenta de se reculer en se tortillant, parvint jusque au bord du lit, mais il ne pouvait guère faire plus. Il était coincé par un tas de machine et de tuyaux qu'il avait fortement envie d'arracher à l'instant même pour s'enfuir loin d'ici. Il s'imaginait déjà s'enfermer dans la salle de bain attenante pour ne jamais en ressortir. « Arrête, éloigne toi de moi avec ces instruments barbares ! Ce drap reste ou il est, et il est très bien sur moi » tenta t-il de se justifier en lui assénant un regard noir, comme si cela pouvait décidément la dissuader. Il savait très bien qu'elle faisait ce qu'elle avait à faire et s'il résistait cela serait pire, mais il ne pouvait pas s'en empêcher, il n'avait pas du tout envie qu'elle le touche, même s'il avait quand même confiance en elle. « JE VEUX un autre médecin, c'est moi le patient, j'ai le droit de décider par qui je veux être soigné non ? Et c'est pas par toi. Tu vas me faire mal je le sais, alors pose ça et va t'occuper de quelqu'un d'autre. Je préfère encore attendre d'aller mieux sans être soigné ». Il la défia du regard. Il savait bien qu'il avait moins de force qu'elle présentement et qu'elle pourrait aisément le maîtriser si elle le voulait, mais un homme apeuré pouvait très bien se débattre aussi, même si cela lui faisait mal.

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Encore ? Non ce n'est pas fait exprès...

Azalyne Dawes & Seth Hemingway

Il n'avait pas véritablement l'intention de rester là à rien faire sans être soigné. Fuir était certes une option qu'il avait envisagée, il pouvait peut être se rétablir tout seul, cela ne devait pas être si grave que ça ? Le problème évidemment aurait été de retourner jusqu'à chez lui sans éveiller les soupsons ce qui semblait hautement improbable, d'une part s'il ne retrouvait pas ses vêtements, d'autre part si ses jambes n'arrivaient pas à le porter dans la rue. Même, il ne connaissais pas l'état de ses blessures. Celles sur son corps ne se verraient peut être pas, mais son visage avait peut être été touché et il n'avait aucun moyen de se rendre compte. Manifestement, l'hopital ne fournissait pas les patients en miroir, et il était hors de question qu'il demande à Azalyne de lui apporter quelque chose. Quoique, ainsi immobilisé, elle aurait bien été obligée d'obéir à ses moindres désirs. Seul ça certainement pouvait lui apporter quelque satisfaction. Il préférait quand même que ce soit quelqu'un d'autre qui s'occupe de lui, mais il ne doutait pas que la jeune femme avait essayé de lui trouver quelqu'un d'autre mais qu'elle n'y était pas arrivée, ce qui était bien dommage. Mais Seth était quand même campé sur ses positions, et il voulait attendre qu'une autre se libère, même si cela prenait quelques minutes. Il n'était pas pressé, il était à l’hôpital, pas en pleine rue en train de se vider de son sang. On pouvait sûrement le laisser tout seul. Il ne bougerait pas si une autre infirmière venait, même s'il voulait éviter piqûres et autres trucs du genre.

Pourtant, elle ne semblait pas vouloir lui laisser le choix. Elle entreprit de tirer sur le drap qui le recouvrait et il ne pouvait décidément pas lui opposer grande résistance malgré ses protestations mais il réussit à le maintenir plus ou moins, jusqu'à ce qu'elle décide de s'écarter alors qu'il lui affirmait qu'il ne voulait vraiment pas d'elle. C'est vrai quoi, sa décision était prise, il n'allait pas en changer même si elle le forçait ou au contraire lui faisait les yeux doux. Non c'était non, elle pouvait comprendre quand même ? Déjà qu'il n'aimait pas se retrouver là alors si c'était pour l'obliger à subir quelque chose qu'il n'avait pas envie, elle pouvait toujours courir. Il voulut se tourner dans l'autre sens pour le plus la voir, mais elle sembla céder, bien qu'elle se sentit obligée de lui fournir une piteuse excuse. Il n'allait pas mourir d'un accident de voiture non plus, il n'était pas bête, il était persuadé qu'elle faisait ça pour le faire réagir bah c'était bien mal le connaître ! Il était même sur qu'il ne se vidait pas de son sang vu qu'il ne sentait absolument rien, en tout cas assurément pas du sang sur une quelconque partie de son corps. Cependant, il devinait que pour être dans un tel état de léthargie, il devait avoir été préalablement anesthésié ou un truc du genre, si bien qu'il aurait pu être complètement insensible à la douleur, mais du sang, c'était carrément ridicule. D'autant qu'il n'était même pas sur d'avoir eu un réel accident. D'ailleurs, il voulait éviter de penser au pire et plutôt se conforter dans le sens ou il ne risquait strictement rien. « Ppf c'est bon infirmière Dawes pas la peine de me sortir un baratin, tu sais très bien que je ne vais pas décéder aussi stupidement ! Et puis que tu reste sagement là à me regarder j'y crois pas non plus ».

