Elle saisit la petite boîte et fait craquer la plaquette pour prendre le comprimé. Je lui aurais proposé un verre d’eau, mais apparemment elle ne semble pas en avoir besoin. Elle me fait un petit sourire et je lui réponds avec une petite gêne alors qu’elle me mentionne qu’elle a fait son choix déjà, et qu’elle veut redécorer notre chambre avant tout. Mon sourire s’élargit et je me laisse faire lorsqu’elle m’attire contre elle, ne protestant pas le moindre instant. « Elle a quoi la décoration? Elle est très bien, tu sauras! » Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et dépose un baiser sur ses lèvres, caressant doucement ses cheveux alors qu’elle appuie sa tête sur mon torse. Elle me dit qu’elle espère que je ne la trouverai pas trop envahissante et je souris, un peu amusé. Ça en prendra beaucoup plus que sa présence pour m’énerver. Je la regarde s’endormir presque instantanément et je souris avant de déposer un baiser sur son front, fermant à mon tour les yeux sans m’endormir tout de suite. Je réfléchis à la suite, ce que ma famille et mes amis vont en penser. Certains gars à la caserne ont déjà lancé à la blague que je la demanderais en mariage dès que l’on se serait casé, je suppose qu’ils vont se faire un plaisir de me le remettre sous le nez, ceux-là. Je sens Azalyne bouger légèrement mais elle cesse rapidement ses petits mouvements, restant couchée contre moi. Je m’endors à mon tour, glissant ma main sur son dos.

Je me réveille seul dans le lit et ma main se pose par réflexe sur le côté gauche du lit pour le trouver vide. Je regarde le plafond en soupirant, fermant une nouvelle fois les yeux et passant ma main sur mon visage pour être bien réveillé. Je me doute qu’Azalyne ne doit pas être bien loin, et je regarde la salle de bain qui semble vide. Je me retourne dans le lit, apercevant les cheveux foncés dehors et je l’observe encore un peu, paressant dans le lit. Je me surprends à sourire comme un idiot et j’enfouis ma tête dans l’oreiller, tentant de me convaincre qu’il faut me lever. Ce que je finis enfin par faire, jetant les couvertures au bout du lit. En mode zombie, je me traîne jusqu’à la salle de bain et ouvre l’eau de la douche. Je tressaille au contact de l’eau froide et tourne rapidement le robinet pour ajuster la température. Je tente de faire ça rapidement, ne traînant pas trop sous la douche. Je finis par sortir et attrape une serviette avant de m’avancer devant le miroir. Je sèche mes cheveux à la serviette et tente ensuite de les dompter à la brosse. Après quelques minutes de lutte intense je capitule finalement et me contente de fouiner dans le sac de voyage de ma petite amie à la recherche d’un élastique à cheveux. Je grimace en frôlant ma joue, regrettant d’avoir laissé mon rasoir à la maison. Je me suis tellement concentré à ne rien oublier pour Aza que j’en ai oublié certains de mes effets personnels. Le rasoir en est un. Bon, ce n’est pas vital, mais à Hawaii le port de la barbe c’est plutôt moyen.

Serviette autour des hanches, je m’apprête à rejoindre Azalyne sur le patio lorsque je me rappelle qu’il me manque un truc hyper-important. Je me doute que certaines ne se plaindraient pas du spectacle, mais Aza n’apprécierait pas trop que je me promène nu hors de la chambre, selon moi. J’enfile un maillot de bain et des sandales avant de rejoindre ma petite amie installée sur la terrasse en nuisette avec ses lunettes de soleil. J’arque un sourcil en voyant la nourriture sur la table, me demandant si elle a répondu à la porte ainsi. Je ne vais pas lui demander, des plans pour qu’elle m’accuse d’être jaloux. Je me penche sur elle et l’embrasse au creux du cou, posant mes mains sur ses épaules. « Ça fait longtemps que tu es levée? Je m’approche du repas qu’elle nous a commandé. Elle en a pris pour une armée! J’attrape une tranche de bacon et la grignote, me versant tranquillement une tasse de café. Je jette un regard sur son téléphone sur la table près d’elle. « Tout le monde va bien à Siloam Springs? » Je dépose des fruits et des pâtisseries dans une assiette et m’installe près de la brunette. Déchirant un morceau de pain au chocolat, je le tends à ma petite amie. « Tu as quand même pas répondu à la porte habillée comme ça, non? Enfin, je fais que poser la question… » Je regarde ma chocolatine et en fout un morceau dans ma bouche pour éviter d’en dire plus et je fais passer le goût sucré avec mon café. C’est vrai quoi, ça ne cache à peu près rien, et ce qui est « caché » ne l’est pas vraiment. Je regarde en direction de la plage. « Je sais, je suis ridicule. » Je dépose ma main sur sa cuisse, la caressant doucement sans arrière-pensées.

