AND I'M SOMEWHERE IN BETWEEN WHAT IS REAL AND JUST A DREAM

Je me réveille en sursaut. Ce n’est pourtant pas le tonnerre qui me réveille, mais le bruit de la porte qui s’ouvre brusquement et qui frappe contre le mur. Je ne distingue pas trop ce qui se passe, et comme à chaque fois que je me réveille en plein décuvement, mon cerveau marche au ralenti. Je distingue une ombre qui se tient dans la chambre, mais je ne sais pas trop de qui il s’agit, meme si de toute évidence il ne peut s’agir que d’Azalyne. Un peu dans les vapes, je plisse les yeux et redresse la tête, tentant d’analyser la situation. « Aza, qu’est-ce qui se passe? » Je ne sais pas si elle me répond, car le tonnerre se met à gronder et un éclair fait flasher la lumière du couloir. J’espère que l’on ne manquera pas de courant, je n’ai pas du tout envie que l’on m’appelle d’urgence pour entrer cette nuit.
Je la regarde s’avancer vers le lit et me pose un instant la question pour savoir si elle n’est pas somnambule et je ne serais pas au courant. Pourtant, alors que je la vois arriver plus près de moi, je peux percevoir son air troublé. Et le déclic se fait dans ma tête. L’orage lui rappelle l’accident. Il ne manquait plus que ça. Je me redresse dans le lit et attire Azalyne dans mes bras sans trop réfléchir aux conséquences de mes actes. Je la serre doucement dans mes bras et l’embrasse sur le front. « Je suis là, t’as rien à craindre d’accord? » Le mélange de fatigue et d’alcool me fait divaguer un peu, et alors que je berce doucement la jeune femme contre moi, je tire les couvertures sur elle et moi. Je ne vois pas le mal à dormir avec elle sur le moment. Elle veut seulement être rassurée, et je suis là, et sur le coup, je suis trop fatigué pour penser au moindre sentiment. Je me contente de m’allonger dans le lit et de fixer le plafond. Ma main gauche est posée sur le bras d’Aza et mes doigts frôlent sa peau. Je réprime une envie passagère de l’embrasser, et me contente de passer ma main dans ses cheveux.

Ma tête me donne l’impression qu’elle va exploser, et je cligne des yeux pour constater que j’ai oublié de fermer les rideaux hier. Ma main est posée sur quelque chose de ferme, et soudainement cette chose bouge. Mon premier réflexe – que je regrette aussitôt – est de refermer la main, puis je la retire vivement, constatant qu’il s’agit en fait des fesses d’Azalyne. Au moins elle porte des vêtements. Je panique un instant, puis peu à peu, je prends conscience qu’elle est toujours couchée contre moi, comme lorsqu’elle est venue me rejoindre cette nuit. Je tente de me détacher d’elle discrètement, puis je la sens bouger. Loupé, on dirait.

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Elle se retourne et je me redresse vivement, geste que je regrette amèrement quelques secondes plus tard. J’ai l’impression qu’une masse vient de me frapper directement sur le front. Alors que la question d’Azalyne – à laquelle je n’ai pas répondu, ne voyant pas l’intérêt de le faire – continue de résonner dans ma tête, je passe en revue la chambre. Tout semble en ordre, il ne s’est donc rien passé de plus. Je soupire et regarde par la fenêtre. Il fait sombre et la pluie cogne contre la fenêtre. Au moins le gros de la tempête est passé.
J’écoute à moitié les excuses de la brunette en hochant la tête, sachant déjà tout ce qu’elle me dit par cœur. Elle me demande l’heure, et je regarde le cadran pour constater qu’il n’indique aucun chiffre. « C’est pas grave, c’est oublié. Par contre on dirait qu’on a manqué de courant. » Je soupire et sors du lit paresseusement. J’ai mal au dos et retiens une grimace, puis me traîne jusqu’à mon short qui traîne sur le sol. Je prends mon téléphone dans ma poche et regarde l’heure. « Il est neuf heure vingt-deux. » Je la regarde, Azalyne a l’air aussi éméchée, sinon plus que moi. Je souris gentiment et m’approche d’elle. Je l’embrasse sur le front, doucement. « Je vais aller faire du café, d’accord? » En temps normal, je serais d’humeur massacrante et n’aurais certainement pas envie d’aller préparer du café pour une autre personne. Mais comme il s’agit s’elle, tout est différent. Je m’éloigne en direction de la cuisine et constate les dégâts de la soirée en chemin. Je me promets de ramasser le bazar plus tard, me sentant responsable du fouillis dans le salon.

