maybe... maybe love is temporary.

vingt-heures. je soupire. j'ai enfin terminé de donner ces cours de piano. je salue mon élève, une jeune femme étudiante du nom de Clélia. je la remercie de sa présence, la salue et sors de l'université, épuisée, mon violon et une tonne de partitions sur le dos. j'ai l'impression que la musique me prends tout mon temps ces jours-ci. je ne m'accord même pas une seconde, ni même une à Jules. je soupire, tandis que mes pensées se mélangent de mon crâne, qui ne demande qu'à se mettre sur off. je m'encourage. encore quelques pas et je pourrais dormir. je rentre dans l'immeuble, prends les escaliers, me dépêche de sortir ma clé. j'entre et... Jules est là. Sur la table prône pleins de petits plats, il y a des bougies et même une rose. Les lumières sont éteintes, pour donner une ambiance tamisée, romantique. Je laisse tomber mon violon et retire mon manteau, dévoilant ma chemise blanche. « Ouaw, Jules... » je m'approche de lui et regarde ce qu'il mijote par dessus son épaule, avant de lui embrasser la joue. « En quelle honneur, ce repas fabuleux ? » je lui souris. j'ai l'impression de jouer la comédie. pourtant, j'aime Jules, je l'aime vraiment mais... mais je suis perdue.

maybe... maybe love is temporary.

ça sentait bon dans tout l'appartement. ça sentait sucré, salé, ça sentait même un peu amer, ça sentait l'amour dans l'air. et l'amour, l'amour de jules, bizarrement, me donnait autant des ailes qu'envie de pleurer. alors que je m'approche, de mes petits pieds de lui, et dépose un baiser chaste, semblant d'amour sur sa joue, il tourna la tête et me vole un baiser. ça fait boum dans ma poitrine. un boum bruyant, un cœur qui se soulève. d'amour ou de culpabilité ? je ne sais plus, j'ai arrêté d'essayer de déchiffrer tout ça. « Salut toi » il se détourne de son ouvrage culinaire pour me prendre dans ses bras. je m'y cale confortablement, tout sourire. « En ton honneur évidemment » le rouge me monte aux joues. mon honneur ? qui est la dernière personne à avoir fait quelque chose en mon honneur ? et bien c'est lui. mon amour, mon âme-soeur. tout le monde rêverait de l'avoir comme petit-ami, et à la place, je tombe amoureuse de son jumeau. médiocre cœur. sa main arpente mon dos. « Nous n'avons toujours pas eu l'occasion de ratrapper notre soirée manqué de la Saint-valentin alors voilà... » je souris et lui vole à nouveau un baiser, avant de poser mon front contre le sien et de marmonner, entre ses lèvres. « fallait pas, mon amour. » puis je passe une main dans ses cheveux. « m'enfin, je serais plus que ravie de passer cette soirée en la compagnie de mon merveilleux copain. »

maybe... maybe love is temporary.

