love all, trust a few, do wrong to none

Avant de réellement commencer, je vais vous raconter vaguement mon enfance, qui étaient mes parents, ce qu’ils faisaient dans la vie et tout ça. Peut-être qu’ensuite ça vous donnera une petite idée du décor dans lequel j’ai grandi.
Je suis né ici même dans la ville de Siloam Springs il y a déjà trente-deux ans. Ma mère était femme au foyer et l’est toujours d’ailleurs tandis que mon père, lui, était soudeur dans une usine. Il est décédé il y a presque seize ans des suites d’un cancer des poumons. Il avait fumé toute sa vie et le fait de travailler dans la poussière ne l’a sûrement jamais aidé. J’ai aussi un petit frère et une petite sœur, Joshua et Jessa. Ma sœur a deux enfants et est en instance de divorce depuis peu. Elle vivait à Hawaii mais est de retour en ville. Mon petit frère change de petite amie comme de chemise et squatte chez moi de temps à autres, pour sa part. Il a toujours été un dragueur, ma mère disait qu’il tenait ça de son oncle, le frère de mon père. Elle ne l’a jamais vraiment apprécié, celui-là. En fait, elle est pas mal sélective et déteste beaucoup de monde, même si elle paraît adorable au premier coup d’œil. Je suis assez proche d’elle, puisque lorsque ma sœur est partie j’étais seul à être resté en ville avec elle. Inutile de vous dire que c’est une professionnelle dans l’art de ne se mêler de ce qui ne la regarde pas.
Bref, assez parlé de ma famille, passons aux choses sérieuses.

J’étais un enfant assez turbulent à l’école, hyperactif qu’ils appelleraient ça aujourd’hui. Pourtant, je n’ai jamais eu de problèmes avec l’autorité puisque mes notes étaient très bien, au grand désespoir de mes professeurs qui ne pouvaient donc que me reprocher de faire l’idiot en pleine classe. Ça rendait mes parents fous mais pourtant ça semblait plaire aux jeunes de mon âge, puisque j’étais assez populaire et avais pas mal d’amis à cette époque-là, chose qui a changé depuis le temps. Il faut dire qu’enfants, tout le monde est ami avec tout le monde, mais je dirais sans hésiter que j’étais un enfant « cool » dans la cour d’école. Je ne me vante pas, bien sûr. C’est simplement pour vous donner une idée.
Au début de l’adolescence, j’étais un petit rebelle. Bagarreur, je cherchais les problèmes uniquement pour impressionner les autres. Pourtant, ma vie a changé drastiquement à mes seize ans. Je suis descendu de mon piédestal et le cancre s’est calmé un peu. Mon cercle d’amis s’est resserré, les moins idiots restant à mes côtés et tout ça pour une raison. Mon père est décédé soudainement d’un cancer des poumons. Il n’allait pas très bien depuis longtemps déjà, mais il n’en parlait pas et refusait d’aller chez le médecin. Les soins auraient coûté beaucoup trop cher de toute façon. Alors du jour au lendemain, je me retrouvais « l’homme de la maison ». C’est en voyant ma mère à l’enterrement que je me suis juré de ne pas la décevoir. J’étais un peu plus discret pour les conneries, ne voulant pas créer d’ennuis chez moi. Je me suis mis pas mal de gens à dos à cette période-là de ma vie, ça n’a pas toujours été facile d’ailleurs. Je n’en parle pas beaucoup, toutefois, car je n’ai pas envie qu’on s’apitoie sur mon sort.

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Durant mes premières années comme pompier, j’ai pas mal abusé de mon statut et comme la plupart des nouveaux, j’ai flirté à gauche et à droite sans avoir à me préoccuper de quoi que ce soit. J’ai même fait les calendriers au début, jusqu’à ce que je rencontre mon ex-petite-amie. C’était le genre de fille pas mal possessive et jalouse, mais comme on dit l’amour est aveugle. Je me suis pas mal assagi à cette époque. Pendant plus de deux ans, les gens autour de moi m’ont répété qu’elle n’était pas bien pour moi, qu’elle me trompait et me manipulait tandis que je restais naïvement en lui faisant confiance. Puis un jour, j’ai dû ouvrir les yeux lorsque son amant est venu sonner à la porte pour m’avouer toute l’histoire, n’en pouvant plus de mentir sur leur relation. Ça m’a fait un sacré choc, d’apprendre ça et de savoir que tout le monde avait raison. Encore aujourd’hui, les gens qui me connaissaient à cette époque n’en parlent pas. C’est le genre d’histoire qu’on ne raconte pas, de toute façon. Quel idiot se laisserait tromper pendant deux ans sans même en prendre conscience? Bah moi apparemment.
Après cette rupture qui a été assez douloureuse, j’ai préféré les histoires d’un soir sans engagement, oubliant les numéros de téléphone qu’on me donnait, ne rappelant pas les filles le lendemain matin. Changer de fille comme on change de chemise, c’était un peu mon mode de vie. Je faisais la fête, payais une chambre de motel puis disparaissait le lendemain sans plus jamais donner de nouvelles. Jusqu'à récemment, je pensais que je ne ferais plus jamais ça. Mais parfois la vie nous réserve des surprises.

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Je connaissais vaguement Azalyne. On se croisait de temps à autres à l'hôpital, parce qu'elle y était infirmière et parfois je devais transporter des blessés. On discutait un peu, mais ce n'était pas énorme. C'est seulement lorsqu'elle a eu son accident que j'ai vraiment eu un choc. Elle était en voiture avec son petit ami, et ils ont eu un accident. Son petit ami aussi. À tous les jours, j'allais la voir, même si elle était dans le coma. Je voulais voir si elle allait bien, en fait c'était étrange mais je ressentais vraiment le besoin de veiller sur elle. Quand elle s'est réveillée, j'ai cessé mon manège. C'est elle qui m'a accosté un jour pour me proposer d'aller prendre un café. Je me suis beaucoup rapproché d'elle, ce qui était douloureux. Je savais qu'elle avait un petit ami, même si celui-ci était encore dans le coma. Puis lorsque celui-ci s'est réveillé, il avait perdu la mémoire. Il ne la retrouvera jamais, apparemment. J'aurais pu tenter ma chance, lui avouer que je ressentais bien plus que de l'amitié pour elle, mais j'ai préféré la laisser faire son deuil. Et elle s'est mise à coucher à gauche et à droite, à courir après tous les mecs. J'en souffrais, car lorsqu'elle avait un problème, besoin de se confier à quelqu'un ou d'un gros ours en peluche, j'étais là. Mais je me voyais mal tenter plus, elle était trop fragile encore, elle avait besoin de temps. Après plus d'un an à endurer la 'friendzone' ultra-pénible, j'ai commencé à fréquenter Azalyne. En fait, plus que fréquenter. On vivait carrément ensemble. J'étais fou amoureux d'elle, puis un jour j'ai appris qu'elle avait embrassé un de ses exs, et qu'elle se droguait aux médicaments. Je suis parti une semaine, coupant tout contact. Quand je suis revenu, j'ai appris qu'elle avait couché avec lui. Et maintenant, je suis célibataire. Ma vie est plutôt banale, je vis seul dans ma maison, je suis capitaine des pompiers et célibataire. Mais je suis un type assez banal, à la base. Je suis le bon gars de l'histoire, celui qui est toujours là mais qui ne gagne jamais vraiment.