Je m’affaire à sortir les tasses et à préparer le café, puis lorsque tout est prêt, je me dirige vers la chambre d’amis avec deux tasses. Je dépose la tasse d’Azalyne sur la table de nuit, et la regarde. Elle a l’air pas mal éméchée. J’hésite à la rejoindre dans le lit, puis finalement vais m’asseoir près d’elle. « Je suis pas mal heureux de ne pas être de garde ce soir. » Je ris légèrement, même si au fond, il est vrai que je suis plutôt content de pouvoir rester encore un peu.

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J’hésite un moment, ou plutôt fais semblant d’hésiter car je n’ai aucunement envie de bouger pour le moment. Je suis même plutôt heureux qu’elle ait pris sa journée, même si elle ne l’a pas exactement fait pour rester avec moi. Je m’étire finalement et hausse les épaules, puis prends une gorgée de café un peu trop chaude. Je grimace légèrement puis dépose la tasse en vitesse. Je souris à Azalyne. « Je sais pas, peut-être? J’ai aucunement envie de bouger d’ici, sincèrement. » Je reprends finalement ma tasse de café et à moitié emmêlé dans la couverture, je m’appuie sur le sommier. Ce n’est pas exactement ce qu’il y a de plus confortable, particulièrement le lendemain d’un entraînement. Mes muscles sont endoloris, mais le mal de crâne remporte la palme pour l’inconfort ce matin. Je bâille, puis bois un peu de café un peu moins brûlant. « T’imagines la crise que ta sœur nous ferait si elle arrivait juste là? » Je laisse tomber mes mots en souriant, un peu amusé de la situation qui est assez surréaliste. Bien sûr, il ne s’est rien passé, mais si Ariana nous trouvait à ce moment précis tous les deux dans le lit de la chambre d’amis, elle en parlerait pendant des semaines. Je prends une nouvelle gorgée de café et regarde la jeune femme à côté de moi. Finalement, je dépose la tasse vide sur la table basse et me lève lentement. « Je vais aller prendre une douche, ok? » Je lui pose la question même si je sais que je n’ai pas besoin de le faire, et durant un bref instant je me demande ce que ce serait de me réveiller avec elle tous les matins. Je chasse l’idée de mon esprit assez rapidement et attrape le short sur le sol pour me rendre dans la salle de bain.

Je mets l’eau froide pour m’enlever les idées d’Azalyne et moi de la tête, puis passe un bon moment sous l’eau simplement à grelotter et réfléchir à ce qui s’est passé hier soir. Une partie de moi se demande si elle n’a pas tenté de m’embrasser parce qu’elle en avait réellement envie. L’autre partie elle, n’a pas de tels espoirs.
Finalement, je sors de la douche et attrape la serviette de bain que j’ai sorti préalablement. Je constate que je n’ai jamais mis mes vêtements dans le sèche-linge et je me maudis intérieurement. Je lance mon boxer et le short dans la lessive avec le reste et redémarre mon lavage. Je constate un peu trop tard mon erreur et prie pour avoir quelque chose d’autre dans le bac de vêtements propres d’Aza. Enrobé de ma serviette, je sors embarrassé de la salle de bain. « Aza, pitié, dis-moi que t’avais autre chose que mon short. » Je me tiens dans le couloir, tenant fermement la serviette et je n’ose pas trop aller la voir. Je ne suis pas la personne la plus pudique, mais j’ai pas non plus envie de me foutre tout nu devant elle, quoi.