Seth n'était quand même pas tout à faire sur qu'elle soit tout à fait sérieuse. Lorsqu'elle s'éclipsa de la chambre, il ouvrit même la bouche pour la retenir, mais s'arrêta avant. Elle avait dit qu'elle reviendrait. Ben tiens, elle allait donc l'observer là tranquillement sans rien faire ? Elle ne s'attendait quand même pas à ce qu'il lui fasse la conversation quand même ? Elle revint avec de quoi écrire et ne lui adressa à peine un regard, semblant même se désintéresser totalement de lui. Il en était carrément outré. Elle allait donc mettre ses menaces à exécution ? Et bien très bien, qu'elle le fasse, si elle le laissait tranquille tant mieux. Il s'embourba dans un silence morose en retournant à sa contemplation très instructive du plafond, allant même jusqu'à compter le nombre de trous puisqu'il n'avait que ça à faire. Combien de minutes passèrent comme cela ? Une éternité lui semblait-il, il n'avait même pas de montre pour vérifier. Fréquemment, il jetait des coups d'oeil à l'infirmière mais elle n'avait pas relevé le regard, accrochée à ses papiers administratifs. Il s'ennuyait ferme dans cet espace barbant et trop blanc à son goût. Il ne sentait aucune amélioration vis à vis de son état, rien ne semblait lui avoir changé, même si les maux de tête étaient encore trop fréquents et que la seule et unique blessure qu'il était à peu près sur d'avoir le brûlait plus que tout à l'heure. Rien d'autre. Franchement, il devait être relax, rien ne pouvait lui arriver s'il restait tranquille. Or comme elle ne s'était pas approchée depuis tout à l'heure, il n'avait pas ressenti l'envie de bouger. Il lui semblait avoir trouvé un bon équilibre, mais la lassitude commençait à le gagner, d'autant qu'une toute petite part infime de lui lui disait qu'il agissait comme un gamin qui n'avait pas son jouet et qu'il aurait tôt mieux faire de la laisser l'examiner plutôt que d'attendre sagement que tout se résorbe tout seul.

Il avait beau être borné, la peur de l’hôpital reprenait aisément le dessus pour qu'il préfère tout lui passer plutôt que de rester une minute dans cette chambre glauque à souhait. Très bien. Ce n'était pas la première fois qu'il capitulait face à elle, mais ça l'était en ce qui concernait sa santé physique. « Très bien, t'a gagné » souffla t-il excédé en lâchant le drap, bon gré-mal gré. Rien de tel pour le mettre encore plus de mauvaise humeur. Il n'avait aucune envie de se laisser faire, mais malheureusement elle ne semblait pas lui donner beaucoup de choix. « Je veux juste que tu me dise ce que tu vas faire et quand tu vas le faire. T'avise pas de me prendre par surprise en faisant n'importe quoi avec moi, c'est mon corps que t'a entre les mains et tu fais gaffe » ajouta t-il, toujours renfrogné en lui lançant un regard chargé d'ondes négatives. Et puis même, il n'allait pas la laisser disposer de son corps comme ça ! Il oscillait entre l'envie de tout voir et de tout savoir, mais en même temps, il avait peur de se rendre tout seul malade en jetant un œil sur un truc qu'il n'aurait pas voulu voir. Il n'avait pas peur du sang, plutôt des choses horribles qu'il pouvait cacher. L'étalage d'outils médicinaux sur la tablette à coté de lui ne le rassurait pas plus et d'ailleurs, Azalyne ne faisait rien pour le détendre. Elle était même trop ferme à son goût. Voila sûrement pourquoi il aurait voulu avoir quelqu'un d'autre. Elle était bien trop sérieuse, trop à fond dans son boulot, pas assez concentré sur lui pour deviner qu'il n'aimait pas ça, pas ça du tout. « Et interdiction d'utiliser ces trucs là » dit-il en indiquant des espèces instruments bizarres qui jouxtaient les seringues et autres compresses « Sinon je hurle au meurtre » compléta t-il avec un sourire, dans une sorte de mini-plaisanterie que lui même ne trouvait même pas drôle. De toute façon, elle saurait très bien quand elle irait trop loin, il ne tarderait pas à le lui reprocher. Même s'il lui faudrait se laisser faire, il ne tarderait pas à lui faire payer cette deuxième guéguerre perdue contre son gré.

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Encore ? Non ce n'est pas fait exprès...

