Ramène moi sur le droit chemin

Azalyne Dawes & Seth Hemingway

Il gardait un précieux souvenir de la plupart des gens qu'il avait côtoyé. Non pas que cela l'intéresse particulièrement de ressasser les vieilles histoires qu'il avait eu avec eux, mais Seth avait toujours trouvé utile de se rappeler ce qu'il s'était passé, pour mieux l'utiliser à l'avenir. Il avait ainsi pris l'habitude de noter sur des carnets les caractéristiques de telle ou telle personne, notamment son milieu de vie, ses secrets et ses aspirations ce qui lui permettait de reprendre facilement contact avec elles, pour leur demander un service ou tout simplement, pour ne pas se faire oublier. Faux amis, anciennes copines, intellos de fac y étaient passés, et si Seth ne trouvait pas toujours de plaisir à cette tâche, il entreprenait de garder ses relations à jour. Ce n'était pas pour autant qu'il répondait présent lorsque c'était les autres qui le contactaient, ou qu'il propose systématiquement de tenir compagnie à une personne à l'hopital. Pourtant, quand il avait appris, Dieu sait comment, qu'une certaine Azalyne se trouvait en ce moment même dans celui qui se trouvait à Siloam Spring, il s'était fortement demandé si cela ne valait pas le coup qu'il y fasse un tour.

Il n'en connaissait pas cinquante, des filles avec un prénom comme celui-là. Même si leur amitié datait du temps ou il avait du passer la majorité de ses vacances d'été il y a plus de dix ans en ville en compagnie de son oncle et sa tante tandis que ses père et mère travaillaient à plein temps à Little Rock, et que certains passages étaient relativement flous et sombres dans sa tête, il se souvenait très bien qu'il l'avait beaucoup apprécié, et que leur relation loin d'être teintée de l'ambiguité qui ternirait les futures, avait été dans l'ensemble assez sincère, le Seth enfant se trouvant être une pâle copie du Seth adulte, lui largement plus intéressé par ce que pourraient lui apporter les femmes -et hommes- qu'il rencontrait, plutôt que par le coté humain d'une vraie relation. A bien des égards, il avait tout de même beaucoup changé depuis le temps, et il se demandait si la petite Azalyne -qui ne devait plus du tout être petite- se souviendrait autant de lui qu'il se souvenait d'elle. Quoiqu'il en soit, il était persuadé que tout cela ne pouvait pas être un hasard. Cela ne lui couterait rien de toute façon de rendre visite à son amie d'enfance.

Il n'avait pas acheté de fleurs ou de boite de chocolat. Il se disait que, si la jeune fille le reconnaissait, cela serait déjà bien. Il n'était d'ailleurs pas le genre a faire de tels cadeaux, et c'était surtout la première fois qu'il se rendait à l'hopital outre que pour rendre visite à un membre de sa famille malade. Il tourna dans le hall de longues minutes avant de se convaincre qu'il faisait une bonne action, fit du charme à la standardiste qui l'empéchait de monter pour cause de « vous n'êtes pas du personnel ! », erra dans le couloir de l'étage une fois qu'elle lui accorda le droit de passer, puis fini par toquer à la porte de la chambre indiquant l'identité de son occupante, et y entra avant même qu'on ne lui autorise. Il resta quelques secondes sur le pas de la porte, histoire de savoir s'il se trouvait au bon endroit puis, avec cet air nonchalant qui lui collait à la peau, referma l'accès puis s'avança dans la pièce. « Holà querida ! » s'écria t-il dans un accent espagnol a couper au couteau avant de s'approcher du lit de l'accidentée, près duquel se tenait la-dite Azalyne. Il faillit s'asseoir sur le bord de celui-ci mais se retint au dernier moment. « Zazou, ça fait si longtemps ! T'imagine pas comme tu m'a manqué ! » l'informa t-il avec une réelle hypocrisie qu'il parvint aisément à cacher derrière un grand sourire. « C'est moi, Seth ! » ajouta t-il en dernier, au cas ou elle ai également perdu la mémoire.

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Si Seth était le genre d'homme à faire attention à son apparence et à sa façon de parler, il lui arrivait, parfois, d'opter pour un débit de parole assez important qui lui permettait de placer quelques aneries sans que personne ne se rende compte de rien. Dans la chambre de cette vieille dame qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, tout à sa fausse joie de retrouver une personne qui avait été chère à son cœur, il n'avait pas pris la peine de s'assurer que celle à laquelle il adressait son discours l'écoutait bel et bien. Il était pourtant sûr de la trouver dans la chambre, la standardiste avait été formelle, elle passait voir cette bonne femme tous les jours, quasi à la même heure. Pas étonnant que maintenant, celle-ci ne lui adresse un regard interloqué, la bouche grande ouverte. Lui même haussa les sourcils devant sa déconvenue. Il se tourna, lorgnant vers la porte de la salle de bain privative annexée à la chambre et dans laquelle il était pourtant persuadé qu'elle était, en train de vaquer à ses occupations habituelles, mais celle-ci était désespéramment vide. Il avait pourtant cru. La lumière inondait la petite pièce comme si un néon était allumé à l'intérieur. Le soleil. Foutu soleil.

Seth ne se décomposa pas pour autant. Il adresse un sourire poli à la malade, alla même lui chercher un verre d'eau au lavabo qu'il déposa sur sa table de chevet, en faisant de grands mouvements de bras pour montrer que tout ce qu'il avait dit n'était que pour l'amuser. « Seth, c'est moi, Seth. Et je suis heu... » Il ne finit pas sa phrase, distrait par un claquement de porte. Tant mieux, il n'aurai pas su dire à la vieille dame qui il était réellement. Il se tourna vers l'origine du bruit, et le soulagement envahit ses traits. Elle n'avait pas besoin de se présenter. Il la reconnaissait. Elle était sacrément bien plus jolie qu'autrefois, mais en même temps, il savait que c'était tout à fait normal. « Zazou, enfin tu es là ! » se réjouissa t-il en levant les bras en signe de victoire. Il ne recommencerait pas une deuxième fois son beau discours. Par contre, il fut relativement vexé alors qu'elle ne semblait pas le remettre. Elle l'avait appelé monsieur. Sérieux, monsieur ? Pensait-elle qu'il était de la famille de cette dame ? Oui bon, okay, il était là, planté au chevet de celle-ci et il venait même de lui apporter de l'eau mais quand même ! Il n'avait pas la tête de quelqu'un venu ici par pure obligation. Et qui pourrait rendre visite à Madame Warren, sans que cela ne soit une obligation ?! Mais il n'allait pas en vouloir à sa petite infirmière pour ça ! Qui aurait cru d'ailleurs qu'elle deviendrait infirmière ? Bordel, ils ne s'étaient vraiment pas vu depuis un paquet de temps. « Si tu savais comme tu m'a manqué ! » dit-il pour la deuxième fois, sans prendre la peine d'un peu d'originalité. Il s'approcha d-elle le plus près qu'il put afin d'éviter de lui faire peur en levant les mains devant son visage en signe de paix pour ne pas qu'il lui vienne à l'esprit qu'il faille le virer de la chambre vu qu'il n'était pas un visiteur. « Ah ça oui, je vois que tu es infirmière ! Aza, j'espère que tu me reconnais quand même ». Sourire charmeur en prime. Impossible qu'elle ne se souvienne pas !