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J’entre presque timidement dans la chambre, maintenant la serviette en place et me sentant tout à fait ridicule. J’ai l’air d’un gamin qui aurait fait une bêtise quand ce n’est pas du tout le cas, j’ai plutôt l’impression d’être très embarrassé. Je roule les yeux aux paroles d’Azalyne, et je ne sais pas si elle faisait une blague ou une constatation, mais il est vrai que depuis hier, elle commence à voir pas mal de peau. Ne trouvant rien à dire pour ma défense, je me contente de lui faire un air piteux, attendant patiemment qu’elle se lève pour venir me trouver quelque chose. Elle aurait tout aussi bien pu me dire d’ouvrir l’armoire, à mon avis, mais le résultat est le même. Je me retrouve avec une armoire contenant quelques morceaux de vêtements – pour la plupart à moi – et je suis plutôt satisfait. « Merci, t’es un ange. » Je lui souris et me retourne pour prendre les vêtements. Dans mon esprit, Aza a sûrement fait le déclic et est déjà sortie de la chambre, mais je ne l’ai pas entendue fermer. Alors que je m’assois sur le lit et m’apprête à retirer la serviette, je sursaute.
« Aza, merde! T’es pas encore sortie? J’allais…Enfin on s’en fout je vais aller faire ça ailleurs. » Je lui fais les gros yeux, resserrant la serviette sur mes hanches et ramasse un jeans et un t-shirt. Je sors en vitesse et vais m’enfermer dans la salle de bain. Je me regarde dans la glace un miroir et je constate que j’ai encore l’air fatigué. Et je le suis, aussi, même si j’ai mis de côté ce détail pour m’occuper de l’autre demoiselle dans la chambre. Je soupire et me brosse les dents rageusement. « T’es tellement pathétique Wade, t’as même une brosse à dents chez elle. » Est la première chose qui me vient en tête à ce moment-là. Je dépose finalement la brosse dans le verre où j’ai l’habitude de la poser et je sors finalement rejoindre Azalyne.

Ma première réflexion est que je vais la trouver dans la cuisine à se préparer quelque chose, mais il n’y a personne. Comme le salon est vide, je suppose qu’elle est encore au lit. Je me dirige à nouveau vers la chambre, puis regarde Azalyne étalée sur le lit. Je regarde le plafond un instant puis me jette sur le lit à mon tour, faisant attention à ne pas faire mal à la jeune femme. Je ferme les yeux un instant, restant immobile même si la position dans laquelle n’est pas la plus confortable pour mon dos. Je finis par me bouger et fais une légère moue que je cache tant bien que mal. « À quoi tu penses, au juste? » Je lui pose la question en lui posant une main sur le bras, sans vraiment réfléchir.

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Je fronce les sourcils, pas très convaincu par sa réponse. Je vois bien que quelque chose la tracasse et je commence à craindre de savoir de quoi il s’agit. Je hoche la tête pour accepter son offre de massage, même si je sens que je vais le regretter plus tard, et alors que j’arrive pour lui poser une dernière question, elle file déjà dans la cuisine pour préparer à manger. Je soupire, un peu découragé, et enfouis ma tête dans l’oreiller la plus près. Il faudrait parler d’hier soir, c’est certain, mais je n’ai aucune idée de ce que je pourrais lui dire. Et pas question de mettre toute la faute sur elle, j’ai quand même été plutôt con de l’embrasser à mon tour. Je rage doucement, me disant à ce moment précis que si je pouvais remonter le temps, ce serait certainement pour aller me donner une claque au visage avant de passer à l’acte. Je bâille et constate que j’ai laissé ma tasse vide sur la petite table. Je prends celle-ci et jette un coup d’œil à mon téléphone. Des sms, sept appels manqués, trois messages sur la boîte vocale. Je regarde les destinataires. Les gars de garde cette nuit ont appelé pas loin de cinq fois, et j’ai été bombardé de questions aussi parce que je ne répondais évidemment pas. Un peu nerveux de ce que je vais entendre, j’écoute les messages, refermant la porte de la chambre pour m’y enfermer un moment. Des éclats de rire, des moqueries, des blagues douteuses et surtout beaucoup de mentions à propos de la jolie infirmière. Je supprime en vitesse les messages et hésite à appeler à la caserne. Je ne peux pas nier d’être resté, ma voiture est toujours là-bas. Et si je tente de me justifier, ça ne passera tout simplement pas. Je grogne, puis jette mon téléphone sur le lit. Je n’ai même pas pris la peine de supprimer les messages-textes, en fait je ne les ai même pas lus.