Elle a exactement la réaction que je croyais et se défend, me disant que sa nuisette n’est pas si courte que ça. Je roule les yeux discrètement comme seule réponse, de toute façon peu importe ce que je dis, ça se retournera contre moi. Je mastique un nouveau de pain avant de prendre une longue gorgée de café, regardant la vue. Azalyne se lève et m’enlace, et je sens ses mains descendre doucement sur mon torse, me faisant frémir légèrement. Ses baisers au creux de mon cou me font soupirer d’aise et je ferme les yeux quelques secondes pour profiter du moment. Je ne sais pas exactement comment interpréter ce qu’elle me dit, après tout je ne sais jamais vraiment trop à quoi m’attendre avec Aza. Il semble que je n’aie pas à m’inquiéter, pourtant, même si bon l’éventualité de retourner au lit – ou en fait n’importe où – avec elle ne me déplait pas du tout. Malheureusement, elle se détache, trop tôt à mon goût d’ailleurs. Je l’observe qui joue avec sa nourriture, grignotant pour se relever et s’approcher de la rambarde. Elle regarde la mer je suppose, et j’en profite pour examiner un peu plus cette nuisette qui est définitivement trop courte pour mes goûts à moi – ou du moins pour ce que j’ai envie qu’elle montre.

Elle se retourne et me fait une petite moue que je trouve tout à fait sexy. Je fronce les sourcils en faisant mine de me méfier, avec un regard pareil je me doute bien qu’elle a une idée derrière la tête. « Qu’est-ce qu’il y a, arrête de faire cette tête, on dirait que tu vas me demander un truc. » Et c’est plutôt vrai, mais c’est typiquement féminin comme réflexe. Je dépose mon café sur la petite table et me lève pour rejoindre Azalyne debout près de la rambarde. Je l’attire dans mes bras et dépose un baiser sur son épaule et ma main se pose sur ses fesses. J’arque un sourcil et regarde ma petite amie, un sourire moqueur aux lèvres. « Et après tu me dis que c’est pas si court. Il a vraiment de la chance ce type du service aux chambres. » Je ne lui laisse pas le temps de répliquer et je dépose un baiser sur ses lèvres, puis la serre dans mes bras. Je suis vraiment heureux que les choses se passent ainsi. Cette journée s’annonce merveilleuse, et je vais tout faire pour qu’elle le reste. Je replace une mèche de cheveux rebelle et dépose un baiser sur son front. « Je reviens, je vais aller appeler ma sœur pour lui dire que ce ne sera pas pour ce soir, finalement. » Mes doigts caressent sa joue et je m’éloigne d’elle, passant la porte pour retourner à l’intérieur. Je trouve mon téléphone dans un tiroir, et j’allume celui-ci. Des sms, pas mal de sms et des messages sur ma boîte vocale. Je suppose que les messages sont de ma mère, ou au moins la moitié.

J’écoute par curiosité les messages et comme de fait, le premier est de ma mère. Ma sœur ne va pas très bien, selon elle, et elle aimerait avoir de ses nouvelles. Une façon subtile de me demander d’aller vérifier si tout va bien avec ma petite sœur, j’imagine. Je souris légèrement, puis le deuxième message s’enchaîne. Le boulot. Je passe le message, ne l’écoutant pas. Un troisième message. Les gars de la caserne qui me lancent des conneries. Je souris en écoutant le message et le dernier de tous démarre. Mon sourire s’efface lorsque je reconnais la voix de ma sœur, un peu tremblante et visiblement fatiguée. Elle parle tout bas, comme si elle ne voulait pas qu’on l’entende. Je ne discerne pas tout ce qu’elle me dit, mais je comprends qu’elle ne va pas très bien. Le message s’arrête subitement et je regarde parmi mes sms pour voir qu’elle m’a envoyé des heures pour aller la voir. Le repas en famille n’est plus envisageable, apparemment. Je suis un peu soulagé de voir qu’aujourd’hui n’est pas une bonne journée, comme ça Aza et moi allons pouvoir décompresser un peu. Je lui réponds que l’on va passer la voir demain et je m’inquiète tout de même un peu pour elle. J’éteins mon téléphone puis retourne dehors, souriant à Azalyne comme si rien ne s’était passé. « Ça tombe plutôt bien, elle ne peut plus ce soir de toute façon. J’ai remis ça à demain, ça te va? » Je passe mes bras autour de ses épaules et l’embrasse doucement sur le front. « Alors, tu me parlais tout à l’heure que tu avais peut-être une idée? Ça m’intéresse. »