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Sacré bout de femme dis donc ! Habituellement, c'était Seth qui draguait les femmes. Certes, il arrivait qu'elles se permettent de lui adresser des clins d'oeil suggestifs et des sourires en coin, et il ne lui restait plus qu'a finir le travail, mais aucune n'avait été aussi loin que l'avait fait la belle Azalyne. Aussitôt qu'elle l'avait reconnu, elle avait attaqué par un compliment à son sujet. Il était resté scotché devant sa fougue naturelle et l'avait laissée le prendre dans ses bras. Oh oui, elle lui faisait déjà de l'effet, et pourtant, la seule image qui lui traversa l'esprit à ce moment ne fut pas eux d'eux dans un lit, mais plutôt eux dans ce qui ressemblait à une grande conversation. Il était bien possible que ce fusse à cause de la relation platonique qu'ils avaient eu alors qu'ils n'étaient encore que des ados que Seth ne puisse penser coucher avec elle, et pourtant, les intentions de la jolie métisse étaient plus qu'évidentes. Elle semblait littéralement le dévorer des yeux et, loin de s'en offusquer, lui renvoya le sourire charmeur qu'elle même lui avait adressé. D'ordinaire, lorsqu'il couchait avec des filles, il prenait soin de choisir les plus dociles et les plus naïves, préférant éviter celles qui avaient un caractère trop prononcé, pour cause d'erreurs qu'il avait commises dans le passé. Clairement, son ancienne amie n'était pas prude, et c'était aussi peut être une des raisons qui faisait qu'il arrivait à se retenir de lui sauter dessus, là tout de suite. Surement aussi la présence de la vieille malade, qui ne devait pas avoir perdu une seule seconde de leur échange à la fois silencieux et marqué par le plaisir de s'être enfin retrouvés. Heureusement, l'infirmière avait l'excuse parfaite, et elle poussa le blond hors de la chambre, après lui avoir bien fait comprendre qu'elle le rejoindrait pour fêter dignement leurs retrouvailles.

La porte claqua derrière Seth qui n'avait pas eu le temps d'en placer une, trop occupé à détailler le nouveau physique de son amie. Il s'adossa nonchalamment contre le mur en face de la porte de la chambre en attendant qu'elle en sorte. Tous les deux semblaient en fait sur la même longueur d'onde. Pendant les quelques minutes ou ils s'étaient retrouvés tous les deux dans la pièce -enfin tous les trois- il avait senti qu'il avait affaire à un alter égo. La jeune femme, comme lui, ne devait pas se contenter d'un seul homme dans sa vie, et c'était une philosophie qui plaisait grandement au jeune homme. Il présentait qu'ils pourraient bien s'amuser tous les deux. Comme au bon vieux temps. Mais des jeux, disons-le, nettement différents. Toutefois, il avait peur que leurs caractères, explosifs tous les deux, ne les éloigne une nouvelle fois. Cette dernière pensée s'envola lorsqu'il vit la poignée se tourner. Il quitta prestement son poste d'observation pour se rapprocher de la porte et tomba nez à nez avec la demoiselle. « Alors comme ça, moi je suis canon ? Et bien, qu'est ce que je pourrais dire de toi ! » lui lança t-il avec un sourire ironique lorsqu'elle eu refermé la porte. « Oh si mademoiselle l'infirmière, vous n'avez pas un remède contre les maux de cœur ? Je crois qu'une jolie brunette m'a retourné le cerveau ! » plaida t-il en lui faisant les yeux doux. Il s'esclaffa. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de rire, mais il retrouvait des vieux réflexes avec la belle. Il ne voulait pas se l'avouer à lui même, mais leur relation avait été nettement différente de celles qu'il avait entretenue avec ces autres ''amis''. Il ne savait pas s'il voulait vraiment que cela change, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de plaisanter sur de tels sujets. Il finit par se reprendre. « Franchement Zazou, va falloir que tu m'explique comment tu es devenue infirmière ! Ce n'était pas un fantasme jusqu'à maintenant, mais je dois avouer que je commence sérieusement à y réfléchir ! ». Avec d'autres conquêtes, il n'aurait sûrement pas été aussi direct. Mais comment aurait-il pu se comporter. Il se trouvait dans une situation qu'il n'avait jamais connue, et se demandait si Aza le voyait encore comme l'ami qu'elle avait eu mais qui avait bien changé jusqu'a en devenir sexy, ou juste un enième homme qui lui plaisait ? Il haussa les épaules. Qu'importe, le ton était donné maintenant. Il finit par empoigner la main de la jeune femme et se dirigea jusqu'aux escaliers en la précédant.

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Ils auraient tout bonnement pu ne jamais plus se revoir. Seth ne s'était jamais vraiment sorti Azalyne de la tête depuis toutes ces années, mais depuis le temps qu'il était à Siloam Spring, il n'avait jamais pris le temps de retrouver sa trace. Pourtant, leur histoire c'était plutôt bien finie, tout du moins, ne pouvait pas t-on dire qu'elle s'était mal terminée. Quelques étés, et des lettres puis des e-mails échangés ne permettait pas de garder contact, en tout cas pendant dix ans. Tant et si bien que, lorsque le jeune homme avait débarqué en ville après avoir fui Little Rock, s'était-il vaguement renseigné auprès de son oncle s'il se souvenait de son amie mais que, lorsque celui-ci avait haussé les épaules en signe de négation ou tout bonnement de pure indifférence, il avait fait de même, se disant que, de toute façon, si le destin voulaient qu'ils se revoient un jour, ils se reverraient. Aussi n'avait il pas entrepris de continuer ses recherches. Cela ne signifiait pas qu'il n'avait plus rien à faire de la demoiselle mais simplement qu'il la croyait partie, envolée à l'autre bout du pays ou installée dans une riche propriété avec un fiancé. Au fil du temps, il avait tenté de se persuader que cette amitié n'avait été rien pour lui. Ce n'était pas vrai bien sur, et il ne le croyait pas lui même.