Je sors finalement de la chambre, essayant d’oublier les ricanements et les moqueries. Je sais qu’ils ne le font pas méchamment, ils se disent sans doute que ça va me forcer à me bouger. C’est un peu trop compliqué, seulement. L’odeur des croissants qui grillent au four me parvient aux narines et me rappelle que moi aussi, j’ai plutôt faim. Je vois la brunette dans la cuisine et lui souris avant de la rejoindre. Je me sers un verre d’eau comme si j’étais chez moi et je trouve que la situation est bizarre. Rien n’a vraiment changé depuis hier, mais j’ai l’impression qu’au contraire, tout est différent. Je pose un baiser sur la tête d’Azalyne, replaçant une mèche de cheveux par la même occasion. « Tu sais, tu peux tout me dire hein. » Je lui dis en bon ami, car en fait j’ai plutôt peur qu’elle me laisse tomber l’histoire du « j’étais trop saoule, c’était une erreur, on devrait prendre nos distances » et qu’elle coupe directement la communication pour toujours. Je sais que je suis un peu extrême, mais j’ai peur de savoir ce qu’elle pense. Ou pire, qu’elle me demande ce que j’en pense. Parce que je ne sais pas si je serais capable de lui mentir carrément en plein visage.

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Je ne sens pas le frisson d’Azalyne, mais sa main qui se pose sur mon bras me donne l’impression qu’elle veut me faire comprendre que je dois cesser. J’arrête donc mon manège et ses quelques mots pourtant si inoffensifs me font l’effet d’une bombe. Qu’est-ce qui est compliqué? Est-ce que j’ai vraiment envie de le savoir au fond? Elle tire une chaise pour que je puisse m’asseoir, et je me sens un peu obligé de le faire. Je prends le croissant qu’elle me tend et commence à le déchirer en morceaux à mon tour même si soudainement je n’ai plus très faim. En fait, j’ai surtout l’impression que tout mon monde est en train de s’écrouler alors que la brunette reprend la parole pour s’ouvrir le cœur.
Tout ce qu’elle me dit, j’ai l’impression qu’elle l’a pris dans ma tête. Toutes les questions qui me rongent à l’intérieur, on dirait qu’elle les a cernées. Ses derniers mots me glacent le sang, comme si je venais d’entendre la pire nouvelle de tous les temps. Je n’arrive pas à répondre et je me contente de la regarder sans rien dire jouer dans ses cheveux. Il n’y a pas d’excuse maintenant, soit je lui déballe tout ou je lui nie tout. Et même si le premier choix est tentant, je finis par ravaler ma salive et prendre la parole. « Tu sais, c’est pas grave, hier ce qui s’est passé, c’était pas vrai quoi. » Je tente d’être convainquant, même si je ne crois pas un mot de ce que je dis, et le tonnerre gronde dehors. La pluie commence à reprendre de plus belle, et je souris gentiment lorsqu’elle s’excuse pour sa visite surprise.

« Oh, tu sais, au point où on en était…Et de toute façon, c’est pas grave, tant que tu aies bien dormi. » Je mastique un bout de croissant tout en observant Azalyne, ne sachant pas trop quoi lui dire de plus. Il n’y a rien d’autre à dire que « nous avions trop bu » pour expliquer ce qui s’est passé hier, et ça m’attriste profondément. Je me dirige vers la cafetière, le café est encore chaud. Je me verse une nouvelle tasse et regarde la jeune femme. « Tu sais, je m’excuse. J’aurais dû te repousser, aussi. Et j’aurais dû t’arrêter de boire. Et arrêter moi aussi. » Je ne sais pas ce qui me prend de m’excuser comme ça, quand il n’y a pas raison de le faire, mais j’ai envie qu’elle sache que je me sens mal et que j’aurais préféré que les choses se passent autrement. Mais ça, c’est quelque chose qui arrive tous les jours, espérer que les choses se passent autrement avec Azalyne.

