Mes horaires de travail changent régulièrement et aujourd'hui, j'ai pu profiter d'une grasse matinée pour souffler. Enfin, c'est ce que je croyais, jusqu'à ce qu'à 6h47, le voisin décide de planter des clous dans mon mur. Je ne dors peut-être plus, mais je reste étendue dans mes draps, un shorty pour seul vêtement. Finalement, il est onze heures passées quand je descends, que je prends ma douche froide et que je passe mes vêtements. Tee-shirt ample, short court, j'avais froid, mais finalement pas tant que ça. J'erre en centre-ville un moment et à midi et demi, je me pose à une table du mac do pour ingurgiter un hamburger.

Veste bleue sur le dos, chewing-gum entre les dents, je traine les pieds. Si d'ordinaire je suis plutôt à la caisse, mon supérieur m'a fait changer de poste au bout de trente minutes. Soit disant qu'avec mon sourire irradiant, je brûle les clients. A croire qu'il a été poète dans une autre vie, je me retrouve à installer le rayon salle de bains. Une passion pour moi. Je regarde en coin mon collègue, assit à ma place, souriant presque autant que moi quand je veux des pourboires. Une chose qui n'arrive jamais. D'une rapidité semblable à celle d'un escargot, je range, dérange et arrange le rayon. Il faudra recommencer demain puisque les clients, tellement peu soigneux, décide de poser quelques fruits au milieu des savons.

Aussi concentrée que je pouvais l'être, je sens tous les parfums de tous les savons présents. Et puis, je dois passer au déodorant, aussi chiant à ranger que les salades au rayon fruits et légumes. En fait, je ne savais pas trop ce que je faisais ici. J'étais mal payée, l'ambiance entre collègues n'était pas des plus agréables et je détestais ce gilet bleu avec inscrit dans le dos "Puis-je vous aider?" Non, non, je ne voulais pas vous aider. Je ne voulais pas qu'on me dérange et je voulais rentrer chez... "Kheyran ?" Mais qu'est-ce qu'il faisait ici ? Ce n'était définitivement pas un endroit ou se croiser. Je ne l'avais pas vu depuis quelques jours. Plus exactement, ça faisait quelques jours que je n'étais pas venue toquer à sa porte pour... et bien pour ce qu'on faisait de mieux.