Aujourd'hui, il voyait d'ailleurs bien que ce n'était pas le cas. Sinon, pourquoi se serait-il retrouvé là, à attendre que la demoiselle finisse son travail ? Il lui semblait bien qu'ils étaient passé un cran au dessus, leurs caractères ayant respectivement bien changé. Quand elle lui avait proposé de fêter leurs retrouvailles, il se demandait encore si elle tenait à reprendre avec lui là ou ils s'étaient arrêtés, ou si elle s'attendait à des festivités ''moins conventionnelles ?''. « De la muscu ? Ma jolie, ce que tu vois, c'est le fruit d'un travail physique intense ! Et, de préférence, évite les allusions à mon corps d'ado, profite de celui que j'ai maintenant » dit-il en riant alors qu'ils marchaient bras dessus-bras dessous dans le couloir jusqu'à la salle réservée au personnel, voyant qu'en effet, elle ne se gênait pas pour le toucher. Oui, il avait un physique qui plaisait aux femmes, et il en était très fier. Qu'elle l'ai remarqué encore plus. Ses diverses remarques lui accordèrent le droit de recevoir un baiser sur la joue de la belle, et il ne pu s'empêcher de penser qu'il aurait eu très envie qu'elle l'embrasse autre part. « Un baiser d'une infirmière, ça ne peut me faire que du bien ». Il la remercia d'un clin d'oeil et, quand elle l'informa qu'elle désirait se changer, il lui ouvrit galamment la porte. Cela ne lui causait aucun soucis de patienter, il savait comment étaient les femmes, toujours désireuses de se remaquiller et de se faire belles, surtout lorsqu'il s'agissait de le faire pour un homme. Il trouvait très agréable que l'on fasse ce genre d'efforts pour lui.

Il tourna de long en large devant la porte en attendant qu'elle sorte et poussa un soupir de soulagement quand elle vint le rejoindre. Il lui repris le bras, résistant à l'envie de lui passer le sien sur l'épaule et ils descendirent tous les deux dans le hall. « Je sais toujours ou tu es ma chère » lui dit-il pour répondre à sa question « Non sérieusement, je savais que tu étais là, je me suis un peu renseigné, mais a l'origine, c'est un pur hasard si je l'ai appris. J'ai entendu une euh... amie prononcer ton nom, alors je lui ai demandé ». Il cacha volontairement que la prétendue amie n'était qu'une conquête parmi tant d'autres qui avait fait un court séjour à l’hôpital la semaine précédente. « T'a cherché à me retrouver, toi ? ». Simple question piège. Si elle l'avait cherché, ce n'avait surement pas été très approfondies. Il ne lui en voudrait pas de toute façon, après tout, même lui avait ignoré son existence dans la ville depuis qu'il s'y était installé. Et pourtant, Siloam Spring ne comptait que quelques milliers d'habitants.  

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 Ils entrèrent dans un café jusqu'alors ignoré du jeune homme. Il laissa son amie se charger des boissons – a vrai dire, c'était la première fois qu'il se faisait payer un verre ; Aza, il en était sur, lui en ferait voir de toutes les couleurs – et ils trinquèrent tous les deux à leurs retrouvailles. Il ne se formalisa pas du fait qu'elle n'avait pas entrepris grand chose pour le retrouver, ce n'était pas comme si lui avait fait toutes les démarches possibles et réalisables. Au moins, elle avait eu la franchise de le lui avouer, mais encore une fois, il se doutait bien qu'elle n'était pas une de ses filles hypocrites et malsaines qu'il lui avait déjà été donné de rencontrer. Cette fille allait au delà de beaucoup de modèles. Et cette fille, c'était une amie. Une ''vraie''. Cela lui faisait presque mal au cœur de se l'avouer mais c'était vrai. S'il ne l'avait pas connu des années plus tôt, elle aurait été une conquête parmi tant d'autres. S'en serait-elle formalisé, elle ? Pas sur.

Alors comme ça, elle n'allait pas le lâcher ? Il fit un petit sourire en coin, qui ne s'adressait pas vraiment à elle. Il savait que c'était dit dans le bon sens du terme. Preuve était que tous deux avaient souffert de la séparation hâtive. Ce n'était pas comme si Seth avait eu le choix. Dans un sens, il était content qu'elle l'ait connu aussi insouciant et joyeux. Plus vraiment comme aujourd'hui. Elle l'avait connu sous un bon jour. C'était trop lointain dans l'esprit de Seth pour se souvenir de tout. Quand était-il devenu comme il était aujourd'hui ? Jamais, il l'avait toujours été, un peu. Il avait toujours eu cette part de vice en lui. Elle lui plaisait d'ailleurs. Parfois cependant, en l'espace d'une heure, d'une journée, il parvenait à faire tomber le masque. Il criait sous tous les toits qu'il n'était pas un mec sensible, qui se laissait marcher sur les pieds. Il s'animait. Et sa colère retombait, pour ne plus jamais se manifester. C'était compliqué à gérer parfois, même pour lui. « A nos retrouvailles ! » répondit-il à la jeune fille en se sortant de la tête ses pensées sombres ? ''Libère-moi'' avait-il envie de crier. « Que jamais nous ne puissions être séparés alors ! Maintenant que je t'ai retrouvée, je ne compte pas te laisser partir non plus ! ».

Seth porta le verre à sa bouche et but une gorgée du breuvage. Alcool. Rien de mieux pour finir la journée. Il réfléchit à la teneur de sa dernière phrase. Ami à amie ? Peut-être, mais il y avait sûrement plus que cela. « C'est vrai, je ne suis jamais venu ici. Mais toi, tu as l'air bien connue. Avoue, tu as fait du charme au barman et il t'offre les cocktails du jour ? ». C'était exactement la même chose qu'il faisait lorsqu'il se rendait dans un nouveau bar. Presque toujours, il avait droit à des réductions. Décidément, ils se ressemblaient beaucoup trop. Finalement, la belle posa la question qui tue. Seth se reteint d'éclater de rire. Ah, si elle savait. En attendant, il se contenta de faire tourner son verre, le regard baissé vers celui-ci, comme s'il était relativement gêné de lui parler de ça. « Oh des amis, un certain nombre oui ! Des anciens de la fac, des potes de sport... Aucun depuis aussi longtemps que toi » Honteux mensonge. « Quand aux amours, parce que je suis sûr que c'est ce qui t'intéresse le plus, hein coquine ? Et bien figure toi qu'avec mon corps de dieu grec et mon sens de l'humour hors du commun... je suis seul. Hé, figure toi que cela ne me déplaît pas ! Et toi alors ? Je parie qu'il y a déjà quelqu'un dans ta vie ». Il fit un signe vers le téléphone qu'elle venait de ranger dans son sac. « J'espère que ce n'est pas un copain jaloux ! Sinon, il faudrait mieux que je décampe ». Curieusement, il espérait que le texto qu'elle avait reçu n'était que d'un ami. « Et sinon, tu loges ou ? » lui demanda t-il avec curiosité « Pas à l'hopital j'espère ! Parce que sinon, hors de question que je vienne en visite ! ». Il se laissa aller sur le dossier de son siège. Nul doute qu'avec ses horaires assez légers de prof de philo, aurait-il l'occasion de passer un peu plus de temps avec elle. Un bar ne serait peut être pas le meilleur des endroits pour une discute, et l'appartement dans lequel il habitait était partagé par son oncle. Coté discrétion, on repasserait. Pourtant, c'était là bas qu'il emmenait toutes les filles qui voulaient bien monter. Aza était particulière. Pas question de le lui montrer, mais l'attitude qu'il avait eu jusqu'à présent était bien différente de celles qu'il avait déjà eu l'occasion d'adopter. Heureusement, il n'avait revu son amie qu'aujourd'hui, il y avait donc peu de chances pour qu'elle se rende compte qu'il y avait autre chose