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Je regarde Azalyne avec de grands yeux lorsqu’elle lance le morceau de pain et se met à me parler. Elle a l’air énervée par ce que j’ai dit, comme si ça ne lui plaisait pas. Je viens de mettre toute la faute sur moi, d’excuser tous ses gestes et elle ne semble pas contente. Elle me mentionne que j’agis comme son père et je baisse les yeux sur ma tasse de café, ne sachant quoi répondre. Puis alors qu’elle continue sur le moment où elle m’a embrassé, elle s’arrête brusquement. Elle croit que quoi? Je me répète la fin de sa phrase dans ma tête et je ne comprends plus rien. Je la regarde qui s’éloigne et qui regarde dehors par la baie vitrée. J’ai envie de lui demander de terminer sa phrase mais ce serait jouer avec le feu. Alors je reste muet et baisse la tête, mais je la redresse presque aussitôt lorsqu’elle se retourne et brise à nouveau le silence.
J’ai des palpitations, j’ai chaud et j’ai soudainement l’impression d’être étourdi. Elle n’a pas dit ça. C’est impossible. Même si mon air neutre dit le contraire, mon esprit me hurle de lui dire la vérité, que ce sera terminé. Qu’ensuite, ce sera réglé, les jeux seront faits et je vais enfin pouvoir passer à autre chose. Le problème, c’est de savoir si j’ai vraiment envie de passer à autre chose. Si je suis prêt à prendre le risque qu’elle se mette à m’ignorer et m’oublie complètement. Ma gorge est nouée, je suis incapable de lui répondre. Je prends une gorgée de café, comme si ça pouvait m’aider à faire passer ce qu’elle a dit tout comme on fait passer une pilule. Seulement ça n’aide en rien. Je dépose la tasse sur le plan de travail, puis m’avance vers Azalyne. Je me répète dans ma tête de ne pas jouer au con, puis arrivé près d’elle, je pile une nouvelle fois sur ma fierté et la serre contre moi, amicalement.

« Voyons, Aza, tu sais bien que je t’adore. T’es la fille la plus merveilleuse que je connaisse. » Je fais une pause, gardant mon calme. Je me répète que tout va bien aller, que ce n’est que pour le mieux. « Je suis plus qu’heureux d’être ton ami et je ne veux pas te perdre. » Je lui souris, même si en dedans je ne suis pas aussi joyeux. Je me détache doucement d’elle, à regret, et regarde en direction du salon. « Si on allait nettoyer un peu pour reprendre nos films? » Je cherche surtout une excuse pour lui échapper. Oublier cette histoire une bonne fois pour toute.

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Malgré le fait que je m’éloigne d’elle, Aza reste attachée. Pendant quelques secondes, c’est presque un joli pas de danse. Je croyais jusqu’à cet instant qu’elle avait lâché le morceau, mais au contraire, elle semble ne pas avoir terminé de me cuisiner. J’ai envie de rire quand elle me demande si je lui en veux pour m’avoir embrassé. Si seulement elle savait. Il n’y a pas une heure sans que je crève d’envie de le faire moi-même. J’ai pas le droit de lui dire ce genre de choses par contre. Je suis juste un ami. Elle n’a pas besoin de plus, et je ne lui en demanderai pas plus. Je baisse les yeux une secondes, réfléchissant à une réponse. « Oh, si tu veux recommencer, sans problème, mais sinon je t’en veux pas. » Je lui souris, amusé, et vais l’aider à ramasser le salon. Je n’ai rien rangé en allant dormir hier, j’étais trop fatigué. Finalement, je la regarde s’asseoir sur le canapé et croiser les jambes. J’hésite un instant puis m’assois à mon tour. Sa question me surprend. Je la dévisage un instant, puis finalement hausse les épaules. Personne n’a vraiment tenté de me rejoindre pour quelque chose d’important. Des textos pour faire quelque chose dans la soirée, et la plupart étaient des messages idiots à propos de ma voiture toujours garée dans le parking de la caserne.