c'était beau le sourire de jules, c'était beau notre amour. c'était tellement beau qu'on en étouffait de bonheur. nos sourires, nos baisers. c'était notre folie amoureuse, qui perpétuait depuis déjà trois ans. d'une simple amourette adolescente, c'est devenu quelque chose de concret et de sérieux. mais, derrière tout ce bonheur, c'était deux ans de remords et regrets. de mensonges, aussi. mais ça, je ne l'avouais pas. cette semaine avait bouleversé ma vision des choses. mais je ne pouvais pas lui avouer, pas maintenant. alors à la place je noyais l'image de tristan dans ses baisers. « tu fais de moi le plus heureux » je me mords la lèvre, à la fois de joie et d'appréhension. si seulement tu savais. mais à la place, il dépose un baiser sur mon front et m'invite à la table. je m'assois, attendant qu'il fasse de même. mais ce qu'il me dit me laisse sceptique. « j'ai quelque chose à te proposer je peux pas attendre le dessert » j'hausse un sourcil, avant d'essayer d'imaginer ce qu'il a à me proposer. vivre ensemble ? déjà fait. s'en aller ? c'est envisageable, mais il est né ici, et il a son père. mais il commence, et ton cœur bat un peu plus vite. « sage, tu sais que depuis le jour où je t'ai rencontré je craque totalement pour toi, maintenant on vit ensemble, on s'aime, tu t'entend bien avec mes frères, on a des boulots trop cool enfin bref la vie est vraiment top, je dirai même presque parfaite depuis qu'on est ensemble, et j'ai envie que ça continue encore très longtemps, alors...» cette fois, j'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. jules rougit légèrement avant de sortir une bague de sa poche. « sage, tu veux bien qu'un jour toi et moi on se marie ? veux-tu m'épouser ? » épouser jules ? tout ça semblait sorti d'un rêve, un fantasme complet. pourtant il était là, la bague en main, tandis que ma main à moi et posée sur ma bouche, formant un O presque parfait. « oh mon dieu, jules... » les larmes aux yeux, mes yeux se déposent au creux des siens, avant que tout d'un coup, tout me retombe dessus. j'ai couché avec tristan. puis mon subconscient rajoute, fataliste. et tu l'aimes. et je ne sais plus quoi faire. « je ne sais pas quoi te dire... » j'essuie l'eau qui perle de mes yeux avant de rajouter, tremblante. « oui, je le veux jules. » et mes mains se déposent sur ses joues avant que je l'embrasse. c'est mieux pour toi. mieux pour l'oublier.

maybe... maybe love is temporary.

je souriais, décontenancée. je ne m'attendais pas à ce qu'il me demande en mariage. parce qu'avant, il aurait peut-être su, parce qu'avant, il se serait lassé. ces scénarios, depuis cette fameuse semaine, je les avais tous inventés, sans exception. mais ça... ça, ça ne m'était plus venu à l'esprit. bien sûr, que parfois, j'inventais mon avenir. je me voyais à ses côtés, sur scène, ou en solo. mais pas ça.
et me voilà fiancée, avec jules. et ce n'est même pas un rêve. c'est la réalité. celle où je l'ai trompé, où il ne sait rien, où je l'aime et j'aime tristan. cette putain de réalité, qui m'écrase le cœur. mais tout ça, je ne peux pas lui dire. alors à la place, je souris, la pluie s'écoule de mes yeux, fausse joie, choc amoureux. et jules, il fait pareil, yeux dans les yeux, lui aussi, quelques larmes se frayent un chemin sur ses joues innocentes, de bonheur. « oui ? » « oui ! » mes mains sur ses joues, il s'empare de ma bouche, son rire se déposant dans mes oreilles, et ses bras m'entourant. « je t'aime, je t'aime, je t'aime » je le regarde dans les yeux, et il attrape la bague. nos yeux dérivent vers ma main, qu'il orne du petit bijou, symbolisant son amour. notre amour. « jules... » je regarde la bague. à la lumière de nos amours, elle brille, reflète tout le bonheur. et un instant, je me dis que je ne le mérite pas. que je mérite rien de tout ça. un instant, je m'imagine le repousser, lui crier ce qui s'est vraiment passé, et retourner à bethel, pleurer dans les chemises à milo. mais j'ai pas le courage, pas la force de le faire, alors je reste dans ses bras, à lier et délier nos lèvres, nos cœurs qui battent dans une rythme parfait. désillusion amoureuse. « merci, tellement. tu es le meilleur petit ami, et fiancé -! au monde. » oui, il l'est. mais moi, je ne suis rien. même pas une bonne petite amie. parce qu'il a fallu que je revienne dans les bras de tristan, et que je l'aime. et ça fait si mal. parce que j'aime aussi jules. pense à jules, juste à lui. et c'est ce que je fais. je ne pense plus qu'à lui, à ses lèvres, à ses yeux. à combien je l'aime. « je t'aime. »