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 C'était vraiment le genre de discussion de retrouvailles à laquelle il s'attendait quand la jeune femme lui avait proposé de les fêter. Amis, boulot, dodo, amour... pas vraiment passionnant à vrai dire, mais il fallait bien en passer par là. Au moins, cela lui permettait d'en savoir un peu plus sur son amie de toujours, et il fut même soulagé quand elle lui avoua qu'elle n'avait personne elle aussi. Non pas que cela l'eusse dérangé qu'elle eut un homme dans sa vie, après tout, cela ne l'avait nullement dérangé certaines fois – il y avait une si grande part de secret avec les femmes mariées qu'il avait toujours réussi à leur faire aimer l'homme mystérieux qu'il était – mais plutôt parce que... il s'en serait plutôt senti... jaloux. Jaloux dans le sens ou une proche amie fleurtait avec un homme qui n'était pas lui et il aurait considéré ce sentiment comme parfaitement normal si cela n'avait été vraiment le cas puisqu'il savait qu'il n'avait aucun droit sur elle. Peu importe, elle était seule, et c'était tout à fait bien comme cela. Certes, elle avait fait évocation d'un ex-copain mort dans un accident de voiture, et il aurait pu trouver cela vraiment glauque si justement cela n'avait pas été à son avantage. Elle ne semblait pas d'ailleurs en être si chagriné que cela, mais il se demanda tout de même si cet accident n'avait pas été un prélude au fait qu'elle joue la femme croqueuse d'hommes à ce moment précis. Peu importe. Seth restait quelqu'un de très cynique, et la mort de quelqu'un qu'il n'avait jamais connu ne lui faisait ni chaud ni froid. Quand à lui, il ne souhaitait pas se rappeler de sa dernière copine, sa relation avec elle s'étant finie relativement mal, l'ayant même contraint à quitter sa ville d'origine pour se réfugier ici. « Et bien, je te propose de fêter notre célibat ! Quoique, je suis sur que tu trouvera quelqu'un bien assez tôt, tu as tous les atouts pour toi ma chère ! ». Il lui fit un clin d'oeil par dessus son verre avant de boire à nouveau.

Une chose en amenant une autre, il fut amené à la questionner sur le mystérieux envoyeur de texto, qui avait ravi pendant un instant Azalyne à mon attention. Comme elle venait de le dire, il savait pertinemment que ce n'était pas un copain jaloux, mais la réponse de la belle ne lui fit pas autant plaisir qu'elle aurait dû. « Oh, Wade... » fit-il en insistant bien sur le prénom, tout en prenant bien garde à garder une attitude nonchalante vis-à-vis de celui-ci. Un meilleur ami ? Si une nana se disait sa meilleure amie, il aurait eu de quoi douter. « Un meilleur ami ? Tu lui raconte tes secrets alors ? J'espère que tu aura l'occasion de lui parler de moi, en bien ! » se contenta t-il de répondre. Oh oui, qu'elle lui parle de lui, et qu'elle lui vante toutes ses qualités. Histoire de bien éloigner la concurrence quoi. Seth était passé maitre à ce petit jeu. Se faire désirer, être ce que les femmes voulaient qu'il soit, afin de les détourner de leur compagnon, c'était toujours follement amusant ! « Non, malheureusement je partage une charmante colocation avec un membre de ma famille... Mais fait gaffe chérie si tu propose de m'héberger, je pourrais squatter chez toi toute la journée ! Et plus particulièrement certaines pièces du mobilier si tu vois ce que je veux dire ! ». Il éclata de rire. Franchement, cette conversation était bien trop ampoulée. Il était vraiment temps qu'ils passent aux choses sérieuses.

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 Eh, pourquoi faire compliqué quand on pourrait faire simple ? Ils auraient pu tous deux mettre fin à cette longue conversation bien plus tôt. Cela lui avait plu de parler évidemment, mais les sous-entendus jetés à chaque fin de phrase n'avaient jamais été anodins dans sa bouche. Elle lui plaisait, il lui plaisait, mais il avait fallu qu'ils aient été amis par le passé, et cela lui compliquait légèrement – très légèrement – les choses. Toutefois, il sembla que la jeune femme avait décidé de prendre les choses en main. Seth se laissa faire, intrigué par son comportement, mais enclin à suivre le rythme. Après tout, c'était lui qui avait fait le premier pas, qui avait décidé de lui consacrer sa soirée au lieu de rentrer à la maison, pour corriger les copies des derniers contrôles de ces élèves, lui qui avait poussé les portes de l’hôpital dans l'espoir de la croiser au détour d'une chambre. Elle avait certes pris le relais depuis qu'ils étaient arrivés au bar, mais il trouvait ça presque marrant de se faire dicter sa conduite par une femme. Oh ca non, ils ne seraient plus amis très longtemps...