Je n’ai pas porté attention aux gens qui ont commencé à fréquenter la plage et je ne le réalise que lorsque j’entends un sifflement dans notre direction. Je baisse la tête pour remarquer des jeunes qui observent Azalyne. Je joue un instant avec la bretelle de sa nuisette, quelque peu ennuyé. « Par contre, si ça t’ennuie pas j’aimerais que t’enfiles un truc. » Elle dira ce qu’elle voudra, mais entendre des jeunes siffler ma petite amie, c’est un peu trop pour moi.

Je la garde dans mes bras et je sens ses doigts caresser ma peau. Je frémis légèrement sous le contact et souris tendrement. Par moment j’ai encore du mal à croire ce qui nous arrive. Je pouffe de rire à sa proposition, particulièrement lorsqu’elle se met à parler de la jungle. Heureusement elle se reprend et mentionne plutôt la forêt, ce qui fait plus de sens à mes yeux. Je regarde Azalyne, réfléchissant à l’éventualité d’aller en randonnée dans les bois. C’était sur ma liste de choses à faire aussi, il faut bien l’admettre. Je rêve de voir les forêts de Lost, et c’est aussi une opportunité de faire un peu d’exercice, occasion que je ne veux certainement pas rater. Les sifflements détournent mon attention et lorsque je lui demande d’aller se changer, je vois bien à sa réaction qu’Aza n’apprécie pas mon attitude. Elle arque un sourcil et sa réponse est un peu froide, puis elle recule pour rentrer. Son air agacé en dit long, et je reste muet. Après tout ça ne sert pas à grand-chose de la provoquer, elle doit déjà être assez fâchée comme ça. J’entends bientôt l’eau couler, et je m’assois à nouveau sur le patio, puis entreprend de terminer mon café.

Je grignote toujours lorsque ma petite amie apparaît dans le cadre de la porte en mini-short et en débardeur. Elle est jolie, comme ça, même si ce qu’elle porte est tout simple et pas du tout extravagant. Je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’elle se met à parler. Visiblement elle ne digère pas ce que j’ai dit tout à l’heure. Je me retiens de sourire par contre lorsqu’elle parle de la Norvège. En fait elle aurait parlé de n’importe quel pays où il fait froid et j’aurais souris. Elle est mignonne même lorsqu’elle est fâchée. Je soupire et me mords la lèvre inférieure avant de finalement céder. Un sourire se dessine sur mes lèvres et je tends les bras pour l’attirer vers moi. « Chérie, c’est moi qui ai choisi tes vêtements, tu crois vraiment que je vais me plaindre? » Je la pose sur mes genoux, comme on le fait avec une fillette, puis dépose un baiser sur son épaule. « Je vais essayer de me contrôler, promis. Mais j’aime pas du tout que l’on te mate, imagine si je me pavanais en sous-vêtement devant toutes tes collègues? Ou pire, si je décidais de poser pour le calendrier des pompiers? » Je pose mes mains sur ses cuisses sans arrière-pensées, puis j’appuie mon menton sur son épaule. « Enfin, peut-être pas le calendrier. Malheureusement je suis plus assez fringant pour ça. »

Je regarde les jeunes qui se sont installés sur la plage et qui regardent dans notre direction, sans doute déçus de voir que la brunette s’est rhabillée. Je l’aide à se relever, faisant de même, et je souris à ma petite amie. « Je propose que l’on aille demander des infos avant de partir, par contre. J’ai pas super envie de me perdre en forêt. » Je fouine dans mes affaires à la recherche d’une camisole et je trouve ce que je cherche. Je l’enfile et hésite un moment à rester en maillot de bain. C’est pas si grave de toute façon. Je saisis mes chaussures de sport, puis regarde ma petite amie. Je me passe une main dans les cheveux, renouant ma queue de cheval un peu maladroitement. « Désolé si je t’ai offusquée tout à l’heure, je vais m’améliorer. » Je me tiens droit et croise les bras, me sentant un peu mal d’avoir arrêté la discussion aussi subitement.