Les gens changeaient. Cela devenait tellement flagrant lorsque cela faisait longtemps qu'on ne les avait pas vus. C'était minime parfois, une attitude différente, plus ou moins de confiance en soi, des regards, des paroles qui avant ne se disaient pas... Bien sur qu'Azalyne avait changé Seth, depuis le temps qu'ils se connaissaient et qu'ils s'étaient revus, ils étaient chacun passé par différentes étapes. D'abord séducteurs tous les deux, impatients, passionnés, ivres de sexe et de vie ; puis en couple, colériques, de plus en plus distants ; ensuite, séparés, ignorants mais encore assez proches pour se parler ; et enfin, étrangers l'un pour l'autre, sans contacts, sans numéros, sans envie de se voir ou de se réconcilier. Absents tous les deux, ils avaient fait des pas sans l'autre, et si Seth se considérait toujours à peu près le même, il savait que ce n'était pas le cas de l'infirmière. Il l'avait connue heureuse et amoureuse d'un autre, et il s'attendait qu'a ce qu'aujourd'hui cela soit le cas. Oh, elle n'avait pas l'air malheureuse ni autre chose, mais la voir ainsi, dans un cadre strictement professionnel semblait complètement changer la donne. Elle ne parlait pas beaucoup, mais lorsqu'elle ouvrait la bouche, ce n'était pas forcément ce qu'il avait envie d'entendre. Elle semblait beaucoup s'amuser de la situation, même si lui ne trouvait pas ça drôle du tout. En tant que membre du personnel de l'hopital, elle était manifestement bien plus à l'aise que lui qui avait soit disant eu un accident et qui n'aimait pas ce qu'il voyait. Evidemment, elle n'essayait toujours pas de le rassurer, c'était même le contraire. Seth savait quand même qu'elle devait le soigner et qu'elle était la seule à pouvoir le faire présentement, aussi n'avait-il pas le choix et se retrouvait-il en position de faiblesse ainsi allongé, à sa merci. Dit comme cela, il n'avait en réalité aucune confiance.

Heureusement pour lui, si ces gestes étaient handicapés, il pouvait toujours parler. Exprimer ses attentes, qu'elle les réalise ou non. Dire tout ce qui lui passait par la tête même, les bonnes comme les mauvaises choses, mais il avait bien sur fait le choix de s'appuyer sur ses dernières. Il ne commettrait pas l'affront de lui demander comment ce passait sa vie personnelle, vu qu'il n'avait aucune envie de le savoir. Si elle voulait tant que ça s'occuper de lui, qu'elle le fasse, mais il n'allait pas non plus se mettre à papoter comme s'il discutait avec une amie. Elle et lui n'étaient plus rien, à part un médecin et son patient. Il aurait voulu faire en sorte que tout se déroule très vite, mais la titiller lui semblait être la meilleure des distractions, même si elle pouvait évidemment se défendre avec les objets qu'il lui avait formellement déconseillé d'utiliser. Somme toute, il était dans une situation très délicate, mais son ressentiment prenait vite le dessus. De toute façon, elle était obligée de faire en sorte qu'il aille mieux si elle ne voulait pas qu'il aille se plaindre après à qui voulait l'entendre, ce qu'il n'hésiterait pas à faire s'il en ressortait vivant mais trop amoché. Elle avait juste à faire vraiment attention à lui. Il n'était pas un patient comme les autres tout de même !

Il la laissa remonter la blouse après un instant d'hésitation. Mais il était résigné maintenant, c'était la seule façon pour lui de partir au plus vite. Pendant ce temps, Azalyne lui parlait et il avait une terrible envie de se boucher les oreilles. Si c'était pour lui rappeler combien il était dans une mauvaise posture, elle pouvait tout à fait s'abstenir d'ouvrir la bouche. D'autant qu'il trouvait qu'elle le disait d'une certaine façon. Un peu malsaine. Pas vraiment le genre Azalynien, mais évidemment, comme ils n'avaient pas eu de contacts, il ne savait pas ce qui s'était passé. En tout les cas, cela se voyait bien qu'elle avait de la rancune, et il se demandait pourquoi. Cela l'affectait tant que ça, qu'il ait décidé de la rayer de sa vie ? C'était bien elle qui n'avait pas même essayé de le rappeler alors qu'ils étaient encore en froid. « Dis donc, t'es comme ça avec tous tes patients ou c'est seulement avec moi ? Je ne savais pas que tu éprouverais autant d'animosité à mon égard, après tout je t'ai laissé tranquille, c'était bien ce que tu voulais non ? » ne put-il s'empêcher de lui demander en souriant, même s'il n'avait pas aimé le ton avec lequel elle s'était adressée à lui. Ce même sourire se mua en grimace lorsqu'elle lui indiqua sa blessure qui effectivement, n'était pas belle à voir. Il y avait trop de sang à son goût, et pourtant il n'avait strictement rien senti. « T'es sérieuse Dawes ? » objecta t-il alors qu'elle brandissait un des instruments médicaux qu'il avait déjà vu. Il eut un geste de recul, mais elle lui avait déjà attrapé le bras si bien qu'il ne pouvait que rester cloué au lit, le sourire éclatant de l'infirmière pesant comme une menace de mort. Oh oui, elle semblait bien s'amuser à le voir ainsi et à être désagréable en lui indiquant qu'elle l'utiliserait bien volontiers quand il dormirait. De quoi lui donner froid dans le dos. Il lui rendit un regard mauvais sans répondre, parce qu'il n'y avait rien à ajouter. Effectivement, il s'attendait à ce qu'elle lui donne quelque chose contre la douleur et qui le ferait éventuellement dormir, ce qui rendrait alors le fait de crier impossible. Et après, elle se demandait pourquoi il voulait que quelqu'un d'autre le soigne...