Elle avait l'air de connaître les lieux comme sa poche. Elle le mena derrière le comptoir, par là ou, il lui semblait, que sortait le personnel, mais le serveur ne sembla même pas le remarquer, ou alors les avait-il fait volontairement passer. Il s'en fichait. « Et alors, qu'est ce qu'il dirait ton meilleur ami super-protecteur s'il voyait que tu m'avais entraîné ici ? » lacha t-il d'un ton goguenard, tandis que son sourire ne faisait qu'augmenter sur ses lèvres « Pas sûr qu'il apprécierai ». ''Mais tu vois, je me fous complètement de ce type. C'est moi qui suis avec toi maintenant'' Ils entrèrent dans une pièce qui ressemblait à si méprendre à un bureau. Le bureau de qui, il n'avait pas non plus envie de savoir.  C'était seulement la première fois qu'un bureau lui semblait aussi intéressant. Et puis là, comme une envie subite mais qui traine depuis des heures, un détonateur dans son propre cœur, il se retourna, près à lui sauter dessus. Elle fut plus rapide, se suspendant à lui pour l'embrasser. Il la retint contre son corps le plus longtemps qu'il put, s'agrippant à sa taille avec la farouche intention de ne pas la laisser partir avant qu'il ne l'ai décidé. Ils ne se décrochèrent qu'un minuscule instant pour qu'elle puisse, lèvres contre lèvres lui murmurer « intéressantes comme retrouvailles non ? ». Il ne lui répondit même pas, provoquant une nouvelle fois la rencontre de leurs bouches. Le temps n'était plus aux paroles non, place était faite aux gestes. Toujours fermement pressé contre Azalyne, il recula jusqu'à ce que son dos vienne frapper la dure surface du bureau. A ce moment, il cessa le baiser et se retourna. A présent, c'était au tour de la jeune femme d'être appuyée contre la table. Seth la renversa lentement dessus, et sa main vint se poser dans les cheveux éparses de la belle. Au dessus d'elle, il la regarda longuement, la sondant, comme si lui aussi attendait qu'elle lui donne le feu vert. « On ne pouvait mieux faire comme retrouvailles » lui glissa t-il à l'oreille avant de se redresser, les deux mains entourant ses épaules. Oui, s'ils le voulaient, ils pourraient le faire là, tout de suite, sur un bureau d'une pièce qui lui était tout à fait inconnue, prenant le risque d'être surpris à tout moment. « Il est encore temps de changer d'avis chérie. On peut très bien aller chez toi aussi ». Il lui laissait une seule échappatoire. Elle la prendrait ou pas. Mais, c'était presque comme s'il pouvait anticiper ses réactions. L'excitation avait pris place dans son corps. Qu'ils le fassent là ou ailleurs, peu importe. L'important, c'était qu'ils le fassent. Et vite.

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Azalyne Dawes & Seth Hemingway

C'était assurément des retrouvailles qui donnaient envie de se perdre de vue de nouveau. Même si Seth doutait que, s'il décidait de ne plus prendre de nouvelles de la belle par la suite, elle ai envie de remettre le couvert. Il en serait surement un peu vexé, mais en même temps, ce n'était pas comme si Aza était la personne la plus importante de sa vie. Des filles il en retrouverait certainement, mais c'est vrai que une amie, cela lui manquerait. Reste qu'il y avait peu de chances qu'eux deux restent amis après cela. Bien sur, sex-friends serait une option à envisager, mais Seth n'avait jamais eu ce statut, et ce n'était pas comme si cela lui plaisait vraiment de l'avoir. La question restait épineuse, et c'était pourquoi il n'avait pas envie de se la poser de suite, à ce moment crucial de leur relation, alors qu'elle se trouvait allongée sous lui sur ce bureau sur lequel il l'avait basculée sans prendre la peine de le débarrasser de ce qui s'y trouvait. Ses cheveux étaient étalés au milieu des feuilles de papier, mais il ne fit aucun geste pour les pousser maintenant qu'il les avait sous les yeux ; au contraire, il se concentra sur le corps qu'elle lui offrait sur un plateau d'argent, sans même qu'il n'ai joué à la comédie pour l'avoir, l'embrassant encore une fois, puis se glissant entre ses jambes, qu'il ouvrit grâce aux siennes. Elle voulait continuer ? Apparemment oui, elle n'avait pas besoin de parler pour le lui faire comprendre, même s'il lui avait posé la question par simple prudence. Pour sa propre sécurité ou pour la sienne, il ne savait pas trop, les sentiments se mélangeaient et se confondaient dans son esprit. Réfléchir pendant l'acte n'était surement pas la meilleure des choses à faire, mais s'était un peu son caractère à Seth, d'être méfiant et de penser à l'avenir. Il se promit simplement de se réfréner pendant les minutes qui suivraient.

Afin de mettre cette bonne résolution en pratique, il se concentra sur les propres gestes de la jeune femme. Il ne s'était pas trompé quand plus tôt il l'avait trouvé fougueuse mais il semblait qu'elle lui laissait le plaisir de mener les premiers pas de danse. Certes, elle avait passé les mains sous son t-shirt pour le lui enlever, mais il était vrai que c'était lui qui se trouvait en position de force. Il put aisément balader ses mains sur le haut de son corps, s'attardant notamment sur ses seins, mais ce n'était pas cela qui l'intéressait. Le fait de se trouver dans un lieu inconnu et accessible le pressait à passer aux choses les plus importantes. Elle avait heureusement eu la bonne idée de mettre une jupe et bientôt, sa main passa à l'intérieur de ses cuisses pour aller à l'encontre du dernier bout de tissu qui le séparait de l'endroit le plus important. Ses doigts se firent caressants, il la sentait frissonner sous lui, et lui même senti le désir monter, au sens propre comme au figuré. Il se pressa un peu plus contre elle, mais son torse se releva pour la surplomber et mieux la regarder. De sa main qui n'avait pas plongé sous ses habits, il troussa sa jupe, puis, prenant appui contre le bureau, il tira de l'autre sur les bords de son sous-vêtement afin de lui enlever. Une fois tombé à terre, il s'arrêta, la respiration saccadée. Ainsi le moment était venu ? Ils allaient faire l'amour là, ici, alors qu'ils ne s'étaient pas vus depuis si longtemps et qu'ils venaient à peine de se revoir. C'était tout bonnement irréaliste pour Seth, mais la jeune fille qui était face à lui, quasiment nue, était bien vivante. Il n'y avait plus d'amie, de petite fille, d'Aza ou de Zazou qui tienne. Une conquête de plus dans un tableau de chasse, une autre partie de jambes en l'air de dix minutes dans un endroit incongru. Mais il s'était promis à lui même de ne plus réfléchir et, poussant un soupir, il se passa une main dans les cheveux, essuyant au passage la pellicule de sueur sur son front. Il était lui-même encore en jean, plus pour longtemps il le savait, mais s'il avait stoppé ces gestes, c'était pour implicitement lui indiquer qu'elle pouvait faire le reste. Il sentait que cela ne lui déplairait pas, elle qui avait déjà si joliment retiré son haut.