Malgré que je me défende de lui avoir moi-même choisi ses vêtements pour nos vacances en amoureux, Azalyne continue de pousser, me reprochant d’être visiblement trop protecteur à son goût. Elle ne peut pas comprendre, même si je lui expliquais un million de fois elle ne comprendrait pas. Un jour ça se dissipera sans doute complètement, mais pour l’instant c’est tout simplement impossible, je déteste savoir que des gars la reluquent. Il y a déjà assez de mon petit frère qui me parle d’elle… Je chasse l’image de mon esprit et me concentre sur Aza qui sourit, mais je vois bien que c’est un sourire forcé. Je fais mine de ne pas m’en rendre compte, je n’ai pas envie de créer une nouvelle dispute, mais je tente tout de même de lui demander de se mettre à ma place en lui parlant des calendriers, me disant qu’elle n’apprécierait sans doute pas de me voir poser pour ce genre de photos. Sa réaction m’étonne un peu, mais je suppose qu’entre le faire réellement et le dire comme ça, il y a une énorme différence et qu’elle ne réagirait certainement pas comme ça si je lui annonçais un beau jour que je décidais de poser en petite tenue pour les grands brûlés.

Je me questionne quelques secondes lorsqu’elle me dit que si dans le cas inverse, elle avait l’occasion de le faire, je refuserais définitivement. Je l’ignore pour être franc. Il y a une différence entre une image et la mater en petite tenue en vrai, quoi. Et puis hier, avec les filles sur la plage, elle n’était pas très contente non plus… Je soupire et me relève pour commencer à préparer notre départ et je vois bien que la discussion n’est pas terminée, mais je n’ai pas envie de me disputer avec Azalyne et la connaissant, celle-ci risque de devenir plutôt mouvementée. Je m’excuse, même si ce n’est pas extraordinaire et qu’elle va continuer à m’en vouloir quand même et je vois bien qu’elle pense exactement la même chose. Je l’aide à traîner ses quelques effets personnels, attrapant un sac et m’assurant que les bouteilles d’eau qui étaient dans le petit frigo sont bien pleines. Le kiosque d’information est tout près de l’hôtel et nous sommes plutôt chanceux puisqu’une visite guidée s’apprête à partir pour visiter l’archipel.
Ma petite amie saute partout, visiblement excitée à l’idée de partir à l’aventure sur cette île qui la fait tant rêver. On dirait presque que notre petite discussion de tout à l’heure a été oubliée en entier et que tout est réglé. Je la suis jusqu’au véhicule et alors qu’elle prend place, je discute un peu avec notre guide. Le jeep n’est pas très confortable – en tout cas pour moi – mais de voir Aza aussi enthousiaste me fait sourire. « J’en suis persuadé moi aussi. » Je souris tendrement et l’embrasse sur le front, glissant mon bras autour de ses hanches pour la coller contre moi. Le guide nous explique qu’il y a un trajet de presque une demi-heure avant de commencer la véritable visite et se met à parler des origines d’Hawaii. C’est le silence entier dans le véhicule qui s’éloigne de la route pour prendre un chemin sinueux.

On roule pendant un long moment avant de finalement rejoindre une halte routière, ou quelque chose qui y ressemble en tout cas. Notre guide décide de faire une pause et tout le monde descend. J’aide ma petite amie à sortir du véhicule surélevé, lui adressant un petit sourire. « Est-ce que tu m’en veux toujours? » Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et je dépose un baiser sur ses lèvres, la serrant dans mes bras. « Je sais que ça t’énerve quand je fais des trucs comme tout à l’heure, je vais y travailler. » Je prends ses mains et nos doigts s’entrelacent, les gens autour font leurs affaires. Le guide regarde son téléphone et un autre couple s’embrasse et prend des photos. Je n’ai jamais vraiment parlé de ma vie « antérieure » à Azalyne, et en y pensant peut-être que le fait d’avoir été trompé à tour de bras dans le passé ne doit pas vraiment m’aider à établir une relation de confiance. Avec mon ex, je pensais que les gars la sifflaient seulement car elle était bien jolie, mais les choses étaient en fait assez différentes.