« Tu veux que je me souvienne de quoi ? D'un hypothétique accident ? Je t'ai déjà dit non » répondit-il avec exaspération lorsqu'elle lui demanda s'il se rappelait d'un truc. Même, il ne savait pas à quoi cela l'avancerait elle. Peut être arriverai-il à s'en souvenir après quelques efforts, mais jamais dans l'univers glauque de l'hopital. Dehors, il reprendrait très facilement ses esprits et aurait surement moins à forcer sur sa mémoire, mais malheureusement il était là, et il lui fallait prendre son mal en patience. Elle s'était emparée d'une compresse et d'une petite bouteille remplie de liquide qui lui semblait assez inoffensive et il la laissa s'approcher sans crainte vu qu'elle avait laissé de coté son instrument de torture. Il ne se doutait pas que cela lui ferait mal, même plus que celui-ci, alors qu'elle l'utilisait pour nettoyer la blessure. « La vache ! Merde ca fait mal Azalyne ! » alors qu'il sentait une intense brulure au niveau du thorax. Il se laissa tomber sur les oreillers, mais il lui aurait volontiers jeté sa bouteille à le figure si elle ne l'avait pas refermée. La douleur était quand même surmontable et il n'avait pas besoin d'en faire un plat, surtout qu'il n'avait pas non plus envie de le montrer à la belle brune. Il devait serrer les dents et attendre que ça passe, mais il sentait déjà que ce n'était pas la dernière des opérations qu'elle faisait sur lui, et que ce devait surement être la moins douloureuse. « Sois plus douce la prochaine fois, merci, c'est pas parce que je suis sans défense face à toi que tu peux te croire tout permis hein. Continue de me dire ce que tu fais, surtout si je risque quelque chose » lui ordonna t-il avec fermeté, tout en sachant qu'il allait peut être trop loin. « Je peux faire une hémmoragie ? Dis-moi ce que je ne dois pas faire, j'aimerai bien qu'il n'y ait pas trop de complications » demanda t-il en dernier avec un ton moins impérieux, en espérant qu'elle le renseignerait, et avec plus d'amabilité cette fois.

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Encore ? Non ce n'est pas fait exprès...

C'était possible de supporter la douleur. Il avait déjà eu mal. Physiquement et mentalement. Et il n'avait rien connu de pire que certaines déchirures psychologiques qui valaient mille fois des picotements dues à un produit nettoyant. Comme on disait, il fallait serrer les dents, laisser passer. Compter dans sa tête, penser à autre chose, compter les carreaux, voilà ce qu'on lui demandait de faire enfant lorsqu'on devait lui faire une piqure. Maintenant, ses méthodes restaient infaillibles. Pour ce qui était des blessures morales, c'était une autre affaire, et peu de choses permettaient sur l'instant de les atténuer. Alors effectivement, après on pouvait apprendre à vivre avec. C'était ce que faisaient plus ou moins tout le monde. Certains, comme Seth, avaient la rancune tenace, une soif de vengeance qui n'était assouvie que par l'effet du temps et trainaient comme un boulet leur peine des mois durant. D'autres avaient plus de chance. Mais personne n'oubliait. Ceux qui voulaient n'y arrivaient jamais. Ceux qui n'essayaient pas étaient remplis de remords. Certains s'y employaient cœur et âme, mais toujours quelque souvenir du passé remontait à la surface, à cause d'un tiers, d'un événement soudain, d'une tragique nouvelle parfois. Pourtant, si on s'efforcait de penser à des choses heureuses, si un instant de beauté avait lieu devant nos yeux, alors il pouvait arriver des miracles.