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Tout s'était passé, au final, grandement vite. Ce n'était pas plus mal après tout, au moins cela permettait à Seth de mettre une barrière entre les autres filles et Aza. Le fait qu'elle ait auparavant été son amie l'avait perturbé au début, mais pendant le moment ou il avait fait l'amour avec elle, il n'y avait plus pensé du tout. Naturellement, il s'était dit qu'elle avait du avoir beaucoup d'expérience avec les hommes, car il l'avait trouvé très douée et qu'il avait ressenti beaucoup de plaisir avec elle. Maintenant, alors qu'il se rhabillait progressivement, ramassant son t-shirt par terre et l'enfilant, il se disait que leur relation allait changer, même s'il aurait été incapable de dire si c'était en mieux ou en moins bien. D'ordinaire, il ne cherchait pas à revoir les filles avec lesquelles il avait couché, mais il se sentait prêt à faire une exception. Ca s'était bien passé, ils s'étaient bien amusés, et il n'aurait rien contre à recommencer encore – mais si cela devait se passer, il choisirait un endroit moins inconfortable que ce bureau – mais de là à voir plus... Il fronça les sourcils en réfléchissant. Il trouvait la situation terriblement compliquée, et pourtant elle n'était pas non plus si différente que les autres... Il se promit d'en parler avec elle, même s'il comptait être assez clair sur ce qu'il ressentait et sur ce qu'il désirait comme relation.

Il ne manqua pas de remarquer son changement d'attitude alors qu'elle même se rhabillait et se passait distraitement les mains dans les cheveux pour arranger sa coiffure largement échevelée. Elle semblait relativement gênée. Il ne comprenait pas pourquoi. Y'avait-il quelque chose qui lui avait déplu ? Il espérait bien que non, ce serait la première fois qu'on lui avouait qu'il était un mauvais coup. Il se contenta de la regarder en silence, hochant seulement la tête lorsqu'elle lui proposa de retourner dans la salle principale pour y boire un dernier verre. Lorsqu'elle l'embrassa sur la joue, il ne fit pas un geste pour la retenir, pour lui demander de rester un peu. Il ne tenta pas un autre geste qui lui aurait montré qu'il n'était pas pressé de retourner parmi le monde ou qu'il voulait se retrouver seul avec elle encore quelques minutes. Pas son genre. Elle le laissa finalement seul dans la pièce, et il alla s'asseoir sur la chaise du fameux bureau, jetant un regard panoramique sur l'état de celui-ci. Il arrangea vite fait ce qui traînait, débusqua quelques cheveux bruns qu'il s'empressa de mettre dans sa poche, mais ne put rien faire pour les feuilles complètement froissées qu'il n'avait pas essayé d'enlever quelques minutes plus tôt. Son regard se posa finalement vers l'une des deux fenêtres par laquelle il pouvait voir un coin de ciel d'un bleu soutenu. Il soupira, se releva, puis finit par quitter la pièce en vitesse, au cas ou le patron ne se décide à revenir. Il traversa le couloir en sens inverse, évita délibérément le serveur qui avait posé les yeux sur lui lorsqu'il était repassé de l'autre coté du comptoir et se dirigea vers la table de la jeune femme après un léger moment d'hésitation. Il aurait tout aussi pu filer par la porte d'entrée sans retourner la voir, mais il estima que c'était trop incorrect, même pour lui qui n'avait pas vraiment la vertu d'un homme qui paye ses dettes. Alors, il s'assit face à elle, son regard perçant fixé sur ses propres yeux. Il repensa au fait qu'elle l'ait embrassé seulement sur la joue. Il se demanda vaguement si cela signifiait quelque chose pour elle. « On en parle ? » risqua t-il en appuyant sa remarque d'un signe de tête vers la porte derrière le bar. Il savait que c'était important qu'ils le fassent, pour clarifier les choses. C'était peut être pourquoi il l'avait rejointe. Il finit par commander quelque chose, adressant un grand sourire hypocrite au barman. « Pour ma part, c'était... très bien ». Il faillit se cogner la tête contre la table face à la débilité de sa remarque. Il n'ajouta pas qu'il voulait recommencer. Parce que ça, il en était sur, il voulait recommencer. « Et euh... » Il ne finit pas sa phrase. Il comprenait pourquoi elle avait eu l'air embarrassée dans le bureau. D'habitude, il arrivait à plaisanter avec ses conquêtes, et il se montrait toujours tactile. Cela ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. Il espérait qu'elle pourrait dire quelque chose qui le ferait réagir, n'importe quoi, comptant sur son allant et sur sa nature fonceuse, mais il avait peur qu'elle même ne trouve rien à dire et que cette banale partie de plaisir n'ait fait que gâcher le peu de lien qu'ils n'avaient.

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Seth s'attendait à beaucoup de choses de sa part. A de la joie d'avoir passé un petit moment avec lui en fond de cour, de la colère parce qu'elle n'avait pas résisté alors qu'ils étaient censés être amis, à de la tristesse même parce qu'au fond, tout ne s'était pas aussi bien passé que ça... Il aurait bien voulu en parler lui, de ce qui s'était passé. Cela ne l'intimidait pas, des discussions sur l'oreiller, il en avait connu des tonnes, même si la plupart du temps c'était pour ne pas passer pour un goujat en partant à peine les choses finies. Pourtant, et il aurait pu y penser, la jeune femme avait évité. Sur le coup, il en avait éprouvé un certain soulagement, de voir qu'elle avait adoré, mais le sous-entendu derrière ses phrases le rendait pensif, et même, l'agaçait.

Il comprenait en même temps sa gêne, parce qu'elle n'était pas la première fille qu'il voyait faire cette moue après qu'ils aient couché ensemble. Entre le moment ou ils avaient quitté la grande salle et ou ils étaient revenus, elle avait changé. Il se demanda soudainement si cela avait été une bonne idée, et s'ils ne s'étaient pas précipités, mus par le désir de l'un pour l'autre. Malheureusement, maintenant, le mal était fait, et même s'il avait voulu recommencer, il était sur qu'il ferait exactement de la même façon. Apparemment, la meilleure attitude à avoir, celle qu'elle avait délibérément prise, était de considérer que cela s'était passé, qu'il n'y avait rien à y faire et rien à en dire. Il haussa les épaules. Très bien, si elle ne souhaitait pas en parler, il n'allait pas la harceler. N'empêche que cela ne lui plaisait pas plus que ça. Il lui lança alors, d'un ton plus froid qu'il ne l'aurait souhaité : « Très bien, n'en parlons pas. Mais je mentirais si je disais que cela n'a rien changé. Si tu souhaite en rester là, pas de problème, mais moi je ne pourrais pas faire comme si de rien n'était ».

