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Je suis désolé mais je ne peux pas vous parler de ma naissance. Je ne m'en souviens pas. En fait, je ne me souviens de rien jusqu'à mes deux ans. Jusqu'à ce jour où mes parents m'ont abandonnés sur les marches de l'orphelinat à Siloam Springs. Pourquoi ont-ils fait ça ? Je n'en aucune idée. On ne fait pas un enfant si c'est pour l'abandonner après. Je n'ai aucun souvenir de mes parents biologiques. Je ne me souviens pas d'eux, ni de leurs visages. Je ne me souviens de rien les concernait. La seule chose dont je me souviens c'est de ce doudou qui me suit encore aujourd'hui. C'est tout ce qui me reste de ma mère biologique. Ah si ! Je suis né en France. Ce sont les éducateurs de l'orphelinat qui me l'ont dit. J'ai passé toute mon enfance dans cet orphelinat à attendre. Attendre qu'une gentille famille veuille bien de moi. J'étais triste. Je voyais tous les autres enfants qui se faisaient adoptés et pas moi. Pourquoi ? Et puis un jour, le jour de mon anniversaire – j'avais douze ans – une dame est venue et m'a choisie moi. Je n'en revenais pas. Elle habitait un joli pavillon de banlieue. À la maison, elle avait déjà une fille. Un peu plus jeune que moi je crois mais elle était très jolie. Tout le monde était très gentil avec moi. Comme si j'étais malade et que j'allais bientôt mourir. Je n'ai jamais eu l'habitude que quelqu'un s'intéresse à moi comme ça. A l'école, je n'arrivais pas à trouver ma place. J'étais le vilain petit canard. Je passais mon temps assis sur un banc, seul, à lire un bouquin ou à dessiner. Heureusement que Sharleen, ma demie sœur, me tenait compagnie de temps en temps mais bon, elle avait sa bande de copines aussi. L'une d'elle me draguait même ouvertement mais non, il n'y en avait qu'une seule qui m'intéressait et je savais que c'était mal. C'était Sharleen. Ma demie-soeur me plaisait et j'avais envie d'elle. Un soir d'orage, nous étions seuls à la maison, Sharleen était venue me voir dans ma chambre vêtue d'une simple nuisette. Elle n'avait pas conscience de l'effet qu'elle avait sur moi. Elle se glissait dans mes draps et là, les choses ont dérapés. Nous avions couchés ensemble pour la première fois. C'était d'ailleurs ma première fois avec une fille et j'étais ravis que ça soit avec elle. Nous aurions pu en rester et bien que ça soit mal, nous recommencions de temps en temps. Aux yeux des autres, ça aurait été de l'inceste mais pas pour moi. Nous n'avions pas le même sang dans les veines. Notre relation a duré ainsi pendant un petit moment. Nous couchions ensemble chaque fois que l'on était seuls à la maison. Autrement, nous étions juste frère et sœur. Je savais que c'était mal mais c'était plus forts que nous. Nous n'arrivions pas à nous résister, c'était horrible. À la fin de mes trois années de lycée, j'ai été diplômé. Avec Sharleen, on s'était promis de partir en vacances tous les deux. Je ne supportais pas de devoir juste lui faire l'amour et être avec elle quand personne ne nous regardais. Sharleen était partie à l'université. Elle avait une chambre sur le campus et je venais la voir régulièrement. Nous faisions l'amour. Personne ici ne soupçonnait notre lien de parenté. Mais moi, je le savais. J'en avais marre de cacher mes sentiments pour elle. Alors il y a un an, je suis partis de Siloam. J'aurais dû aller la voir chez elle dès le lendemain. A la place, j'ai pris ma vieille moto, mon sac à dos et je suis partis sur les routes des États-Unis. Ça m'a brisé le cœur de devoir l'abandonner mais cette situation devenait bien trop compliqué et malsaine. J'ai vadrouillé un peu partout. À New-York, j'ai eu une relation avec une femme plus âgée que moi. Elle était riche. Je vivais chez elle et je lui faisais l'amour presque tous les soirs. Ce n'était pas une vie non plus et je ne parvenais toujours pas à oublier Sharleen. Alors j'ai repris la route. Je suis de retour à Siloam. Je vis dans un appartement minable. Je bosse dans le bar en bas de la rue et devinez quoi ? Sharleen est danseuse là-bas. Mais je ne crois pas qu'elle le sache. Je crains le pire lors de nos retrouvailles.