Seth regardait Aza depuis tout à l'heure. Il ne l'avait jamais regardée comme ça. Pas de la façon d'un ennemi, d'un étranger ou d'un homme amoureux. Il avait seulement l'impression de la revoir, de la redécouvrir. Il avait oublié comment était sa peau, ses cheveux et son sourire car ce n'avait été que des détails pour lui, mais il se souvenait des gestes qu'elle faisait quand elle était énervée, des paroles qu'elle lui avait dites autrefois, comme s'il les avait toujours eu devant les yeux. Oui, elle avait changé, inexorablement. Lorsqu'il avait posé un premier regard sur son bras lorsqu'elle avait sorti le coton et l'antiseptique, il l'avait revue, porter son café à ses lèvres lors de leur dernière rencontre. Pourtant, ce bras individuellement n'était plus le même. Cela aurait semblé terriblement logique pour Seth de faire de telles découvertes s'il avait été entre la vie et la mort, mais là il ne les expliquait pas. Il ne s'était jamais autant intéressé à une partie de son corps aussi anodine que celle-ci. Parce que peut être, c'était elle qui allait le soigner. En l'espèce, il tremblait. Légèrement certes, mais il tremblait, et il ne savait pas spécialement pourquoi. Peut-être avait-elle de l'appréhension, peur de commettre une faute qui empêcherai à jamais sa blessure de cicatriser. Peut être était-ce autre chose bien sur, il n'y avait pas besoin de le savoir. Tout ce qui lui importait c'est qu'elle réussise à sa tâche, ce qui semblait bien parti. Alors oui, s'il l'examinait avec cette curiosité soudaine, c'était parce qu'elle était devenue quelque chose de nouveau pour lui. C'était son infirmière, celle qui s'occupait de lui alors qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant de cette façon. Même s'il avait voulu la rayer de sa vie, en faire une étrangère, elle ne disparaitrait pas, en tout cas pas de son esprit.

Cela l'embêtait quelque peu, de penser cela. Son désir le plus cher, lorsqu'il l'avait quittée la dernière fois, avait été d'effacer ces années de relation de sa mémoire. Peut être y serait-il arrivé si elle n'avait pas été autrefois une amie, une confidente même. Cette relation s'était étiolée au cours des ans et des absences, puis avait reprise, pour partir en fumée. Alors pour Seth, se retrouver si près de la jeune femme, dans une situation si critique, avec la peur en arrière plan, se raccrocher à ses souvenirs si précis n'était pas facile. Il était un homme de parole, avec sa fierté, ses valeurs et son orgeuil, mais il ne pouvait s'empêcher de penser à cela. C'était peut être une raison non équivoque à son attitude. Son refus qu'elle s'approche de lui, son incompréhension face à son retrait, lorsqu'elle s'était assise pour écrire, mais aussi le désir résigné de la faire venir à son coté. Et pendant qu'il mixait toutes ses idées dans son cerveau, la belle brune nettoyait la blessure. Il s'était un peu calmé, mais c'était surtout parce qu'il savait qu'il n'avait pas le choix. Elle lui demanda s'il voulait un calmant, mais le seul mot qu'il retint était celui de piqure. Il hocha frénétiquement la tête de droite à gauche dans un geste parfaitement compréhensible. Tant pis, il supporterait cette douleur en continuant de la regarder. Si ce devait être la dernière chose qu'il devait voir dans sa vie, alors il voulait simplement en profiter, et rester silencieux devant le spectacle. Pas qu'il la trouvait belle, elle l'étais certes, mais cela avait toujours été le cas si l'on positionnait objectivement, alors que pour lui maintenant elle était juste elle, peu à peu de retour dans sa vie, ce qui d'un point de vue subjectif se caractérisait par sa rancune et la totale absence de désir qu'il éprouvait pour elle. C'était une femme, une infirmière mais c'était tout, et il n'avait pas besoin de plus.

Il eut un sourire lorsqu'elle l'appela commandant en joignant le geste à la parole, mais il le forca à ne pas perdurer. Elle s'était un peu radoucie elle aussi, alors il faisait de même. Lorsqu'elle lui demanda son bras, il le lui donna sans rien ajouter d'autre, toujours en ferme contemplation de ses mains qui le manipulaient, non pas avec la vigueur et la brusquerie avec laquelle il s'était attendue au départ, mais avec prudence, comme si elle avait entendu ses supplications muettes dans lesquelles il lui demandait de ne pas lui faire mal. « Je vais en avoir besoin alors, de points ? » demanda t-il lorsqu'elle le reposa. Il hésitait également à satisfaire sa curiosité auprès d'elle. Elle n'avait pas l'air de savoir grand chose sur les causes de sa venue ici a part qu'il avait eu un accident. Cela ne suffisait pas pour Seth, évidemment. Qui signifiait accident signifiait faute, coupable, blessés, du sang, des morts peut être... Il ne connaissait pas l'étendue de celui-ci, s'il avait été grave, s'il était le seul dans ce cas là ou non. « Je peux te poser une question ? » hasarda t-il sans plus aucune trace d'animosité « Est-ce que toi tu as vu ce qui s'était passé ? Ou te l'a t-on raconté ? Qui m'a apporté jusqu'ici ? Et depuis combien de temps suis-je là, d'ailleurs ? Je suis désolé, ca fait plus d'une... ». Elle ne lui répondit même pas. Il ne sut même pas si elle l'avait entendu car, en un coup de vent, elle était partie. Pas loin certes, juste là derrière une sorte de paravent, et il se demanda ce qui l'avait fait fuir. Lorsqu'il avait commencé à parler, il avait détourné pour la première fois son attention de ses gestes, et n'avait donc pas vu ce qui avait causé son départ précipité.