D'un coup, il se reprit. Il en avait assez de se lamenter, et de n'avoir que des pensées négatives en tête. S'il avait voulu que rien ne change, alors il se serait abstenu de lui rendre visite à l’hôpital, et n'aurai pas cherché à reprendre contact. Pourtant, il était allé la chercher. Il n'avait pas eu d'idée en tête précisément à ce moment, peut être que coucher avec elle aurait fait partie de ses projets, mais en aucun cas il n'avait voulu la quitter à la fin sans le mince espoir de reprendre contact. Aza, elle semblait peut être résolue à être amie avec lui. Sauf que les amis ne couchaient pas ensemble, encore moins dans les dix minutes suivant leurs retrouvailles, encore moins au fin fond d'un bar à même un bureau. Les amis n'avaient pas de pulsions qui les poussaient à se sauter l'un sur l'autre, comme il l'aurait fait avec une vulgaire conquête. « Azalyne, je suis quoi pour toi ? » lui demanda t-il, brusquement. Il croisa les bras sur sa poitrine. Il savait que cette attitude avait de quoi rendre mal à l'aise, et il ne se gêna pas pour l'appuyer avec un regard interrogateur. Parce que s'ils n'étaient pas amis, ils étaient quoi au juste ?  

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Il ne comprenait pas très bien ce qu'elle lui disait. Il avait la terrible impression qu'il y avait un malentendu entre eux, et ses paroles semblaient confirmer ce qu'il pensait. Jusqu'à preuve du contraire, il ne lui avait pas demandé de s'attacher à lui, c'était même loin d'être son désir. Attaches était pour lui un synonyme de piège, de liens, d'entrave. Seth n'était pas comme ça. Il voulait profiter de sa liberté et de sa condition au maximum, et l'idée de devoir quelque chose à quelqu'un lui faisait horreur, même si c'était à la plus magnifique des filles. La seule chose qu'il voulait, s'était la revoir. Or, s'ils étaient amis, il savait comment cela finirait. Il ne pourrait pas s'empêcher d'éprouver quelque chose de physique pour elle, et il était quasi-sur que ce qui s'était passé aujourd'hui pourrait facilement se reproduire. Il voulait éviter une autre séquence de regards timides et de paroles gênées. Ce qui se passait en ce moment, en plus de le mettre mal à l'aise, le rendait furieux. Pourquoi fallait-il qu'elle rende cela difficile ? Il aurait pu, en sortant du bar, lui demander son numéro pour qu'il puisse la rappeler pour se faire un autre plan, la raccompagner jusqu'à chez elle, et pourquoi pas, monter. Maintenant, cela tombait à l'eau, parce qu'elle le considérait, malgré tout, comme un ami. Certes, elle avait des souvenirs d'eux plus jeunes, mais comme elle l'avait si bien dit bien plus tôt dans l'après-midi « il avait changé ». Toutefois, il savait qu'hausser le ton ne servirait pas ses intérêts, alors, comme il l'aurait fait avec un copain, il lui pausa une main maladroite sur l'épaule, en la regardant fixement dans les yeux. « Je comprend très bien ce que tu veux dire... Pour moi aussi c'est perturbant et si on... n'était pas amis, je peux t'assurer que j'aurai réagi différemment aussi. Mais ne t'inquiète pas, je ne te considère pas comme une fille facile, plus comme une fille qui a envie de plaire... Par rapport à ton ancien copain je suppose ».

Ce n'était pas vraiment un mensonge, mais ce n'était pas l'exacte vérité non plus. Mais il n'en avait rien à faire. Il lui avait simplement sorti ce qu'elle avait envie d'entendre. Mais la partie sur la fille facile était vraie. Eh, si on la considérait comme telle, qu'est ce qu'il pouvait bien être lui ? Malgré lui, il eu un sourire en coin à cette pensée. Ils se ressemblaient définitivement trop. Voilà encore une raison pourquoi il n'avait pas envie d'être ami avec elle. Cela lui semblait tellement évident... « Aza.. » commenca t-il, d'une voix douce après avoir bu la dernière gorgée de son verre, en essayant de trouver les mots appropriés « Aza, les amis ne couchent pas ensemble... Alors si tu me vois vraiment comme cela, promets-moi qu'il ne se passera jamais rien entre nous ». Les mots lui écorchaient la bouche, mais il devait les lui dire. Sa main se referma sur le verre et le serra, comme s'il voulait lui transférer sa colère « Dis moi juste que c'était une erreur, et que cela ne se reproduira pas» acheva t-il en baissant la tête vers ses doigts aux jointures blanches tant il exerçait une pression forte sur le récipient. « Dis moi que c'est une erreur et je te croirais ». Elle n'allait pas le lui dire, il le savait, mais il voulait simplement la forcer à réagir. « Ou alors dis-moi juste que je suis le plus beau mec de la planète et que tu n'a pas pu résister, je ne t'en voudrais pas » ajouta t-il en vaine plaisanterie afin de détendre l'atmosphère, même si le coeur n'y était pas vraiment et que ces yeux s'étaient assombris.

Seth n'avait jamais à proprement parlé de problème dans ses relations. Il avait toujours essayé de faire au plus simple, et cela lui avait particulièrement bien réussi jusqu'à présent. Oui, c'était différent aujourd'hui, mais c'était parce que c'était elle. Il ne put s'empêcher de constater que cela aurait été tout autre s'il l'avait rencontré pour la première fois dans ce même bar, dix ans plus tard. Tant pis. Prestement, il se pencha vers le sac qui lui servait pour les cours et le posa sur ses genoux. Il plongea la main dedans pour y attraper un stylo volage qu'il vint poser sur la table. Il déchira un morceau d'un polycopié présentant un texte philosophique, s'appuya sur la table pour écrire dessus, puis tendit le papier à la jeune femme. « C'est mon numéro. Appelle moi quand tu veux, en dehors des heures du lycée, je répondrais, si tu veux qu'on fasse un truc tous les deux ». Il mit la bandoulière sur son épaule, mais ne se leva pas autant, dans l'espoir de retarder l'échéance. Il n'avait pas vraiment envie de partir, mais il n'avait pas non plus envie de rester, parce que malgré tout ce qu'elle avait dit et ce qu'elle pensait de leur relation, il ne pouvait pas s'empêcher de la trouver relativement séduisante.

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Il espérait lui avoir fait ouvrir les yeux rien que grâce à ses simples paroles. Il n'avait pas envie de quitter le bar sans aucune promesse de retour et c'était pourquoi il était resté planté assis sur sa chaise en attendant qu'elle lui réponde. Elle ne tarda pas à le faire, s'empressant de le contredire sur le fait que ce n'était nullement une erreur pour elle. Seth en fut infiniment soulagé et il lui adressa un de ses sourires dont il avait le secret. Il avait envie de se sentir libre avec elle, sinon, avec qui aurait-il pu l'être ? Toutes ses relations ambiguës qu'il entretenait lui donnait le goût de la simplicité, et il se sentait l'envie d'être sincère avec elle, tant qu'ils resteraient en bons termes en tous cas. Or la simplicité restait pour lui le fait de pouvoir se voir sans contrainte. Et s'ils se revoyaient en tant qu'amis, il devrait lutter contre l'envie de l'embrasser sauvagement. S'il pouvait lui faire comprendre que tout serait mieux s'il n'y avait pas ce barrage ! Ce discours sur les amis qui ne couchaient pas ensemble semblait vraiment irréel, il ne pensait pas avoir eu à le dire, mais cela ne faisait rien, c'était une déclaration forte qui prouvait, il l'espérait aussi, qu'il avait envie de coucher avec elle encore. Dieu, que les filles étaient compliquées parfois !

