LA VIE EST SIMPLE, MAIS NOUS INSISTONS À LA RENDRE COMPLIQUÉE >

"Raconter ma vie n'a jamais été un moment que j'aimais particulièrement. Non pas parce que je n'avais pas été gâté, choyé et aimé par mes proches, mais tout simplement parce que je trouvais ça dégueulasse d'exposer son bonheur à tout va et ce, devant des gens qui étaient peut-être eux-mêmes malheureux. Cependant, je sais qu'il faut passer par là pour pouvoir avancer, surtout lors d'une première séance chez le psy..." "Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous ne vouliez pas parler de votre bonheur, de votre vie, James?" "J'en sais rien... Peut-être parce que c'est privé, tout le monde n'a pas besoin de savoir ce que je fais le matin, ce midi et le soir. Encore moins qui j'aime et qui je n'aime pas." "Vous savez, rien ne vous force d'être ici..." "Je sais... Mais je veux parler, j'en ai marre de garder ça pour moi, de remuer les souvenirs" "D'accord. Est-ce qu'on peut commencer?" "Ouais..." "Parlez-moi de votre enfance"

«Je suis né le vingt-et-un juin mille neuf-cent-quatre-vingt-sept. Je suis le premier enfant de mes parents. Le petit roi comme vous l’appelleriez en psychanalyse... Etre aimé de ses parents n’est pas une tare ceci dit. J’ai toujours été proche de ma famille, de mes parents et ce n’est pas demain la veille que ça changera. Ceci dit, il parait que j’avais fait poireauter mes parents pendant une dixaine de jours et que ma mère n’en pouvait plus. Je devais naître début février et non, je n’étais toujours pas décidé. Ca devait être sympa, je devais bien m’y sentir pour décider de rester un peu plus longtemps. Mais je crois pas que mes médecins et mes parents étaient d’accord. Surtout ma mère, parce que, de ce qu’elle m’a raconté, les contractions duraient depuis quelques jours et ce médecin adepte des anciennes méthodes du genre ‘Il faut attendre que le bébé se décide’ n’arrangeait pas les choses. Je crois que si mon oncle n’avait pas pris la décision de provoquer l’accouchement de ma mère, je serais toujours en train de baigner dans le liquide amniotique à vingt-six balais. Nous habitions dans une maison tout ce qu’il y a de plus normal. Nous avions aussi un grand jardin où on mettait la piscine quand on était gosses. On y passait des journées entières avec mes soeurs. L’hiver, nous avions une pièce de jeux rien que pour nous." "Et avec vos parents, ça se passait bien?" "Papa et Maman ont divorcé quand j'avais à peine deux ans. Ca ne m'a jamais vraiment manqué puisqu'ils n'étaient jamais ensemble à la maison de part leur travail." "Que faisaient-ils ?" "Papa était testeur de voyage et Maman hôtesse de l'air. Ils se sont connus pendant leurs études." "Vous voyiez souvent vos parents après leur divorce?" "Maman avait ma garde et Papa venait me chercher quand il revenait d'un long voyage. Mais Jeff l'a un peu remplacé" "Jeff?" "Mon beau-père, le deuxième mari de ma mère." "Ils ont eu des enfants ensemble?" "Oui, deux filles. Des teignes & de grandes chieuses mais, honnêtement, je ne vois pas la vie dans mes soeurs". " Et votre adolescence?"

« Y’a pas vraiment grand chose à dire. J’étais un bon élève. Je faisais partie du club d’informatique aussi. J’ai toujours adoré les ordinateurs. C’est grâce à mon grand-père maternel que m’est venu cette passion. Il était informaticien et, quelques fois, il me prenait au bureau avec lui. C’est avec lui que j’ai commencé à hacker d’autres ordis» «Hacker ? C’est-à-dire ?» «Euh... *Trouve quelque chose, trouve quelque chose...* Réparer. Enfin, ça m’arrive très souvent de passer des journées sur des jeux vidéos... Je sais, je ne devrais pas mais vous savez, quand on a une passion, c’est difficile de s’en défaire» «Vous aviez une petite amie à l’époque?» «Non, pas vraiment. J’étais pas du genre basketteur musclé avec un sourire à tomber par terre, vous voyez. J’étais plutôt le genre binoclard, bigleux comme une taupe, avec un appareil dentaire. J’vous laisse imaginer le tableau» «Pourquoi avez-vous décidé d’être policier, James ? »

«En réalité, j’ai pas vraiment envie de parler de ça... C’est assez personnel.» «Vous savez, tout ce que vous dites dans cette pièce n’en sortira pas...» « C’est ma mère... Elle est décédée lors des attentats du 11 septembre à New York. Elle était au mauvais endroit, au mauvais moment.» «Vous aviez une envie de vengeance ?» «Au début, oui. Après, j'ai bien vu que ça n'allait me mener à rien»

«Vous avez quelqu'un dans votre vie ?» «Euh... Non. Enfin, je crois... Enfaite, c’est beaucoup plus compliqué...» «...» «Je dois vous raconter, je suppose?» «Vous faites comme bon vous semble, Noah» «Bon... Ash & moi, on se connait depuis qu'on est gosses. On a passé beaucoup de temps ensemble avant de faire l'école de police. Aujourd'hui, on bosse ensemble & elle a vécu de terribles choses, un peu comme moi mais elle veut faire sa vengeance par elle-même. Ce qui ne sert à rien» «Vous tenez à elle?» «Beaucoup» «Soyez patient, ça reviendra tôt ou tard» «De ?» «Et bien, une relation entre vous. Ca se voit que vous tenez beaucoup plus à elle qu'en simple amie» «Ca se voit tant que ça?» «Comme le nez au milieu de la figure»