Sa tête jaillit de derrière le tissu, et il lui sembla sur le coup qu'elle avait l'air mal en point. Elle voulait savoir s'il comptait vraiment l'oublier. Il fronça les sourcils devant cette question à laquelle il ne s'attendait pas et ne s'était pas préparé. Etait-ce donc cela qui la gênait tant ? Ce qu'il pensait ? Elle ne pouvait pas avoir peur de sa réponse, ce n'était pas possible, elle avait précipité la fin de leur amitié en même temps que lui... « On oublie jamais ce qu'on veut oublier » dit-il, en bon prof de philosophie qu'il était alors qu'il essayait un instant de fermer les yeux afin de mieux y réfléchir. Qu'est-ce que cela pouvait lui faire ? Peut être voulait-elle simplement l'entendre dire qu'il ne l'oublierai jamais. C'était le cas bien évidemment. Il avait dit les mots dans un excès de fureur et d'incompréhension, mais il ne les avait jamais vraiment pensé. Oh, s'ils avaient été amenés à ne plus se revoir, cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid mais là, c'était différent. Mais tout cela il ne pouvait pas lui dire. Cela signifiait être faible, revenir sur sa décision et il ne pouvait pas. Pour autant, il ne pouvait avouer non plus qu'il avait vraiment l'intention de le faire, de ne plus penser à elle. « J'aimerai t'oublier Azalyne Dawes, soit en sure, mais c'est parfois plus difficile que ça. Ca ne dépend pas toujours de notre volonté ». Il avait vraiment l'impression d'être en cours. De parler à des élèves. De discuter du sens de la vie, de la raison, du cœur, des obligations morales, du destin et de la fatalité. « Par contre, si tu ne reviens pas me soigner tout de suite, là c'est sur que je ne pourrais pas t'oublier, même si je deviens handicapé à vie, je me souviendrais que c'est à toi que je le dois, parce que tu étais plus occupée à rédiger des dossiers qu'a venir t'occuper de moi ! » ajouta t-il plus brusquement mais avec un large sourire aux lèvres pour l'obliger à sortir de sa cachette, ce qu'elle fit. « Je crois en fait que ce serait plus simple pour nous deux de nous oublier. Mais toi, voudrais-tu que je le fasse ? Pourrais-tu m'oublier, moi ? » questionna t-il une dernière fois alors qu'elle se retrouvait de nouveau au dessus de lui, instruments à la main. A vrai dire, peu importait sa réponse, mais il avait tenu à le lui demander quand même. Au fond de lui, il savait qu'il avait fait tout son possible dans les dernières semaines pour penser à autre chose, et il y avait plus ou moins réussi. Il avait noyé sa rancoeur en faisant l'amour à des filles, en débouchant des bouteilles de vodka, en faisant la fête plusieurs nuits d'affilée, et Azalyne ne lui était pas venue à l'esprit. Mais voilà, le destin faisait surement bien les choses, et les avait réunis dans une chambre d'hopital. Mais c'était tout. Tout ce qui pourrait se passer entre eux. Quand il sortirait de cet endroit de malheur, le seul souvenir qu'il garderait serait le contact froid du lit, la blancheur des murs et du plafond, et peut être, le contact électrique de leurs premiers échanges. Ce serait tout ce qu'il voulait garder en mémoire. Les mauvaises choses. C'était plus facile pour faire abstraction des belles.

Il sentait un engourdissement dans ses membres. Il avait envie de bouger, mais ne voulait pas que cela lui complique la tâche, ou entraine des complications inutiles. De même, sa tête tournait de plus en plus, mais il ne pouvait bouger le bras qu'elle lui avait pris pour le porter à son front. Ainsi posé contre les oreillers, il sentait encore le sommeil le gagner. Il lutta, clignant des yeux, mais c'était plus dur que ce qu'il pensait. Il poussa un soupir faible, essayant de reporter sa concentration sur les gestes méthodiques de l'infirmière mais sa vue semblait se troubler. Inconsciemment, il s'agita, relevant la tête et les épaules ce qui n'eut pas pour effet d'atténuer la pression contre son crâne. Peu à peu, il sentit la panique le gagner. Il essaya de bouger encore, d'attraper la main d'Azalyne qui était appuyée sur son flanc mais elle la retira. Elle semblait le regarder, mais elle n'était plus fixe. Il ne voyait plus très bien. Alors il reposa la tête contre l'oreiller, la respiration saccadée, et ferma les yeux.