« Non, ils se contentent de me menacer de faire remorquer ma voiture. » Je souris, sachant qu’au moins ils ne feraient pas un truc pareil. Non, ils préfèreraient encore rappliquer ici directement et annoncer à Azalyne à quel point je l’aime tellement que j’en suis ridicule. Mais il faut pas que je pense à ce genre de scénario, je ne me sens pas très chanceux présentement. « Et toi, la grande malade, tu as fait quoi pour te sauver du boulot? » Je lui lance un regard amusé, me demandant réellement quelle connerie elle a bien pu inventer pour couvrir sa gueule de bois. Assis à côté d’elle, je tente de prendre un peu de distance, ne voulant pas trop rendre les choses encore plus bizarres qu’elle ne le sont.

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En entendant son avis sur l’idée de recommencer ce baiser, j’ai l’impression de recevoir une claque au visage. Est-ce qu’elle a oublié que je ne l’ai pas repoussée? Oh, bien entendu, je suis un ami, je vaux mieux que son amour. C’est ridicule comme excuse. Ça ne fait que confirmer que ce n’est pas le moment de lui dire la vérité. En fait ce sera probablement jamais le moment, puisqu’elle s’en fout. Je regarde dans le vide un instant pour me calmer. Elle me demande si je veux aller chercher ma voiture. Je la regarde et souris, et réponds calmement, même si au fond je suis prêt d’exploser. « Oh non, ça va, ils disent ça pour rire. Ils feront pas ça. » Je le dis pour la rassurer, mais c’est aussi la vérité. Il faudrait être particulièrement stupide pour faire un truc pareil.
Azalyne m’explique son excuse pour ne pas être rentrée et je souris, amusé. « Des enfants qui attrapent la gastro à l’hôpital, c’est pas rassurant ça! » Je garde toujours mes distances, je n’ai pas envie de créer de malaise. Je trouve le canapé soudainement petit, et je n’aime pas du tout ça. Je cherche un échappatoire pour me lever et n’en trouve aucun. Je regarde le dvd sur la table du salon et me lève pour le prendre. Enfin, quelque chose pour m’occuper et m’éloigner quelques instants! Je me penche pour installer le dvd et le faire démarrer et reste debout un petit moment. « Tu veux un truc à boire, sans alcool évidemment? » Je fais une petite grimace amusée, pas question de toucher à une goutte d’alcool pour aujourd’hui, ça c’est officiel.

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Je l’écoute se défendre de ne pas être responsable de la gastro des enfants et je souris doucement, puis lorsqu’elle me dit qu’elle veut un capuccino aux noisettes, je me lève et me dirige vers la cuisine paresseusement. Tant qu’à faire le café, aussi bien la traiter comme une reine, pourquoi pas. Juste pour remuer un peu le fer dans la plaie, pendant qu’on y est. Je prépare le café et emmène le tout avec les petits croissants sur un plateau. Je constate rapidement qu’elle est toujours dans la salle de bain quand j’arrive au salon, et je m’installe sur le canapé pour l’attendre patiemment. Je sais qu’elle parlait plus tôt de me masser, probablement qu’elle va me mettre de la crème, ce serait sympa de sa part. J’ai l’impression d’avoir dormi en plein milieu de la route pour le moment, et ce n’est pas du tout agréable. Finalement je la vois apparaître, et le sourire jusque-là imprimé sur mon visage change pour une expression de surprise. Non, j’ai pas exactement envie d’une séance complète de massage avec Azalyne. La liste de raisons serait trop longue à faire. Seulement je ne peux pas arriver et lui dire « non pas question, je ne le ferai pas » et ne pas lui donner d’excuse. Je me lève un instant et retire le t-shirt lentement. Pour une des rares fois de ma vie, je me sens pudique. Je jette le chandail sur une chaise plus loin et m’installe sur le sofa, soudainement excessivement nerveux.