Il n'avait plus rien à boire, et elle avait gentiment pris le papier sur lequel il avait inscrit son numéro, lui promettant de l'appeler. Il lui semblait qu'il n'avait pu grand chose à faire dans le bar à présent. Il ne put s'empêcher de lui poser une ultime question pendant qu'il se levait « Ah, seulement un ? Et qui me fait donc concurrence ? Ton ami Wade, peut être ? » lui demanda t-il en fronçant exagérément les sourcils « En tout cas pour moi, il n'y a pas plus belle que toi » ajouta t-il pour la flatter en lui adressant un clin d'oeil charmeur. Il pensait que ce petit numéro de charme serait dépassé avec Aza, mais il ne pouvait résister au plaisir de sortir ce petit genre de phrases, qui faisait toujours effet même si parfois ce n'était qu'une plaisanterie de plus. En l’occurrence, ce n'en était pas vraiment une, même s'il avait connu un certain nombre de très jolies femmes, la demoiselle rivalisait sans peine avec elles. Il repoussa sa chaise contre la table, mais pendant un instant, il se demanda comment est-ce qu'il faudrait la quitter. Il ne se résolut pas à l'embrasser et finit par lui prendre doucement la main. Il la garda précieusement dans la sienne, la caressant avec ses doigts puis la lâcha avant de lui adresser un dernier sourire. Il se retourna avec un pincement au cœur et se dirigea vers la porte du bar, se sentant regardé, mais sans revenir en arrière.

Lorsqu'il sentit le téléphone vibrer au fond de sa poche, il eut un moment d'hésitation. Il le sortit sans faire attention au numéro de l'appelant et décrocha. La voix chantante de son amie lui parvint et il se sentit soudainement extatique. Il avait réussi. Ca avait marché. Il n'aurait pas eu cœur à se dire que sa tentative de persuasion aurait été vaine. Ses talents semblaient ne pas l'avoir quitté, même en présence sa charmante amie. « Ce soir ? ». Il resta silencieux quelques secondes, comme s'il réfléchissait. « Tu as de la chance, je viens justement de me libérer ! Mais dis-moi, simple curiosité, n'aurais-je droit qu'a un verre ? Parce que tu sais, j'ai du mal à résister à profiter de la compagnie des filles qui m'invitent chez elles ». Il raccrocha, et revint sur ses pas, le cœur battant dans sa poitrine. Il arrangea vite fait ses cheveux grâce au reflet d'une vitrine et revint devant le bar qu'il venait de quitter, apercevant au travers la belle brune. Oui, il sentait qu'il allait vivre une agréable fin de soirée...

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Il remis son téléphone au fin fond de sa poche et poussa la porte du bar. Il avait à peine fait quelques pas à l'intérieur que la jeune femme l'avait rejoint, prenant son bras pour le faire ressortir. Il avait eu temps de s'habituer à l'air légèrement plus frais de l'extérieur mais cela ne l'empêcha pas de se coller le plus possible contre elle – si ce n'était pas elle qui avait entrepris de son plein gré ce geste – et ils se dirigèrent tous deux vers l'épicerie qui faisait l'angle de la rue. « Ah, et tu compte me cuisiner quoi ? » lui demanda t-il innocemment alors qu'ils rentraient à l'intérieur. Ils déambulèrent au sein des allées, sa compagne fourrant dans un panier les ingrédients qu'elle voulait. Seth, qui n'avais jamais vraiment fait les courses, ne fit pas un geste pour l'aider, mais il lui semblait de toute façon qu'elle se débrouillait très bien.

Soudainement, elle lui posa une question. Question à laquelle il pensait déjà avoir répondu, mais étrangement, elle semblait ne pas avoir compris. Il la força à s'arrêter et il la regarda dans les yeux. Brusquement, pour donner plus de sens à ses paroles, il pressa ses mains contre les joues de la demoiselle. « Azaaaaa, tu le fais exprès ou quoi ? » s'écria t-il d'un ton désespéré avant de l'attirer contre lui et de l'embrasser à pleine bouche en plein milieu du couloir sans se soucier des clients qui les contournèrent en leur jetant un regard intrigué « Après ça, demande moi encore si je chercher une relation d'amitié et tu aura affaire à moi ! ». Non, il n'avait pas été assez clair ? Ou alors c'était elle qui jouait avec lui, ce qui aurait très bien pu être possible aussi. Oh et puis, si c'était le cas, il n'allait pas faire le difficile, ce n'était pas comme s'il était amoureux d'elle. Jouer. Cela semblait être le principe. « Pourquoi est-ce que tu veux prévoir quelque chose ? Si on se sent bien tous les deux, alors c'est cool... ». Il détourna le regard vers les étagères comme si elles étaient soudainement passionnantes, puis quitta son bras pour faire quelques pas en avant. Il prit la première contre-allée qu'il vit pour la distancer et ne plus la voir. Il avait chaud tout d'un coup. De l'avoir embrassée faisait renaître le plaisir en lui, et comme il n'était pas sur des intentions d'Azalyne il préférait s'écarter un peu. C'était aussi une manière de se faire désirer. Rares étaient les femmes qui laissaient un homme leur échapper quand elles pensaient le tenir. Il resta planté quelques instants sous l'étagère des boites de gâteaux puis contourna l'allée pour revenir à sa rencontre. Elle se trouvait maintenant devant lui, à l'endroit même ou il l'avait laissée. « Tu veux la vérité chérie ? Je veux du sexe, c'est tout. Et toi, tu veux quoi ? Pour tes beaux yeux, je suis prêt à tout accepter tu sais, même si tu a besoin de plus » lui susurra t-il à l'oreille avant de poser sa tête contre son épaule et que ses mains allaient à la rencontre de ses hanches. « Même si tu veux plus ». C'était dingue l'effet physique qu'elle lui faisait. Peu importe la relation qu'elle voulait entretenir avec lui, lui il avait tout simplement besoin de ça. Elle ni personne ne pourrait le corriger. Il suivrait le mauvais chemin toute sa vie, jusqu'à ce qu'il décide lui même de trouver le bon.

©Joy