Spoiler:

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Encore ? Non ce n'est pas fait exprès...

Non, ce lit n'avait rien de confortable. Non, les machines ne le rassuraient pas. Oui, il aurait préféré être ailleurs. N'empêche, maintenant qu'il était là, et qu'il avait une conversation plus ou moins potable avec Azalyne, cela le stressait moins. Il savait qu'elle devait lui avoir donné quelque chose, parce qu'il se sentait légèrement flotter. Il entendait encore ce qu'elle lui disait, mais plusieurs fois il avait ouvert la bouche sans pouvoir répondre. Elle lui raconta les quelques circonstances de l'accident, même si elle ne connaissait pas les détails. Ce qu'elle lui disait l'étonnait un peu, car il ne se souvenait pas d'avoir fait tout cela, en tout cas pas d'être sorti se promener dans la rue alors qu'il n'avait pas beaucoup de raisons de le faire. Lui qui pensait qu'il était en voiture ce matin là, peut être avait-il eu un accident alors qu'il en sortait pour franchir les quelques mètres jusqu'à chez lui, mais cela lui paraissait improbable qu'il ait pu survenir durant un laps de temps aussi court. Malheureusement, il ne pouvait que faire confiance à l'infirmière car il n'avait pas les moyens de la contredire. Au moins apparement, il ne s'en tirait pas trop mal. Pour lui s'était déjà bien assez, il avait quand même beaucoup de blessures, il aurait préféré ne rien avoir du tout ! Mais tant pis, le mal était fait, il ne pourrait pas revenir en arrière, et d'ailleurs, il n'était pas sur d'en avoir envie.

Pendant de longs jours, il avait ruminé son amertume envers la jeune femme. Il se félicitait de s'être débarassé d'elle, et si on lui avait dit qu'il croiserait à nouveau son chemin, dans des circonstances aussi sordides, il n'y aurait simplement pas cru. Comme si le destin lui jouait des tours. Il ne s'en voulait pas du tout d'avoir supprimé son numéro, c'était elle même qui l'avait poussé à le faire lorsqu'elle lui avait relevé que sa vie lui plaisait maintenant et qu'elle ne regrettait pas du tout son ancienne vie. De ses paroles, il avait compris que leur aventure ne représentait plus rien non plus pour elle et cela l'avait mis en rogne plus autre chose. Et bien, pendant tout ce temps, il n'avait pas imaginé lui pardonner. Là non plus pour l'instant il n'en avait pas envie, il voulait la laisser faire son travail sans l'énerver afin qu'elle ne lui perçe pas la peau n'importe ou par simple vengeance. Plus tôt il serait débarassé, plus tôt il partirait et l'oublierait. Ils ne se parlaient qu'en temps que médecin et patient, cela ne suffisait pas à réparer une amitié brisée. Ils n'étaient que polis l'un envers l'autre, et cela ne suffisait pas pour reconstruire quelque chose.

Il n'ajouta rien quand à l'accident puisqu'il n'avait rien à dire, ne pouvant apporter d'éléments nouveaux à l'affaire. De plus, savoir ne lui apporterait rien de particulier, puisqu'il ne pourrait rien y faire. Quoi que... apparement c'était un accident de voiture... Il devait donc bien y avoir un chauffeur quelque part, et il se demandait qui s'était, même si cela n'avait pas beaucoup d'importance. Oh enfin si, il pourrait lui faire payer de l'avoir mis dans cet état, mais pour l'instant ce n'était pas la vengeance qui l'intéressait, plutôt de savoir s'il allait s'en sortir, et comment il allait s'en sortir. Azalyne lui dit qu'il devrait avoir des points, et il ne protesta pas. Il préféra utiliser ce qui lui rester de force pour lui parler. « T'a intérêt à ce que je meurs pas, sinon je viendrais te hanter dans ton sommeil » dit-il en plaisantant alors qu'elle lui palpait encore les bras. Elle lui demandait aussi de se calmer, et là, cela lui semblait très facile à faire même si au fond de lui, il avait encore envie de se rebeller, d'arracher tous les tuyaux, et de s'enfuir en blouse dans les couloirs. Heureusement, l'ambiance semblait s'être radoucie maintenant qu'ils ne se lançaient plus de piques. Seth était étonné de la tournure de situation, et il ne savait pas s'il se sentait vraiment soulagé ou non. D'un coté, il trouvait cela bien qu'ils ne soient plus énervés parce que cela simplifait les choses, d'autre part il savait qu'il lui en voulait toujours, et qu'il n'avait pas envie de s'abaisser à rétablir la conversation alors qu'ils auraient du ne plus jamais s'adresser la parole.