Je la sens s’installer sur le bas de mon dos et je sais qu’elle me parle, mais je n’entends pas ce qu’elle me dit. Bientôt, je sens ses mains et je pousse un juron mêlé d’un grognement. Je ne suis pas sûr si j’ai mal ou si au contraire, ça fait du bien, alors je ferme les yeux et serre les poings, attendant la suite. Je sens à nouveau ses mains, et là c’est beaucoup moins douloureux. Je soupire, sans penser que j’ai l’air parfaitement ridicule, puis tourne la tête légèrement pour tenter de voir la brunette. Pendant un instant, je me dis que ce serait si simple de juste me retourner puis l’embrasser. Mais c’est le genre de chose que je ne peux pas faire, de toute façon on vient tout juste de régler ce problème-là. Pourtant, l’idée me reste en tête pendant quelques secondes, avant que finalement je ne détourne le regard vers le film, pas particulièrement intéressant – mais il faut dire que l’on ne regarde jamais la moitié des films que l’on regarde – et tente de me concentrer sur l’histoire. Ils disent que le cinéma sert à s’échapper de la réalité, on va bien voir si c’est vrai dans des cas pareils.
« T’as vraiment un don, sincèrement. Je sais pas comment tu fais. » Je parle tout bas, regardant droit devant moi comme pour l’ignorer, fermant les yeux de temps à autres et frissonnant lorsqu’elle accroche un point sensible. J’essaie de faire le vide et de l’oublier même si c’est la pire façon qui soit.

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Je suis quelqu’un de plutôt manuel, mais pas vraiment dans le genre tactile. Je ne sais pas trop si j’arriverais à donner un message décent, en fait j’ai plutôt peur de blesser quelqu’un vu mon éternelle maladresse. Je souris légèrement à cette pensée, car il est vrai que j’ai un sacré talent pour faire des dégâts autour de moi. Le téléphone me tire de mes pensées et pendant quelques secondes je pense que c’est moi qui sonne, mais c’est bel et bien Azalyne. Je l’observe se lever et aller décrocher, et me redresse pour l’observer alors qu’elle prend l’appel. Sa mine change rapidement, et mon sourire devient un air sérieux. Aza me lance un regard puis s’éloigne dans la cuisine. Je sais bien qu’il doit s’agir d’un truc trop personnel qui ne me regarde pas, mais je ne peux pas m’empêcher et je me lève discrètement sans me soucier de mon dos encore collant. J’arrive à temps pour entendre le prénom « Sarah » ainsi que la brunette qui demande à la personne au bout du fil de ne plus l’appeler et de ne plus tenter de communiquer avec elle. Je n’ai pas besoin que l’on me raconte toute l’histoire pour comprendre ce qui se passe, j’ai dû faire face à la famille de Dylan aussi après l’accident. J’attends un instant qu’Azalyne raccroche et je la regarde discrètement s’asseoir sur le plan de travail. La suite me fait froncer les sourcils, j’entre donc dans la cuisine en surprise et je regarde la jeune femme, puis la bouteille de vin.

« Je peux comprendre que ce soit pas facile, mais je crois pas que ce soit la meilleure façon d’arranger les choses pour l’instant, Aza. » Je parle et en même temps, je prends la bouteille pour la ranger. Je regarde la jeune femme, me sentant un peu coupable d’agir ainsi avec elle. Elle doit me trouver insupportable. Je m’approche d’elle, qui est presque de la même hauteur que moi présentement, et je trouve ça plutôt drôle. J’ai envie de la serrer dans mes bras pour la rassurer, mais en même temps je me répète de ne pas m’approcher trop d’elle pour qu’elle ne s’imagine pas des histoires ensuite, même si ce ne sont pas des histoires et que ce ne serait pas forcément son imagination. J’ai envie de lui expliquer aussi que ça prendra du temps avant qu’elle ait passé au travers de son histoire avec Dylan, mais elle ne m’écoutera probablement pas car on lui a sans doute déjà dit une centaine de fois. Je finis simplement par l’embrasser sur le front, puis la regarde dans les yeux. « Allez, viens. On va aller terminer ce film. » Je souris gentiment et lui tend la main pour l’aider à descendre. J’espère ne pas avoir droit à une crise de nerfs. Pas ce matin, pas avec le mal de tête qui plane encore.

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