Elle me dit d’arrêter de parler de cette histoire de jalousie et j’acquiesce, sachant bien que par moment, ça peut lui être vraiment insupportable. Un jour peut-être que je vais lui expliquer, mais c’est un peu gênant de lui raconter que je m’inquiète toujours puisque mon ex était du genre à bien aimer les histoires d’un soir. La brunette plaque un baiser sur mes lèvres et je savoure le moment, ne pouvant m’empêcher de sourire légèrement contre sa bouche. Le guide nous appelle et je me détache d’elle à regret, gardant sa main dans la mienne pour aller écouter son discours. Je tombe par moment dans la lune, repensant à cette histoire de jalousie. Il est vrai que par moment j’en fais vraiment trop. Je suis un peu surpris lorsqu’il distribue des boussoles et des cartes car je croyais à une simple visite guidée, mais apparemment on en aura pour notre argent. Je sens la main d’Azalyne enserrer la mienne et je la suis jusqu’à la forêt, où bien rapidement elle se met à courir partout. Je la regarde faire, plutôt amusé, et je regarde les indications assez simples. Disons qu’avec mon emploi, j’ai appris rapidement à me repérer et trouver mon chemin. Je jette un coup d’œil à ma petite amie qui joue dans un tas de feuilles pendant que j’inspecte un sentier sans m’y aventurer, supervisant toujours Aza comme une petite fille.

Après un petit moment, je décide de la laisser seule pour aller régler un petit détail personnel un peu plus loin. On passera les détails. Je retourne voir Azalyne, l’entendant m’appeler au loin. Et bien entendu, elle n’est plus dans le sentier où nous étions avant que je la laisse seule. Je soupire. Pas moyen de la laisser seule trente secondes. J’entends un bruit sourd, et je me mets à avancer plus rapidement, suivant la provenance du bruit. Bientôt, je retrouve la brunette assise dans la boue, regardant autour d’elle. Je ne peux m’empêcher de rire en la voyant et je m’approche d’elle pour l’aider à se relever, sans penser que je vais me retrouver moi aussi couvert de boue. « T’es pas croyable, je peux pas te laisser deux minutes sans surveillance. » Je pose ma main sur sa taille et dépose un baiser sur sa joue avant de la regarder de la tête aux pieds. « Ça va, rien de casser? Désolé si je t’ai inquiété, j’avais besoin d’aller au petit coin. » Je roule les yeux. C’est un peu débile, quand on y pense. J’aurais pu lui dire. Par contre c’est plutôt drôle de la regarder couverte de boue. Je sors la boussole et les indications de ma poche, puis adresse un sourire moqueur à la jeune femme. « Allez, Indiana Jones. T’es prête? On y retourne. » En théorie, ça ne devrait pas être bien long, comme chemin. Seulement voilà, avec ma petite amie qui s’arrête pour s’extasier devant tout comme une petite fille, ça risque de nous prendre pas mal de temps.

Je prends sa main et la serre doucement, comme pour m’assurer de ne pas la perdre de vue. Les sentiers commencent à se faire un peu moins distincts, et ce serait beaucoup plus facile de s’égarer. « Tiens moi bien la main, chérie, on prendra des photos tout à l’heure. » J’ignore si elle va mal le prendre, après tout ce n’est pas parce que je suis possessif. Je veux seulement m’assurer de ne pas la perdre dans la forêt. J’aurais l’air d’un idiot, à perdre ma petite amie en vacances. Mon pouce caresse sa paume avec tendresse. « On doit encore marcher une vingtaine de minutes par-là et on devrait y être, ou presque. » Je pointe le sud, comme si c’était tout à fait banal. On nous a appris ça à l’école, j’ai l’habitude. Je souris à Azalyne, prenant conscience que je dirige les opérations depuis le début de l’expédition. « Une chance que t’as ton pompier personnel, tu serais encore dans la boue. » Je lui fais un petit sourire amusé, puis l’embrasse sur le front. En même temps, je suis persuadé d’avoir raison.