Les paroles de l'infirmière lui firent d'ailleurs un choc. Il ouvrit des yeux étonnés devant sa confession, à laquelle il ne s'attendait pas, autrement que dans ses rêves. Elle s'excusait. Après tout ce temps, elle lui disait enfin qu'elle était désolée, ce qu'elle n'avait jamais vraiment fait. La gorge de Seth se serra. Elle semblait sincère. Et lui aurait du la détester, lui faire payer ce qu'elle lui avait fait subir. Mais elle avait répondu à son attente, à ce qu'il lui semblait nécessaire de lui demander. Maintenant, il ne pouvait plus être en colère, ni être vexé. Ces excuses signaient le glas de leur dispute, et il se laissa aller plus encore dans les oreillers, un sourire de satisfaction sur les lèvres. Son cœur battait fort et il lui adressa un regard serein. Est-ce que cela réglait tout ? Beaucoup de choses en tout cas. Il pouvait surement mettre son orgeuil de coté, comme elle, et accepter que cette histoire était complètement finie. Bien entendu, il n'accepterait jamais sa relation avec Wade, mais temps qu'elle ne l'obligeait pas à se le coltiner, il n'essayerait plus d'intervenir. Il avait besoin de calme maintenant. « Je te pardonne Aza » avoua t-il en fermant de nouveau les yeux. Le produit faisait diablement effet, mais il se força à continuer « Je suis content que tu ne m'oublies pas, moi aussi ça a été dur de ne pas penser à toi. Mais tu sais, ce que je voulais depuis le début, c'était que tu sois heureuse, même si je ne m'y suis pas pris de la bonne façon ». Tout cela semblait bien grotesque dans sa bouche. Mais ils étaient seuls tous les deux dans cette chambre, pas en public, ce qui faisait que cela ne changeait rien. Seule elle entendrait ça, et il savait qu'elle ne le répeterai à personne, surement pas à son petit-ami. Elle pourrait se moquer de lui maintenant, de cette faiblesse qu'il avait montré, mais tant pis. Au moins, il le pensait un peu ce qu'il avait dit.

Maintenant, il se préparait au pire. Il savait qu'il n'était pas là simplement pour qu'elle lui tate ses blessures, il fallait qu'elle agisse maintenant. Il ne pouvait pas lui promettre de ne pas bouger lorsqu'elle s'approcherait avec une aiguille, mais il se jura de faire pour le mieux. Le moment sembla toutefois arriver trop tôt à son goût, car il ne lui sembla pas qu'il était préparé. Il ouvrit les yeux pour la voir s'approcher avec l'instrument, lui conseillant de tourner la tête de l'autre coté, mais il pouvait tout simplement pas. Son regard était attiré vers l'aiguille comme un aimant, il pouvait pas détourner les yeux, malgré qu'il en ait eu fortement envie. Elle la placa à l'endroit adéquat, et Seth la vit traverser sa peau. Il ne put retenir un tressaillement, et il serra fort les dents. Cependant, et il se doutait que ce devait être à cause de l'anti-douleur, il ne sentait presque rien. Avec ébahissement, il la laissa faire sans se débattre, mais lorsqu'elle approcha le fil et se mis à faire des points, il comprit qu'il pourrait facilement tourner de l'oeil, alors il s'efforça de faire autre chose. Il devait trouver un sujet de discussion, et vite. Et un sujet qui ne tournait pas autour de l'hopital ni de leurs fréquentations respectives. « Et alors euh... comment va ta sœur ? ». S'il avait pu, il se serrait frappé la tête contre un mur. C'était nul ca, comme question. Mais il en savait pas quoi penser d'autre car au final, la seule chose qui l'intéressait... c'était comment son couple allait. Mais la réponse ne le satisferait jamais, il ne voulait pas la poser. Il y avait d'autres choses plus importantes à demander. Au moins, il se souvenait vaguement qu'elle avait une sœur en ville, et il lui semblait même l'avoir déjà rencontrée, il y a longtemps. Autrement, les sujets de conversation lui semblaient épuisés. A vrai dire, il n'avait jamais vraiment eu de discussion passionnante avec elle. Leur relation avait été plutôt... physique, et il se rendait maintenant compte des inconvénients que cela impliquait. « Bon sinon, je suis sur que tu n'aura aucun mal à retrouver mon numéro, il doit être dans tes fiches de renseignement non ? Si jamais tu veux prendre un truc, en tout bien tout honneur, ce sera avec plaisir ». conclu t-il en dernier recours. Zut alors, s'il ne trouvait rien à lui dire là, il ne trouverait rien d'autre plus tard. En tout cas, cette phrase montrait bien qu'il avait envie de faire la paix, de recommencer tout à zéro. Après tout, ce n'était pas elle qu'il avait voulu éviter ni oublier, mais bien toutes les brodures autour.

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